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Le Royaume-Uni depuis 1900 |
Le
Royaume-Uni au début du XXe siècle.
Après l'avènement d'Édouard VII, monté sur le trône en 1901, les rapports entre la France et l'Angleterre devinrent plus confiants : la politique du cabinet français Delcassé, celle du ministère conservateur Balfour (qui termina la guerre des Boers), et l'influence personnelle du roi, amenèrent le rapprochement que consacrèrent officiellement les accords coloniaux de 1904, inaugurant l'Entente cordiale, suivis de la convention franco-japonaise du 12 août 1905. En même temps, une crise industrielle et commerciale, l'organisation de nouveaux syndicats groupant les travailleurs pour des batailles économiques comme la grève des dockers de 1889, la pénétration dans le monde ouvrier des idées socialistes propagées par les disciples de Karl Marx (tel Hyndman) ou par les « intellectuels » temporisateurs de la « Fabian Society », ou encore par les ouvriers de l'indépendant Labour party (Keir Hardie), amenèrent la formation d'un grand parti ouvrier parlementaire, distinct des partis traditionnels : le tonnelier W. Crooks fut élu dans le « fief » de Woolwich. Enfin, le parti conservateur se divisait à propos de la propagande de Joseph Chamberlain en faveur de l'abandon du libre-échange et de l'établissement d'un régime protectionniste. Les libéraux revinrent au pouvoir - sous la présidence de Henry Campbell Bannermann, puis d'Asquith - après les élections de 1905, qui envoyèrent aux Communes une trentaine de députés du Parti travailliste (Labour party). Le gouvernement fit passer un certain nombre de bills sur les grèves, la protection du travail, la surveillance du travail à domicile, les assurances sociales, les retraites pour les vieillards. L'application de ces lois sociales exigeant des crédits considérables, le chancelier de l'Échiquier, Lloyd George, voulut les demander à une majoration de l'impôt sur le revenu et à la taxation des capitaux oisifs. Après deux dissolutions et le retour de la même majorité en 1910, les lords se décidèrent à céder; la Chambre haute n'eut plus que le droit de suspendre pendant deux ans l'exécution des mesures votées par les Communes. Entre 1900 à 1914, plusieurs mouvements populaires agitèrent gravement la Grande-Bretagne. En dehors des manifestations des «-suffragettes », une suite de grandes grèves (dockers, matelots, cheminots, mineurs surtout) manifesta la force des organisations ouvrières. En 1912, tandis que l'adoption d'un home rule permettait enfin d'espérer une évolution de la situation en Irlande, le gouvernement dut intervenir dans la grève des mineurs et fit décider l'établissement d'un salaire minimum établi régionalement par des commissions paritaires. Georges V succéda à son père Edouard VII en 1910. Il se montra, lui aussi, respectueux des traditions constitutionnelles de l'Angleterre. Au début de son règne, il y eut quelques avancées sociales et fiscales impulsées par le Parti travailliste, et les syndicats (trade-unions) auxquels il était lié. Il y eut aussi des avancées institutionnelles, comme la diminution, en 1911, du pouvoir de la Chambre des Lords. Mais ce règne fut très rapidement confronté aux difficultés. Les troubles qui éclatèrent en Irlande en 1914 firent retarder l'application du home rule, et surtout, le 4 août de la même année, la déclaration de guerre de l'Angleterre aux Empires centraux, après l'invasion de la Belgiquepar les troupes Allemandes, plongea le pays dans la Première Guerre mondiale. Déménagements - La reine Victoria avait été la dernière souveraine appartenant à la Maison de Hanovre, son fils, Edouard VII, appartenait par son père, le Prince Albert, à la Maison de Saxe-Cobourg-Gotha, autre dynastie allemande. Mais en 1917, lors de la Grande guerre, Georges V dut se défaire de tous ses titres allemands et donna