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Sirénidés |
Les
Siréniens ou Sirénidés forment un ordre
de la classe des Mammifères renfermant
des animaux aquatiques que l'on doit considérer comme représentant
le type nageur des Ongulés herbivores.
De même que les Pinnipèdes sont
des Carnivores aquatiques et les Cétacés
des Édentes nageurs, il existe des Herbivores
modifiés pour vivre dans l'eau : ce sont les Siréniens qui,
au point de vue des organes de locomotion,
prennent place entre les deux autres ordres, car ils sont plus modifiés
que les Pinnipèdes, moins modifiés que les Cétacés.
En effet, chez les Siréniens la tête
est ronde, et bien que le cou soit court ou nul,
cette tête n'est pas énorme et disproportionnée comme
chez les Cétacés. Les narines, placées comme d'ordinaire
en avant du museau qui est tronqué, ont une ouverture valvulaire
et sont séparées. Les yeux sont petits,
à paupière rudimentaire mais cependant mobile, et pourvus
d'une membrane nictitante. L'oreille externe
est dépourvue de conque. La bouche, petite
ou moyenne, est munie de lèvres très
épaisses et de moustaches raides.
Le corps est fusiforme, sans nageoire
dorsale, mais les pattes postérieures
atrophiées sont remplacées par une queue horizontalement
aplatie, unilobée ou bilobée. Les pattes antérieures,
en forme de rames, ont les doigts cachés
sous une enveloppe cutanée commune et ne présentent que des
ongles rudimentaires. La peau
est épaisse, finement ridée ou très rugueuse, nue
ou ne présentant que quelques poils
épars.
- Crâne de Lamantin (Manatus senegalensis). Le squelette est remarquable par l'épaisseur et la densité des os, particulièrement de ceux du crâne et des côtes, ce qui en fait des animaux très pesants. Le crâne présente plusieurs caractères saillants tels que : la grande dimension et la position reculée de l'ouverture des narines; la réduction des os nasaux qui manquent ou sont rudimentaires dans les formes actuelles, mais sont plus visibles dans les formes fossiles; sous tous les autres rapports, le crâne est plutôt celui d'un Ongulé terrestre que d'un Cétacé. Les vertèbres lombaires ne sont pas soudées en forme de sacrum : cependant il existe un bassin rudimentaire, suspendu dans les chairs et pourvu même d'une cavité cotyloïde et de membres postérieurs très réduits, dans certaines formes tertiaires (Halitherium Guettardi ou Pugmeodon Schinzi). Les vertèbres cervicales sont réduites à six dans le genre Manatus. Les clavicules manquent. Les deux os de l'avant-bras sont ankylosés à leurs deux extrémités. Il y a cinq doigts n'ayant jamais plus de trois phalanges.
La denture,
quand elle existe, comprend des incisives et
des molaires séparées par un vide.
Les incisives supérieures forment quelquefois de courtes défenses,
toujours cachées par les lèvres. Dans le genre Rhytina, les
dents manquent chez l'adulte. Sur l'Halitherium tertiaire, on constate
l'existence d'une dentition de lait qui fait défaut aux formes actuelles.
Les molaires ont une couronne tuberculeuse qui s'use en formant des replis
d'émail qui rappellent ceux des Tapirs et des Hippopotames.
Rhytine boréal (longueur totale : 7 à 8 m). Dans toutes les formes
vivantes, la gencive dans la partie antérieure
des deux mâchoires est recouverte de plaques
cornées qui servent à la mastication,
et sous lesquelles on trouve des incisives rudimentaires, encore bien visibles
dans le jeune âge, mais qui s'atrophient chez l'adulte. La langue
est petite et peu mobile, et sa muqueuse présente un épiderme
aussi raboteux que celui des plaques cornées. Les glandes salivaires
sont très développées. L'estomac
est composé, divisé par un resserrement valvulaire en deux
cavités principales dont la première présente une
poche glandulaire placée près du cardia, la seconde une paire
de culs-de-sac allongés et coniques. Le canal
intestinal est long, à parois très musculeuses; il y
a un caecum simple, conique (Halicore) ou bifide
(Manatus). Les artères principales forment
des plexus (retia mirabilia) étendus
et compliqués. Les poumons sont longs,
étroits, par suite de la position oblique du diaphragme,
de telle sorte que la cavité thoracique s'étend très
en arrière, au-dessus de l'abdomen. Les arrière-narines ont
la forme normale et non celle des Cétacés.
Le cerveau est petit et présente des circonvolutions
peu compliquées. Les testicules sont
renfermés dans l'abdomen, et l'utérus
est bicorne. Le placenta est zonaire et sans
caduque. Les mamelles
n'ont qu'une seule paire, pectorale, ou mieux axillaire.
Dents molaires d'Halithérium, vues par la couronne. Les Siréniens passent toute leur existence dans l'eau, se reposant sur les hauts fonds des baies ou la mer est calme, des estuaires, des lagunes et des fleuves, ne s'éloignant jamais beaucoup des côtes et remontant assez volontiers les cours d'eau. Ils se nourrissent exclusivement de plantes aquatiques, algues marines ou herbes d'eau douce, qu'ils broutent sous l'eau. Ils vivent en troupes plus ou moins nombreuses : leurs mouvements sont lents, et leur attitude semble celle des êtres endormis, peu intelligents mais inoffensifs. Il est probable qu'ils ne viennent jamais à terre volontairement, étant donné la difficulté qu'ils auraient à s'y mouvoir. Les Dugongs qui s'avancent plus loin dans la mer que les Lamantins, et qui soutiennent leurs petits en les serrant sous leurs pattes de devant, ont , a-t-on parfois supposé, donné lieu, chez les Anciens, à la fable des Sirènes, d'où le nom qu'lliger a donné, en 1811, à cet ordre. On n'en cornaît, à l'époque actuelle, que trois genres : Lamantin (Manatus), Dugong (Halicore) et Rhytine (Rhytina), et l'unique espèce de ce dernier genre est éteinte depuis plus de deux siècles, ayant été exterminée par les Humains. A l'exception de celle-ci, qui vivait dans la mer de Behring et le Nord-Pacifique, toutes les autres sont propres aux régions tropicales de l'Amérique méridionale (Manatus), et de l'Océan Indien, entre la mer Rouge et l'Australie (Halicore). Elles atteignent une assez grande taille, et comme ces animaux sont recherchés avidement par les pêcheurs pour la valeur de leur chair, qui est mangeable, et surtout de l'huile, que fournit en abondance la fonte de l'épaisse couche de graisse qui double leur peau, on peut dire que cet ordre, si remarquable à tous égards, est en danger d'extinction rapide. Paléontologie.
Dugong. |
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