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L'origine
du nom d'Afrique
est assez obscure. Il apparaît sous les Romains, qui l'ont probablement
emprunté aux occupants antérieurs du sol. II proviendrait soit d'une
racine phénicienne (faraqa) exprimant l'idée de séparation, de
colonie, soit du mot frigi, pharikia, signifiant pays des
fruits;
ce pourrait aussi être tout simplement le nom de la tribu berbère
des Aouraghen. Quoi qu'il en soit de ces étymologies très hypothétiques,
le nom d'Afrique (Africa) fut appliqué d'abord par les Romains
à l'ancien territoire carthaginois, la pointe Nord-Est de la région de
l'Atlas, conquis par eux. Peu à peu le nom de la province s'étendit,
jusqu'à désigner enfin l'ensemble du continent. Il remplaça le nom grec
de Libye.
Pendant l'Antiquité et au Moyen
âge, l'Afrique reste largement méconnue, bien que des liens commerciaux
existent entre le monde méditerranéen et le continent. La Renaissance
et l'époque des grandes navigations insèrent enfin l'Afrique dans la
cosmovision européenne, bien qu'on n'en connaisse encore que les côtes.
Le partage du monde qui a alors lieu entre Espagnols (Castillans) et Portugais
(traité de Tordesillas, 1494) attribue
aux premiers une grande partie de l'Amérique, et aux seconds (en plus
du Brésil) la partie orientale des terres à découvrir. Ce sont donc
eux que l'on retrouve à l'origine des premières découvertes en Afrique.
Mais très vite, toutes les principales
puissances européennes - France, Hollande, Angleterre, Allemagne
- commencent à lorgner sur le continent. Elles établieront elles aussi
le long des côtes de nombreux points d'appui à ce qui un peu plus tard
deviendra leur appropriation du continent. Mais auparavant, la voie sera
ouvertes par une foule d'explorateurs - précurseurs
volontaires ou pas de l'entreprise coloniale qui se prépare : Mungo
Park, René Caillié, Richard
Burton, John Speke, David
Livingstone, Henry Stanley, Savorgnan
de Brazza, etc. Leurs noms sont entrés dans les livres d'histoire.
L'âge des grandes explorations se terminera à la fin du XIXe
siècle, et coïncide en gros avec la
Conférence de Berlin, en 1885,
qui consacre le dépeçage de l'Afrique par les Européens.
Dates
clés :
1486
- Bartolomeo Diaz atteint le Cap de Bonne Espérance.
ca.
1800 - Mungo Park explore le Niger.
1865-1870
- Grandidier explore Madagascar.
1858
- John Speke atteint le lac Victoria.
1880
- Savorgnan de Brazza fonde Brazzaville au Congo.
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La
découverte des côtes et des îles
L'Antiquité
seulement connu à peu près de l'Afrique sa frange septentrionale. Les
Égyptiens connaissaient la Nubie
et sans doute quelques ports le long de la Corne de l'Afrique; les Phéniciens
et les Carthaginois semblent, de leur côté, avoir navigué très loin
le long des côtes africaines (Périple
de Hannon) et une expédition a peut-être fait le tour
du continent. Au Moyen âge, l'Afrique,
déjà en partie islamisée, et parcourue par un vaste réseau de routes
commerciales, entretient des rapports aussi bien avec l'Europe (certains
produits transitent ainsi depuis les côtes méridionales de l'Océan indien)
qu'avec l'Orient (Inde et Chine). Mais cette insertion de l'Afrique dans
l'économie mondiale, telle qu'elle s'entend à l'époque ne rend pas le
continent moins mystérieux et lointain aux yeux des Européens. Ce
n'est qu'Ã la Renaissance, avec les
découvertes maritimes du XVIe
siècle, que les connaissances positives
sur ce vaste continent ont commencé à s'accroître.
Diego
Cam dépasse l'équateur en 1484,
Bartolomeo Diaz découvre deux ans plus tard le
cap de Bonne-Espérance, que Vasco Gama double en
1498.
