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Tripoli

Tripoli (en arabe Taraboulous), anc. Tripoli de Syrie. - Ville maritime du Nord du Liban, la deuxième par sa population (autour de 160 000 habitants), qui était à l'époque de l'empire ottoman le chef-lieu d'un sandjaq du vilayet de Beyrouth. D'après les historiens anciens, la ville, qui remonte au IXe siècle avant notre ère, tirait son nom de sa division en trois quartiers occupés pendant l'Antiquité respectivement par les Tyriens, les Sidoniens et les Aradiens. Il semble qu'elle dût à cette particularité la faveur d'être choisie pour lieu de délibération, lorsque les différentes villes phéniciennes s'unissaient dans une action commune, comme en 351 avant notre ère, où fut décidée la grande révolte de Phénicie. On ignore son nom phénicien. La ville antique existait sur l'emplacement d'el-Minâ, et elle conserva cette position jusqu'après l'époque des croisades. 

Baignée de trois côtés par la mer, elle était protégée du côté de la terre ferme par une muraille et un fossé. Comme dans toutes ces cités phéniciennes les maisons étaient à quatre, cinq et six étages. Les Grecs puis les Romains embellirent la ville. Détruite plusieurs fois par des tremblements de terre, elle ouvrit ses portes aux Arabes en 638. Le calife Mouâwiya y transporta des Juifs et des Persans. Pour parer aux attaques des Grecs qui se succédèrent pendant le Xe siècle (L'empire Byzantin), le calife d'Égypte, dont la ville relevait, y entretenait une garnison. L'autorité civile et religieuse était aux mains de la famille Ammar qui fonda une célèbre bibliothèque. 

Le comté de Tripoli, qui forma une des grandes baronnies du royaume latin de Jérusalem, doit son origine à Raimond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, un des principaux chefs de la première croisade. Ce prince, déjà maître de Tortose et de Laodicée (Latatkieh), voulut agrandir son domaine en s'emparant de Tripoli; mais il mourut  le 28 février 1105, pendant le siège de cette ville, commencé l'année précédente. Le siège dura au total cinq ans et vit la perte de la célèbre bibliothèque arabe. Entre-temps, les assiégeants durent fortifier leur position, le Mont-Pèlerin, sur lequel fut bâtie plus tard la ville actuelle. 

Après des compétitions assez graves entre Guillaume Jourdain, comte de Cerdagne, son neveu, et Bertrand de Toulouse, son fils naturel, venu de France pour recueillir l'héritage paternel, il fut décidé (1109) que Guillaume aurait Arcas et Tortose, tandis que Bertrand garderait le Mont-Pèlerin, auquel s'ajouteraient Tripoli et Gibelet, quand il les aurait conquises. Guillaume ayant été tué peu après, Bertrand se mit en possession de son domaine; il s'empara vers la même époque, avec l'aide d'une flotte génoise, de Gibelet, puis de Tripoli (10 juin 1109). Élu le même jour comte de Tripoli, il fit hommage au roi de Jérusalem.

Jusqu'en 1201, le comté de Tripoli eut une existence propre, sous la suzeraineté des rois de Jérusalem. Le comte de Tripoli, Raimond III, fils aîné de Boémond III, prince d'Antioche, étant mort en 1200, son frère cadet Boémond usurpa le pouvoir dans le comté au détriment du fils du comte défunt, le jeune Raimond Rupin, qu'il déposséda également, en 1201, de la principauté d'Antioche, après la mort de Boémond III, dont Raimond Rupin était le petit-fils et l'héritier. Le comté de Tripoli se trouva alors réuni à la principauté d'Antioche, à laquelle il demeura attaché jusqu'à la ruine totale des établissements latins de Terre Sainte, les princes d'Antioche étant en même temps comtes de Tripoli.
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Les comtes de Tripoli

Voici la liste des comtes de Tripoli, au nombre desquels nous ne mettrons pas Raimond de Saint-Gilles qui ne le fut jamais réellement et n'en porta pas même le titre :

Bertrand, fils naturel de Raimond de Saint-Gilles (10 juin 1109-21 avril 1112).

Pons, fils de Bertrand et d'une première femme de celui-ci (1112-36). 

Raimond ler, fils de Pons et de Cécile, veuve de Tancrède et fille de Philippe Ier, roi de France, et de Bertrade de Montfort (1136-52). 

Raimond II, fils de Raimond ler et de Hodierne, fille de Baudouin II, roi de Jérusalem (1152-87).

Raimond III, fils de Boémond III, prince d'Antioche et filleul de Raimond II, qui, mourant sans enfants, lui laissa son comté de Tripoli (1187-1200).

Raimond Rupin, fils de Raimond III, dépossédé presque immédiatement par Boémond IV, prince d'Antioche, mais demeuré néanmoins titulaire des deux seigneuries d'Antioche et de Tripoli (1200-22).

Boémond IV d'Antioche et ler de Tripoli (1200-32). 

Boémond V d'Antioche et Il de Tripoli (1233-51).

Boémond VI d'Antioche et III de Tripoli (1251-74). 

Boémond VII d'Antioche et IV de Tripoli (1274-87). 

Lucie ou Lucienne, soeur aînée de Boémond VII, mariée à Narjot de Toucy (128789), laquelle mourut en 1292 dans le royaume de Naples et laissa ses titres à son fils Philippe de Toucy, seigneur de la Terza. 

Le titre de comte de Tripoli fut, d'autre part, réservé à l'héritier du trône de Chypre.

