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Histoire des sciences |
Physique. Les Arabes ne négligèrent pas la physique. Alhazen, au XIe siècle, composa un Traité d'optique en sept livres, dans lequel les lois de la réflexion et de la réfraction de la lumière se trouvent formulées. C'est par un effet de la réfraction atmosphérique, dit Alhazen, que nous apercevons les astres, quelques instants avant leur lever, lorsqu'ils sont encore au-dessous de l'horizon; et quelques instants après leur coucher, lorsqu'ils sont déjà sous l'horizon. C'est aussi par un effet de la réfraction que la lumière, en se décomposant dans les nuages, produit les teintes brillantes et variées que l'on remarque surtout le matin et le soir. Les Arabes ont beaucoup écrit sur la physique, et surtout sur l'astronomie, mais la plupart de leurs traités spéciaux furent détruits lorsque les plus riches bibliothèques furent livrées aux flammes, soit en Orient, dans le temps des croisades et pendant les révolutions qui renversèrent la domination arabe, soit en Espagne, pendant la guerre d'extermination qui éclata entre les chrétiens et les Maures. Il a existé, dans la science du passé, plus de choses qu'on ne croit. Un savant moderne, Delambre, qu'on ne saurait accuser d'être trop prévenu en faveur de l'ancienne civilisation, va jusqu'à dire que, d'après divers passages des livres arabes, on pourrait croire, non sans fondement, que les Arabes ont connu le moyen de mesurer le temps par les oscillations du pendule. Les Arabes avaient composé des traités sur les diverses parties de la physique. Un auteur arabe du Xe siècle, Salmana, avait écrit sur la météorologie, et a laissé un traité manuscrit sur la Grêle sphéroïde ou sphérique. En parcourant la longue liste des ouvrages arabes, on y lit les titres d'un grand nombre de traités d'astronomie et de tables astronomiques. Géographie. Les Arabes songèrent aussi, de bonne heure, à étendre leur commerce et à se mettre en relation avec tous les peuples. Ils entreprirent pour cela de grands voyages dans les diverses parties du monde. Ils allèrent, dès le VIIIe siècle en Chine, où, de l'an 704 à l'an 715, un calife envoya des ambassadeurs. Au Xe siècle, Maçoudi, fit une description des principales régions du globe, dans un ouvrage auquel il donna le titre singulier de Prairies d'or et mines de pierres précieuses. Vers le milieu du XIIe siècle, le chérif Al-Edrisi, qui habitait la Sicile, composa ses Récréations géographiques. Cet ouvrage. avait pour objet l'explication d'un globe en argent, pesant 800 marcs, que Roger, roi de Sicile, avait fait construire pour représenter la Terre. Au XIIIe siècle, Qazwini, que nous aurons bientôt l'occasion de citer comme naturaliste, ne pouvait évidemment composer son grand ouvrage sur la Description de l'univers et l'histoire de ses habitants sans faire, en même temps, un véritable traité de géographie. Dans le même siècle, Abdalla-Tif écrivit sa Relation de l'Égypte, ouvrage dans lequel on trouve une foule de remarques exactes et curieuses sur les productions de l'Égypte. Au XIVe siècle, un prince syrien, Abulféda, homme très savant, écrivit sur les diverses parties des connaissances humaines. Les plus célèbres de ses ouvrages sont une Histoire du genre humain, depuis la création supposée du monde jusqu'au XIVe siècle de notre ère, et une géographie ayant pour titre : Livre de la vraie situation des pays. L'auteur commence son livre par un exposé du système géographique des Orientaux. Il traite ensuite de la description topographique et statistique des contrées et des villes. Il donne la longitude et la latitude des lieux principaux, etc. Dans le même siècle, Ibn-Batouta, voyageur célèbre, part de Tanger, lieu de sa naissance, et