Après l'installation des Portugais au Brésil, l'Afrique sera pour eux,
comme pour les autres Européens installés en Amérique, un réservoir
d'esclaves (traite négrière). De là les premières (mais non les seules
par la suite) raisons d'implantations le long des côtes. Les Français
s'établirent ainsi sur la côte occidentale, au XVIIe
siècle; les Hollandais au Cap, en 1650;
les Anglais en Guinée, un siècle plus tard. LAfrique est aussi une étape
sur la route des Indes, tout comme le sont les îles de l'Océan Indien
qu'on peut lui rattacher, Madagascar,
les Comores, les Seychelles,
les Mascareignes (Réunion, Maurice
et Rodrigues). Les Portugais seront encore
les précurseurs des découvertes dans ces mers, dès le début du XVIe
siècle. Mais après la géographie
(et la cartographie) de ce vaste espace restera encore largement à faire.
On devra attendre le milieu de XVIIIe
siècle, pour que sous l'impulsion de
La Bourdonnais, plusieurs expéditions
se lancent dans cette entreprise et en viennent à bout.
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Carte
d'Afrique de 1711 (J.B. Homann).
L'exploration
de l'intérieur des Terres
Une fois que l'on
eût reconnu le côtes de l'Afrique, on tarda à se préoccuper de visiter
l'intérieur. Il paraissait difficile d'accès, et fut longtemps jugé
peu intéressant du point de vue économique (bien qu'on en fisse venir
de l'ivoire et des métaux précieux). De plus, les Indes orientales et
occidentales absorbaient toute l'attention. Seuls les Portugais établis
au Sud du Congo et sur la côte de Mozambique pénétrèrent très loin;
ils savaient, par exemple, que le Congo sort de deux lacs. Ils connaissaient
et ont fait inscrire sur les cartes le royaume du Makoko et le lac Nyassa
(lac des Malawi), mais ne communiquèrent à personne leurs observations.
Aussi furent-elles traitées de fabuleuses à partir du XVIIesiècle.
Cet intérieur ne fut véritablement été ouvert à la curiosité
occidentale qu'Ã partir de la fin du XVIIIe
siècle, avec des voyageurs tels que James
Bruce, qui visita les sources du Nil bleu, en 1772,
ou Mungo Park, mort au Niger en 1806.
A partir de là ,
tout une litanie de voyageurs et d'explorateurs, Ã la fois auxiliaires
de l'entreprise de colonisation qui l'on envisage désormais, et bénéficiaires
de la curiosité qu'elle engendre, va se succéder sur le continent. Citons,
Lander, qui descendit le Niger, jusqu'Ã Noun
en 1830; Caillié, le premier Européen qui revint
vivant de Tombouctou et qui traversât
le Sahara;
d'Abbadie, Compagnon,
Raffenel, Tamisier
et Combes, Rochet d'Héricourt, La Renaudière, Denham,
Clapperton, Barth,
Vogel, Overweg; Livingstone,
qui parvint à traverser l'Afrique méridionale, d'une mer à l'autre,
et auquel on doit la découverte des lacs Ngami et N'yassa,
des cataractes Victoria, sur le Zambèze,
et du système Loualaba; Burton, qui trouva le
lac Tanganyika;
Speke, qui vit le lac Victoria; Baker,
qui découvrit le lac Albert; Petherick, Du Chaillu,
Heuglin, Nachtigal,
Rohlfs et Schweinfurth;
Stanley et Cameron,
les successeurs de Livingstone; Marche, Brazza
et le malheureux colonel Flatters, qui fut assassiné,
ainsi que la caravane qu'il commandait, pendant qu'il explorait le grand
désert, au point de vue de l'établissement d'un chemin de fer trans-saharien
(1881).