le nom de Maison de Windsor à sa dynastie. C'est toujours celui de la famille royale britannique actuelle.Pendant la guerre, comme en France au même moment, c'est l'union sacrée entre les partis politiques opposés. Seule fait exception l'Irlande, où le home rule a été suspendu en 1914, et qui connaît un regain d'effervescence. David Lloyd George, un libéral qui s'inscrit dans l'ancienne tradition des whigs(Tories et Whigs), mais qui est allié aux conservateurs, devient premier ministre en 1916. Pour soutenir l'effort de guerre la conscription est introduite dans le pays, alors que celui-ci ne disposait jusqu'alors que d'une armée de métier, devenue très insuffisante. En échange du sacrifice demandé à la population, on instaurera par des lois votées en 1918 et 1928, le suffrage universel masculin d'abord, puis le vote féminin. La Grande-Bretagne sortira donc plus démocratique du conflit. Mais bien que les combats n'aient pas touché son sol, la Grande guerre avait mis à vif les fragilités de son économie. Le pays va rapidement se trouver confronté à une forte inflation, à un endettement très important surtout vis-à-vis des États-Unis, à la prise de conscience du vieillissement de son appareil industriel (l'équipement des mines et des usines textiles, en particulier), qui, le premier à s'être constitué, apparaît désormais archaïque au regard de celui des nouvelles puissances industrielles, comme les États-Unis, ou même de l'Europe continentale que les destructions de la guerre obligent à se reconstruire sur des bases nouvelles. A cela s'ajoute la réorientation du commerce mondial qui prive désormais la Grande-Bretagne du rôle central qu'elle occupait jusqu'alors. Enfin, le pays, grand producteur de charbon, se voit maintenant concurrencé par la production de pétrole et par celle d'énergie d'origine hydroélectrique. Un affaiblissement général qui sur le plan international se traduit déjà depuis plusieurs années par un assouplissement de la tutelle britannique sur certaines de ses anciennes colonies (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, etc.), déjà indépendantes de fait à l'intérieur de leur statut de dominions, et qui se voient désormais reconnaître une souveraineté entière, même si elles restent réunies au sein d'une même structure créée entre 1926 et 1931 (statut de Westminster) : le Commonwealth. (L'Irlande (sauf l'Ulster), dominion depuis 1921, fera aussi partie de ce Commonwealth, mais le quittera en 1949, après la proclamation de la république). Après que
les conservateurs aient rompu, pour gouverner seuls, en 1922
leur coalition avec les libéraux de Lloyd George, ces derniers s'étaient
alliés avec le Labour, pour reprendre brièvement la
tête du gouvernement sous la houlette du travailliste Ramsay Mac
Donald. Mais le tories, dirigés par Stanley Baldwin, étaient
revenus aux affaires dès 1924.
En 1925,
ils rétablissent l'étalon-or, supprimé pendant la
guerre. La mesure, à l'origine de laquelle se trouve Winston Churchill,
alors chancelier de l'Échiquier (ministre des finances), permet
à la livre sterling de se redevenir une monnaie forte et attractive.
Mais ce redressement monétaire a une contrepartie : les exportations
deviennent plus difficiles. De plus, lorsque survient la crise de 1929,
les dépôts étrangers qui avaient afflué s'évaporent
soudain. Les réserves en or s'épuisent et la convertibilité
des billets doit de nouveau être suspendue. La livre perd un tiers
de sa valeur. Cette dépréciation ajoutée à
l'introduction du protectionnisme en 1931
et à l'instauration d'une union douanière impériale
l'année suivante permet tout juste de stabiliser la situation. Certains
secteurs industrielles nouveaux - les constructions automobile et
aéronautique - connaissent ainsi une brève embellie, mais
les industries anciennes - mines, sidérurgie, industries textiles
- restent dans le rouge.