parcourt successivement l'Égypte, la Syrie, l'Arabie, la Tartarie, la Perse, l'Inde et la Chine. De retour en Afrique, il traversa l'Atlas et arriva à Tombouctou, ville longtemps cherchée par les modernes, et retrouvée au XIXe siècle par Caillié. Chimie. Ce sont les Arabes qui ont les premiers écrit des traités, des mémoires scientifiques sur les composés chimiques. C'est donc aux Arabes qu'il faut rapporter historiquement l'origine de cette science. L'alchimie et la chimie se confondaient dans ces premiers temps, dans ces premières tentatives faites pour rechercher la nature intime des corps. Geber est le premier auteur qui ait laissé des écrits sur l'alchimie ou sur la chimie; on peut donc regarder historiquement, les Arabes comme les créateurs de cette science. Sciences de la vieBotanique.En botanique, les Arabes ont largement puisé dans Théophraste et Dioscoride. Ils ont pourtant ajouté deux mille espèce de plantes à celles que Dioscoride avait décrites. On doit aux Arabes l'usage de la rhubarbe, de la poudre de tamarin, du cassia, de la manne, des feuilles de séné, du mirobolan et du camphre. Comme ils préféraient beaucoup le sucre au miel, en usage chez les anciens, ils composaient avec cette substance des sirops, des juleps, des électuaires, etc. La pharmacie était en grand honneur chez les Arabes. Le gouvernement en surveillait l'exercice avec un grand soin. C'est encore aux Arabes que nous devons la connaissance des aromates. La botanique, comme on le voit, était étudiée chez eux au point de vue de ses applications à la médecine et à l'agriculture. On doit aux Arabes la connaissance de plusieurs plantes de la Perse, de l'Inde et de la Chine, qui étaient absolument inconnues aux anciens naturalistes grecs et latins. Parmi les plus savants botanistes arabes, on cite particulièrement Alfarabi, sous lequel Avicenne avait complété ses études. Alfarabi écrivit sur diverses parties des connaissances humaines, et on a de lui, sur la botanique, un ouvrage manuscrit. Dans cet ouvrage, l'auteur semble dire que les plantes respirent par l'écorce et par les feuilles. Avicenne, Averroès, Sérapion, Mesué, El-Biruni, Abulcasis, etc., cultivèrent la botanique avec quelque succès. Mais, de tous les botanistes arabes, celui qu'on regarda comme le plus savant et le plus profond, c'est Ben-Beithar. Ce Ben-Beithar, Africain d'origine, regardé, au XIIIe siècle, comme le plus profond et le plus savant botaniste, avait beaucoup voyagé en Asie et en Afrique. Au Caire, le sultan Saladin l'avait comblé de faveurs. Il jouissait d'ailleurs d'une immense réputation. Pour marquer le degré éminent auquel il s'était élevé dans la connaissance des plantes, on lui avait donné la qualification d'Aschab, c'est-à-dire l'herboriste, le botaniste par excellence. Ben-Beithar composa une Histoire générale des végétaux rangés alphabétiquement. Dans cet ouvrage, il traite avec détail de quelques espèces dont Pline et Dioscoride n'ont pas parlé, et il suit une méthode différente de celles qui étaient alors en usage. Il traite aussi, dans un autre ouvrage, des propriétés médicinales des plantes et des animaux. Sérapion, né à Damas, était médecin. On le compte au nombre des naturalistes, parce qu'une grande partie de ses oeuvres est consacrée à la description des végétaux. Il vivait au Xe siècle. Il composa, sur les sciences médicales, un ouvrage d'une remarquable érudition dans lequel on trouve un résumé de tout ce que les Grecs et les Arabes avaient écrit avant lui sur cette matière. Médecine. Mentionnons aussi un savant, dont le nom a brillé dans les fastes de la science arabe. Nous voulons parler de Kazwyny. Qazwini, dont le véritable nom est Zacharia ben-Mohammed-ben-Mahmud Abou Yahya Qazwini, compilateur célèbre, était