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État des États-Unis
Alaska

65 00 N, 150 00 W
L'Alaska est un Etat des Etat-Unis, connu avant 1867 sous le nom d'Amérique russe. II est borné au Nord et au Nord-Ouest par l'océan Glacial Arctique, à l'Ouest par le détroit et la mer de Béring, au Sud-Ouest par l'océan Pacifique, à l'Est par une ligne conventionnelle qui part de l'embouchure du Simpson à la pointe Sud de l'île du Prince jusqu'au mont Saint-Elie (St Elias) et court droit à l'océan Arctique en suivant le 141e méridien longitude Est. Cette ligne sépare l'Alaska du Canada. Cet Etat occupe ainsi l'angle Nord-Ouest de l'Amérique du Nord. Superficie : 1,717,854 km² (plus de trois fois la surface de la France); population : 699,000 habitants (2010). Capitale : Juneau (31,000 habitants). Plus grande ville : Anchorage (290,000 habitants).
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Alaska.
Carte de l'Alaska.

Description générale.
L'Alaska se compose de trois parties : 1° le littoral du Pacifique Nord jusqu'au mont Saint-Elie; 2° la presqu'île d'Alaska et les îles Aléoutiennes; 3° l'extrémité occidentale du continent américain au Nord du 60e degré de latitude Nord.

1° Le littoral du Pacifique s'Ă©tend de l'embouchure du Simpson au Cross sound, Ă  la base du mont Saint-Elie. Il est profondĂ©ment dĂ©chiquetĂ©; des Ă®les nombreuses aux contours tourmentĂ©s, sĂ©parĂ©es par des canaux, bordent une cĂ´te âpre, dentelĂ©e de fjords. 

Le golfe de GĂ©orgie, par lequel commence ce dĂ©dale d'archipels est semĂ© d'Ă©cueils dangereux qu'on appelle les Soeurs. Au Nord, dans le pertuis dĂ©signĂ© sous le nom de Charlotte sound, les courants sont rapides, mais les fonds sont Ă  100 brasses. Haida Gwaii ou Ă®les de la Reine-Charlotte, ainsi nommĂ©es en 1787, par Dixon, du nom de son navire, ont une forme triangulaire et sont rangĂ©es suivant un axe du Sud-Est au Nord-Ouest. La partie Nord-Est est basse, d'accès facile et verdoyante; le reste est plus ou moins montagneux et très boisĂ©. Au delĂ , il y a trois grandes vallĂ©es sous-marines qui courent entre les grandes Ă®les Alexandre (8,593 km²), Koupreanov, Admiralty, Baranov et Tchitchakov (5,200 km²). Les principaux dĂ©troits sont Dixon entrance, Sumner strait et Frederick sound. Dans ce dernier pertuis, aux bords extrĂŞmement irrĂ©guliers, il y a une rade admirable dont les contours n'ont Ă©tĂ© relevĂ©s qu'en 1881 et qui a Ă©tĂ© appelĂ©e la baie de la SĂ©curitĂ©; les eaux y sont claires et limpides, les fonds si excellents qu'on peut s'y risquer sans pilote; le bois et le saumon s'y trouvent en abondance; la partie orientale prĂ©sente une montagne nommĂ©e le Pouce-du-Diable. 

C'est dans l'île Baranov que se trouve la ville de Sitka. Dominée par la montagne aiguë de l'Edgecumbe, entourée de hauteurs coniques, pour la plupart boisées, la baie de Sitka est la plus fréquentée de cette région; ce n'est pourtant pas la meilleure station de la côte; des écueils et des bas-fonds assez perfides y compliquent les dangers provenant de la force des courants (bancs Keene, Zenobie, Vasilicoc, etc.) et de l'inégalité des marées. Au Nord-Ouest de l'île Tchitchakov (Chichagov Island) se creuse un vaste canal désigné sous le nom de Cross sound, tandis qu'au Nord-Est se trouve le détroit Glacé (Icy strait). Les eaux de ces passages reçoivent les nappes gelées qui descendent lentement des flancs des alpes Saint-Elie (Saint Elias Mountains). L'archipel Tchitchakov contient une population assez nombreuse d'Amérindiens appartenant à la nation T'luikit. Les îles séparées par des canaux sont très boisées, giboyeuses, d'aspect rude.
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Alaska : Shakes glacier.
Le glacier de Shakes, au Sud-Est de l'Alaska.
(Photo : P. J. Heglund).

