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Le rectum
est la portion terminale du gros intestin;
pendant longtemps les anatomistes décrivaient sous ce nom la partie de
cet organe contenue dans l'excavation pelvienne,
de sorte que le rectum s'étendait, chez l'adulte, de l'articulation
sacro-iliaque
gauche à l'anus; mais chez l'enfant, la portion
du gros intestin contenue dans l'excavation étant moindre, la limite supérieure
du rectum est au niveau de l'articulation
sacro-iliaque droite. Entre le côlon iliaque et
le rectum est placée l'anse oméga qui fait partie de l'S iliaque, aujourd'hui
appelé côlon ilio-pelvien. Cette anse tombe en partie dans l'excavation
chez l'adulte, et le rectum paraîtra commencer à gauche, tandis que chez
l'enfant, chez la femme enceinte, ou si l'excavation est diminuée par
une tumeur, il commencera à droite. Treves a rattaché donc la première
portion du rectum des anciens auteurs à l'anse oméga; le rectum devient
alors la portion du gros intestin lui commence au niveau de la troisième
vertèbre
sacrée, là où cesse le mésentère
colique et qui se termine à l'orifice anal.
Ainsi limité, le rectum mesure 12 à 14
centimètres chez l'homme, 11 à 12 centimètres chez la femme; il est
aplati d'avant en arrière, à l'état de vacuité, mais il est très extensible.
Appliqué contre la colonne sacro-coccygienne,
il sort du petit bassin en bas pour traverser le périnée
et s'ouvrir à la surface cutanée. Il adopte la courbure de la paroi postérieure
du bassin, puis en avant du sommet du coccyx s'infléchit brusquement en
arrière pour aboutir à l'anus. La portion intrapelvienne ou sacro-coccygienne,
ou rectum proprement dit, est beaucoup plus longue que la portion extra-pelvienne
ou anale; le releveur de l'anus
les sépare nettement .Quénu a divisé le rectum proprement dit en deux
parties, l'une qu'il a appelée péritonéale, plus ou moins recouverte
par la séreuse et s'étendant de la troisième vertèbre sacrée au cul-de-sac
recto-vésical chez l'homme, recto-vaginal chez la femme; l'autre, infra-péritonéale,
qui s'étend de ce cul-de-sac au bord inférieur du releveur : à cette
dernière fait suite la portion anale ou anus.
1° Portion péritonéale.
- Tapissée de séreuse à sa face antérieure seulement, elle s'applique
postérieurement contre la colonne sacro-coccygiemne dont la sépare latéralement
l'origine des muscles pyramidaux recouverts d'aponévrose
et en avant desquels émergent les branches du plexus
sacré; la situation du cul-de-sac recto-vésical, formé par le péritoine,
n'est pas constante par rapport au coccyx; cette
situation est importante à connaître au point de vue chirurgical.
« La face
postérieure du rectum ne repose pas seulement sur la colonne
vertébrale,
elle la déborde à gauche et à droite à sa partie inférieure. Voici
le long du coccyx et du sacrum quelles sont les différentes places qu'on
devrait traverser pour arriver jusqu'Ã l'intestin.
Après avoir incisé les insertions du grand fessier,
on tombe sur le grand ligament sacro-sciatique,
puis sur le muscle ischio-coccygien et, en avant de lui, sur une toile
cellulo-fibreuse à la face profonde de laquelle rampent quelques vaisseaux.
Les bords de la portion péritonéale sont côtoyés par les branches terminales
de la mésentérique inférieure et;
à distance, sur un plan plus antérieur, par l'uretère et le canal déférent
chez l'homme, par l'uretère et le pédicule vasculaire de l'utérus
chez la femme » (Quénu).
2° Portion infra-péritonéale.
- Elle repose en arrière sur les releveurs de l'anus. Latéralement et
plus en avant, elle correspond chez l'homme aux vésicules
séminales, au canal déférent, à l'uretère,
et dans les deux sexes, au tissu cellulaire qui environne les artères
et les veines hémorroïdales moyennes, au releveur
de l'anus et au tissu cellulo-graisseux des fosses ischio-rectales. Les
rapports de la face antérieure sont très compliqués; elle est en rapport
chez l'homme successivement, en partant du cul-de-sac recto-vésical, avec
les vésicules séminales et les canaux déférents, avec le bas-fond de
la vessie dans l'espace triangulaire que délimitent
ces derniers, avec la
prostate et l'aponévrose
moyenne du périnée, chez la femme, au vagin (cloison
recto-vaginale). Il existe dans les deux sexes ce qu'on a appelé la loge
prérectale, bien délimitée partout, sauf sur les parties latérales
de son extrémité supérieure, où la communication est possible avec
le tissu cellulaire rétro-rectal.
