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Linné
a créé le nom de Cryptogames, du grec kryptô,
je cache, et gamos, mariage, pour désigner les plantes
dont les organes sexuels sont peu apparents ou tout à fait cachés
:
1° Les Fougères,
2° les Bryophytes
(Mousses, Hépatiques),
3° les Algues,
4° les Champignons.
Ad. Brongniart,
adoptant le nom de Cryptogamnes pour désigner sa première
grande division du règne végétal,
les partageait en deux embranchements :
1° les Amphigènes,
comprenant 3 classes : les Algues, les Champignons, les Lichénées
ou Lichenoïdées.
2° Les Acrogènes, 2 classes
: les Muscinées (ou Bryophytes), les
Filicinées (Fougères et apparentées).
Les plantes Cryptogames correspondent aux
Acotylédones de Jussieu.
Dans les classifications modernes la notion
de végétaux cryptogames n'est plus jugée pertinente
du point de vue taxinomique. On réunissait en effet sous ce vocables
des phylums très différents (Algues,
Champignons, etc.), et l'on séparait
artificiellement les Ptéridophytes,
qui sont bien des cryptogames, des autres plantes
vasculaires, qui sont des phanérogames. Beaucoup de faits et
de caractéristiques rassemblés sous la bannière des
"végétaux cryptogames" justifient cependant que le terme
soit conservé au moins pour décrire dans leurs grandes lignes
les groupes des végétaux les plus rudimentaires. Les
habitudes ont également consacré un vocabulaire commun à
tous ces groupes de végétaux qui reste utile à connaître.
Caractères
généraux des cryptogames.
Les plus simples de ces organismes sont
réduits à l'élément organique lui-même,
la cellule seule ou quelques cellules identiques; parmi les algues,
les protococcus, les pleurococcus, offrent cette curieuse simplicité,
le végétal est une cellule isolée, globuleuse et verdoyante;
les coccochloris, les palmella offrent un perfectionnement léger,
les utricules globuleuses sont réunies
par un mucus en une lamelle qui peut déjà
être considérée comme un de ces thalles
que les lichens nous montreront en si grand nombre.
D'autres algues, presque aussi simples, sont des tubes cloisonnés
simples ou rameux. En tout cas, les uns et les autres ne sont visibles
qu'au microscope. Quant aux moyens de reproduction des algues, ils sont
de l'imperfection la plus grande : chaque cellule séparée
de la plante constitue un individu nouveau, et se complète rapidement.
Il y a là une confusion complète entre les organes de là
reproduction et ceux de la végétation. La même confusion
existe encore dans des algues mieux organisées où la masse,
uniformément utriculaire du végétal, présente
en certains points et à certaines époques des cellules d'une
forme distinctive, remplies d'une matière spéciale, et qui
reproduisent plus facilement que les autres le végétal dont
elles ont fait partie. Mais en s'élevant dans la complexité,
on ne tarde pas à voir les parties se spécialiser, les unes
servant à la nutrition, les autres conformées pour la reproduction.
Parmi les nombreuses espèces de
cryptogames, on distingue deux types ou formes générales
des organes de nutrition. Dans les plus simples, nommés cryptogames
amphigènes, les organes de nutrition sont irrégulièrement
disposés en lames ou filaments qui se développent indifféremment
par tous les points de leur surface et dans toutes les directions. La plante
consiste souvent en une expansion membraneuse, plus on moins consistante
et diversement découpée, que l'on a nommée thalle
dans les lichens, fronde dans les signes
et la plupart des hépatiques.
Dans d'autres plus parfaits, et que l'on
appelle cryptogames acrogènes, il y a un axe et des organes appendiculaires.
L'axe a une partie souterraine ou racine et
une partie aérienne ou tige. Celle-ci, dans
les fougères, petit même atteindre
de très grandes dimensions et devenir ligneuse. La structure des
tiges dans les cryptogames mérite d'être remarquée.
Dans les charas, la tige est formée de longues cellules cylindriques
accolées bout à bout; dans les mousses
et les hépatiques, la tige est une masse celluleuse formée
au centre d'utricules allongées, et au pourtour d'utricules arrondies
ou polyédriques. Dans ces cryptogames acrogènes, pas plus
que dans les amphigènes, on ne trouve aucun vaisseau.
Mais les marsiléas, les lycopodinées,
les prêles en possèdent bien évidemment,
quoique souvent en petite quantité. Enfin les fougères ont
une tige vasculaire comparable, sous certains rapports, à celle
des monocotylédones. Dans les
pays chauds, les fougères atteignent un grand développement
et possèdent des tiges ligneuses
de 15 et 20 mètres de hauteur. Ces tiges ont l'aspect d'un stipe
de palmier; mais la structure interne est différente. La tige des
fougères diffère de celle des monocotylédones pour
les raisons suivantes :
1° les faisceaux ligneux sont
moins abondants et disposés en lamelles longitudinales;
2° ils s'anastomosent
entre eux, de manière à former un réseau qui ne se
montre, jamais dans les monocotylédones;
3° on n'y trouve jamais de trachées
véritables.