Les Alpes Saint-Elie (Saint Elias Mountains) ont, au contraire, un aspect grandiose; elles commencent par le glacier et le mont La Pérouse qui dresse, à près de 11,000 pieds, ses roches dénudées, aux profils aigus comme une scie. Le mont Crillon (3879 m) au Nord-Ouest, ainsi baptisé par La Pérouse en 1786, en l'honneur du ministre de la marine, est un cône régulier; il se dresse au-dessus d'un glacier immense qui vient se perdre dans la baie Lituya, tandis que sur le flanc Sud s'épanche une nappe de névés qui aboutit à Icy point et dont la largeur atteint 15 km, et dont l'épaisseur dépasse plusieurs centaines de mètres. La Pérouse avait érigé en 1786, à l'entrée de la baie Lituya, sur un îlot boisé, un cénotaphe de bois, en mémoire de ses officiers et de 15 hommes qui se perdirent dans ce parage. Le monument a disparu mais l'îlot a gardé le nom d'île du Cénotaphe. Au Nord de la baie est le mont Fairweather (Cook, 1778). C'est une croupe élevée, haute de 4663 m, qui domine la crête des alpes Saint-Elie et est striée par des vallées profondes où se moulent d'épais glaciers. Il projette dans la mer des éperons formidables d'aspect par les forêts sombres qui les couvrent et dont la couleur noirâtre contraste avec le blanc laiteux de la mer. Surpassé en altitude par le mont Logan (5951 m), un peu plus au Nord, le mont Saint-Elie (5489 m) termine cette superbe rangée. Vu du large, il a l'apparence d'une pyramide dont le flanc Sud-Ouest est profondément rongé par une sorte de cratère profond. Au pied. s'étend une lisière de marécages et de tourbières sillonnés par quelques canaux, tandis que le flanc septentrional est couvert de glaciers au nombre de treize, dont quelques-uns se prolongent jusque dans la mer. Le Saint-Elie est composé de syénite et de granit dépourvu de mica et d'une couleur blanchâtre. Le littoral du Pacifique se termine par une presqu'île de forme triangulaire, très découpée dans sa partie méridionale ; elle est baignée au Nord par le Cook's inlet que surveillait autrefois le fort Kenaï.

2° Le littoral de la presqu'Ă®le d'Alaska commence par un fjord très profond et très encaissĂ©, connu sous le nom de Cook's inlet (entrĂ©e de Cook) appelĂ© aussi baie de KenaĂŻev, fermĂ© Ă  l'Est par la presqu'Ă®le de ce nom. Cette baie, sur laquelle se trouve la ville d'achorage, diluĂ©e au pied des monts Chugach, est le dĂ©bouchĂ© de plusieurs fleuves, dont la large Susitna qui se forme dans la chaĂ®ne d'Alaska (Alaska Range), oĂą se trouvent quelques uns des plus hauts sommets de l'Etat, Ă  commencer par le Mont McKinley (6194 m), qui est aussi le point culminant de l'AmĂ©rique du Nord.  Le dĂ©troit d'Alaska sĂ©pare du continent l'Ă®le de Kodiak, La surface de cette Ă®le est très ondulĂ©e; les forĂŞts n'existent que dans la partie septentrionale. On y trouve la baie Chiniak et le port du mĂŞme nom. Le climat en est très humide; la neige y persiste de dĂ©cembre Ă  avril seulement. La mer n'est jamais prise par les glaces, mais la navigation est parfois dangereuse Ă  cause des bancs d'icebergs. C'Ă©tait autrefois quartier gĂ©nĂ©ral de la Compagnie russe, puis le rendez-vous des chasseurs d'outardes. A l'intĂ©rieur sont de nombreux petits lacs avec des ruisseaux rapides ou abondent les saumons. La pĂ©ninsule et la chaĂ®ne des Ă®les AlĂ©outiennes qui la prolongent sont très riches en indentations, criques et baies profondes, refuge des loups marins et d'un nombre incroyable d'oiseaux de passage. Longue d'environ 800 km, large Ă  sa base de 80 Ă  100, elle va s'amincissant jusqu'au dĂ©troit d'lsanotsky oĂą se termine par une pointe montagneuse, battue par une mer souvent dĂ©montĂ©e, le continent amĂ©ricain. Les Ă®les AlĂ©outiennes forment un chapelet sur ligne courbe d'un Ă©lĂ©gant dessin dont la convexitĂ© est tournĂ©e vers le Sud et qui va jusqu'au Kamtchatka, sur une longueur de 2300 km.
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Alaska : le mont McKinley.
Le mont McKinley (Denali). Il domine l'Alaska 
et tout le continent nord-americain du haut de ses 6195 m.
(Photo : Lisa Grandbois).

