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L'histoire du Royaume-Uni
L'Angleterre au XVIIe siècle
 Les Stuart. Premières entreprises coloniales. 
Colonisation de l'Amérique
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Aperçu

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Le Royaume-Uni depuis 1900


L'histoire de l'Ecosse
L'histoire de l'Irlande
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Jacques Ier.
En 1603, Jacques VI d'Ecosse, fils de Marie Stuart et de Darnley (Henry Stuart), devient roi d'Angleterre sous le nom de Jacques Ier. Avec lui commence dans l'histoire de l'Angleterre une nouvelle période qui est nettement caractérisée par l'historien Seeley :
« Avec l'avènement des Stuarts, deux efforts se développent en même temps; l'un a atteint son but sous le dernier des Stuarts, la reine Anne, l'autre s'est continué sans interruption. Le premier tendait à l'union des trois royaumes, qui peut être considérée comme l'oeuvre du XVIIe siècle et de la dynastie des Stuarts, quoique chronologiquement l'union n'ait été complétée que beaucoup plus tard. Le second tendait à la création d'une Angleterre beaucoup plus vaste comprenant d'immenses possessions au-delà des mers. Ce mouvement commença avec la première charte donnée à la Virginie en 1606 ». 
Jacques aimait à prendre le titre de roi de la Grande-Bretagne, mais sous son règne le royaume d'Angleterre et celui d'Ecosse sont encore nettement séparés, l'union est purement personnelle comme celle de la Suède et de la Norvège pendant une grande partie du XIXe siècle. Favorable aux catholiques dans les premiers mois de son règne, il est effrayé de leurs progrès et tente de les enrayer. La Conspiration des poudres (1605) fait de lui leur implacable ennemi. 
La Conspiration des poudres. - On appelle ainsi un complot formé en 1605 par les catholiques anglais pour se venger des persécutions des protestants. Robert Catesby, ancien complice d'Essex, trama ce complot qui avait pour but de faire sauter d'un seul coup le roi et le Parlement, le jour de l'ouverture de la session (5 novembre), à l'aide de 36 barils de poudre cachés sous la salle des séances du Parlement de Westminster. En même temps les conjurés, parmi lesquels se trouvaient de riches catholiques comme sir Everard Digby et Francis Tresham, recrutaient une armée, achetaient des armes, mobilisaient des chevaux. On devait, aussitôt après l'explosion, mettre la main sur les enfants du roi et appeler de Flandre les Espagnols.

Tresham ne put garder le secret. Il écrivit à lord Monteagle, son parent, pour le prier de ne pas se rendre au Parlement le jour de l'ouverture. Monteagle communiqua aux ministres cet avis singulier. Une enquête fut ordonnée et aboutit à la découverte des barils de poudre et d'un aventurier, Guy Fawkes, chargé d'y mettre le feu et caché auprès d'eux dans la cave de Westminster. Il est impossible de peindre l'horreur qui s'empara de la nation tout entière à l'annonce de la découverte. Les conspirateurs furent activement poursuivis, et la plupart furent tués ou envoyés à l'échafaud. Le Parlement rendit un statut qui infligea aux Catholiques de nouvelles peines et leur opposa de nouvelles entraves (1606). (R. S.).

En thèse générale, on peut dire que le catholicisme ne cessera de reculer en Angleterre pendant tout le XVIIe siècle. Les puritains, dès 1604, demandent la liberté pour leurs ministres, ils sont soutenus par la Chambre des communes, mais le roi refuse de laisser prêcher l'Evangile par les non-conformistes. La lutte ainsi commencée entre le roi et le parlement devint bientôt une lutte de principe. Jacques revendique l'autorité absolue et entreprend d'en exposer lui-même la théorie dans des livres aussi doctes que pesants. Les Communes ripostent par des protestations, refusent au roi les subsides qu'il demande. Le roi prononce la dissolution des Chambres récalcitrantes (1613-1614). Il gouverne sept ans sans contrôle, mais les fautes de sa diplomatie, ses complaisances pour l'Espagne (exécution de Walter Raleigh (1618), abandon du prince palatin (1619), infante espagnole demandée en mariage (1621), insolence de son favori Buckingham), lui enlèvent toute popularité. L'opposition est si formidable dans le parlement de 1621 que Jacques Ier est obligé de revenir à la politique protestante. Son fils Charles promet en plein parlement de 1624 que, s'il est forcé d'épouser une princesse catholique, il n'en résultera aucun adoucissement dans la situation légale des catholiques anglais. Buckingham fait alliance avec le Danemark, avec, la Hollande, avec les protestants français. Mais ces concessions ne suffisent pas à ramener l'opinion publique et lorsque Jacques Ier meurt, le 27 mars 1625, les prérogatives royales sont déjà fort compromises en Angleterre.

