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Thaïlande
(= Pays des Thaï ou T'ai) est le nom moderne d'un pays qui a porté le
nom de Siam jusqu'en 1939. Les premiers habitants de la région qui est
aujourd'hui la Thaïlande étaient des chasseurs-cueilleurs qui vivaient
il y a environ 40 000 ans, comme en témoignent des vestiges archéologiques
comme ceux trouvés dans les grottes de Ban Chiang. La culture de Ban Chiang,
vers 2000 av. JC, est connue pour ses céramiques sophistiquées et ses
outils en bronze, suggérant une société agricole avancée. Dès le premier
millénaire avant notre ère, la région était influencée par les cultures
de l'Inde et de la Chine.
Les échanges commerciaux ont introduit l'hindouisme et le bouddhisme,
ainsi que des technologies comme la métallurgie.
Les premiers royaumes.
Les premies royaumes
sont apparus dès le Ier siècle. Le Dvaravati,
apparu au VIe, est l'un des plus importants.
Royaume
de Dvaravati.
Le royaume de Dvaravati
centré autour de la vallée du Chao Phraya, a prospéré entre le VIeet
le XIe siècle. Il était fortement influencé
par l'Inde, comme en témoignent ses sculptures et ses monuments bouddhistes.
Il a été parmi les premiers à adopter le bouddhisme
theravāda et à établir des centres urbains, avec des cités-états autonomes.
Influence
de Srivijaya.
L'empire maritime
de Srivijaya, basé à Sumatra ( L'Histoire
de l'Indonésie), a exercé une influence sur la péninsule malaise
et le sud de la Thaïlande actuelle entre le VIIe
et le XIIIe siècle). Le Srivijaya contrôlait
les routes maritimes et les échanges commerciaux dans la région. La présence
du Srivijaya a introduit des éléments de l'hindouisme
et du bouddhisme mahayana dans le sud de la Thaïlande.
Période khmère
et montée des royaumes thaïs.
Expansion
khmère.
L'Empire khmer,
centré autour d'Angkor (aujourd'hui au Cambodge),
a étendu son influence sur la région de l'actuelle Thaïlande entre le
IXe et le XIIIe
siècles. Les Khmers ont construit des temples et des infrastructures,
comme ceux trouvés à Phimai et Lopburi. L'architecture et l'art khmers
marqueront durablement de leur empreinte la culture et l'architecture thaïes.
Royaume
de Lavo (Lopburi).
Le royaume de Lavo,
situé dans l'actuelle Lopburi, était un important centre de pouvoir et
de culture pendant cette période. Le Lavo était sous l'influence à la
fois du Dvaravati et des Khmers. Ce royaume a joué un rôle important
dans le transfert de la culture indienne et khmère aux futurs royaumes
thaïs.
Émergence des
royaumes thaïs.
Royaume
de Sukhothaï.
Le royaume de Sukhothaï
(1238 - 1438), fondé par Si Inthrathit, peut être considéré comme
le premier véritable royaume thaï. Sukhothaï a marqué le début de
l'ère thaïlandaise classique. Le Sukhothaï est reconnu pour ses innovations
culturelles et administratives, qui ont jeté les bases de la culture et
de l'identité thaïes. Sous le règne de Ramkhamhaeng (1279-1298), Sukhothaï
a connu un âge d'or. Ramkhamhaeng a promu le bouddhisme theravāda, développé
l'alphabet thaï, et établi des relations diplomatiques et commerciales
avec ses voisins. Après la mort de Ramkhamhaeng, Sukhothaï commence à
décliner et finit par être absorbé par le royaume d'Ayutthaya au milieu
du XVe siècle.
Royaume
de Lanna.
Le royaume de Lanna
(milieu du XIIIe siècle - 1775), avec
Chiang Mai comme capitale, était un autre centre important de la culture
thaïe. Mangrai, le fondateur de Lanna, a consolidé divers petits États
pour former un royaume puissant. Le Lanna a prospéré grâce à l'agriculture,
au commerce, et à la culture bouddhiste, et a maintenu des relations étroites
avec le Sukhothaï et d'autres États régionaux.
Royaume
d'Ayutthaya.
