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Les Arvicolinés |
Les Campagnols au sens large forment une sous-famille (Arvicolinés) de Mammifères de l'ordre des Rongeurs et de la superfamille des Muroïdés. Caractères : molaires à racines peu développées ou nulles, allongées, formées de prismes triangulaires alternes, de telle sorte que la figure de la couronne présente des zig-zags (et non des îlots en 8 de chiffre ou des tubercules tronqués, comme chez les Rats). Les Campagnols ressemblent du reste beaucoup extérieurement aux véritables Rats, dont ils diffèrent par leur queue poilue, de longueur moyenne ou courte, leurs oreilles courtes ou médiocres, leur museau plus épais et arrondi. Mais leurs dents si différentes indiquent un tout autre régime, et en effet toutes les espèces se nourrissent de préférence de matières exclusivement végétales, tandis que les Rats sont omnivores. Cette sous-famille, très nombreuse en espèces, est propre à l'hémisphère nord du globe (régions paléarctique et néarctique) : elle comprend trois groupes : les Campagnols proprement dits, dont il sera question ici principalement, les Rats musqués et les Lemmings. Les Campagnols proprement dits (genres Microtus, Arvicola, etc.) présentent les caractères que nous venons d'indiquer. Suivant leurs formes, qui sont tantôt assez élancées comme celles des Rats, des Souris et des Mulots, tantôt beaucoup plus ramassées, comme celles des Rats-Taupes, on les a subdivisés en plusieurs genres qui présentent quelques particularités correspondantes dans la denture. Le nombre et la forme des replis d'émail qui forment des zig-zags sur la couronne des dents, servent à la distinction des genres et des espèces. Chez toutes, le canal intestinal est très long, pourvu d'un vaste caecum, ce qui explique la voracité de ces animaux et leurs dégâts. Nous traiterons surtout des espèces présentes en France qui sont assez nombreuses (cinq ou six). Campagnol agreste aux aguets dans son nid. Principaux genresMyodes.Le genre Myodes (Lataste, Evotomys, Coues) est celui qui se rapproche le plus des véritables Souris par ses formes et la constitution de ses dents qui ont des racines rudimentaires à l'âge adulte; les oreilles sont bien développées, la queue aussi longue que la moitié du corps et les pieds postérieurs ont des tubercules. Le type est le Campagnol roussâtre (M. rutilus), dont un proche parent en France est le M. glareolus (Schreber). Il a la taille de la Souris ou du Mulot et sa couleur est ordinairement d'un roux vif sur le dos, blanchâtre sur le ventre et sur les pieds. C'est le Campagnol des prés, des sables, etc., de beaucoup d'auteurs. Ses moeurs sont plus vagabondes et moins fouisseuses que celles du Campagnol ordinaire (Microtus arvalis). Il fréquente les prairies au bord des rivières, les jardins et les taillis et ne se construit pas de terrier, se contentant le plus souvent d'un trou ou d'une crevasse naturelle dans les pierres et les rochers. Il se nourrit indifféremment de fruits et de racines qu'il préfère aux grains, sans dédaigner les insectes et les vers. Son nid, placé dans un trou au niveau du sol et caché dans l'herbe, est garni de foin et de mousse : il y a de quatre à huit petits et trois ou quatre portées par an. Dans le Midi, il habite les prairies au bord de la mer. Les régions montagneuses de l'Est et du Sud-Est de la France possèdent une variété de cette espèce longtemps considérée comme espèce distincte; ses teintes sont plus tranchées roux marron sur le dos, gris sur les flancs, blanc en dessous. Dans le Jura, les Alpes et la Provence on la trouve jusqu'à 2000 m d'altitude, et il habite aussi les vallées. Cette espèce a une dispersion géographique très étendue et habiterait non seulement l'Europe et la Sibérie, mais encore l'Amérique du Nord (Myodes Gapperi). Le type circumpolaire décrit par Pallas (Myodes rutilus) et qui se montre identique dans les régions polaires des deux continents relie ces variétés américaines aux variétés européennes (M. glareolus), qui leur correspondent sous la même latitude. Rat d'eau (Campagnol amphibie). Microtus. Le Campagnol des champs (Microtus arvalis Pallas), dont Arvicola agrestis (Linné) ne diffère vraisemblablement pas, est le type de ce genre tout entier. Ses formes sont plus ramassées, ses oreilles et sa queue plus courtes que celles des précédents : il est fauve, teinté de gris avec une ligne jaunâtre sur les flancs, et le ventre et les pieds blancs. De même que le précédent sa taille est comparable à celle de la Souris ou un peu plus forte. Il se multiplie quelquefois très rapidement et ses dégâts l'ont rendu célèbre. Il se plaît surtout dans les champs cultivés, où il exerce ses ravages. Son terrier débouche par plusieurs ouvertures reliées à la surface du sol par des sentiers battus : on trouve, en hiver, de ces ouvertures jusque dans les granges et dans les écuries. En hiver, il se nourrit des provisions qu'il porte sous terre. Il est très sociable, et dans les prairies ses terriers se comptent par milliers : les années de sécheresse sont favorables à sa multiplication; la pluie et les inondations, au contraire, lui sont fatales. Son nid est placé non dans le terrier, mais à fleur de terre, dans une épaisse touffe d'herbe : ce nid sphérique n'a qu'une seule ouverture et rappelle celui du Rat nain. Il y a six portées par an de quatre à six petits chacune, et ceux-ci se reproduisent dès l'âge de deux mois, ce qui explique leur multiplication rapide quand la saison est favorable. La disette le force souvent à des migrations en masse dont l'histoire a gardé le souvenir.
Une autre espèce française est le le Campagnol souterrain (Microtus subterraneus Sélys), le plus fouisseur de tous les Campagnols. Ses formes sont ramassées, presque talpoïdes (comme celles des Rats-Taupes), les oreilles très courtes, cachées par les poils, les yeux petits, la queue plus courte que le tiers du corps; il y a cinq tubercules aux pieds postérieurs. Sa taille est inférieure à celle du précédent. La couleur est foncée, d'un gris noirâtre. Les galeries qu'il creuse, souvent très étendues, lui servent son seulement de gîte mais encore d'abri pour aller à couvert comme la Taupe, à la recherche de sa nourriture : c'est ainsi qu'il attaque les racines de carotte, de céleri, d'artichaut dont il fait provision. Il préfère par suite les prairies humides et les jardins potagers, et on le trouve rarement dans les sols sablonneux. Comme la Taupe, il creuse avec une grande rapidité et sa démarche au grand jour est hésitante et embarrassée. Son terrier est compliqué, à quatre ou cinq galeries avec deux cavités plus spacieuses servant l'une de magasin, l'autre de chambre de repos. Il amasse quelquefois jusqu'à deux kilogrammes de bulbes de liliacées. Le nid de la femelle est sous terre et distinct de la chambre de repos. Campagnol souterrain. Les M. s. gerbei (de l'lsle), M. s. selysii (Gerbe), M. s. pyrenaicus, M. s. Savii et M. s. incertus (Sélys) sont des variétés méridionales de cette espèce. Chionomys Un sous-genre assez distinct par ses moeurs est le Chionomys nivalis Lebrunii (Crespon) ou Arvicola leucurus (Gerbe), à teintes plus claires, presque blanches, avec les oreilles noirâtres, qui habite la Provence, du bord de la mer jusqu'à 2000 m et plus, menant une vie vagabonde et se logeant dans les tas de pierres et les vieux murs sans construire de terrier. Les autres genres de Campagnols. PaléontologieA l'état fossile le genre Arvicola ne se montre guère avant l'époque post-pliocène (quaternaire) : les prétendues espèces tertiaires signalées par divers auteurs appartiennent à d'autres genres et même à d'autres familles : tel est l'A. gigantea (Bravard), de l'Amérique du Sud, type du genre Procavia (Ameghino) de la famille des Caviidés. Dans les alluvions glaciaires et les cavernes quaternaires d'Europe les débris de Campagnols ne sont pas rares : la plupart appartiennent aux espèces actuelles. (E. Trouessart). |
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