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A proprement parler,
l'art de la peinture
n'existe guère plus en France
pendant la Renaissance
qu'aux époques précédentes. En vain, François
ler, fit
venir auprès de lui Léonard de Vinci,
puis Andrea del Sarto, en vain demanda-t-il
au Rosso, à Niccolo dell'Abate, au Primatice
le décor de ses fêtes, la parure de ses palais. Tandis qu'en
Italie ,
Raphaël
avait déjà signé ses plus rares chefs-d'oeuvre, en
France les peintres se confinaient encore dans l'enluminure
des manuscrits ( La
Miniature) et dans le vitrail où,
d'ailleurs, ils n'avaient depuis longtemps pas de rivaux.
Jean Perréal, dit Jean de Paris,
à qui l'on doit, semblet-il, tant d'oeuvres variées, fut
plutôt un décorateur qu'un peintre, et ce n'est pas le tableau
du musée du Louvre qu'on lui attribue
qui pourrait changer cette opinion. Les Clouet,
il est vrai, continuent à la cour des Valois la liste des fins portraitistes
français qui se sont d'abord essayé dans les manuscrits.
Jean Clouet (mort vers 1541) et son
fils François (mort en 1572),
descendants d'une famille flamande,
ont apporté dans ce genre une précision de dessin,
une solidité de coloris, une franchise d'expression qui, malgré
un peu de sécheresse, s'imposent à notre admiration. A côté
d'eux, et dans le même temps, les deux Jean
Cousin, que l'on a confondu presque jusqu'à aujourd'hui, et
que l'on a bien à tort accablé de la ridicule épithète
de «-fondateur(s) de l'école
nationale », sont moins des peintres que des illustrateurs de livres,
de féconds compositeurs d'ornements, ainsi qu'en témoignent
leurs deux tableaux authentiques, l'Eva prima Pandora de Sens peinte
par le Père, qui est peut-être le premier nu
de la peinture française,
et le Jugement dernier
du Louvre, peint par le Fils.
La peinture
paraît vouloir attendre en France ,
pour prendre son essor, le déclin de la miniature.
Le moment n'est pas loin, car cet art admirable dit son dernier mot dans
les Heures d'Anne de Bretagne qui
sont, dit Lecoy de La Marche, « le couronnement des merveilles de
l'âge précédent». Cette oeuvre incomparable,
où l'on compte cinquante grands sujets, vrais tableaux de moeurs,
de paysages et d'histoire,
fut achevée en 1508. Les documents
les plus authentiques lui donnent comme principal auteur « Jehan
Bourdichon, painctre et valet de chambre de Monseigneur Louis
XII », lequel reçut en paiement la somme de 1050 livres
tournois. Après un tel chef-d'oeuvre, l'art de l'enluminure
disparaît devant le progrès de l'imprimerie
et la gravure que les Jean
Cousin, Etienne Delaune, et un petit groupe de dessinateurs lyonnais
ne firent qu'accentuer. Les libraires cherchèrent à imiter
industriellement les manuscrits, et vendirent comme oeuvres originales
des sujets reproduits par la gravure sur bois. |
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