|
A notre connaissance,
chez toutes les Gymnospermes dont la fécondation a été étudiée (moins
les Gnétales), on n'a jamais vu que l'un des
gamètes jouer un rôle actif et se fusionner avec l'oosphère. Le reste
du contenu du tube pollinique se désorganise toujours plus ou moins tôt
; ainsi, chez le Céphalotaxus et chez le Pin sylvestre, tout le contenu
du tube pollinique passe dans l'intérieur de l'oosphère; mais il n'y
a que l'un des gamètes qui pénètre dans le noyau de cette dernière;
toutes les autres parties qui l'accompagnaient dans le tube pollinique
se résorbent peu à peu.
Cependant chez le Genévrier et le Cyprès,
où les corpuscules sont très serrés, un tube pollinique peut parfois
s'étaler sur deux archégones, et les deux
gamètes de ce tube fécondent deux oosphères voisines. De même chez
les Gnetum (Gnétales), les deux gamètes d'un
même tube pollinique sont actifs : chacun d'eux va féconder une des nombreuses
oosphères de l'ovule.
Quant aux transformations que subit le
gamète mâle actif dans le cours de la fécondation, elles sont au début
assez variables; souvent, sa masse chromatique (= qui contient les chromosomes)
ne fait que s'accoler à celle de l'oosphère,
et les deux masses restent distinctes jusqu'au moment oĂą le noyau commence
à se segmenter. D'autres fois, le noyau mâle refoule peu à peu le noyau
femelle, finit par pénétrer dans celui-ci et les deux substances paraissent
se dissoudre et se mélanger intimement, pour reparaître ensuite sous
la forme d'un filament nucléaire continu au moment où l'oeuf
se segmente.
Formation de la
graine.
Dès que la fécondation
est opérée, l'oeuf se cloisonne tout en restant
enfermé au sein de l'endosperme et présente
la particularité d'engendrer quatre embryons,
au lieu d'un seul comme chez les Cryptogames;
un ovule qui contient primitivement cinq oosphères fécondées produit
donc au début vingt embryons (Pin, Sapin, Mélèze).-
Coupe
schématique d'une graine; l'embryon est entouré par l'endosperme.
|
Mais, par la suite, un de ces embryons
prend une avance considérable sur les autres; il les digère ainsi qu'une
partie de l'endosperme, et en définitive il n'y en a jamais qu'un seul
par ovule qui continue de croître et qui atteigne son complet développement.
Un embryon est une petite plante en miniature; il comprend en effet, Ă
l'état rudimentaire, toutes les parties essentielles de l'appareil végétatif
d'une plante, Ă savoir :
1° Un petit axe cylindrique qui
représente une jeune tige ou tigelle;
2° l'une des extrémités de celle-ci
est un peu amincie et constitue une petite racine
ou radicule;
3° l'autre extrémité est renflée et
est formée d'une petite couronne de six ou sept filaments adjacents les
uns aux autres, qui ne sont pas autre chose que les premières feuilles
de la plantule; on leur donne le nom spécial
de cotylédons;
4° enfin, au centre de la couronne
des cotylédons se trouve un petit
bourgeon
terminal comme il en existe un au sommet de toute tige
: on l'appelle la gemmule. Le nombre des
cotylédons est très variable : un chez les Zamia, deux chez les Cyprès,
trois Ă douze chez les Pins.
Une fois que l'embryon est ainsi constitué,
il cesse momentanément de croître, passe à l'état de vie ralentie et
l'ovule prend le nom de graine. D'où la définition
suivante :
Une graine
est un ovule dont l'oosphère a été fécondée et transformée en une
plantule ou embryon momentanément à l'état de vie ralentie.
D'après cela, une graine de Gymnosperme renferme
les mêmes parties fondamentales, mais plus ou moins transformées, que
l'ovule dont elle provient et qui sont au nombre de trois :
1° au centre, l'embryon qui est
issu du développement de l'oeuf et qui a la forme d'un petit bâtonnet;
2° une masse cellulaire qui est le reste
de l'endosperme ou prothalle
femelle, dont l'embryon a commencé de se nourrir dès le début et qu'il
achèvera de consommer au cours de la germination
de la graine Quant au nucelle, il disparaît totalement au cours de la
transformation de l'ovule en graine; il est entièrement résorbé par
l'endosperme, qui prend par suite un volume relativement considérable;
3° enfin, à la périphérie, se trouvent
deux enveloppes dont la plus externe est brune et résistante, et qui proviennent
du dédoublement de l'ancienne primine de l'ovule.
Dans le Pin pignon l'enveloppe externe est
très épaisse, lignifiée et rappelle une coquille de noisette.-
Graine
de pin.
|
Chez les Pins et les Sapins, la graine
ainsi constituée reste soudée à la base du carpelle
sur lequel elle s'est développée et qui lui constitue comme une sorte
d'aile impaire, qui en facilitera la dissémination
par le vent.
Pendant que les ovules
se transforment en graines, les bractées
s'épaississent, se rapprochent les unes des autres et forment cette sorte
de fruit composé qu'on appelle le cône ou pomme de pin. A maturité,
les bractées du Pin se dessèchent, s'écartent et laissent tomber les
écailles avec les graines qui étaient intercalées entre elles.
Cette transformation de l'ovule en graine
se fait pendant l'année qui suit la fécondation, et comme le pollen avait
pénétré dans la chambre pollinique déjà un an avant que la fécondation
ne s'opérât, il en résulte que le fruit du Pin met deux ans à se former.
Mais cela n'est pas général chez les Gymnospermes : ainsi chez le Thuya
et le Cyprès, la fécondation se fait aussitôt que le pollen a germé
et la graine mûrit l'année même où l'ovule s'est formé. (A.
Pizon). |
|