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Histoire de l'art > La peinture |
La peinture en Allemagne en Autriche et en Suisse |
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L'école néo-classique | La peinture au XIXe siècle : en Allemagne, en Autriche et en Suisse |
La peinture fut cultivée de bonne heure en Allemagne. II ne reste rien des peintures murales dont Charlemagne avait fait décorer son palais d'Aix-la-Chapelle. A la fin du IXe siècle, Raban Maur, abbé de Fulda, donna les dessins d'après lesquels furent exécutées, les peintures de l'église de Mayence. Au siècle suivant, on représenta dans les palais de Mersebourg et de Magdebourg les victoires de Henri l'Oiseleur et d'Othon le Grand sur les Hongrois: Les ecclésiastiques étaient alors les principaux protecteurs de l'art; Bernard, évêque d'Hildesheim, emmenait dans ses voyages plusieurs artistes, pour copier les oeuvres remarquables; Meinwerk, évêque de Paderborn, attachait à son église une école de peinture. Pendant les XIe et XIIIe siècles, les églises et les palais furent décorés de peintures, qui sans doute n'étaient que des ébauches grossières, mais dont le nombre atteste du moins combien le goût des arts était répandu. De tous ces anciens travaux rien n'a survécu; on possède seulement quelques manuscrits enluminés, que conservent les bibliothèques de Munich et de Bamberg. Il y eut aux XIIIe et XIVe siècles, dans la ville de Cologne, une école célèbre, où l'on suivait les principes de l'art byzantin : ce sont, en effet, les mêmes fonds d'or, la même raideur des poses et des draperies, la même absence de perspective. Toutefois, on remarque dans cette école, dont quelques oeuvres existent à la galerie de Munich et dans les églises des bords du Rhin, la tendance à s'éloigner du caractère typique imprimé à la peinture par les Byzantins, et à substituer le génie individuel de l'artiste à la règle liturgique. Déjà l'école allemande prend un cachet particulier; elle imite la nature, mais sans la poétiser; privée des ouvrages de l'Antiquité qui eussent pu diriger son goût, moins portée que les écoles italiennes vers la beauté des formes, elle imprimera à ses oeuvres un caractère plus simple qu'idéal, plus naïf qu'héroïque. La Bohème avait, au XIVe siècle, son école distincte, que représentent Nicolas Wurmser, Kunze et Théodoric de Prague, et dont les oeuvres principales sont au château de Karlstein, près de Prague, et à la galerie de Vienne : on y dessinait moins exactement que dans l'école de Cologne, où brillaient Wilhelm et Stephan. Les archéologues reconnaissent aussi une école westphalienne, à laquelle appartient sans doute le Christ entouré de quatre saints, qui décorait jadis le cloître de Saint-Walbourg à Soest, et qu'on voit aujourd'hui à Munster; et une école bavaroise, dont un bon nombre d'ouvrages ornent les églises Saint-Sébald et Saint-Laurent à Nuremberg. La peinture gothiqueJusqu'au XVe siècle, les peintres s'étaient servis de couleurs à la détrempe, avec lesquelles ils peignaient sur les murs, sur des panneaux de bois, ou sur des toiles enduites de plâtre. La découverte de la peinture à l'huile, perfectionnée par Van Eyck (L'école de Bruges), accéléra la marche de l'art, et les Allemands, abandonnant entièrement le style byzantin, se mirent à imiter l'école Flamande. Alors parurent Isaac de Meckenen, Frédéric Herlin de Nordlingen, Martin Schoen, supérieurs à tous les autres peintres du même temps. Plus d'originalité existe chez Michael Wolgemut de Nuremberg, Martin Zagel et Jacob Walch.-
Les origines des écoles allemandes. Dès le XIVe siècle, des écoles fleurissent à Prague, à Nuremberg, à Cologne surtout. L'école de Cologne a produit des oeuvres d'une candeur d'expression et d'une fraîcheur de coloris exquises. Stephan Lochner (mort en 1452) en fut le maître par excellence (ses oeuvres se trouvent à la cathédrale et dans les musées de Cologne). Ces mêmes qualités, avec un remarquable don d'expression dramatique, se retrouvent chez un peintre qui travailla à Hambourg, dans la première moitié du XVe siècle, maître Francke (ses oeuvres sont à la Kunsthalle de Hambourg). Martin Schongauer ou Schoen, de Colmar (vers 1450-1491), peut-être élève de Van der Weyden, outre quelques tableaux, a laissé de nombreuses gravures burinées avec fermeté et souplesse. L'Allemagne a disputé, non sans raison, à l'Italie l'honneur d'avoir pratiqué la première la gravure sur cuivre; des artistes habiles en ce genre avaient même précédé Martin Schoen. La RenaissanceLe commencement au XVIe siècle vit fleurir les principaux maîtres de l'art allemand. Ce fut alors qu'Albrecht Dürer personnifia dans sa plus grande originalité la peinture en allemagne pour le pittoresque, et son penchant vers le fantastique : peintre assez fécond pour