Les limites du comté de Tripoli, au moment de sa plus grande extension, furent : au Nord, le Ouadi-Mehika et la montagne du Djebel-er-Ras; à l'Est la vallée de l'Oronte, limite reportée, dès le milieu du XIIe siècle, à la crête du Liban et des montagnes des Ansariés ou Nosaïris; au Sud, le Nar-Ibrahim; à l'Ouest, la mer. Les fiefs les plus importants en étaient Gibelet, Archa, Maraclée, le Monestre, le Boutron, Néphin et Gibelakkar.

Tripoli, qui avait été la résidence du comte de Tripoli, pendant près de deux siècles fut prise le 26 avril 1289, par le sultan Kelaoun (Qilâwoûn) Malik el-Mansour. Ce fut alors que, craignant les agressions venues de la mer, les musulmans entreprirent de transporter la ville à quelque distance dans l'intérieur. Peu de jours après la prise de Tripoli, Nephin et le Boutron (Batrun) succombèrent également: le comté se trouva réduit à deux petites localités voisines de Tripoli et à la ville de Gibelet, dont le seigneur, Barthélemy ou Bertrand, refusait même de reconnaître l'autorité de la comtesse Lucie.

Tripoli n'a conservé aucun monument de l'Antiquité. Les tours sur le rivage ont été élevées par les musulmans. Dominant la ville, se dresse le château Saint-Gilles dont quelques parties remontent à l'époque franque. 

Les environs immédiats de Tripoli et particulièrement la plaine entre la ville et le port sont très fertiles et, bien que de plus en plus gagnés par l'extension de l'agglomération, restent couverts d'oliviers, d'orangers et de citronnier, de mûriers et aussi de tabac. Au Moyen âge, la culture de la canne à sucre occupait une partie importante du sol. Son commerce a longtemps été très actif. Sa position en fait le débouché naturel de la plaine de Homs, du moyen Oronte, auxquels la relie une route de la portion Nord du Liban. En 1898, par exemple, sa rade a été visitée par 392 vapeurs et 1531 voiliers. Au XXe siècle, cependant, l'importance commerciale de Tripoli , a décliné, bridée qu'elle a  été par le découpage des frontières après le démantèlement de l'empire ottoman, qui ont séparé le Liban de la Syrie, et pâtissant aussi de l'accroissement du rôle de Beyrouth. (Ch. Kohler / R. Dussaud).

Tripoli (arabe Tarabolos-el-Gharb), Tripoli de Barbarie ou Tripoli d'Occident. - Ville maritime de l'Afrique du Nord, capitale actuelle de la Libye (La Tripolitaine), et ancien chef-lieu de vilayet de l'empire ottoman. Située à l'Ouest d'une petite baie fermée de ce côté par un promontoire que prolonge une ligne de rochers elle a pu posséder un bon port qui a favorisé son développement au cours de l'histoire. 

Construit sur un littoral très bas, dans la belle oasis de la Mechya qui l'encadre de son million de palmiers, le vieux Tripoli offre un aspect pittoresque, derrière sa blanche enceinte; ses maisons s'étagent à partir du rivage avec leurs terrasses; au bord de la mer est le massif château où résidait le pacha, plus haut le quartier turc dresse ses minarets et les coupoles de ses mosquées. Près du port subsiste un arc de triomphe romain, érigé en l'honneur de Marc-Aurèle. Le sirocco apporte souvent des quantités de sable.
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Une rue de la médina (vieille ville) de Tripoli, en Libye.
Source : The World Factbook.

Tripoli est l'antique Oea qui formait avec les cités voisines de Leptis Magna et de Sabrata (Sabratha) l'antique Tripolis; ce nom est demeuré à la cité centrale qui seule a survécu; colonie phénicienne, très prospère à l'époque gréco-romaine, elle déclina à la fin du Moyen âge; les Espagnols la prirent d'assaut le 26 juin 1510; ils l'occupèrent jusqu'en 1530, puis les chevaliers de Malte jusqu'en 1551, époque où le corsaire turc Dragut s'en empara après un siège fameux. Devenue repaire des pirates barbaresques, elle fut bombardée par l'Anglais Narborough, par les Français d'Estrées (1685) et Grandpré (1798). La famille des Karamanli s'y rendit à peu près indépendante au XVIIIe siècle; les Turcs la reconquirent en 1835 (l'Empire ottoman au XIXe siècle). Les Italiens prirent Tripoli en 1911 et la ville deviendra capitale de la Libye à partir de son indépendance en 1951. Elle compte aujourd'hui environ 600 000 habitants. 
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Plan de Tripoli (Libye).
Plan de Tripoli vers 1920.

Tripoli a surtout été dans le passé une ville de commerce, le port de la région saharienne et du trafic transsaharien central, tête de ligne des caravanes vers le Fezzan, les salines de Bilma et le Bornou. On exportait de l'alfa, du sel, des cuirs, du bétail, de l'ivoire, des plumes; on importait des tissus, de la quincaillerie, des denrées coloniales, du sucre, du tabac, des bougies, etc. La ville a également été la grande porte d'entrée pour l'exploration de l'Afrique. (A.-M. B.).

Tripoli (Tireboli), Tripoli d'Anatolie. - Ville maritime de Turquie d'Asie, sur la mer Noire, à 80 kilomètres de Trébizonde (Trabzon). Ce fut une ancienne colonie milésienne qui n'eut jamais grande importance, car les communications avec l'intérieur sont difficiles. La ville moderne commande trois petits golfes parsemés de roches. 
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Dictionnaire Villes et monuments
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