3° La partie continentale de l'Alaska développe son littoral sur l'Océan Pacifique, sur la mer et le détroit de Béring et sur l'océan Glacial Arctique. La baie de Bristol se trouve immédiatement au Nord de la presqu'île de l'Alaska. Cette baie est bien nommée. Il existe en effet une vague ressemblance entre cette côte et celle du Pays de Galles, la presgu'île de l'Alaska s'avançant à peu près comme celle de Cornouailles. Le cap du Prince-de-Galles est le point le plus occidental du continent américain Il est, à 45 milles du cap Oriental, le dernier pilier de la côte sibérienne au-delà du détroit de Béring lui est glacé pendant neuf mois, et parcouru le este de l'année par des remous fort dangereux et est souvent couvert de brouillards. La baie de Kotzebue est le premier accident notable sur la côte de l'océan Arctique, ses rives sont basses, aussi incertaines que la toundra de Sibérie; les fonds extrêmes ne dépassent pas 10 brasses et la sonde s'enfonce dans une vase épaisse; le cap Lisburne, le cap Glacé où s'arrêta Cook à son dernier voyage devant une barrière de banquises, enfin, la pointe Barrow, longue flèche basse et sablonneuse comme une nehrung de la Baltique, est, de toutes les parties du territoire, la plus voisine du pôle (67° 33' 31" lat. N). Cet immense territoire est séparé du littoral par une chaîne de montagnes dont un grand nombre sont des volcans. On a relevé jusqu'à 61 pics volcaniques, dont une dizaine seulement en activité. Au-delà de 65° lat. N., il n'existe plus de sommets élevés. Une autre chaîne qui est la prolongation des Montagnes Rocheuses suit la direction du Nord et s'arrête à peu près au 64° degré à l'Est du Yukon. Au delà s'étend une plaine semée de lacs, faiblement ondulée, sauf sur les bords de l'Océan Arctique.

GĂ©ologie, hydrographie et climat.
Le granit et les roches primitives affleurent au Sud du mont Saint-Elie et sur la cĂ´te du Pacifique; les rochers volcaniques dans les Ă®les AlĂ©outiennes oĂą l'on a dĂ©couvert des sources thermales. Dans l'archipel du Renard, existe une grotte très remarquable retrouvĂ©e en 1874, la tempĂ©rature y est très Ă©levĂ©e et les habitants y dĂ©posaient autrefois les corps de leurs parents pour les dessĂ©cher. Il existe aussi des sources chaudes sur le littoral de l'Est et près de Sitka. L'archipel Alexandre est riche en fossiles de la pĂ©riode crĂ©tacĂ©e. L'Ă©tage tertiaire existe Ă  l'Est avec couches de charbon, de lignite et d'ambre. L'or et l'argent y existent en petites quantitĂ©s, le cuivre paraĂ®t plus abondant, le soufre aussi. 
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Alaska : troupeau de caribous dans la toundra.
Troupeau de caribous dans la toundra, en Alaska.
Région de la rivière Porcupine; au fond, la chaîne de Brooks.

Hydrographie.
Les cours d'eaux qui arrosent l'Alaska sont : sur la côte orientale : le Nasse river, très poissonneux; le Sitknie, qui a 400 km de longueur, dont 40 sont navigables ; la Chilkat qui perd dans le Cross sound ses eaux chaudes et fumantes, et la rivière de Cuivre. Dans la presqu'île et les archipels il n'existe naturellement que de très courtes rivières, très torrentielles et très rapides, mais les saumons y sont nombreux. Le grand fleuve de la région continentale est le Yukon dont le cours dépasse en longueur 3000 km. Né sur le territoire canadien, au milieu des montagnes, il roule d'abord parmi des rochers, traverse des lacs et suit la direction du Nord-Ouest jusqu'à fort Yukon. A cet endroit il est, an moyen d'un affluent de droite, en communication facile avec le Mackenzie. Il prend alors la direction du Sud-Ouest jusqu'à son delta dont une des branches porte le nom de Kouickpack que les Russes avaient étendu par erreur au fleuve tout entier. Le bassin supérieur du Yukon est séparé par un simple portage de celui de la Chilkat. On peut aussi nommer la Kouskokimé qui se jette un peu au Sud du Yukon.