L'Ayutthaya est
fondée en 1351 par le roi Uthong. Ce royaume s'étend considérablement,
incorporant de nombreux territoires voisins, et devient rapidement un centre
majeur de pouvoir, de commerce et de culture en Asie du Sud-Est, attirant
des marchands du monde entier, notamment des Portugais,
des Néerlandais, des Français
et des Anglais. En 1767, cependant,
l'Ayutthaya est envahi et détruit par les Birmans. La chute de la ville
marque la fin du royaume.
Royaume
de Thonburi.
Après la destruction
d'Ayutthaya, le général Taksin parvient à réunifier le pays et fonde
la nouvelle capitale à Thonburi (1767). Son règne est marqué par des
campagnes militaires pour repousser les Birmans
et reconquérir les territoires perdus. En 1782, Taksin est renversé par
un coup d'État dirigé par son propre général, Chao Phraya Chakri, qui
monte sur le trône sous le nom de Rama Ier.
Royaume
de Rattanakosin.
Rama Ier
fonde la nouvelle capitale à Bangkok en
1782. La fondation du royaume de Rattanakosin est considérée comme marquant
le début de la Thaïlande moderne.
Pendant le
règne de Rama III (1824-1851), la Thaïlande renforce ses relations commerciales
avec les puissances européennes et les États-Unis.
Le roi Mongkut (Rama
IV, 1851-1868) initie de nombreuses réformes pour moderniser le pays et
éviter la colonisation européenne. Il ouvre le pays au commerce international
et signe des traités inégaux avec les puissances occidentales.
Le roi Chulalongkorn
(Rama V, 1868-1910) poursuit les réformes de modernisation, abolissant
l'esclavage, modernisant l'administration et le système judiciaire, et
développant les infrastructures. Sa politique habile permet à la Thaïlande
de rester indépendante, contrairement à ses voisins colonisés. Grâce
à des réformes internes et à des concessions territoriales limitées,
la Thaïlande conserve son indépendance.
Interactions avec
les puissances coloniales.
Les Portugais avaient
apparu au XVIe siècle, rayonnant de leur
colonie de Malacca; au siècle suivant, ce
fut le tour des Hollandais, puis des
Anglais. En 1659, l'aventurier grec
Constantin Falcon ou Phaulcon vient au Siam, gagne la confiance du roi
et devient premier ministre. Il noue des relations avec la France; le roi
Phra-Naraïn envoie à Paris une ambassade
à Louis XIV; celui-ci répond par l'ambassade
du chevalier de Chaumont qui arrive à Ayuthia,en septembre 1687; mais
les efforts des jésuites pour convertir le
roi amènent une révolution de palais, l'assassinat de Phaulcon, la persécution
des chrétiens et l'expulsion des étrangers
(1688). L'année précédente, les Anglais avaient été massacrés à
Mergui. On avait d'ailleurs fait subir, dès 1632, le même sort aux
Japonais
également expulsés du Siam (1636), quoiqu'ils aient continué à commercer
avec lui jusqu'en 1752. Les Siamois ne maintenaient de relations extérieures
qu'avec Ceylan (Sri Lanka), considérée
comme une sorte de métropole religieuse.
Au commencement du
XIXe siècle, on ne savait guère du Siam
que ce qu'avaient constaté les Français de 1682 à 1687. Le vicaire apostolique,
Mgr Pallegoix, qui y séjourna de 1830 à 1852 et y voyagea beaucoup, recueillit
d'abondantes informations. Les ambassades anglaises de Crawford (1822),
Burney (1826), Brooke (1850), eurent peu de résultat. Mais avec Maha-Mongkout,
le Siam fut ouvert aux Européens. En 1855,
traité de commerce avec l'Angleterre; en 1858, avec la France; en 1862,
avec l'Allemagne; en 1868, avec l'Autriche.
Sous son successeur Paramendr Maha Chonlalongkorn (1er
octobre
1868), l'influence étrangère devient prépondérante; élevé par une
Anglaise, il se met en relations personnelles avec les consuls étrangers
et s'occupe personnellement du gouvernement. Il fait élever ses enfants
en Angleterre.
L'autonomie du Siam
n'a subsisté que par suite de la rivalité coloniale de la France et de
l'Angleterre, qui, se partageant le reste de l'Indochine ,
ont convenu d'en faire une sorte d'État tampon. Les Siamois, qui ne cessaient
d'empiéter à I'Est sur le Cambodge et
sur l'Annam (Vietnam), ont été arrêtés
par la France qui s'était instaurée protectrice de ces Etats. La traité
du 3 octobre 1893 les a obligés d'évacuer tous les pays de la rive gauche
du Mékong; pour assurer l'observation sincère de la frontière, la police
d'une zone de 25 kilomètres sur la rive droite du grand fleuve a été
attribuée à la France, les troupes siamoises n'y pouvant pénétrer.