que toutes les galeries importantes aient pu posséder plusieurs de ses tableaux, coloriste plein de fantaisie dans le jeu de la lumière et des ombres, graveur inventif et d'une rare finesse, Dürer introduisit dans l'école allemande une manière plus franche et plus libre, et exerça sur les pays voisins une grande influence, dont les Italiens Jean Bellini, André del Sarto, Pontormo, etc., ne cherchèrent pas à s'affranchir. Sur ses traces marchèrent Jean de Kulmbach, Scheuffelin, Aldegrever, Altdorfer, Beham, Pens, Grunewald de Nuremberg, Gutlinger et Burgmaier d'Augsbourg. A la même époque, Lucas Cranach était le chef d'une école rivale en Saxe. Dans la haute Allemagne, à Ulm, une autre école encore avait pour représentants Zeitblom et Martin Schaffner. Enfin, Hans Holbein, d'Augsbourg, avant d'aller se fixer en Angleterre, forma à Bâle une école qui a illustré la Suisse, et qui compte parmi ses maîtres Asper, Amberger, Stimmer, Amman, Meyer, les Füssli, etc.- Saint-Jérôme (détail d'un diptyque), par A. Altdorfer (1507). Albrecht Dürer. A partir de 1494, sa vie s'écoule presque entière à Nuremberg. Longtemps on a répété que l'humeur désagréable et cupide de sa femme, Agnès Frey, avait troublé son existence; mais des recherches consciencieuses ont prouvé qu'A. Dürer n'avait pas été si malheureux qu'on se l'imaginait. Deux voyages qu'il fit, l'un à Venise (1505-1507), l'autre aux Pays-Bas (1520-1521), sont connus par ses lettres et son journal. Sa renommée l'y avait précédé, ses estampes étaient recherchées à Venise, et Marc-Antoine lui-même les contrefaisait. Giovanni Bellini lui témoignait beaucoup d'amitié, Raphaël fut en relations avec lui, et la jalousie d'autres artistes, dont il se plaint, est une preuve même de la réputation qu'il avait conquise à l'étranger. En Allemagne, l'empereur Maximilien le chargeait de nombreuses commandes, assez mal payées, il est vrai, et notamment de dessins pour des arcs de triomphe, des cortèges. Il adhéra à la Réforme dès ses débuts et fut en rapports avec Luther, Melanchthon, Zwingle. La Mélancolie, par Albrecht Dürer (1513). Une gravure au burin qui symbolise d'une façon puissante et originale le néant de la science humaine. A. Dürer a exécuté un assez grand nombre de tableaux. Parmi les meilleurs, on peut citer : l'Adoration des Mages, de 1504 (Florence, musée des Offices), la Crucifxion, de 1506 (musée de Dresde), la Madone, de 1516, la Trinité adorée par tous les saints (Vienne, Belvédère), les Quatre Apôtres (musée de Munich); mais ses dessins et ses gravures le font mieux connaître. Allemand par la pensée et par la forme, son imagination est puissante, mais sombre et fantasque; il se plaît aux sujets douloureux, aux conceptions étranges (Mélancolie, le Chevalier et la Mort, l'Apocalypse, etc.). D'autre part, l'expression est chez lui d'un réalisme que rien n'arrête : il introduit dans ses compositions les types les moins nobles, les détails les plus familiers, mais pour en tirer des effets imprévus de grandeur et de pittoresque. Si ses oeuvres peuvent paraître parfois rudes et sans harmonie, elles sont toujours pleines de vigueur et de sève. Quand il traite des sujets chrétiens (Passion du Hans Holbein. Le Maître d'école (miniature), par Holbein le Jeune (1517). Peintre religieux, il a exécuté de nombreuses madones; parmi les plus belles est celle de Darmstadt. Son Christ mort du musée de Bâle (1521), oeuvre réaliste, où le dessin et la couleur conspirent à accuser les horreurs du cadavre, est effrayant de vérité. Mais, en même temps, l'expression qu'ont gardé les traits du Christ au moment de la mort est d'une beauté tragique. Tout s'y lit, les ardeurs passées, les luttes douloureuses, la foi dans l'oeuvre, les angoisses de l'agonie morale : la bouche est entrouverte comme pour un dernier cri, dernière adjuration. Cette inspiration se retrouve dans d'autres oeuvres, et notamment dans les dix dessins de la Passion (musée de Bâle), où toutes les souffrances du Christ sont rendues d'une façon poignante. Ces dessins sont certainement ce qu'il a fait de plus puissant comme composition. Ses portraits au crayon et à la plume, légèrement relevés de tons de chair, sont merveilleux de précision, de souplesse et de vie; jamais la physionomie n'a été saisie avec plus de simplicité et de naturel. Il avait abordé aussi la grande décoration et les sujets antiques dans ses peintures murales de la salle du Conseil à Bâle, qui, par malheur, ont presque entièrement disparu. Enfin Holbein a composé de nombreux dessins pour la gravure : les 83 dessins pour l'Éloge de la Folie d'Érasme, l'Alphabet de la Mort, les Simulacres de la Mort, où il retrace avec une verve inépuisable et une ironie lugubre les triomphes de la Mort sur la puissance et la beauté comme sur la misère.
