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Les
premières traces de présence humaine en Birmanie remontent au
Paléolithique. Des outils en pierre, des ossements et d'autres artefacts
ont été découverts dans diverses régions, suggérant une occupation
humaine continue. Les peuples de cette époque vivaient probablement de
la chasse, de la cueillette et de la pêche.
Vers 2500 avant notre
ère, les cultures néolithiques commencent à apparaître. Les populations
se sédentarisent, développent l'agriculture et la poterie, et commencent
à construire des habitats plus permanents. Les sites archéologiques de
cette période montrent une progression vers des sociétés plus structurées
avec des pratiques agricoles avancées.
Les premières traces
de civilisation organisée apparaissent avec la culture de Pyu, vers le
IIe siècle avant notre ère. Les Pyu étaient
des peuples de langue tibéto-birmane qui ont fondé plusieurs villes-états
dans la vallée de l'Irrawaddy, notamment Sri Ksetra, Beikthano et Halin.
Les Pyu pratiquaient le bouddhisme, comme en témoignent les inscriptions
et les artefacts retrouvés.
Ces villes-états
pyu étaient bien organisées, avec des infrastructures avancées, telles
que des systèmes d'irrigation pour l'agriculture, des murailles pour la
défense et des bâtiments religieux. La société pyu était également
en contact avec d'autres civilisations de l'époque, notamment l'Inde,
ce qui a permis l'introduction du bouddhisme et d'autres éléments culturels
indiens.
À partir du IIIe
siècle avant notre ère, la Birmanie subit une influence indienne croissante.
Le bouddhisme et l'hindouisme
se répandent, accompagnés par l'écriture, l'art et l'architecture indiens.
Les échanges commerciaux avec l'Inde et d'autres régions d'Asie du Sud-Est
contribuent à cette diffusion culturelle.
À partir du VIe
siècle de notre ère, la culture Pyu commence à décliner, et de nouvelles
puissances émergent. Les royaumes de Nanzhao (aujourd'hui dans le sud-ouest
de la Chine) commencent à exercer une influence sur la région, et les
migrations de groupes ethniques tels que les Môns et les Birmans (ou Bamas)
introduisent de nouveaux éléments culturels et linguistiques. Le pali
devint la langue sacrée du pays, et c'est l'art hindou qu'imitèrent les
architectes et les sculpteurs.
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La
ville ancienne de Bagan (Pagan) est situé près de Mandalay. Elle
abrite plus de 2000 pagodes
et
des temples. La majorité des bâtiments ont été construits entre le
XIe et le XIIIe siècles, quand
Bagan
était la capitale d'un premier empire birman. Source
: The World Factbook.
La royaume d'Ava.
Les Birmans furent un peuple militaire
et conquérant, et leur histoire, jusqu'au moment où ils entrèrent en
conflit avec les Européens, est une longue
suite de guerres et de révolutions. Il y eut d'abord dans le bassin supérieur
de l'lraouaddy de petits Etats qui se réunirent les villes de Tagoung
(au Nord-Est d'Ava) puis de Bagan (au Sud d'Ava) furent les premières
capitales du royaume birman. En 1364 fut fondée
la ville d'Ava (Innwa) qui resta la métropole jusqu'en 1783. Elle donna
son nom à l'empire, et tous les voyageurs européens des XVIe,
XVIIe et XVIIIe
siècles ont parlé de la Birmanie en l'appelant le royaume d'Ava.
Longtemps cet Etat
resta confiné dans les hautes vallées du Nord. Au XVIe
siècle seulement il s'étendit jusqu'à la mer par la conquête du Pégou .
Mais, vers 1710, les Pégouans se soulevèrent, chassèrent les envahisseurs
et pénétrèrent même dans le pays birman. Ava fut prise par eux en 1752.
Leur domination ne dura pas. En 1754, un Birman de la famille royale, Alom-Prâ,
affranchissait ses compatriotes et envahissait à son tour le Pégou. En
1756 il détruisit le port de Siriam, où étaient établis les comptoirs
des Européens, et prit Pégou en 1757.
