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Les Hellébores
Les Hellébores (Helleborus Tourn.) forment un genre de Renonculacées. Ce sont des herbes vivaces, souvent pourvues d'un rhizome très développé, à feuilles alternes, plus ou moins profondément découpées, à fleurs solitaires ou groupées en cymes pauciflores à l'extrémité des rameaux supérieurs; chaque fleur a un périanthe simple à cinq ou six folioles herbacées ou colorées, des staminodes en nombre variable et de nombreuses étamines à insertion spirale. Le gynécée est formé d'un nombre variable de carpelles libres qui deviennent, à la maturité, des follicules renfermant de nombreuses graines albuminées.

Les HellĂ©bores sont rĂ©pandus dans les rĂ©gions tempĂ©rĂ©es de l'Europe, de l'Asie occidentale et de l'AmĂ©rique borĂ©ale. Parmi la quinzaine d'espèces connues, il convient de mentionner surtout l'Helleborus foetidus L., H. viridis L:, l'H. niger L. et l'H. orientalis L. 

L'Helleborus foetidus (Hellebore fĂ©tide) se rencontre communĂ©ment en Europe, dans les lieux pierreux et les endroits dĂ©couverts des bois. On l'appelle vulgairement Pied de griffon, Pied de lion, Patte d'ours, Herbe aux boeufs, etc. C'est une plante Ă  odeur vireuse, dont le rhizome Ă©pais donne naissance Ă  des tiges robustes, dressĂ©es; couvertes de feuilles coriaces d'un vert foncĂ©, Ă  segments lancĂ©olĂ©s Ă©troits et denticules sur les bords. Les branches portent des bractĂ©es ovales entières, d'un vert pâle. Les fleurs, penchĂ©es, ont le pĂ©rianthe verdâtre et plus ou moins bordĂ© de pourpre. 

Hellébore fétide.
Rameau d'Hellébore fétide.

L'Helleborus viridis ou Herbe à sétons se reconnaît à ses feuilles très longuement pétiolées, à segments oblongs, lancéolés et à son périanthe étalé, d'un vert pâle. C'est une espèce des Alpes, du Dauphiné, de l'Auvergne, de l'Alsace et de la Normandie.

L'Helleborus niger L., que l'on rencontre dans la plupart des pays de l'Europe, est une herbe peu Ă©levĂ©e dont les feuilles sont longuement pĂ©tiolĂ©es et ordinairement Ă  sept divisions. Ses fleurs, solitaires ou au nombre de deux ou trois au sommet d'une hampe nue, ont un grand calice blanc, rosĂ© ou lĂ©gèrement teintĂ© de vert. On la cultive très frĂ©quemment dans les jardins sous le nom de Rose de NoĂ«l Ă  cause de l'Ă©poque de sa floraison. 

Hellébore noire.
Rameau d'Hellébore noire.

Quant à l'Helleborus orientalis L., c'est une espèce assez voisine de la précédente, mais dont les feuilles se développent en même temps que les fleurs; celles-ci ont le calice verdâtre et teinté d'un blanc légèrement pourpré. On la cultive dans les jardins comme ornementale. (Ed. Lef).

L'HellĂ©bore dans l'histoire de la mĂ©decine. 
La plus grande confusion a longtemps rĂ©gnĂ© sur la matière mĂ©dicale et la thĂ©rapeutique de cette plante, le mĂŞme nom servant Ă  dĂ©signer les divers Helleborus (RenonculacĂ©es) et le Veratriun Album (ColchicacĂ©es), hellĂ©bore blanc ou faux hellĂ©bore, dont les propriĂ©tĂ©s sont très diffĂ©rentes : Bouchardat  et Fonssagrives, au XIXe siècle, sont tombĂ©s dans cette confusion aussi bien que les mĂ©decins du temps d'Hippocrate. Il en rĂ©sulte, dans les descriptions des auteurs, les conclusions les plus contradictoires sur lesquelles PĂ©cholier a longuement insistĂ© lorsqu'il a essayĂ© par des expĂ©riences bien prĂ©cises, faites avec des produits sĂ»rement dĂ©terminĂ©s, de dĂ©brouiller le mystère. Pour lui, l'hellĂ©bore n'Ă©tait pas un Ă©mĂ©to-cathartique ni un diurĂ©tique aussi puissant qu'on l'avait dit : c'est au Veratrum que s'appliquent ces qualifications : l'hellĂ©bore noir (H. niger) n'est qu'un excitant de la circulation et de la respiration, mais surtout un dangereux toxique qui peut tuer d'une façon foudroyante au bout de quelques minutes, sans symptĂ´mes gĂ©nĂ©raux bien accusĂ©s. Aussi le rejetterait-il complètement de l'usage thĂ©rapeutique.

L'emploi des glucosides découverts dans le rhizome d'hellébore, par Marmé et par Huseman, l'helléborine et l'helléboréine, a permis un examen plus précis des symptômes, surtout avec l'emploi des injections hypodermiques. L'helléboréine, en particulier, est un drastique puissant, à action locale irritante et dangereuse; mais, injectée sous la peau à faible dose, elle ralentit les mouvements du coeur, pour les élever à forte dose, en même temps que la tension artérielle augmente elle se comporte, en somme, comme la digitaline : à dose toxique il y a de la congestion viscérale (poumons, reins, utérus), de la parésie, du tremblement, puis des convulsions. L'helléboréine de l'H. viridis est, paraît-il, beaucoup plus active que celle qu'on retire de l'H. niger. L'helléborine possède une action drastique et irritante aussi énergique, mais elle porte son action moins sur le coeur que sur les centres nerveux, qu'elle congestionne en provoquant de la stupeur, de la parésie et même la narcose.

Venturini et Gasparini ont observé avec l'helléborine et l'helléboréine la même action anesthésiante locale que pour la cocaïne, et les ont employées avec succès, paraît-il, à l'insensibilisation de la conjonctive et à l'anesthésie locale de la peau au moyen de piqûres hypodermiques superficielles. Cette dernière application s'est révélée dangereuse.

Hellébore.
Rhizome d'Hellébore.

Quant à l'action jadis célèbre de l'hellébore sur la folie, elle est, point n'est besoin de le dire, absolument controuvée, bien que Pinel ait encore cru devoir conserver quelque respect pour la tradition hippocratique : il suffit d'ailleurs de lire la description de Pécholier sur l'helléborisme et ses pratiques, pour voir de quel bizarre ensemble de médication faisait partie l'hellébore, quand on traitait les malades mentaux; d'ailleurs, ce n'était pas seulement la folie, mais toutes les maladies incurables que les médecins de l'Antiquité soumettaient à l'hellébore, y compris la fièvre quarte, la gravelle, l'épilepsie, voire les luxations invétérées et les fractures menacées de gangrène : le malade était soumis à une série d'indigestions systématiques, à des vomitifs, à des lavements, des saignées, des exercices gymnastiques violents; l'hellébore couronnait l'ensemble et très souvent tuait le malade, à telles enseignes qu'il était d'usage de faire préalablement son testament : c'était une sorte de jugement de Dieu appliqué à la thérapeutique, et de fait les heureux qui sortaient vivants de cette épreuve ne devaient leur salut qu'à l'emploi du faux hellébore, moins toxique que le vrai et confondu toujours avec lui. Rien ne peut faire comprendre sur quoi les Anciens s'étaient basés pour supposer que la folie était en quelque façon justiciable de l'hellébore. Il est vrai qu'il fallait aller le cueillir à Anticyre, et que le paysage y est si beau, selon la remarque de Tournefort, que "le voyage à lui seul pouvait influencer les mélancoliques". (Dr R. Blondel).

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