Ceux-là et beaucoup
d'autres, idéalistes sincères ou opportunistes assoiffés de gloire,
toujours animés d'un courage et d'une énergie incroyables, vont préciser,
en quelques décennies l'essentiel de la géographie africaine. Le centre
du questionnement géographique au cours de cette période est hydrographique
et se déploie sur deux axes : d'une part, il s'agit de déterminer le
cours du Nil et d'en découvrir la source, et d'autre part de préciser
le cours du Congo (Zaïre) et d'établir son lien éventuel avec le système
des Grands Lacs. Si l'on excepte la détermination précise des sources
du Congo et du cours de ses grands affluents; l'exploration du pays au
Sud et à l'Ouest du lac Mvoutan Nzigué et en général des territoires
compris entre 40° et 20° de longitude Est et 7° ou 8° de latitude Nord,
et certaines parties du Maroc, ce programme sera rempli pour l'essentiel
quand commence le XXe
siècle.
Les
voyages au Maroc
Le Maroc constitue
un cas à part dans l'histoire des explorations de l'Afrique par les Européens.
Moins de quinze kilomètres séparent, au détroit de Gibraltar, ce pays
de l'Espagne, et pourtant, les voyages sont longtemps restés très difficiles
au Maroc, au point que jusqu'au début du XXe
siècle, nul pays, même le plus fermé
et le plus fanatique, ne peut, sous ce rapport, lui être comparé; alors
même que des explorateurs tels que Livingstone
ou Stanley se sont déjà enfoncés au coeur
de l'Afrique, le Maroc, aux portes de l'Europe n'a jamais été parcouru
entièrement par des Occidentaux. A partir de la seconde moitié du XIXe
siècle, les voyages vont y devenir plus
nombreux; la géographie se précise au fil des itinéraires, des cartes
sont étables, mais les cinq sixièmes du Maroc restent entièrement fermés
aux chrétiens; ils ne peuvent y entrer que par la ruse et au péril de
leur vie. Cette intolérance extrême n'est pas uniquement provoquée par
le fanatisme religieux; elle a sa source dans la crainte - dont l'histoire
montrera qu'elle est justifiée - de voir le pays parcouru par des émissaires
préparant ainsi la conquête future. Aussi, au tournant du siècle, les
deux tiers de la région marocaine demeurent-ils inexplorés.
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León
Arsenal, Rome
à la conquète du Nil : L'expédition de Néron au coeur de l'Afrique,
J'ai lu, 2010.
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après Jésus-Christ. L'empereur Néron envoie
son tribun Claudius Emilianus en Egypte
afin de découvrir les sources du Nil et le royaume
de Méroé. Le convoi forme un fascinant creuset
où se côtoient Nubiens, Grecs,
Romains, Egyptiens,
mais aussi des esclaves, des mercenaires et des commerçants. Une prêtresse
nubienne, Senseneb, leur sert de guide et n'hésite pas à utiliser son
pouvoir de séduction sur les tribuns, ce qui sème le désordre dans les
rangs... En proie aux maladies, Ã une chaleur suffocante et aux attaques
tribales, les légions romaines parviendront-elles aux sources du Nil?
(couv.).
Jan
Czekanowski (préf. : Georges Balandier), Carnets
de route au coeur de l'Afrique, des sources du Nil au Congo,
Noir sur Blanc, 2006.
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L'expédition
"Mecklembourg" fut l'une des toutes premières missions menées par des
scientifiques, et non plus, comme c'était souvent le cas, par des militaires,
missionnaires ou administrateurs. Les Carnets de route entre le Congo
et le Nil débutent en décembre 1907 au Rwanda, et se terminent fin
mars 1908 au Congo. Au coeur du continent noir les frontières des empires
coloniaux restent floues, mais les Africains sont déjà tous confrontés
à la présence des étrangers dont la logique et les motivations leur
échappent. Czekanowski assiste à la rencontre de ces deux mondes qui
s'ignorent. Du côté africain : rois, chefs de villages, paysans, commerçants,
soldats et leurs femmes; du côté européen : fonctionnaires, militaires,
employés de grandes compagnies ; et entre les deux : les missionnaires
qui cherchent à percer "les secrets de l'âme noire". Czekanowski observe
la réalité qui lui paraît très éloignée des idées humanitaires prônées
en Europe. Sans en avoir la formation, c'est en sociologue que le jeune
chercheur observe et écoute les hommes et les femmes qu'il rencontre sur
sa route. (couv.). |
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