Climat.
Chacune des trois grandes rĂ©gions de l'Etat d'Alaska a un climat particulier. NĂ©anmoins on peut dire qu'Ă  une Ă©poque très Ă©loignĂ©e la tempĂ©rature Ă©tait assez Ă©levĂ©e, comme le dĂ©montrent les restes fossiles d'Ă©lĂ©phants, de buffles et de chevaux. A cette pĂ©riode de chaleur tropicale a succĂ©dĂ© la pĂ©riode glaciaire. L'intensitĂ© du froid a considĂ©rablement diminuĂ©. 

On dĂ©signe gĂ©nĂ©ralement, au point de vue du climat et des productions, les trois grandes zones du territoire sous le nom de district de Sitka, district alĂ©outien et district du Yukon : 

Dans le premier règne une extrême humidité. Sitka est la ville du monde, en dehors des tropiques, où la hauteur des eaux de pluie est la plus considérable (de 1.62 m à 2,44 m). Il pleut de 190 à 285 jours par an, sans compter les jours de brouillard. La température annuelle moyenne est de + 6,67 °C, mais la moyenne d'hiver est proportionnellement plus élevée que celle d'été. C'est à peine s'il se forme à Sitka de la glace propre à la consommation; la moyenne de janvier, qui est le mois le plus froid, est à fort peu près 0° C, tandis que celle d'août arrive à peine à +13,2 °C, ce qui tient à l'abondance des pluies.

La rĂ©gion alĂ©outienne (dont fait partie au point de vue climatologique la presqu'Ă®le d'Alaska) jouit aussi d'un climat relativement doux. La plus basse tempĂ©rature observĂ©e dans l'Ă®le d'Unalaska est de -18°C, la plus Ă©levĂ©e + 24° C. Les neiges perpĂ©tuelles s'arrĂŞtent sur les hauteurs Ă  la limite de 1,07 m. Le nombre de jours de pluie est de 150, la prĂ©cipitation 1, 05 m. 

A l'Est des montagnes sévit au contraire un climat continental. Les récits des voyageurs donnent une effrayante idée des neiges, des fondrières, des affreuses solitudes qu'on rencontre quand on s'est avancé à plus de 50 km seulement de la côte : à Fort-Yukon (2000 km à l'intérieur), on a observé -57°C. La température moyenne est de -8° C à 66°34' de latitude Nord.


Histoire.
L'histoire de l'Alaska comprend trois périodes :

1° Période de découvertes jusqu'en 1799.
Les Russes ne soupçonnèrent que dans le second quart du XVIIIe siècle l'existence d'une terre amĂ©ricaine situĂ©e Ă  proximitĂ© de la SibĂ©rie. Catherine commissionna Vitus Behring (BĂ©ring) Ă  deux reprises, en 1728 et en 1741, pour explorer le Nord-Est de l'Empire. Dans le premier voyage il reconnut que l'on pouvait, de ce cĂ´tĂ©, contourner l'Asie par mer. Dans le second il dĂ©barqua sur le littoral amĂ©ricain dans la baie qui porte son nom, en vue des neiges du mont Saint-Elie, pendant que son compagnon Tchinikov dĂ©couvrait le Cross round. Behring mourut au retour dans l'Ă®le de son nom, mais le naturaliste Stellef, qui Ă©tait avec lui, fit connaĂ®tre au public les rĂ©sultats de l'expĂ©dition. Les pĂŞcheurs et les marchands de pelleterie s'Ă©lancèrent sur les traces des marins et des savants. De proche en proche les Ă®les AlĂ©outiennes, Alaska et les autres archipels furent reconnus et envahis. 
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Alaska : totems ŕ Ketchika,.
"Conseil de clan", réunion de totems au sommet de la colline de Cape Fox (Ketchikan, Alaska).