Pendant les années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, le climat social sera relativement paisible, au contraire du climat politique. Pour commencer, c'est à une crise dynastique que l'on assiste, après la mort du roi Georges V, le 20 janvier 1936. Son successeur Édouard VIII, doit normalement être couronné l'année suivante, mais très vite les autorités religieuses lui reprochent sa romance avec Wallis Simpson, une Américaine divorcée une première fois, remariée, et de nouveau en cours de divorce. Ce n'est pas tout. La classe politique elle aussi est très inquiète, et ne veut pas de ce roi qui a manifesté des sympathies pour les idées fascistes et dont le populisme et autoritarisme font craindre qu'il devienne une menace pour la démocratie parlementaire. Une campagne, à laquelle participent aussi les pays du Commonwealth, est donc lancée pour qu'il renonce au trône. Fin décembre, il annonce son abdication en faveur de son frère le duc d'York qui régnera sous le nom de Georges VI. A la veille de la grande conflagration qui se prépare chacun espère que, lui, saura se tenir à sa place. Une autre crise éclate ensuite qui divise les conservateurs, à propos du comportement à adopter, justement, devant la montée des totalitarismes en Europe. Certains conservateurs, tels Winston Churchill ou Anthony Eden, s'opposent bruyamment à leur premier ministre, Neville Chamberlain, qui dirige le Cabinet depuis 1935 . Ils dénoncent sa politique trop conciliante envers l'Allemagne hitlérienne. Chamberlain qui est même allé jusqu'à signer avec Hitler, en septembre 1938 à Munich, un accord qui revient à abandonner la Tchécoslovaquie aux appétits de l'Allemagne en échange de la paix. Un an plus tard, l'Angleterre ne peut que déclarer la guerre. La défaite de la flotte anglo-française devant Narvik (Norvège) en avril 1940 provoque la chute de Chamberlain que remplace, le 10 mai, Winston Churchill. Il reviendra alors à Winston Churchill de conduire la guerre; pour les affaires intérieures, il sera secondé, à partir de 1942, sur un travailliste, Clement Attlee, nommé vice-premier ministre. Le Royaume-Uni
depuis la Seconde Guerre mondiale.
Quand Churchill redevient premier ministre en 1951, les conservateurs renoncent à nombre de décisions économiques prises par les travaillistes, mais conservent les avancées sociales que leurs prédécesseurs avaient instauré. Ils vont ainsi profiter quelque temps d'une conjoncture favorable. Cette nouvelle époque de prospérité commence avec le couronnement, en 1953, de la reine Élisabeth II qui succède à George VI, mais s'accompagne aussi de nombreux remous politiques. L'intervention britannique dans la zone du canal de Suez en 1956, provoque le départ de Anthony Eden, le successeur de Churchill. (A partir de là, le Royaume-Uni prend semble-t-il enfin conscience de la mort définitive de l'Empire et achève le processus de colonisation, avant d'aligner de plus en plus souvent sa politique extérieure sur celle des États-Unis). Ensuite, le scandale Profumo - une des ces affaires de moeurs dont la vie politique anglaise a le secret - prépare la chute de Harold Macmillan, le nouveau premier ministre, sanctionné aussi pour sa tentative manquée dans la Communauté européenne. Il sera remplacé par Alec Douglas Home, qui, la situation économique se dégradant, échouera devant les électeurs en 1964, et cédera la place aux travaillistes de Harold Wilson. La trop faible majorité dont celui-ci dispose aux Communes (13 voix) lui fera provoquer en 1966 de nouvelles élections, qu'il gagnera cette fois plus confortablement. Wilson est confronté à la crise économique. La bonne santé dont fait alors preuve la Communauté économique européenne l'incite à renouveler la candidature britannique en 1967. Cette fois encore, elle se heurte au veto de De Gaulle. La même année, la monnaie doit être dévaluée. En 1969, c'est en Irlande du Nord que la crise éclate. Des troupes sont envoyées en Ulster. L'Écosse et