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La
Sogdiane est une région historique d'Asie centrale qui correspond
aujourd'hui à une partie de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan, et de quelques
territoires environnants. Elle était centrée autour de la vallée du
Zeravchan, entre les fleuves Amou-Daria (ancien Oxus) et Syr-Daria (ancien
Jaxartes), avec comme villes principales Samarcande
et Boukhara, qui sont devenues célèbres pour leur rôle sur la Route
de la Soie. La Sogdiane a vu le développement d'une culture dynamique.
Les premières traces
d'occupation humaine en Sogdiane remontent au Néolithique
et à l'Âge du bronze (entre 2000 et 1000
av. JC). La région est habitée par des populations d'origine indo-iranienne,
vivant principalement de l'agriculture et de l'élevage. À partir de l'Âge
du bronze, la Sogdiane fait partie de la civilisation de l'Oxus (Histoire
de l'Asie Centrale), partageant des caractéristiques culturelles avec
les autres régions de l'Asie centrale, notamment la Bactriane.
Elle entretien des échanges avec les civilisations voisines, comme celles
de la vallée de l'Indus et de la Mésopotamie.
À partir de 1500
av. JC, des populations indo-iranienness migrent vers la Sogdiane et introduisent
des éléments culturels et religieux spécifiques, notamment le culte
des dieux de la nature et des éléments. Cette période est marquée par
l'apparition des premiers rituels proto-zoroastriens. La région est
caractérisée par des établissements agricoles sédentaires et des villages
fortifiés, qui montrent une organisation sociale en développement et
une hiérarchisation croissante.
Au VIe
siècle av. JC, la Sogdiane est conquise par Cyrus
le Grand, fondateur de l'Empire perse
achéménide. Elle devient une satrapie (province) de cet empire, administrée
par des satrapes, gouverneurs locaux souvent issus de l'élite sogdienne.
La région continue de prospérer sous la domination perse et bénéficie
de la paix relative instaurée par l'empire. Les Achéménides
construisent un vaste réseau de routes, facilitant le commerce entre la
Sogdiane et le reste de l'Empire perse. Cette période voit le développement
des premières routes commerciales entre l'Asie centrale et le Proche-Orient,
ouvrant la voie à la future Route de la Soie.
La culture sogdienne se développe également et s'enrichit d'influences
perses tout en conservant ses spécificités locales.
En 329 av. JC, Alexandre
le Grand conquiert la Sogdiane au cours de sa campagne contre l'Empire
achéménide. Les Sogdiens, dirigés par le satrape Bessos, opposent une
forte résistance. Les luttes sont particulièrement intenses dans la forteresse
de Maracanda (l'actuelle Samarcande) et dans les montagnes voisines.
Finalement, Alexandre réussit à contrôler la Sogdiane en épousant Roxane,
fille d'un noble sogdien, pour s'assurer l'allégeance de la noblesse
locale. Après la mort d'Alexandre, la Sogdiane passe sous la domination
de l'Empire séleucide, fondé par l'un
de ses généraux, Séleucos Ier.
Les influences grecques se répandent dans la région, et la culture sogdienne
adopte certains aspects de l'art et de l'architecture hellénistique,
créant un mélange unique. Cette période marque le début d'une tradition
multiculturelle sogdienne, où les influences iraniennes, grecques et locales
se combinent.
Vers le Ier
siècle de notre ère, la Sogdiane tombe sous l'influence de l'Empire
kouchan, un puissant empire centré en Bactriane qui contrôle également
le nord de l'Inde et une grande partie de
l'Asie centrale. Les Kouchans favorisent les échanges commerciaux et
culturels, et la Sogdiane devient un carrefour majeur de la Route de la
Soie, reliant l'Empire romain, la
Perse, l'Inde et la Chine.
Les Kouchans sont également responsables de la diffusion du bouddhisme
en Asie centrale, qui trouve un écho en Sogdiane. Cependant, la région
conserve aussi ses croyances zoroastriennes,
et une certaine tolérance religieuse permet la coexistence de différentes
traditions spirituelles.
Après la chute des
Kouchans, la Sogdiane est dominée par les Sassanides,
une nouvelle dynastie perse qui établit son pouvoir sur l'Iran et l'Asie
centrale au IIIe siècle. Les Sassanides,
promoteurs du Zoroastrisme, encouragent la pratique de cette religion en
Sogdiane, et renforcent les liens culturels entre la région et l'Iran.
Cependant, à partir du IVe siècle, les
invasions des Huns Hephtalites, un peuple
nomade venant de l'Asie du Nord, déstabilisent la région. Les Hephtalites
contrôlent la Sogdiane pendant plusieurs décennies et imposent une culture
militaire et guerrière. Malgré cela, la Sogdiane conserve une identité
culturelle distincte et reste un centre économique important.
Au VIe
siècle, après la chute des Hephtalites, la Sogdiane entre dans une période
d'indépendance relative et de prospérité exceptionnelle. La région
devient un pôle commercial et culturel majeur de l'Asie centrale, jouant
un rôle essentiel dans le développement de la Route de la Soie. Les marchands
sogdiens établissent des colonies commerciales en Chine, en Mongolie,
en Perse et jusque dans l'Empire byzantin.
Les marchands sogdiens sont des figures emblématiques de cette période.
Connus pour leur polyvalence et leur capacité à s'adapter, ils jouent
un rôle crucial dans la transmission de biens, de savoirs et de cultures
entre l'Orient et l'Occident. La langue sogdienne devient une lingua
franca pour le commerce en Asie centrale et est utilisée jusqu'en
Chine. Les Sogdiens pratiquent alors une forme de syncrétisme religieux
qui combine le zoroastrisme, le manichéisme,
le bouddhisme et même le christianisme nestorien, chaque religion étant
adaptée pour répondre aux besoins d'une population cosmopolite et mobile.
Au VIIIe
siècle, la Sogdiane est conquise par les armées arabes omeyyades,
dans le cadre de l'expansion de l'islam en Asie centrale. La ville
de Samarcande est prise vers 712 après
une résistance acharnée de la part des Sogdiens. Sous la domination arabe,
la Sogdiane est intégrée au califat omeyyade, puis au califat abbasside,
et l'islam se propage progressivement dans la région, remplaçant le
zoroastrisme et d'autres religions traditionnelles. La conversion des élites
sogdiennes à l'islam marque la fin de l'identité sogdienne en tant
que culture distincte. Toutefois, le génie commercial et la culture de
la Sogdiane continuent de vivre à travers la Route
de la Soie, et des villes comme Samarcande et Boukhara
deviennent des centres intellectuels du monde islamique. |
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