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La
découverte des plantes
La botanique au XVIIIe siècle |
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Les
botanistes du XVIIIe
siècle ont poursuivi les recherches initiées
par leurs aînés sur la physiologie des plantes. Bazin, Hales, Guettard,
etc. étudient la nutrition des plantes et le circuit de la sève; les
études
Bonnet et de Duhamel
du Monceau préparent, pour leur part la découverte de la fonction
respiratoire des feuilles (Priestley,
J.
Ingenhouz,
J. Senebier).
Morland et Vaillant, de leur côté étudient
la sexualité![]() Burkhardt avait proposé,
dès 1702,
de prendre les organes sexuels de végétaux pour base de la classification
botanique. Un plan qui fut mis à exécution par Linné, en même temps
prit pour modèle les beaux travaux de Tournefort
(fin du XVIIe
siècle). Linné qui basa sa classification
des plantes sur les différences des étamines Bernard de Jussieu adopta un arrangement d'après les affinités naturelles des plantes; et comme il ne publia jamais sa méthode, ce fut à son neveu, Antoine-Laurent, qu'incomba la tâche de faire connaître le système naturel dans ses : Genera Plantarum secundum Ordines Naturales disposita (Paris, 1789), donnant la description de plus de 20 000 espèces, et célèbres comme un merveilleux monument de sagacité, de profondeur, de science et comme un chef-d'oeuvre d'élégance et de précision. |
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![]() Jalons |
Les
botanistes physiologistes
C'est seulement vers le milieu du XVIIe siècle, après l'invention du microscope, que l'étude des organes des plantes et de leur fonctionnement avait commencé à passionner quelques esprits; on entra ensuite dans une voie tout d'abord quelque peu empirique puis réellement scientifique, lorsque la méthode de précision et d'observation qui inspira les travaux des encyclopédistes du XVIIIe siècle fut appliquée à ce nouveau champ de recherches. Nutrition et respiration
des plantes.
Gilles Auguste Bazin admettait (Observations
sur les plantes et leur analogie avec les insectes, Strasbourg, 1741,
in-8) que la sève Charles Bonnet
(1720-1793),
qui avait étudié le mouvement de la sève La fécondation
des plantes.
Dans son Isagoge phytoscopica (Hambourg, 1678), J. Jung avait déjà le premier tenté un essai de comparaison des organes végétaux et de recherche de leurs analogies. Mais ses idées étaient passées inaperçues. Ce fut seulement au milieu du XVIIIe siècle que Linné dans son Prolepses plantarum (1763, in Amaenit. Acad., VII), retrouvant cette voie, s'y engagea plus avant, sans toutefois beaucoup de bonheur, car son hypothèse de l'anticipation (polepsis) est pour le moins fort étrange. Gaspard-Frédéric Wolff peut donc être considéré comme le véritable initiateur dans l'étude de la morphologie comparée, puisqu'il fut le premier à énoncer clairement que tous les organes de l'axe des végétaux sont de la même nature quelle que soit leur forme (Theoria generationis, 1759). Mais c'est surtout à Goethe que l'on doit la féconde théorie de la métamorphose des organes (Versuch die Metamorph.Pflanzen zu erklären; Gotha, 1790), théorie qui a eu en anatomie animale et en morphologie végétale de si remarquables résultats et qui a préparé les découvertes de Geoffroy Saint-Hilaire et de Darwin. J. Gaertner contribua également beaucoup au développement de l'organographie par l'étude importante qu'il fit des fruits (De fruclibus et seminibus; 2 vol. in-4, 150 pl.). Les botanistes taxinomistes Tout en étant adopté par beaucoup de
botanistes, le système de Tournefort, loin
d'arrêter un instant les progrès de la taxinomie,
inspira d'heureux perfectionnements par ses défauts mêmes. C'est d'abord
H. Burkhard (1676-1738)
qui chercha, dans les organes de la fécondation et de la fructification,
des caractères naturels autres que ceux fournis par la forme des fleurs.
H.
Boerhaave (1688-1738)
voulut réunir les méthodes de P. P. Hermann,
de Ray et de Tournefort,
mais il n'aboutit qu'à un système fort défectueux. De même, J. Pontédera
(1688-1757)
et G.-H. Kramer, essayèrent sans plus de succès de concilier les systèmes
de Rivin et de Tournefort. P.-Ant. Micheli, en
publiant son Nova plantarum genera juxta methodum Tournefortii disposita
(Florence, 1729,
in-fol., avec 108 pl.) et en étudiant avec l'aide du microscope l'organisation
des Lichens Dès cette époque, du reste, on entreprenait
des études spéciales sur divers groupes de plantes et l'on doit à Scheuchzer
(1672-1733)
la première monographie des Graminées, Cypéracées Linné.