En 1778, Cook, cherchant le passage du Nord-Ouest par un chemin plus court vers l'Angleterre, débarqua dans Cook's inlet, puis fut arrêté par lés obstacles de l'Icy cape. On sait qu'il fut tué peu après en Océanie. La Pérouse (1786), Pribylov (1787), Portlock et Dixon (id.), John Meares (1788), Billings (1789), Malespina (1791), Etienne Marchand (1791), enfin, Vancouver, le plus célèbre de tous ceux qui explorèrent scientifiquement cette région, ont contribué à établir la carte du littoral. Alexander Mackenzie, en 1793, terminait au mois de juillet son voyage de découvertes à travers la grande plaine du Nord. Mais les chasseurs de fourrures et les aventuriers qui se risquaient dans ces rudes contrées faisaient aux malheureux Aléoutiens une guerre d'extermination et par leurs gaspillages compromirent à tel point l'avenir du commerce russe que le gouvernement de Paul Ier obligea les nombreuses compagnies libres qui s'étaient constituées à se fondre dans la Compagnie impériale russo-américaine, établie par l'oukase du 8 juillet 1799. Cette date ouvre la deuxième période.

2° Compagnie impériale, 1799 à 1862.
Le privilège dura jusqu'en 1862; pendant ce long intervalle la Compagnie impĂ©riale russe exerça avec une grande rigueur son droit de monopole. Une ligne de forts surveillait la cĂ´te, de sĂ©vères règlements armaient les agents de la compagnie contre les Ă©trangers, sans toutefois protĂ©ger les Indiens dont l'extermination continua. Après avoir fondĂ© Sitka ou Nouvel-Arkhan et en 1802, la compagnie tenta de s'Ă©tablir plus au Sud : Ă  l'embouchure de la Columbia (1807) et mĂŞme près de la baie de San-Francisco (1812). Les gouvernements de Grande-Bretagne et des  Etat-Unis durent modĂ©rer ces appĂ©tits. L'oukase de 1821 annexa Ă  l'empire russe toute la cĂ´te depuis le dĂ©troit de la Reine-Charlotte, 51° lat. N. Les Etats-Unis et l'Angleterre protestèrent si vigoureusement que la Russie dut reculer. Par le traitĂ© du 17 avril 1824 avec les États-Unis, elle s'engagea Ă  ne pas dĂ©passer le 54° 40' de lat. N. et par celui du 28 fĂ©vrier 1825 Ă  ne pas s'avancer Ă  plus d10 milles marins de la cĂ´te. Nous avons vu par l'Ă©tude du climat que la rĂ©gion de l'intĂ©rieur n'avait que peu de valeur Ă  cette Ă©poque : la Russie ne fit pas un grand sacrifice en abandonnant ses prĂ©tentions. Depuis la signature de ces conventions, les marins anglais, amĂ©ricains et russes ont continuĂ© les voyages de dĂ©couvertes. Citons le voyage du lieutenant Zagoskin (1842-1844), dans le bassin du Yukon; celui de Mac-Murray qui construisit le fort Yukon au confluent de la rivière de ce nom et de la Porcupine; enfin le fameux voyage de Mac-Clure en 1850, qui fit connaĂ®tre d'une manière certaine l'existence du, passage du Nord-Ouest. 
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Fort Yukon (Alaska).
Une rue de Fort Yukon, Alaska.

3° PĂ©riode de rattachement aux Etats-Unis. 
En 1862, expirait le privilège de la compagnie; le gouvernement russe refusa de le proroger. Toutefois la compagnie, puissamment organisée, continua en fait d'exercer le monopole de l'achat des fourrures, sous la surveillance de l'État. C'est ce qui se passe également sur l'ex-territoire de la baie d'Hudson. En 1865-1867, l'intérieur du territoire d'Alaska fut parcouru par une commission scientifique américaine, chargée d'étudier le tracé d'une ligne télégraphique, entre l'Europe et l'Amérique (voie sibérienne). Ce projet fut momentanément abandonné lorsqu'on eut réussi à poser des câbles sous-marins à travers l'Atlantique; mais le président de la commission, W. A. Dall, fit une étude complète des ressources de la contrée et, à la suite de cette enquête, le gouvernement américain entra en négociations avec la Russie pour l'achat du territoire. Un traité fut signé le 30 mars 1867, par lequel, moyennant la somme de 7,200,000 dollars, la Russie cédait tous ses droits de souveraineté. La congrès de Washington ratifia cette acquisition le 20 juin et le 18 octobre de la même année le général de brigade Lowel H. Rousseau en prit possession au nom des Etats-Unis. (GE).