le Pays de Galles eux-mêmes commencent à exprimer des revendications autonomistes. En 1970, les conservateurs reviennent au pouvoir et Edward Heath devient premier ministre. Lui, réussira a faire entrer le Royaume-Uni dans la CEE en 1973, mais perdra les élections l'année suivante, au profit des travaillistes de Harold Wilson, jusqu'en 1976, puis de James Callaghan jusqu'en 1979. La victoire des conservateurs en 1979, qui place à la tête du gouvernement Margaret Thatcher, marque un tournant. Avec elle, c'est une politique strictement libérale qui est mise en route. Les acquis sociaux des années 1940 auxquels les gouvernements conservateurs précédents n'avaient pas touché sont maintenant remis en cause. Thatcher engage également un important programme de privatisations à partir de 1981. La même année sa fermeté face aux troubles en Irlande lui confère une popularité qu'elle accroît encore lorsque, en 1982, elle montre sa détermination devant les troupes argentines qui viennent d'occuper les îles Malouines ( = Falkland, en anglais), possessions de la Couronne dans l'Atlantique Sud. Le temps pour la flotte britannique d'arriver sur place, et quelques jours suffiront pour que la «-Guerre des Malouines » soit gagnée. Ainsi, malgré le très haut niveau atteint par le chômage et la poursuite des violences en Irlande du Nord, Margaret Thatcher remporte-t-elle encore les élections de 1983 et encore en 1987, profitant aussi des divisions qui agitent le Parti travailliste, dont une partie a rejoint les libéraux. Cependant, désavouée au sein de son parti en 1990, Thatcher doit céder la place à John Major. En tant que premier ministre, celui-ci continuera sa politique, tout en se montrant plus souple. Après une longue succession d'échecs, en mai 1997, les Travaillistes, sortis de leurs débats internes, reconvertis à une approche plus libérale de l'économie au sein d'un parti travailliste rénové, le New Labour, reviennent enfin au pouvoir. Tony Blair est nommé Premier ministre. L'un des premiers dossiers auxquels s'attaque le gouvernement Blair est la question d'Irlande du Nord. Il poursuit la politique de conciliation amorcée par John Major, en 1993 et aboutit le 10 avril 1998 à un accord qui a, jusqu'ici du moins, largement désamorcé la crise qui déchirait l'Ulster depuis plusieurs décennies (L'Histoire de l'Irlande). Des référendums ont aussi eu lieu, dès septembre 1997, qui ont élargi l'autonomie de l'Écosse et du Pays de Galles en approuvant la création de parlements séparés à Édimbourg et à Cardiff, dont les premières sessions se sont tenues en 1999. Lorsque les travaillistes regagnent les élections de juin 2001, ce sera très rapidement la situation internationale qui retiendra l'attention du second gouvernement Blair. Après les attentats du 11 septembre suivant, à New-York et à Washington, le Royaume-Uni, à l'instar de nombreux autres pays, épaule les États-Unis dans leur lutte anti-terroriste en Afghanistan. Le choix d'intervenir en mars 2003 en Irak aux côtés des Américains est moins bien perçu par la population et même par certains ministres. Les critiques n'ont pas empêché une nouvelle victoire des travaillistes en mai 2005 et la reconduction pour un troisième mandat de Blair, qui peut s'appuyer sur un bilan économique favorable. Le terrorisme islamique n'en demeure pas moins au premier plan des préoccupations. Le 7 juillet 2005, quatre attentats à la bombe tuent à Londres 52 personnes et font 700 blessés. Le 10 juillet 2006, les autorités britanniques ont annoncé avoir déjoué un projet terroriste visant à faire exploser en vol une dizaine d'avions entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Le 27 juin 2007, Tony Blair a quitté ses fonctions sans attendre la fin de son troisième mandat. Il a été remplacé comme Premier ministre par son ancien ministre des finances (Chancelier de l'Échiquier), Gordon Brown, devenu l'homme fort du New Labour. |
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