Dans cette guerre les Birmans acquirent une réputation de courage et de
férocité qu'ils gardèrent longtemps auprès des nations européennes.
Maître de tout le pays, Alom-Prâ continua la guerre contre les Siamois
qui avaient secouru les Pégouans, et mourut en pleine victoire en 1760.
A partir de ce règne, la domination birmane s'étend sans cesse dans l'Indochine
occidentale. En 1769 le successeur d'Alom-Prâ détruit près de Bhamo
l'armée chinoise qui avait envahi la Birmanie, et les conquêtes se succèdent.
L'Arakan ,
le Tenasserim et Tavoy, deviennent provinces birmanes. Les Birmans dominent
dans le Munnipour et dans l'Assam.
L'arrivée des
Européens.
Amarapoura succède
alors à Ava comme capitale (1783-1819). Mais la Birmanie allait se heurter
dans son développement à une puissance européenne. C'est au XVe
siècle que la relation du Vénitien Nicolo di Conti fit connaître la
Birmanie à l'Europe
(1444). Mais les voyageurs du XVIe siècle
ne virent guère que le Pégou .
En somme, c'est à la fin du XVIIe siècle
seulement que le royaume d'Ava entra en relations régulières avec les
puissances européennes. Les diverses compagnies des Indes faisaient le
commerce à Siriam, et les Anglais,
qui avaient obtenu en 1687 la permission de s'établir au cap Negrais,
envoyèrent en 1695 deux de leurs commis à la cour d'Ava. Cette première
mission, et une seconde en 1709, ne leur procurèrent aucun nouvel avantage,
et la situation des Européens au Pégou sous la domination birmane, resta
précaire et mal assurée. Le soulèvement du Pégou et les révolutions
qui se succédèrent de 1740 à 1756 vinrent donner aux puissances européennes
qui se disputaient l'Inde
l'occasion d'intervenir et l'espérance de s'établir dans le pays.
Dupleix
envoya au Pégou
un agent qui fut massacré en 1756. De son côté, la Compagnie anglaise
offrait ses services au roi d'Ava. Elle lui envoya en 1755 l'agent Baker.
Alom-Prâ
permit aux Anglais d'installer un comptoir à Basséïn, mais il ne leur
fut guère favorable, car c'est sous son règne que l'établissement du
cap Negrais fut détruit et sa garnison massacrée (1759). Sous ses successeurs,
tandis que la domination anglaise s'étendait dans l'Inde ,
les Français cherchèrent à se rapprocher
des rois d'Ava. En 1770 l'agent Féraud fut envoyé de Pondichéry en Birmanie;
il ne reçut que des promesses et l'établissement qu'on avait projeté
ne fut pas formé. En 1783 le gouvernement de Louis
XVI fit une nouvelle tentative : il envoya au roi d'Ava un officier
de marine, Geslin, dont la mission n'eut pas plus de résultat, il y avait
cependant des relations amicales entre Ava et Pondichéry, et les gouverneurs
français fournissaient des armes aux Birmans, qu'inquiétaient les progrès
de l'Angleterre .
LÃ , comme dans le reste de l'Inde, en effet, l'influence britannique allait
supplanter les Français. En 1795, redoutant une invasion birmane sur le
territoire de Chittagong, la Compagnie anglaise envoya en ambassade Ã
la cour d'Ava le colonel Symes. La relation qu'il a laissée est le premier
document de valeur qu'on ait eu sur la Birmanie. Il y joignit une carte,
dressée par ses compagnons, Hood et Buchanan. On ne possédait encore
sur la Birmanie que la carte du cours de l'lraouaddy tracée par Baker,
lors de la mission de 1755-1756.
Les guerres anglo-birmanes.
A partir de 1795
les ambassades se succèdent : elles affermissent l'influence anglaise,
et en même temps font connaître le pays. Mais les relations pacifiques
ne pouvaient pas durer. A la suite de troubles à la frontière d'Arakan ,
la guerre éclata entre la Compagnie anglaise et la Birmanie en janvier
1824. Les Birmans furent vaincus malgré une résistance très sérieuse.
Par le traité de Yeudabô ils durent céder l'Arakan et le Tenasserim,
et payer 100 Iaks de roupies (1826). La Birmanie était dès lors ouverte.