Les provinces cambodgiennes de Battambang et Siemréal ont été provisoirement
laissées au roi de Siam, mais neutralisées et fermées à ses troupes;
enfin la France, qui étendait son protectorat sur le quart des habitants
du royaume, occupa le port de Chantaboun.
Le traité de 1893
fut imposé par une escadre française qui, à la suite de manifestations
hostiles, força l'entrée du Ménam et vint mouiller devant Bangkok.
Inquiets de cette manifestation, les Anglais,
qui, d'autre part, revendiquaient au Nord du Siam les Etats chans de la
rive gauche du Mékong comme dépendance de la Birmanie,
et y avaient occupé Muong Sing, ont conclu avec la France la convention
du 15 janvier 1893, délimitant les zones d'influence. Chacune des puissances
s'engagea à ne pas intervenir militairement dans le bassin du Ménam sans
étre d'accord avec l'autre; les pays à l'Ouest, c.-à-d. surtout la péninsule
malaise, furent reconnus comme étant de la zone d'influence anglaise;
ceux à l'Est., c. -à-d. le bassin du Mékong, comme étant de la zone
d'influence française, celle-ci s'étendit donc sur plus de 200 000 km²,
y compris Chantaboun, Korat, etc., et la partie neutralisée du Siam, la
seule dont l'autonomie ait été assurée, ne représentait plus que le
tiers de l'étendue totale du royaume.
Depuis 1900.
En 1932, une révolution
sans effusion de sang a conduit à l'établissement d'une monarchie constitutionnelle.
Après l'invasion de la Thaïlande par les Japonais en 1941, le gouvernement
s'est divisé entre une faction partisane du Japon et une autre, soutenue
par le roi, favorable aux Alliés. En 1954, la Thaïlande est devenue
un allié des États-Unis. Elle a envoyé des troupes en Corée et
s'est battue aux côtés des États-Unis au Vietnam.
La Thaïlande a connu
depuis 2005 plusieurs épisodes de troubles politiques, notamment un coup
d'État militaire en 2006 qui a évincé le premier ministre de l'époque,
Thaksin Chinnawat. De manifestations de rue à grande échelle par des
factions politiques concurrentes ont eu lieu en 2008, 2009 et 2010. La
plus jeune soeur de Thaksin, Yinglak Chinnawat, a conduit en 2011 le parti
Puea Thai à une victoire électorale et a pris le contrôle du gouvernement.
En novembre 2013
ont commencé des manifestations antigouvernementales de grande ampleur
à Bangkok. Début mai 2014, Yinglak a été démise de ses fonctions par
la Cour constitutionnelle et, fin mai 2014, l'armée royale thaïlandaise,
dirigée par le général Prayut Chan-ocha, a organisé un coup d'État
contre le gouvernement intérimaire. Le Conseil national pour la paix et
l'ordre (CNPO), affilié à l'armée a désigné Prayut en tant que premier
ministre. Celui-ci a dirigé le pays pendant plus de quatre ans. Pendant
cette période, le CNPO a rédigé une nouvelle constitution qui garantit
l'ascendant de l'armée sur la politique thaïlandaise lors des futures
élections, en permettant à l'armée de nommer l'ensemble des 250 membres
du Sénat et en exigeant une réunion conjointe de la Chambre et du Sénat
pour choisir le premier ministre. Cela conduit à donner à l'armée
un droit de veto sur l'exécutif.
Le roi Phumiphon
Adunyadet est décédé en octobre 2016 après 70 ans sur le trône ; son
fils unique, Wachiralongkon Bodinthrathepphayawarangkun ( = Rama X), est
monté sur le trône en décembre 2016. Il a signé la nouvelle constitution
en avril 2017. En mars 2019, s'est tenue une élection longtemps retardée,
mais contestée et largement considérée comme biaisée en faveur du parti
aligné sur l'armée. Elle a permis la poursuite du mandat de Prayut. Le
pays a connu des manifestations pro-démocratiques de grande ampleur en
2020. (A.-M. B.). |
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