Charles Ier.
Charles Ier devait, par sa politique tour à tour astucieuse et violente, provoquer une terrible révolution dont il fut victime. Il avait épousé Henriette de France, fervente catholique, qui s'entoura de prêtres militants et obtint des garanties formelles de tolérance pour les catholiques du royaume. La majorité puritaine du premier parlement de Charles fut exaspérée de ce manque de foi. Elle réclama en vain contre la faveur de Buckingham. Charles dissout coup sur coup trois parlements. Le troisième est célèbre dans l'histoire politique par la déclaration des droits que Charles est forcé d'accepter (1628). Mais pendant onze ans Charles gouverne sans parlement. Aidé par Strafford et Laud, il exerce un despotisme absolu sur les intérêts comme sur les consciences. Les puritains pourchassés émigrent en masse et vont fonder les Etats de la Nouvelle-Angleterre (L'histoire des Etats-Unis). Cet exode est l'origine véritable des colonies anglaises d'Amérique; le gouvernement de Charles l'enraya, craignant de laisser se développer au-delà des mers un nouvel Etat indépendant et ennemi. Dès 1619, la Virginie avait sa Chambre des bourgeois; les Anglais emportaient avec eux leurs habitudes de libre discussion et de gouvernement local autonome. Les excès mêmes de la tyrannie de Charles Ier amenèrent la ruine de ce roi. Il veut établir en Ecosse le rite anglican, les Ecossais se soulèvent (1639). Pour se procurer des ressources afin d'écraser cette révolte, le roi est obligé de faire appel à la nation anglaise. Il convoque le Court puis le Long Parlement. Celui-ci répond à une tentative de coup d'Etat par la guerre civile (1642). Charles et les cavaliers sont d'abord victorieux, mais les Têtes rondes commandées par Pym, Hampden, Oliver Cromwell, gagnent la bataille de Marston Moor dont l'honneur revient aux escadrons des Côtes de fer, équipés par les indépendants. La bataille de Naseby écrase les dernières forces de Charles (1645). Le roi se réfugie en Ecosse; les Ecossais le vendent au parlement. Cromwell renlève aux commissaires (1647), bat les Ecossais qui se sont repentis de leur trahison, épure le parlement, dissout la Chambre des lords et fait condamner le roi à mort. Charles Ier est exécuté devant le palais de Whitehall (1649).
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Cromwell congédie le Long Parlement.
Dissolution du Long Parlement. - Cromwell chassant les députés de la
Chambre des Communes (19 avril 1653).

La dictature de Cromwell.
De 1649 à 1660, l'Angleterre traverse une crise féconde en désastres mais féconde aussi en résultats. Oliver Cromwell fait tour à tour la conquête de l'Irlande qui a massacré les Anglais et de l'Ecosse s'est donnée à Charles II. La bataille de Worcester (1651) ruine les espérances du jeune roi. Cromwell expulse ce qui reste du Long Parlement (1653) et se fait nommer protecteur de la République d'Angleterre après l'essai infructueux du Petit Parlement. Il est protecteur d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande, par la grâce de Dieu. On l'appelle Son Altesse et les actes officiels omettent son nom de famille pour ne donner que son prénom. Ce sont les moeurs monarchiques qu'il continue. Le règne, ou si l'on aime mieux, la dictature de Cromwell, loin d'arrêter les progrès maritimes de l'Angleterre, les accélère. C'est au tour des cavaliers et des partisans des Stuart d'aller former des colonies en Amérique. Ils se dirigent vers la Virginie et la Caroline et créent les Etats à cultures équatoriales. La marine anglaise, organisée par Vane et commandée par Robert Blake, amiral et général à la mer, se mesure glorieusement avec la marine espagnole. L'Angleterre s'empare de la Jamaïque et dispute aux Pays-Bas leur suprématie maritime. L'acte de navigation en 1651 avait porté un coup terrible à la suprématie des Hollandais sur l'Océan. Cromwell mourut en 1658. Son fils Richard, qui lui succède comme protecteur, abdique presque aussitôt et, après de nouvelles complications plus ridicules que sanglantes, George Monck rappelle Charles II.

