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Saint-Brieuc
(Sanctus-Briochus, d'où le nom de Briochins donné
aux habitants) est une ville maritime de la France ,
chef-lieu du département des Côtes-d'Armor ,
sur la Manche ;
population : 46 100 habitants. Sur un plateau (88 m), à 1 km du
Gouet, entre la rive droite de cette rivière et la rive gauche de
son affluent le Gouedic, et à 3 km de l'embouchure, du port à
la Pointe de Cesson, dans l'anse d'Yffiniac, au fond de la baie de Saint-Brieuc.
Son port a des quais sur la rive droite, mais principalement sur la rive
gauche, au hameau du Légué, commune de Plérin.
La ville de Saint-Brieuc est agréablement
située dans la vallée du Gouet, entre deux collines; le pays
est pittoresque, sillonné de vallées profondes, il est boisé
et cultivé. La ville, tout en étant une cité maritime,
est bourgeoise et champêtre; elle est ancienne et irrégulièrement
bâtie, avec des rues tortueuses et montantes, et des maisons du Moyen
âge
ainsi que de nombreux édifices historiques. Les édifices
religieux sont nombreux. La cathédrale
(mon. hist.), dédiée à Saint-Etienne, s'élève
sur l'emplacement de la chapelle du monastère
de Saint-Brieuc, convertie en église
épiscopale au IXe siècle.
Sa reconstruction, entreprise au XIIIe
par l'évêque saint Guillaume Pinchon, fut continuée
durant les siècles suivants jusqu'au XVIIIe
où elle fut enfin terminée; anciennes tapisseries,
magnifique autel en chêne
sculpté du Saint Sacrement, et un buffet d'orgues de 1510, couvert
d'arabesques dans le style
de la Renaissance ,
avec détails d'une grande délicatesse. La grande nef
fut reconstruite au XVIIIe siècle,
et des travaux importants furent exécutés avec goût
de nos jours. Eglise paroissiale de Saint-Michel, reconstruite en 1498,
démolie en 1837. Oratoire de Notre-Dame de la Fontaine, au-dessus
de la fontaine de Port-Aurèle ou
de Saint-Brieuc (1420). Eglise Saint-Guillaume (1240).
Les édifices civils sont : Hôtel
de la préfecture. Près de là se trouvent le bâtiment
des Archives et la maison dite du Saint-Esprit, ancienne prébende
canoniale, ornée d'une tourelle du XVe
siècle. Palais épiscopal, il est établi dans le manoir
de Quiquengrogne ou Hôtel de Maillé (XVIe
siècle). Hôtel de ville, occupe l'hôtel Trégomar,
reconstruit en 1867; il renferme le Musée, où l'on remarque,
en outre des tableaux et des collections d'histoire naturelle, la statue
de Gilles de Bretagne, sculptée dans un bloc, de chêne, et
plusieurs curiosités archéologiques. Plusieurs maisons anciennes,
surtout dans les rues avoisinant la cathédrale, vers le centre de
la ville, la plupart en bois ornées de sculptures
curieuses, souvent grotesques; maison dite hôtel des ducs de Bretagne,
mais commencée seulement en 1577, et où logea, dit-on, Jacques
Il d'Angleterre; elle est élégante
et de style Renaissance; hôtel de Rohan, somptueuse habitation du
XVe siècle. Tous deux sont classés
comme monuments historiques.
Au sommet du tertre Bué, statue
colossale de la Vierge, et vue admirable sur la ville et la vallée;
à l'entour se tenait l'ancienne foire Fontaine, aujourd'hui reportée
sur le boulevard Du Guesclin. Statues de Du Guesclin,
de Poulain-Corbion, monument aux enfants de Saint-Brieuc morts en 1870-1871.
Les excursions aux environs sont pittoresques : ravin du Gouëdic;
vallée du Gouet. Sur le promontoire, à 4 km, tour de Cesson,
donjon
(mon. hist.) bâti à la fin du XIVe
siècle par le duc Jean V, démoli par Henri
IV, et dont il reste une moitié verticale à convexité
tournée vers la mer, après qu'il eut été partagé
et fendu par la mine dans le sens de sa hauteur qui est de 20 m. Des fouilles
ont montré que la forteresse du Moyen
âge avait remplacé un établissement romain.
Cette tour se dresse au centre d'une enceinte creusée dans le roc.
Au nombre des émigrés bretons
insulaires qui fuyaient en Armorique les
Saxons envahisseurs de la Grande-Bretagne,
au Ve siècle, un saint apôtre
vint, avec ses disciples, aborder à l'embouchure du Gouet. Briomach
(Brieuc) trouva dans ce pays le seigneur Rigwal, réfugié
comme lui et son parent, qui lui concéda un terrain pour bâtir
un monastère. Le territoire s'agrandit
durant la vie du saint et, après sa mort, des droits et des privilèges
furent concédés au monastère par les seigneurs du
pays et par le roi des Francs, Childebert
Ier
(VIe siècle), et un centre de population
se forma, qui devint la ville de Saint-Brieuc. Son origine remonte à
la seconde moitié du Ve siècle.
En 848, le monastère de saint Brieuc, qui avait été
seulement abbé-évêque, fut érigé en siège
épiscopal par le roi des Bretons,
Noménoë. Les évêques y furent des seigneurs puissants,
suzerains d'un fief ecclésiastique comprenant les paroisses voisines,
et l'administration cléricale ne devait prendre fin qu'en 1729 :
à cette date, la communauté de la ville fut séparée
du général de la paroisse. Déjà, au commencement
du XVIIe siècle, les réunions
eurent lieu, non plus à l'église
paroissiale, mais dans un hôtel de ville. II faut observer, d'autre
part, qu'au-dessus de ces seigneurs-évêques s'éleva
la puissante maison de Penthièvre.
La cathédrale,
fortifiée, servit plus d'une fois de citadelle. On mentionne le
siège de 1375 contre le duc Jean V, aidé d'un corps d'Anglais,
qui se retirèrent; elle était défendue par Olivier
de Clisson. En 1394, celui-ci vint à son tour l'assiéger;
et, après l'avoir forcée malgré une résistance
opiniâtre, il livra la ville au pillage. Puis elle jouit durant le
XVe siècle jusqu'à la fin
du XVIe d'une période de tranquillité
et de prospérité. Mais alors elle souffrit des guerres de
la Ligue; en 1592, elle fut pillée
par l'armée des Espagnols; à
la paix, en 1598, la tour de Cesson fut démantelée. En 1601,
une peste dévasta Saint-Brieuc. Depuis 1602, les Etats de Bretagne
s'y assemblèrent très souvent, jusqu'en 1768. En 1628, la
cité s'entoura de murailles dont il ne reste que des débris.
En 1691, un siège royal de l'amirauté y fut créé.
En 1795, pendant la Terreur,
il y eut autour de Saint-Brieuc, dit alors Port-Brieuc, la guerre civile
des Chouans, accompagnée de meurtres particuliers,
et une entreprise de ceux-ci contre la ville (1799).
Les armes de Saint-Brieuc sont : D'azur
au griffon d'or. (Ch. Delavaud). |
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