Les cryptogames acrogènes portent sur
leur tige des appendices foliacés
qui ont souvent reçu le nom de frondes, mais qui chez les fougères
ont les plus grandes analogies avec les feuilles.
Dans les mousses, les hépatiques, qui ont une tige entièrement
utriculaire, les frondes sont également dépourvues de vaisseaux.
Les nombreuses combinaisons organiques
qui fournissent aux cryptogames les moyens de se reproduire, se rapportent
à quatre degrés principaux de complication :
1° il y a, comme chez
les conferves, confusion des organes de la nutrition avec ceux de la reproduction;
alors chaque cellule détachée du cryptogame est capable de
développer un nouvel individu;
2° à une période déterminée
de la vie du cryptogame, certaines cellules prennent un aspect tout spécial,
et la matière qu'elles contenaient s'organise en corpuscules globuleux
formés d'une enveloppe propre et d'un contenu granuleux; ces corps,
répandus dans les lieux où vivent habituellement les plantes
d'où ils proviennent, y végètent par une sorte de
germination et se transforment en un végétal
semblable à son parent. Ils sont analogues par leurs fonctions aux
corps des phanérogames, mais complètement
différents par la simplicité de leur structure, et ont reçu
le nom de spores, sporules
ou gongyles. Un grand nombre d'algues
sont ainsi organisées. Les spores ne contiennent jamais d'embryon
comme, les graines, ce sont de simples utricules
remplies d'une matière huileuse; pour germer, ils se développent
en s'allongeant par un point de leur contour; ce prolongement se cloisonne
en nouvelles cellules qui, elles-mêmes, en produisent d'autres, et
ainsi de suite;
3° dans certains genres d'algues,
dans les lichens, les mousses, beaucoup de champignons,
les prêles, les fougères,
les spores sont généralement
réunies dans des réceptacles
de formes et de structures variées. Dans les. fucus, espèces
d'algues marines, et dans d'autres cryptogames analogues, le réceptacle
des spores est une grande utricule intérieure ou extérieure
au tissu du végétal, et qui contient
4 ou un plus grand nombre de ces globules reproducteurs, on bien des spores
insérées à la base de filaments nombreux sont réunies
dans des poches ou sur des saillies que le végétal offre
à sa surface; ces réceptacles des algues fucoïdes sont
connus sous le nom de sporanges;
4° le plus haut degré
de complication et de perfectionnement que présente l'appareil reproducteur
des cryptogames s'observe dans quelques algues; les mousses,
les lycopodinées, et les fougères
ont une conformation analogue. Dans ces cryptogames on trouve l'appareil
reproducteur composé non seulement du conceptacle,
mais aussi d'un organe nommé anthéridie,
que l'on a comparé aux étamines. L'anthéridie
est en général un petit sac, d'abord entièrement clos,
qui s'ouvre plus tard par un point de sa surface, et laisse sortir un amas
de corpuscules réunis par un liquide mucilagineux. Examinée
au microscope, cette matière émise par l'anthéridie
se compose d'utricules diversement arrangées entre elles, mais qui
habituellement contiennent un petit corps vermiforme, recourbé,
et qui exécute pendant un certain temps des mouvements très
actifs. Ces mouvements sont dus à deux ou plusieurs cils vibratiles
que l'on distingue nettement au microscope et qui s'agitent continuellement.
Ces espèces d'animalcules ont reçu le nom d'anthérozoïdes,
ils paraissent remplacer la fovilla qui
remplit les grains de pollen.
Ce dernier type d'organes de reproduction,
reconnu chez un grand nombre de cryptogames, présente ce trait remarquable
que l'on y retrouve les analogues des pistils
et des étamines, ce sont les conceptacles
et les anthéridies; les formes sont profondément différentes,
mais les fonctions paraissent présenter, au contraire, quelque ressemblance.
Un fait très curieux a été constaté par Decaisne
et Thuret
dans les spores de certaines algues. On y a retrouve cette motilité
si remarquable des anthérozoïdes.
Après avoir considéré
ces faits, on trouve encore de bien grandes différences entre la
reproduction des cryptogames et celle des phanérogames; et les analogies
mêmes qu'on y a cherchées ne peuvent être admises qu'avec
de grandes restrictions; à tel point que plusieurs botanistes ont
pu soutenir que les sporanges ou conceptacles sont les analogues des anthères,
et les spores représentent le pollen. (Ad.F.). |
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