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Alkindi (Al-Kindi)

Abou Yakoub ben Ishaq ibn-Assabah Alkendi, Alkindi, Alchindius (de la tribu de Kindah ou Kenda, d'où son nom d'al-Kindi), dit le Philosophe par excellence, est un médecin, astronome  et philosophe arabe du IXe siècle, mort vers 860, vécut à la cour d'Al-Mamoun et de Motassem. Versé dans la connaissance de la langue grecque, il sut tirer habilement parti des travaux des écoles d'Alexandrie et d'Athènes. Il traduisit en arabe une foule d'ouvrages grecs et y joignit de savants commentaires. Il fut un des premiers à étudier et à commenter Aristote, mais il prétendit allier la magie à la philosophie. On lui doit notamment une Exhortation à l'étude de la philosophie; un traité de la Philosophie intérieure; des Questions logiques et métaphysiques.

Il comptait parmi ses ancêtres des princes de plusieurs contrées de l'Arabie; aucun des auteurs arabes que nous sommes à même de consulter n'indique l'année de sa naissance ni celle de sa mort; nous savons seulement qu'il florissait au IXe siècle; son père, Ishàk ben-al-Sabbâh, fut gouverneur de Coufa sous les califes al-Mahdi, al-Hadi et Haroun al-Raschîd

Alkindi, qui avait fait ses études à Bassorah et à Bagdad, se rendit célèbre sous les califes Al-Mamoun et al-Motasem (813 à 842) par un nombre prodigieux d'ouvrages sur la philosophie, la logique, l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie - il rapporte notamment une observation du passage de Vénus sur le disque du Soleil, en l'an 839 de notre ère -, la médecine, la politique, la musique, etc. Il possédait, dit-on, les sciences des Grecs, des Perses et des Indiens, et il fut un de ceux qu'al-Mamoun chargea de la traduction des oeuvres d'Aristote et d'autres auteurs grecs, ce qui fait supposer qu'il était versé dans le grec ou dans le syriaque. 

Cardan (de Subtilitate, lib. XVI) le place parmi les douze génies de premier ordre qui, selon lui, avaient paru dans le monde jusqu'au XVIe siècle. Des jaloux et des fanatiques suscitèrent des persécutions à Alkindi : on raconte que le calife al-Motawackel fit confisquer sa bibliothèque, mais qu'elle lui fut rendue peu de temps avant la mort du calife, ce qui prouve qu'Alkindi vivait encore en 861. Al-Kifti et Ibn-Abi-Océibia lui attribuent environ deux cents ouvrages.

Il ne nous reste maintenant d'Alkindi que quelques traités de médecine et d'astrologie. On cite ainsi : un traité sur la Composition des médicaments, et une Théorie des arts magiques, qui est le plus curieux de ses ouvrages. Ses traités philosophiques, ainsi que ses commentaires sur Aristote, probablement les premiers qui aient été faits chez les Arabes, sont très rarement cités par les philosophes arabes dont nous connaissons les ouvrages. On peut conclure de là qu'Alkindi ne s'était pas fait remarquer par des doctrines qui lui fussent particulières. Ibn-Djoldjol, médecin arabe espagnol qui vivait au Xe siècle et qui est postérieur à Farabi, dit, dans un passage cité par Ibn-Abi-Océibia, qu'aucun philosophe musulman n'avait suivi les traces d'Aristote aussi exactement qu'Alkindi. 

Dans la longue liste des ouvrages de notre philosophe, il y en a un qui nous paraît mériter ici une mention particulière, c'est celui où il tâchait de prouver " que l'on ne peut comprendre la philosophie sans la connaissance des mathématiques".  Dans un autre écrit traitant de l'unité de Dieu, il professait sans doute des opinions qui s'accordaient peu avec l'orthodoxie musulmane, car Abdallatif, médecin arabe du XIIe siècle qui se montre fort attaché aux croyances de l'islam, dit avoir écrit un traité sur l'essence de Dieu et sur ses attributs essentiels, et il ajoute que son but, en traitant ce sujet, était de réfuter les doctrines d'Alkindi.

Outre ses commentaires sur diverses parties de l'Organon d'Aristote, Alkindi composa un grand nombre d'ouvrages philosophiques qui devaient répandre parmi les Arabes la connaissance de la philosophie péripatéticienne, mais que les travaux plus importants de Farabi firent tomber dans l'oubli. Nous y remarquons des traités sur le but que se proposait Aristote dans ses catégories, sur l'ordre des livres d'Aristote, sur la nature de l'infini, sur la nature de l'intellect; sur l'âme, substance simple et impérissable, etc. Il serait inutile de nous étendre davantage sur des écrits dont nous ne connaissons que les titres qu'il n'est pas même possible de rendre toujours avec l'exactitude désirable. (S. M. / F. H.).

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