Le major Crawfurd fut envoyé à Ava pour y négocier un traité de commerce
(1826-1827) et la Compagnie établit comme résident à Ava le capitaine
Burney (1829-1832). Ces missions contribuèrent à faire connaître la
contrée. La partie orientale de la Birmanie fut explorée par le voyageur
Richardson, et une série d'itinéraires furent tracés. En 1835 le capitaine
Hanuay pénétrait jusqu'à Bhamo. Le résultat de ces explorations fut
la grande carte de Pemberton publiée à Calcutta
en 1838.
Une seconde guerre,
en 1852, mit la Birmanie à la discrétion des Anglais.
Le roi vaincu ne voulut signer aucun traité, et les Anglais annexèrent
purement et simplement le Pégou
et le Martaban (1854) : ils en firent une nouvelle province indienne, la
Birmanie britannique (British Burmah) et la frontière fut formée par
le 19° 27' de latitude Nord. C'est alors que fut envoyé en mission Ã
Ava le capitaine Yule dont la remarquable relation
a complété celle de Symes (1858). Ainsi mutilé, séparé de la mer par
les possessions anglaises, resserré dans la haute vallée de l'Iraouaddy,
le royaume birman était à la merci de l'Angleterre. L'annexion totale
pouvait être prévue, le jour où les Anglais auraient intérêt à devenir
les maîtres de tout le cours du fleuve. C'est ce qui arriva lorsqu'on
crut trouver dans la vallée de l'Iraouaddy une route facile pour communiquer
avec la Chine .
De ce côté, en effet, se dirigent à partir de 1868 environ, les explorations
européennes dans l'Indochine. Ce que les
Français
cherchaient dans les vallées du Mékong ou du fleuve Rouge, la route vers
les riches plateaux du Yun-nan, et par là vers l'intérieur de la Chine,
les Anglais la cherchèrent naturellement par l'Iraouaddy. Ce fleuve devait,
à ce qu'il semblait, ouvrir la voie la plus courte et la plus rapide vers
le bassin du Yang-tse-Kiang. Dès 1860 les chambres de commerce des grandes
villes anglaises demandaient qu'on fît des recherches de ce côté.
Une série d'expéditions
prirent Bhamo pour point de départ, afin d'atteindre la Chine
centrale par la vallée du Tapeng et le Yun-nan. La première fut celle
de Sladen en 1868, puis celle d'Anderson en 1871. En 1876 la mission Brown
fut arrêtée dans sa marche par le meurtre de l'interprète Margary, au
milieu des populations hostiles du Nord. Les missions de Gill en 1877,
de Colqhoun en 1881 montrèrent que s'il était possible de traverser les
montagnes et d'atteindre la Chine orientale à force de temps et de patience,
il serait difficile de créer entre la Birmanie et la Chine une véritable
voie commerciale. D'autres explorations, par la vallée du Salouen, ne
donnèrent pas des résultats plus pratiques. (Cette voie de communication,
connue sous le nom de Route de Birmanie et longue de 1100 km, finira
cependant par exister entre la Birmanie et la ville chinoise de Kunming.
Elle jouera un rôle essentiel dans le ravitaillement des Chinois lors
de la guerre qui les opposera au Japon
entre 1937 et 1945, et elle est encore aujourd'hui une voie commerciale
importante entre la Chine et l'Océan indien).
L'annexion par
l'Angleterre.
L'importance que
des explorations menées par les Anglais donnaient à la haute vallée
de l'Iraouaddy hâtèrent l'annexion de la Birmanie. Déjà , en 1879, lors
de l'avènement du roi Thibô, les Anglais
avaient cherché des prétextes d'intervention. L'occupation du Tonkin
par les Français, en donnant pour voisine
aux Birmans une puissance européenne, fut sans doute la véritable raison
qui décida l'invasion du pays par les Anglais. Une ambassade birmane était
venue à Paris, où l'on songeait à ouvrir
entre la nouvelle possession française et Mandalay une route commerciale
à travers les Etats Chans. En 1885 l'occupation de la Birmanie fut décidée;
le roi Thibô fut arrêté et interné à Madras, et les troupes anglaises
entrèrent à Mandalay sans rencontrer de grande résistance. C'est après
coup que la Birmanie se souleva : des bandes de partisans, les Dacoïts,
firent aux Anglais une guerre de détail, fatigante et même dangereuse,
et les forcèrent à entretenir dans le pays un effectif de troupes considérable.
