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Jardin
des Plantes (ou Muséum d'histoire naturelle) de Paris,
dans le Ve arrondissement. - Le Muséum
d'histoire naturelle de Paris ou Jardin des Plantes a son origine dans
des lettres patentes de 1626, qui autorisent Hérouard et Guy
de La Brosse, premier médecin et médecin ordinaire de
Louis XIII, à acquérir pour le
compte de ce prince, dans le faubourg Saint-Victor, sur la rive gauche
de la Bièvre, une maison entourée d'un jardin de 24 arpents
(clos des Coypeaux), et à y établir, en vue de l'étude
des sciences naturelles, un Jardin royal des herbes médicinales,
dont la surintendance appartiendra, par privilège, au premier médecin
du roi. L'organisation ne fut commencée sérieusement qu'en
1635, par Guy de La Brosse, nommé cette année même
intendant sous la surintendance de Bouvard, et l'inauguration eut lieu
en 1640. Le parterre, d'une étendue de 10 arpents, réunissait
déjà 2360 échantillons de plantes variées;
en même temps des salles de cours étaient ouvertes, où
des « conseillers médecins » enseignaient la botanique,
la chimie et l'astronomie.
Pendant les années
qui suivirent la mort de Guy de La Brosse, le
« Jardin du roi », comme on l'appelait communément,
parut plutôt péricliter. Mais Colbert,
qui en avait un instant réuni la surintendance à celle des
bâtiments du roi, la rétablit en 1693 en faveur du premier
médecin, Fagon, neveu de Guy de La Brosse,
et sous l'habile administration de ce savant modeste, que secondèrent
l'illustre Tournefort et Antoine
de Jussieu, déjà célèbre, d'importantes
améliorations furent réalisées : deux serres chaudes
et un amphithéâtre furent construits, le jardin botanique
fut agrandi, un herbier
et d'autres collections d'histoire naturelle furent constitués.
Les successeurs de Fagon firent malheureusement preuve de la plus grande
incurie. Malgré l'enseignement des deux Jussieu, de Vaillant, de
Lemery, le Jardin du roi connut une ère
nouvelle de décadence et il fallut, pour lui rendre sa prospérité,
que sa surintendance fût détachée de la charge de premier
médecin (1732). On la confia à Du Fay, qui désigna
lui-même pour lui succéder le chevalier Leclerc
de Buffon (1739).
Le Jardin des Plantes et le Muséum au XIXe siècle. Buffon fit du Jardin du roi l'établissement le plus considérable du monde entier en son genre et le grand foyer scientifique de l'Europe. Avec lui, d'ailleurs, Louis XV ne compte pas. Par acquisitions successives, le jardin est presque étendu jusqu'à ses limites actuelles; Thouin en trace et en exécute le plan, à peine modifié depuis, et les deux allées de tilleuls, plantées en 1740, sont prolongées en 1783 jusqu'à la Seine; le grand amphithéâtre et le laboratoire de chimie sont édifiés, les galeries d'histoire naturelle, après avoir absorbé l'appartement tout entier de Buffon, qui alla habiter un peu plus loin, sont agrandies encore par de nouvelles constructions et elles deviennent, malgré tout, bientôt insuffisantes, car aux achats s'ajoutent les dons, qui affluent de tous côtés. Le nombre des chaires est aussi accru et elles sont illustrées par toute une pléiade de savants : les Jussieu, d'abord, puis Daubenton, Winslow, Macquer, Rouelle, Fourcroy, Vicq d'Azyr, Portal, etc. En 1788, Buffon
mourut. La Billarderie, son successeur, émigra
en 1792 et fut remplacé par Bernardin de
Saint-Pierre. L'année suivante, la Convention réorganisa
l'établissement (décret du 10 juin 1793), qui prit officiellement
le nom de Muséum d'histoire naturelle. Le nombre des chaires
fut porté à douze, sur la proposition de Bernardin de Saint-Pierre
et de Geoffroy Saint-Hilaire, la
ménagerie fut créée (novembre 1793), et reçut
comme premier noyau, outre trois ménageries particulières
saisies par la police, les deux anciennes ménageries royales de
Versailles et du Raincy; une bibliothèque
fut formée avec des livres provenant des couvents et, le 7 septembre
1794, elle fut ouverte au public. Depuis, le Muséum n'a plus cessé
de se développer. Sous le Consulat et le premier Empire, son cabinet
s'enrichit des collections Desfontaines
(1796), Levaillant (1797), Brocheton (1798), Penbroek (1800), Gazzola (1804),
etc., la ménagerie fut étendue sur des terrains dépendant
de l'abbaye de Saint-Victor,
Cuvier fit ouvrir les galeries de zoologie.
Le Jardin des Plantes, à Paris. Au fond, le pavillon la Grande galerie de l'Evolution. La Restauration apporte
à son tour dans la ménagerie de notables améliorations
et, dès 1830, le gouvernement de Juillet commence l'édification
des galeries de minéralogie et de zoologie, qui sont terminées
en 1834. L'année suivante voit s'ouvrir de nouvelles serres. En
1846, des pépinières sont établies dans de vastes
terrains acquis en dehors de l'enceinte du jardin et, plus tard, des laboratoires
sont élevés sur le même emplacement. En 1870, le Muséum,
respecté en 1814 par les Alliés, subit, du fait des bombes
prussiennes, d'assez sérieux ravages. Ils furent vite réparés,
et, au cours des dernières années du XIXe
siècle, de monumentales constructions, luxueusement aménagées,
ont été inaugurées, qui ont avantageusement remplacé
les vieilles galeries de Buffon et de Cuvier.