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Fleurs toutes hermaphrodites | libres | égales | en nombre défini | 1 étamine
2 étamines 3 étamine 4 étamines 5 étamines 6 étamines 7 étamines 8 étamines 9 étamines 10 étamines 12 étamines |
1. Monandrie
2. Diandrie 3. Triandrie 4. Tétrandrie 5. Pentandrie 6. Hexandrie 7. Heptandrie 8. Octandrie 9. Ennéandrie 10. décandrie 11. Dodécandrie |
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en nombre indéfini | périgynie
hypogynie |
12.
Icosandrie
13. polyandrie |
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inégales | 4 étamines didynames | 14. Didynamie | ||||||||
6 étamines tétradynames | 15. Tétradynamie | |||||||||
soudées | entre elles | par les filets |
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par les anthères | 19. Syngénésie. | |||||||||
avec un pistil | 20. Gynandrie | |||||||||
Fleurs
non toutes hermaphrodites |
mâles et femelles sur le même pied | 21. Monoecie | ||||||||
mâles et femelles sur des pieds différents | 22. Dioecie | |||||||||
les unes unisexuées, les autres hermaphrodites | 23. Polygamie | |||||||||
Pas de fleurs | 24. Cryptogamie |
Chacune des classes
est divisée en un certain nombre d'ordres,
dont les caractères sont toujours tirés des
diverses parties de la fleur et les ordres en genre.
L'avantage de cet arrangement, qui n'est en somme qu'une clef analytique,
réside dans la facilité avec laquelle, par son moyen, on peut arriver
au nom des plantes. Certainement Linné ne devait pas considérer son système
comme définitif, il avait une notion trop juste de la méthode naturelle.
Mais dans la confusion qui régnait avant lui dans l'étude des organismes
vivants, il apportait une réforme profonde, il introduisait de l'ordre
et, sous une forme concise il exposait une quantitĂ© de faits jusque-lĂ
ou négligés ou dédaignés. C'est donc aujourd'hui, moins pour la valeur
de son système que pour ses judicieuses innovations dans toutes les parties
de la botanique et surtout pour son admirable sentiment des choses de la
nature, qu'il est placé à l'un des premiers rangs des savants et des
philosophes. Dans Philosophia botanica (Stockholm, 1751),
Species plantarum(1753) et les
dissertations publiées sous le titre collectif d'Amaenitates Academicae,
il développa les principes et les faits exposés dans ses premiers ouvrages,
il fonda la nomenclature bi-nominale, dite linnéenne, il précisa les
notions de genre et d'espèce
et employa, pour décrire chaque plante, des phrases courtes, caractéristiques,
qui sont des modèles du genre.
Le système et les idées de
Linné
eurent dès leur apparition des détracteurs et des partisans en nombre
égal. Th. Ludwig (1709-1773)
fut le premier à critiquer l'oeuvre du savant suédois. Dès
1739
il rejette le système linnéen et en propose un autre qui n'a aucune valeur.
Après lui J. C. Fabricius, L. Heister, J.
Wachendorf et surtout Haller se livrèrent Ă
des critiques parfois fort violentes, sans pouvoir toutefois proposer mieux.
Aussi parmi les nombreuses tentatives qui furent faites pour renverser
le nouveau système tout en s'inspirant de lui, ne convient-il de citer
que celles de Ch. Schmiedel, Th. Gledisteh, Donati, Ellis, Gmelin,
Maratti pour le rangement des Cryptogames B. de Jussieu
et Adanson.
A.-L. de Jussieu
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Acotylédones | 1 Acotylédonie | 1. Champignons, 2. Algues, 3. Hépatiques, 4. Mousses, 5. Fougères, 6. Naïades. | |||
Monocotylédones | Hypogynes | 2. Monohypogynie | 7. Aroïdées, 8. Massettes, 9. Souchets, 10. Graminées. | |||
Périgynes | 3. Monopérigynie | 11. Palmiers, 12. Asperges, 13. Joncs, 14. Lis, 15. Ananas, 16. Asphodèles, 17. Narcisses, 18. Iris. | ||||
Epigynes | 4. Monoépigynie | 19. bananiers, 20, Balisiers, 21. Orchidées, 22. Morènes. | ||||
Dicotylédones | Apétales
à étamines |
Epigynes | 5. Epistaminie | 23. Aristoloches. | ||
Périgynes | 6. péristaminie | 24. Chalefs, 25 Thymélées, 26. Protées, 27. Lauriers, 28. Polygonées, 29. Arroches. | ||||
hypogynes | 7. Hypostaminie | 30. Amarantes, 31. Plantains, 32. Nyctages, 33. Dentelaires. | ||||
Monopétales
Ă corolle |