né à Qazwin, ou Casbin, en Perse. Il vivait au XIIIe siècle. On a de lui un ouvrage intitulé : Description de l'univers et de ses habitants. Qazwini écrivit sur l'astronomie, sur la géographie, sur l'histoire naturelle. Il ne se proposait rien moins que d'embrasser l'ensemble des connaissances. Pour effleurer seulement les diverses branches des connaissances humaine, au point où elles étaient parvenues de son temps, il avait eu à lire, compulser, extraire des milliers de volumes, et, à recueillir une quantité innombrable de faits. Il se livra à ce travail immense de lecture, imitant en cela Pline, le naturaliste romain, ce qui le fit surnommer le Pline des Orientaux. Dans son traité des Merveilles des créatures, il traite d'abord de l'astronomie, et reproduit les Chronologica et astronomica elementa du Persan Alfragan. Dans la section suivante, il décrit les trois règnes de la nature. Ou trouve dans cet ouvrage des notions et des faits sur les animaux, sur les plantes et sur les minéraux, qui confirment la haute estime dont a joui Qazwini dans le monde savant. Dans un chapitre, il traite des divers phénomènes atmosphériques, des météores, des aérolithes, des pluies de crapauds ou de grenouilles, etc. Un genre d'utilité qu'on ne saurait contester à ses oeuvres, c'est d'avoir inspiré, dans une certaine mesure, le goût de l'étude à plusieurs générations. Géologie. Voici une allégorie ingénieuse tirée de l'ouvrage de Qazwini : " Un jour, dit Rhidhz (un djinn), je passais par une ville fort ancienne. - Savez-vous dans quel temps fut fondée cette ville! demandai-je à un de ses habitants. - Oh! nous ne savons depuis quand elle existe, et nos ancêtres l'ont ignoré comme nous.On ne peut douter, d'après cela, que les Arabes n'aient-eu quelque idée des changements qui se sont effectués, et qui s'efectuent perpétuellement à la surface ou dans le sein du globe terrestre. L'un des naturalistes arabes les plus célèbres fut El-Demiri, qui vivait au XIVe siècle. Son véritable nom était Kemaledin-Abulbaca-Mohammed-ben-Issa. Dans son histoire des animaux, ouvrage qui fut traduit en plusieurs langues de l'Asie, il a décrit plus de neuf cents espèces animales. On trouve dans son livre diverses notions qui ne sont pas sans intérêt. Un médecin de Bagdad, Abdalla-Tif, se distingua, au XIIIe siècle, par l'exactitude avec laquelle il décrivit les animaux et les plantes de l'Egypte. Il eut la gloire de rectifier, dans l'ostéologie humaine, quelques erreurs de Galien. Arrêtés par le Coran, qui enseigne aux vrais croyants qu'ils seront jugés après leur mort, et que, pendant leur jugement, ils devront se tenir debout en présence de leurs juges, les Arabes ne purent se livrer à l'étude de l'anatomie humaine. Disséquer un cadavre eût été un horrible sacrilège. Ils ne purent observer que les corps humains mutilés qui leur étaient offerts par le hasard. C'est ainsi qui Abdalla-Tif, ayant trouvé un squelette rejeté de son sépulcre par un éboulement, fut mis à même de corriger, comme nous venons de le dire, quelques erreurs de Galien. Les médecins arabes, en général, se bornèrent à copier l'anatomie de l'homme dans les Grecs et dans les Latins. Ne pouvant disséquer des animaux sans enfreindre les lois de l'islam, ils se livrèrent à l'étude de l'anatomie et de la physiologie animales. On attribue à Mesué un traité d'anatomie comparée; et à El -Kindi, qui composa, dit-on, plus de deux cents ouvrages, un traité de physiologie humaine. Un autre savant, Thabit-ben-Korrah, originaire de la Mésopotamie, composa un ouvrage sur l'anatomie des oiseaux. Il écrivit aussi sur l'astronomie. El-Madchriti, de Madrid, composa un ouvrage sur la génération des animaux. (L. Figuier). |
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