Après la vente, l'Alaska est gouvernĂ© par l'armĂ©e amĂ©ricaine, puis par le DĂ©partement du TrĂ©sor et enfin par la Marine. Il n'y avait pas de structure politique claire, et peu d'AmĂ©ricains s'y installaient, en dehors de quelques aventuriers, marchands, et pĂŞcheurs. La population autochrone, comprenant  principalement les Inuits et les AlĂ©outes, restait majoritaire. L'Ă©conomie de la rĂ©gion se basait essentiellement sur le commerce des fourrures, la pĂŞche, et, dans une moindre mesure, l'exploitation minière, bien que cette dernière ne prenne vĂ©ritablement de l'importance que plus tard.

La découverte de l'or dans le Yukon canadien en 1896 et dans diverses régions de l'Alaska, dont Nome et Fairbanks, attira des milliers de prospecteurs. La Ruée vers l'or du Klondike en particulier a marqué cette période, bien que la majorité de l'or se trouvait au Canada, l'Alaska servait de porte d'entrée pour les chercheurs d'or. Cela a stimulé le développement économique de la région avec la création de villes comme Skagway et Nome. L'essor de l'exploitation minière, couplé à l'intérêt croissant des États-Unis pour l'exploitation des ressources naturelles de l'Alaska, a renforcé l'intégration économique et politique de la région.

En 1912, l'Alaska devient un territoire organisé des États-Unis, ce qui lui donne une représentation limitée au Congrès américain et un gouvernement local. Toutefois, son développement reste lent, en grande partie en raison de son isolement géographique et de ses conditions climatiques rigoureuses. L'économie de la région repose alors sur la pêche, l'exploitation minière (notamment l'or et le cuivre), et la fourrure.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Alaska devient un enjeu stratégique majeur pour les États-Unis en raison de sa proximité avec le Japon. En 1942, les îles Aléoutiennes, une chaîne d'îles à l'ouest de l'Alaska, sont envahies par les forces japonaises, marquant la seule occupation de territoire américain par des troupes ennemies pendant la guerre. Les États-Unis construisent des bases militaires en Alaska pour contrer l'invasion, stimulant le développement des infrastructures, comme les routes et les aérodromes. Cette période de militarisation a mis en lumière l'importance géostratégique de l'Alaska, notamment pour la défense du continent nord-américain pendant la Guerre froide qui suivra.

Après la guerre, les infrastructures développées pendant le conflit ont facilité la colonisation et le développement économique de l'Alaska. La Alaska Highway (Route de l'Alaska), construite pendant la guerre pour relier l'Alaska au Canada et au reste des États-Unis, joue un rôle crucial dans l'intégration de la région. Le 7 juillet 1959, l'Alaska devient le 49e État des États-Unis. Cela met fin à son statut de territoire, donnant à ses habitants les mêmes droits politiques que les autres Américains. À cette époque, l'économie de l'Alaska est largement dominée par la pêche, l'exploitation minière et le secteur militaire.

L'un des tournants les plus importants de l'histoire de l'Alaska moderne survient avec la découverte de vastes réserves de pétrole à Prudhoe Bay, sur la côte nord de l'État, en 1968. Cette découverte mène à la construction du pipeline Trans-Alaska (1974-1977), une infrastructure de près de 1300 kilomètres reliant Prudhoe Bay au port de Valdez, dans le sud de l'Alaska. Le pétrole devient rapidement le principal moteur économique de l'Alaska, et l'État commence à générer des revenus considérables grâce aux taxes et aux redevances sur l'exploitation pétrolière. L'Alaska Permanent Fund, créé en 1976, est un fonds souverain destiné à redistribuer une partie des recettes pétrolières aux habitants de l'État sous forme de dividendes annuels.