hypogyne | 8. Hypocorollie | 34. Lysimachies, 35. pédiculaires, 36. Acanthes, 37. Jasminées, 38. Gattiliers, 39. labiées, 40. Scrofulaires, 41. Solanées, 42. Borraginées, 43. Liserons, 44. Polémoines, 45. Bignones, 46. Gentianes, 47. Apocinées, 48. Sapotilliers. | |||
périgyne | 9. Péricorollie | 49. Plaqueminiers, 50. Rosages, 51. Bruyères, 52, Campanulacées. | ||||
Epigyne
(épicorrolie) |
Anthères soudées | 10. Synanthérie | 53. Chicoracées, 54. Cynarocéphales, 55. Corymbifères. | |||
Anthères libres | 11. Corysanthérie | 56. Dipsacées, 57. Rubiacées, 58. Chèvrefeuilles. | ||||
Polypétales
Ă fleurs |
hermaphrodites à étamines | épigynes | 12. Epipétalie | 59. Aralies, 60. Ombellfères. | ||
hypogynes | 13. Hypopétalie | 61. Renonculacées, 62. papavéracées, 63. Crucifères, 64. Câpriers, 65. Savoniers, 66. Erables, 67. Malpighies, 68. Milleperthuis, 69. Guttiers, 70. Orangers, 71. Azedarachs, 72. Vignes. 73. Géraines, 74. Malvacées, 75. Magnoliers, 76. Anones, 77. Ménispermes, 78. Vinettiers, 79. Tiliacées, 80. Cistes, 81. Rutacées, 82. Caryophylées. | ||||
périgynes | 14. Péripétalie | 83. Joubarbes, 84. Saxifrages, 85. Cactes, 86. Portulacées, 87. Ficoïdes, 88.Onagres, 89. Myrtes, 90. Mélastomes, 91. Salicaires, 92. Rosacées, 93. Légumineuses, 94. Térébinthacées, 95. Nerpruns. | ||||
unisexuées | 15. Diclinie | 96, Euphorbes, 97. Cucurbitacées, 98. Orties, 99. Amentacées, 100. Conifères. |
De 1789Ă
1824,
A.-L.
de Jussieu chercha à perfectionner sa méthode dans une série de
mémoires et s'efforça de montrer qu'on peut décrire une famille comme
un genre, en tenant compte de caractères plus importants, et qu'aux descriptions
de genres telles qu'on les faisait alors, on pouvait ajouter d'autres caractères
tirés des organes de végétation.
La méthode de A.-L. de Jussieu fut loin
d'être unanimement adoptée. Conrad Moench, dans son Methodus plantarum
horti botanici et agri Marburgensis a staminum situ describendi (Strasbourg,
1794, in-8) ; Boelth. Borkhausen, pour
les Cryptogames, Kurt Sprengel, etc., repoussèrent
cette méthode et en proposèrent d'autres ne présentant aucune particularité.
En 1792, Gisecke publia une carte emblématique
du système de Linné, montrant les affinités
des familles. En France, J.-B. Monet de Lamarck
(1744-1829)
avait, dès 1778, imaginé la méthode
dichotomique ou analytique dont il fit l'application dans sa Flore française,
et qui fut reproduite au commencement de la troisième édition de cet
ouvrage revu par A.-P. de Candolle. Cette méthode
est une clef dont le principe est d'opposer toujours un caractère à un
autre et d'enchaîner des séries de ces oppositions jusqu'au nom de la
plante qui fait l'objet de la recherche. Ces sortes de clefs, aujourd'hui
très usitées dans un grand nombre de flores, ont rendu de grands, services
en inspirant ainsi le goût de la botanique.
En Europe, parmi les nombreuses flores qui furent publiées à cette époque, il convient de citer celles de Suisse par J.-J. Scheuchzer, Ouresifoiths helveticus, sive itinera per Helvelia regiones (Leyde, 1723, 4 vol. in-4) et Haller, Historia stirpium Helvetiae indigenarum (Berne, 3 vol. in-fol., 2486 espèces, pl. nombreuses); celles de France par Tournefort (Flore des environs de Paris); S. Vaillant, Botanicon parisiense (Leyde, 1727, in-fol. avec carte et 300 pl.), L. Thuillier (1790), P. Bulliard, les Champignons de la France, ouvrage célèbre, fort recherché par les collectionneurs pour la beauté et la précision de ses dessins; D. Villars, Histoire des plantes du Dauphiné (1779); J. Buchoz (1797); celles Allemagne et d'Autriche par G. Roth, Tentamen florae germanicae (Leipzig, 1787-1800, 3 vol. in-8); Jacquin, Enumeratio stirpium, etc. (Vienne, 1762); C.-L. Villdenow, Flora Berolinensis (1757-58), qui a encore donné une édition estimée du Species plantarum de Linné; celles d'ltalie par Ch. Allioni, Flora Pedemontana (1785, in-fol.); celles d'Espagne par J. Cavanilles, Icones et descript. Plantarum quae aut sponte in Hispania crescunt, aut in hortis hospitantur (Madrid, 1791-97, 2 vol. in-fol.); celle de Russie par Pallas, Flora Rossica (Saint-Pétersbourg,1784-88, 2 vol.). (P. Maury). |
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