A cette époque de grand épanouissement les directeurs furent
Chevreul (1864-1884), Frémy (1884-1892) et Alphonse
Milne-Edwards (1892-1900), qui opère un recentrage des activités
de l'établissement sur l'histoire naturelle, qui était sa
vocation première. Au cours du moitié du XXe
siècle, le Muséum qui dispose depuis 1907 d'une autonomie
financière, procédera à diverses implantations hors
de la capitale : laboratoires maritimes de Saint-Servan (1928), de Dinard,
acquisitions de domaine de Chèvreloup (1934), de l'abri Pataud (1957),
du parc animalier de la Haute-Touche (1958), du jardin botanique de Menton
(1966), etc. A partir du milieu des années 1970, une vaste
politique de réhabilitation des locaux a été engagée,
et qui portera ses fruits au cours des deux décennies suivantes
: zoothèque souterraine inaugurée en 1986, et surtout ouverture
en 1994 de la grande galerie de l'Évolution, qui est une belle réussite
muséographique.
Le jardin comprend : l'école de botanique, qui occupe deux longs rectangles d'un hectare chacun de superficie, clos de grilles; une succession de parterres consacrés aux plantes aquatiques, aux plantes alimentaires et industrielles, aux plantes médicinales, aux plantes annuelles d'ornement, aux plantes vivaces d'ornement (carrés Chaptal), aux plantes indigènes (4 500 végétaux); l'école des arbrisseaux d'ornement; l'école des arbres à pépins; le jardin des semis; le jardin anglais, dessiné par Verniquet, avec son labyrinthe, éminence de 25 m de hauteur, qui est constituée par d'anciens dépôts d'immondices (butte des Coypeaux) et que couronne un petit belvédère; le jardin Alpin, créé en 1930, qui est planté de 2000 espèces de plantes de montagne; enfin des pépinières, ces dernières dans la vaste annexe des bords de la Bièvre (aujourd'hui souterraine), de l'autre côté de la rue de Buffon. Les serres, qui ont été doublées par l'adjonction d'une nouvelle halle vitrée monumentale (1882), se divisent en serres chaudes et en serres tempérées. Il y a en outre, pour les arbres des pays chauds, une orangerie (1795-1800), due à l'architecte Molinos. Le jardin et les serres renferment 15000 espèces et variétés de plantes de terre et 3500 plantes de serre; il en sort chaque année 25000 sachets de graines et 7000 plants, qui sont distribués gratuitement à des établissements publics d'enseignement ou de culture. La ménagerie
ou jardin zoologique, qui renferme 500
oiseaux,
240 mammifères
et 130 reptiles,
est plutôt modeste, malgré sa vogue populaire; la modicité
de ses ressources ne permettant pas au Muséum d'avoir une collection
d'animaux
comparable à celle d'autres établissements zoologiques de
Paris et de l'étranger. Cette ménagerie
a surtout joué un rôle précurseur dans l'action que
mènent de nos jours les parcs zoologiques pour la protection des
espèces menacées d'extinction. Au fil du temps, on y a installé
des fosses aux ours
(1805), des loges des animaux féroces (1817-1821), une rotonde des
grands herbivores
(1804-1812), un palais des singes (1835-1837), un pavillon des reptiles
(1870-1874), un bassin des crocodiles,
un bassin des otaries (1882), une grande volière, une faisanderie
(1881), une cage des oiseaux de proie (1820-1825), etc.
Détail de la façade de la Grande galerie de l'Evolution (pavillon de zoologie). © Photos : Serge Jodra, 2009. Les galeries, qui renferment des collections de toutes les branches de l'histoire naturelle, sont parmi les plus riches qui existent. Elles se répartissent en trois groupes : galeries de géologie et de minéralogie et galerie de botanique (herbier de 8 millions de spécimens), dans un long bâtiment de 170 m, datant de 1835-1841; galeries d'anatomie et de paléontologie, dans une autre construction inaugurée en 1898, due à Dutert. Enfin, l'immense construction rectangulaire, due à L.-J. André et inaugurée en 1889, a d'abord abrité les galeries de zoologie et été réaménagée pour accueillir la grande galerie de l'Évolution La bibliothèque (200 000 volumes, 8000 manuscrits, plus de 18 000 dessins, 3500 cartes) occupe une aile de la galerie de géologie; une médiathèque de 6000 titres la complète depuis 1994. Cette dernière, de même que le jardin, la ménagerie et les galeries, est accessible au public. Le grand amphithéâtre renferme la salle des cours (1200 places) et, dans des pavillons adjacents, trois laboratoires de physique et de chimie. Les autres laboratoires sont pour la plupart dans l'annexe des pépinières. (Léon Sagnet). |
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