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Ce groupe, d'introduction
récente, réunit dans un ordre unique les Cétacés
et les Artiodactyles. Il répond à la découverte
de la parenté entre les Cétacées et les Hippopotames,
classiquement considérés comme des Artidodactyles. Une page
du site est consacrée aux Cétacés;
on ne détaillera donc ici que ce qui concerne les Artiodactyles
traditionnels, qui sont des Mammifères
à sabots, dont les doigts ou sabots
sont en nombre pair (en grec artios = pair et dactylos =
doigt), par opposition au groupe des Périssodactyles,
qui comprend tous ceux dont les doigts sont en nombre impair.
Les Artiodactyles.
Les Artiodactyles sont représentés
par les Ruminants, le Tylopoïdés
(Camélidés), les Suiformes
(Porcins et Tayassuidés) et les Hippopotamidés, dont l'histoire
paléontologique prouve l'origine commune. Le groupe d'Ongulés
primitifs dont ils proviennent, à cinq doigts, avait donné
naissance aux deux types divergents ou parallèles des Périssodactyles
et des Cetartiodactyles. Ces derniers ont dû être plus précoces
que les Ongulés à trois doigts, car la réduction de
la main et du pied à
quatre doigts, par l'atrophie du pouce, est
beaucoup plus simple, comme on le conçoit facilement; cette réduction
s'observe déjà chez beaucoup de Mammifères onguiculés.
Les Artiodactyles sont aussi représentés, de nos jours, par
un beaucoup plus grand nombre de types, tandis que trois genres seulement
(Rhinocéros, Tapir et Cheval), ont
survécu dans la série des Périssodactyles. La plupart
des Ongulés, appelés à vivre sur un sol marécageux
(Porcins), ont conservé le pied tétradactyle qui leur offre
une base plus large; le pied didactyle, ou à pince, qui est une
réduction du précédent, convient encore très
bien à cous qui vivent sur les montagnes et les rochers (Chèvres,
Mouflons, Chamois, etc.); le pied monodactyle du Cheval, au contraire,
ne convient qu'à un animal vivant sur un terrain sec et dans des
plaines découvertes.
Les Artiodactyles ou Bisulques (pieds fourchus)
diffèrent des Périssodactyles par les caractères suivants
: Fémur dépourvu du troisième
trochanter; astragale
en forme d'osselet; doigts au nombre de
quatre ou de deux (très rarement de trois), les deux principaux
(3e et 4e)
plus forts, égaux, placés en avant et accolés l'un
à l'autre avec leurs sabots en forme de pince; les deux autres doigts
(2e et 5e)
placés derrière les précédents et terminés
par des sabots, plus ou moins atrophiés, qui souvent ne touchent
pas le sol. Ces caractères contiennent implicitement la clef de
la réduction du pied à deux doigts, telle qu'on l'observe
chez les Ruminants modernes (le boeuf, par exemple), qui vivent sur un
terrain sec et résistant : les deux doigts latéraux (2e
et 3e), qui occupent encore cette place
chez l'Hippopotame amphibie, deviennent postérieurs chez le Porc,
où ils touchent le sol sur un terrain fangeux, puis s'atrophient,
perdent leurs sabots et se trouvent réduits à de simples
stylets chez les Ruminants à cornes. En même temps, les deux
métacarpiens et métatarsiens
médians ou antérieurs (3e
et 4e) se soudent à chaque pied
en un seul os, appelé canon, qui donne aux
membres une aptitude beaucoup plus grande pour une course rapide. Ce canon
diffère de celui du Cheval en ce que l'os appelé ainsi chez
ce dernier est un os impair, unique, tandis que le canon des Antilopes
et des Cervidés est formé de deux
os soudés sur la ligne médiane. Il existe encore, dans la
nature actuelle, une espèce de Ruminants, I'Hyaemoschus aquaticus,
voisin des Chevrotains, qui présente ces deux os séparés
comme chez les Porcs, et cette organisation est en rapport avec des habitudes
aquatiques.
Chez le foetus
du Boeuf on trouve également ces deux os séparés,
tandis qu'ils sont soudés chez l'adulte. En même temps que
le pied se simplifiait, le système dentaire subissait une transformation
correspondante: les premiers Artiodactyles avaient des dents
à tubercules (type Bunodonte), comme
sont encore celles des Cochons, en rapport avec un régime omnivore.
Et, en rapport avec une nourriture de plus en plus exclusivement végétale,
les tubercules se sont peu à peu aplatis et étalés,
et leurs intervalles se sont encroûtés de cément, de
manière à présenter, chez les herbivores
ruminants de l'époque actuelle, le type Sélénodonte
(dents à replis en forme de croissant). Cette forme en croissant
correspond au mouvement de latéralité des mâchoires,
que nécessite le broiement d'aliments herbacés
et qui s'observe surtout pendant la rumination. La disparition des incisives
supérieures, en rapport avec une nourriture presque exclusivement
composée d'herbe, que les incisives
inférieures suffisent à arracher, est le dernier degré
de cette transformation.
Le genre Pantolestes, de l'Eocène
inférieur de l'Amérique du Nord,
serait le type artiodactyle le plus ancien que l'on connaisse. Le genre
Dichobune, de l'Eocène supérieur d'Europe, s'en rapprochait
beaucoup : tous deux étaient bunodontes. Dans les genres Anthracothére
et surtout Hyopotamus, on voit bien le passage des dents bunodontes aux
dents sélénodontes. Le genre Gelocus, du Miocène inférieur
d'Europe, considéré comme le type primitif des Ruminants
à cornes creuses, diffère à peine des Tragulidés
miocènes (Hyaemoschus), et les Cerfs (Cervidés)
à bois caducs forment encore, à l'époque actuelle,
la transition entre les deux groupes, par l'entremise du genre Antilocapre.
(E. Trouessart). |
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