Lucas Cranach. Une influence de la Réforme? Le XVIIe et le XVIIIe siècleLa peinture en Allemagne, dès la seconde moitié du au XVIe siècle. Ce déclin s'accentura encore au au XVIIe siècle : Schwartz, Goltzius, Rottenhammer, Heinz, Elzheimer, Sandrart, Screta, Kupetski, Joseph Werner, Brandel, Pierre de Strudel, se proposèrent les Italiens pour modèles. Zingelbach, Kneller, Poelenburg, Mignon, Dietrich, s'attachèrent de préférence aux maîtres flamands et hollandais. Puis l'école française du temps de Louis XIV trouva aussi des imitateurs, Brandmuller, Rugendas, Huber, etc.L'école néo-classique. Le Jugement de Pâris, par Raphaël Mengs (1757). On cite encore J.-A. Tischbein (1722-1789), rallié aux mêmes principes, et dont le musée de Kassel conserve un caractéristique Ecce homo. Bref, si l'Allemagne, en ce siècle de grâce et de spirituelle observation, veut participer à un art de séduction, force lui est de demander la collaboration d'artistes étrangers, français comme A. Pesne (1683-1757) et Ch.-A.-Ph. Van Loo (1719-1795), ou italiens comme Canaletto et J.-B. Tiepolo, décorateur prestigieux du château de Wurtzbourg. Le XIXe siècleLes Nazaréens.Sous l'influence du romantisme grandissant, au XIXe siècle, le Viennois Moritz von Schwind (1804-1871) fut le premier à traiter des épisodes du Moyen âge. Mais la principale réaction partit, vers 1810, d'un groupe d'artistes, catholiques ardents, surnommés les Nazaréens, qui vivaient à Rome : Overbeck (1789-1869), Cornelius (1783-1867), Fürich (1800-1876), Schnorr von Carosfeld (1794-1879), travailleurs et instruits, mais au talent limité. Overbeck n'a exécuté que des pastiches maladroits de primitifs italiens. Cornelius et Kaulbach ont peint à Berlin et à Munich des cycles d'oeuvres à tendances philosophiques, lourdes de pensées et d'intentions. - La Bataille de Salamine, par Wilhelm von Kaulbach (1868). Des Nazaréens prirent la tête des deux grands centres artistiques allemands : Munich et Dusseldorf. L'école de Munich fut fondée par Cornelius, qui en fut avec Kaulbach (1805-1874) le principal protagoniste. Ils servirent les desseins de Louis Ier qui les avait appelés, car il voulait faire de sa capitale une Athènes allemande, bâtie avec des copies de temples grecs et de palais florentins. A la génération suivante, cette école se continue par des peintres d'histoire tels que Piloty (1826-1886), inféodé aux Français et à Delaroche, et Makart (1840-1884), virtuose imitateur des Vénitiens qui joua plus tard un grand rôle à Vienne. Ensuite, elle subit une éclipse. Un autre Nazaréen avait fondé, en 1826, l'école de Dusseldorf, imprégnée de romantisme rhénan, de vieilles légendes que traduisent Hildebrandt (1804-1874), Sohn (1805-1867), Steinbrück. Ils avaient été précédés dans ce genre par Rethel (1816-1859), auteur de la Salle impériale à Aix-la-Chapelle, et par Moritz von Schwind, déjà cité, qui avait traité des sujets romantiques à Stuttgart, Munich et Vienne. C.-D. Friedrich. Le Promeneur au-dessus d'une mer de nuages, par Caspar David Friedrich (1818). Naturalisme et réalisme. Retour à l'idéalisme. Le Péché, par Franz Stuck (1893). Les Sécessions et les autres groupes. Ailleurs, dans l'espace germanophone. |
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