La Restauration des Stuart. Charles II.
La période de la Restauration (1660-1688), si différente en apparence de la précédente par les principes, les hommes, les tendances, a pourtant ce trait commun avec lui que l'effort de l'Angleterre vers la suprématie maritime et le monopole commercial est aussi vigoureux. L'indolence du roi, l'insolence de ses ministres, les intrigues de la gracieuse Louise de Kéroualle, que quelques-uns parmi les plus graves historiens mettent au premier plan, n'ont eu en réalité qu'une bien faible influence. Le roi est forcé de faire la guerre aux Hollandais qui l'ont recueilli pendant son exil, il est forcé de combattre Louis XIV qu'il admire et dont il accepte l'argent. La raison d'Etat par laquelle il est contraint de triompher de ses intérêts et de ses goûts personnels, c'est l'âpre convoitise du peuple anglais tout entier pour l'empire de la mer : Mare Anglicum s'entend de l'Océan tout entier et des mers qui en dépendent. Considéré à ce point de vue, le règne de Charles Il est bien dans la tradition et il a sa grandeur. D'ailleurs, comme le remarquent les historiens modernes de l'Angleterre, le cynisme et la corruption qu'on reproche à la Restauration furent beaucoup plus grands après la révolution et surtout sous les princes de Hanovre. Les grands débats constitutionnels du règne de Charles II, la persécution nouvelle des catholiques, le bill du Test, le classement des forces politiques en deux grands partis : whigs (libéraux) et tories (conservateurs) (Tories et Whigs), sont sans doute des événements de premier ordre, mais leur influence a été moins considérable que le grand développement de la marine et des colonies anglaises sur la suite de l'histoire nationale.
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Incendie de Londres (1666). - Les quartiers anéantis sont indiqués sur le plan
par une ligne noire (d'après une gravure hollandaise du temps).

Jacques II et Guillaume III.
Jacques II (1685-1688) fut le protecteur de Penn; il avait, sous le nom de duc d'York, commandé avec un réel talent la marine anglaise. Malheureusement pour lui il rêvait une restauration du catholicisme en Angleterre et sa tyrannie exaspéra ses sujets. Il succomba sous la trahison de tous les siens. Attaqué par son gendre, Guillaume d'Orange, chef de la ligue d'Augsbourg, abandonné de ses autres enfants, il se réfugia en France. Le Parlement Convention donne la trône à Guillaume III et à sa femme Marie (1689). Le règne de Guillaume III, « stathouder en Angleterre et roi dans les Pays-Bas » a été une guerre continuelle contre Louis XIV. La marine française éprouve le désastre de la Hougue qui ne la ruina pas, comme on l'a dit, mais qui donna un élan incroyable à la marine britannique. 

Les grandes villes commerçantes rivalisent de générosité pour l'armement des flottes; Guillaume, toujours battu sur les champs de bataille du continent, écrase l'insurrection irlandaise, recueille les protestants français et par sa ténacité finit par obliger Louis XIV à donner satisfaction à la coalition par le traité de Ryswick (1697). Le roi très chrétien recourait Guillaume d'Orange comme roi d'Angleterre. Les intrigues et les négociations relatives à la succession d'Espagne occupent les dernières années du XVIIe siècle. Guillaume, violemment attaqué par les partis en Angleterre, maintient difficilement son autorité. Les fautes de Louis XIV après l'avènement du duc d'Anjou, Philippe V, au trône d'Espagne permettent à Guillaume de détourner l'attention des Anglais sur les affaires extérieures. Une nouvelle coalition est formée. L'Angleterre et la Hollande la dirigent; mais Guillaume meurt au début même de la guerre de succession d'Espagne.

Anne Stuart.
Anne Stuart, d'après le statut voté par le parlement, devient reine d'Angleterre (1702-1714). Les whigs gouvernent en son nom. La Chambre des communes est alors le rouage essentiel du gouvernement. Elle soutient énergiquement la grande alliance. Blenheim et Ramillies chassent les Français d'Allemagne et des Pays-Bas; la prise de Gibraltar (1704) donne à l'Angleterre la clef de la Méditerranée; Oudenarde, Malplaquet permettent à Marlborough d'entrer en France. Mais la longueur de la guerre lasse la nation anglaise, les tories reprennent le pouvoir (1710) et la paix d'Utrecht est signée (1713). L'Angleterre obtenait de grands avantages qui achevaient de lui donner le premier rang sur la mer et la prépondérance dans l'Amérique du Nord. Sous le même règne, en 1707, avait été consommée l'union législative de l'Ecosse et de l'Angleterre, cent quatre ans après l'avènement du premier des Stuart. Le royaume de Grande-Bretagne est définitivement constitué. Les Ecossais, admis avec les mêmes droits que les Anglais dans les possessions coloniales, allaient porter de ce côté leur esprit entreprenant et contribuer puissamment à l'énorme force d'expansion de la nation britannique. (Louis Bougier).

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