Un Ă©vĂ©nement marquant de cette pĂ©riode est le sĂ©isme du Vendredi Saint, survenu le 27 mars 1964, qui est le plus puissant jamais enregistrĂ© en AmĂ©rique du Nord (magnitude de 9,2). Ce tremblement de terre dĂ©vastateur a dĂ©truit plusieurs villes, dont Anchorage, et causĂ© d'importants tsunamis. Il a eu un impact durable sur les infrastructures et le dĂ©veloppement urbain de l'Alaska. Vient ensuite une autre catastrophe, la marĂ©e noire causĂ©e par l'Ă©chouage, en 1989, du pĂ©trolier Exxon Valdez sur un rĂ©cif du  Prince William Sound (1600 km de cĂ´tes souillĂ©s par le pĂ©trole).

À partir des années 1980 et jusqu'à aujourd'hui, l'Alaska est confrontée au réchauffement climatique qui affecte particulièrement cette région arctique, entraînant la fonte des glaciers et menaçant les habitats naturels. Parallèlement, la question de la protection de l'environnement contre l'exploitation pétrolière, notamment dans l'Arctic National Wildlife Refuge (ANWR), devient un enjeu politique national. Les peuples autochtones de l'Alaska, bien qu'ayant obtenu des compensations foncières et des droits territoriaux grâce à l'Alaska Native Claims Settlement Act de 1971, continuent de lutter pour la reconnaissance de leurs droits culturels et économiques face aux pressions extérieures.

L'Alaska, aujourd'hui, reste largement dépendante de l'industrie pétrolière, bien que la pêche, le tourisme et le secteur militaire soient également importants. L'État continue de percevoir des revenus importants grâce à ses ressources naturelles, tout en essayant de diversifier son économie pour faire face à la volatilité des prix du pétrole.

 


John Muir, Voyages en Alaska, Payot, 2009. - Cela peut paraître incroyable, et pourtant le naturaliste écossais John Muir (1839-1914), pionnier de la défense de l'environnement et père des parcs nationaux américains, a bel et bien exploré l'Alaska sans armes ni équipement, avec pour survivre du pain sec et du thé. II n'en a pas moins découvert entre autres Glacier Bay et l'extraordinaire glacier qui porte aujourd'hui son nom. Seules l'intéressaient, disait-il, l'écoute et la préservation du " chant du monde ". De là le ton unique de ce livre d'aventures insensées parmi les loups et les derniers Indiens libres du Wilderness. Un enchantement pour tous ceux que fascinent les paysages du Grand Nord. (couv).

G. et L. Salisbury, L'expédition de la dernière chance, Albin Michel, 2004. - 1925, Nome, Alaska : une épidémie de diphtérie se déclare.Le seul vaccin disponible est à 1000 km, au-delà des glaces arctiques. Trois "mushers" et leurs attelages se relaient pour rallier Nome. Un exploit humain et animal inégalé. Née avec la Ruée vers l'or, Nome est une ville située à l'extrême Nord de l'Alaska. Les conditions de vie y sont extrêmement rudes, sans compter les transport et les communications... Aussi lorsqu'en janvier 1925, le docteur Calvin Welch diagnostique un nombre de cas de diphtérie inquiétant, la situation est plus que critique. Très vite, la population est mise en quarantaine, et les doses de sérum manquent. Alertée, Washington ne voit qu'une solution : des milliers de doses de sérum seront acheminées à Anchorage par train, où le plus grand relais d'attelage jamais conçu est mis en place avec les trois meilleurs mushers de l'époque et leurs chiens de traîneaux. Wild Bill Shannon se lance le premier dans un rush de 12 heures par des températures presque fatales à ses chiens et à lui-même. Seppala prend le relais, choisissant lui aussi au péril de sa vie de traverser les fragiles couches de glaces du Norton Sound pour plus de rapidité. Et enfin Gunnar Kaasen, qui atteint Nome dans les premiers jours de février et évite ainsi une catastrophe sanitaire à l'Alaska. Mais Kaasen n'aurait pas réussi sans son exceptionnel meneur d'attelage, le chien Balto, élevé au rang de héros national, au point d'être honoré par une statue élevée en plein Central Park (New York), bien loin de la terre de ses exploits. Document exceptionnel sur une des dernières grandes épopées arctiques du XXe siècle, L'expédition de la dernière chance est un récit passionnant et passionné d'une aventure humaine où le courage, l'ingéniosité et l'acharnement des hommes n'a rien à envier à la résistance et à la loyauté de leurs chiens. (couv.).

Anchorage.
Anchorage, la principale ville d'Alaska.
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