Le tissu cellulaire compris entre le péritoine
et les insertions rectales du releveur
de l'anus constitue l'espace pelvi-rectal supérieur de Nichet, que Quénu
a divisé en une loge médiane rétro-rectale et deux loges latérales
périrectales. A la loge médiane et postérieure aboutit la terminaison
des artères et veines mésentériques inférieures, les loges latérales
reçoivent la distribution viscérale de l'hypogastrique,
disposée en éventail.
3° Portion anale. - Ne doit être
considérée comme telle que la portion sous-jacente à l'insertion rectale
du releveur de l'anus; elle est étroitement entourée par le sphincter
externe, dont elle n'est séparée que par une couche de tissu conjonctif
lâche. Les rapports sont latéralement: le releveur anal, les aponévroses
supérieure et inférieure, le creux ischio-rectal avec les vaisseaux et
les nerfs qui y passent; en avant, chez l'homme,
avec le bec prostatique, l'urètre membraneux,
le bulbe urétral, le triangle recto-urétral où se ramifient les artères
hémorroïdales; en avant, chez la femme, avec le triangle recto-vaginal.
La surface externe du rectum est bosselée
et sillonnée de vaisseaux. La surface interne présente des replis ou
valvules de Houston, Ã direction transversale, Ã forme semi-lunaire,
au nombre de deux ou trois, soit une à droite, à 6-7 centimètres de
l'anus, une autre à gauche à 7-8 centim. de l'anus, et la troisième,
lorsqu'elle existe, près de l'anus (valvule
anale) et parfois circulaire. D'autres replis existent à la jonction de
la muqueuse et de la peau; ce sont les valvules
ou replis semi-lunaires de Morgagni. Des épaississements (colonne du rectum
ou de Morgagni) séparent ces dernières valvules.
Structure.
La tunique
musculaire du rectum se compose d'une couche superficielle de fibres longitudinales,
qui font suite aux trois bandes du côlon et se
fusionnent; entre elles
« apparaissent
de nouveaux faisceaux dirigés dans le même sens, de sorte que cette tunique
longitudinale est complète, puissante, et va se terminer en bas en s'insérant
sur l'aponévrose pelvienne, en se continuant
avec les fibres du releveur de l'anus, en s'insérant à là peau de l'anus
et enfin en formant, en arrière, un petit faisceau musculaire distinct,
dit retracteur de l'anus, qui s'attache au sommet du sacrum;
au-dessous de la couche longitudinale, on trouve une couche circulaire,
épaisse en bas, où elle forme le sphincter interne de l'anus » (Mathieu
Duval).
La tunique celluleuse ne diffère en rien
de celle du reste de l'intestin. La tunique
muqueuse est assez lâchement unie à la celluleuse, surtout dans la portion
inférieure du rectum, ce qui explique la fréquence relative de la chute
du rectum (rectocèle); elle présente, en outre, des modifications importantes
au niveau de l'anus :
« Le bord
inférieur ou adhérent des valvules semilunaires correspond à une sorte
de bourrelet circulaire où la peau apparaît, mais les follicules
pilo-sébacés n'existent qu'à 15 ou 20 mm plus bas; cette peau modifiée,
mince, constitue la zone cutanée lisse de Robin et Cadiat. Entre ce bord
inférieur ou adhérent des valvules et
leur bord libre, il existe une zone tapissée par de l'épithélium pavimenteux
stratifié, atteignant presque le bord libre des valvules où se trouve
la ligne ano-cutanée. A quelques millimètres, au-dessus de la ligne ano-cutanée,
sur le versant opposé de la valvule, la ligne ano-rectale marque le point
précis où s'arrêtent les glandes
en tube. Entre ces deux lignes ano-cutanée et ano-rectale se trouve comprise
la muqueuse anale. Comme appareil glandulaire, on rencontre, dans la muqueuse
anale proprement dite; de petites dépressions qu'Herrmann interprête
comme les rudiments des glandes anales de certains animaux.
» (Quénu).
Pas de glandes dans la zone cutanée libre;
d'après Pilliet, il existe dans la muqueuse anale de l'homme des corpuscules
de Pacini .
Les artères du
rectum viennent de la mésentérique
inférieure (hémorroïdales supérieures), de l'hypogastrique
(hémorroïdales moyennes), de la pudendale interne
(hémorroïdales inférieures) et de l'artère sacrée moyenne. Les veines
forment un groupe supérieur, tributaire de la veine
porte, un groupe moyen du territoire de l'hypogastrique et un groupe
inférieur sous-jacent au releveur anal; nous ne les décrirons pas en
détail. La disposition des lymphatiques
est à peu près calquée sur celle des veines;
ils se rendent aux ganglions placés le long
de la petite mésaraïque, aux ganglions inguinaux et aux ganglions hypogastriques.
Enfin, les nerfs du rectum viennent surtout du
grand
sympathique, quelques-uns du système
cérébro-spinal.
(Dr L. Hahn). |
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