L'écrasement de la résistance prit plusieurs années. La Birmanie ne
fut pas officiellement annexée par l'Angleterre; elle était seulement
occupée, mais en réalité l'empire anglo-indien comptait dès cette époque
une grande province de plus.
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La
Birmanie en 1900. (cliquez sur l'image pour l'agrandir).
La Birmanie au
XXe siècle.
La Birmanie a accompagné
dès le début le mouvement indépendantiste né en Inde
(Gandhi, Jinnah, etc.)
et peut ainsi bénéficier des réformes concédées par les Britanniques
en Inde 1917 (système de la dyarchie). En 1923, le Royaume-Uni
confère même à la Birmanie une statut distinct, et la dote d'un gouvernement
dont l'autonomie est renforcée en 1935 par le Government of Burma
Act. En 1937, la Birmanie devient une colonie de la Couronne à part
entière. Pendant la Seconde Guerre
mondiale, en 1942, les troupes japonaises
envahissent la Birmanie. Une indépendance de pure forme est proclamée
en 1943, par la voix du dictateur Ba Maw. Les Britanniques reprennent pied
dans leur colonie à la fin de conflit (janvier-août 1945), mais
seulement pour préparer l'indépendance qui est obtenue officiellement
le 4 janvier 1948.
Les
« seize mille problèmes » de l'indépendance.
Après une brève période de troubles,
au cours de laquelle la principale figure de l'indépendance,
Aung
San, a été assassiné, une démocratie parlementaire est instaurée sur
la base de deux chambres qui élisent pour cinq ans un chef de l'Etat,
le pouvoir exécutif étant entre les mains du premier ministre. Le premier
président sera ainsi Sao Shawe Thaike, et le premier premier ministre
U Nu, l'ancien ministre des affaires étrangères de Ba Maw. Une réforme
agraire, une nationalisation du sol et du commerce du riz donnent
au nouveau régime une coloration socialiste modérée, mais la Birmanie,
qui par ailleurs a toujours ménagé de bonnes relations avec la Chine
populaire, affiche sa neutralité au niveau international. U Nu sera ainsi,
avec Nehru, Tito et Nasser,
un des fondateurs du mouvement des « Non-Alignés » .
L'entrée réussie
de la jeune république dans la communauté internationale ne l'empêche
pas d'être bientôt confrontée à de nombreux problèmes intérieurs.
Il apparaît vite au sein de la classe politique des divergences profondes
sur la constitution même du pays, qui opposent unitaires et fédéralistes,
sur fond de revendications séparatistes (de la part de la population Karen
notamment); l'armée se montre déjà très inquiète de ces velléités
centrifuges; de plus la volonté exprimée par U Nu, reconduit pour un
nouveau mandat en 1960, de placer le bouddhisme
sous le contrôle de l'Etat provoque la colère du clergé. A la fin de
1961, U Nu, évoquera les « seize mille problèmes » du pays. Le plus
grave de ces problèmes frappe la Birmanie dans la nuit du 1er
au 2 mars 1962, quand un coup d'Etat militaire renverse le régime
démocratique. Le pouvoir passe alors entre les mains du chef de
la junte, le général Ne Win.
La
dictature de Ne Win.
Ne Win a dirigé
le pays entre 1962 et 1988. Sa dictature comprend trois périodes
: d'abord sous le régime de la loi martiale (suspension de la constitution,
dissolution du parlement, mesures xénophobes diverses); ensuite, à partir
de 1974, après s'être s'auto-proclamé président, il s'appuie sur un
parti unique marxisant (le Parti du programme socialiste birman); et enfin,
à partir de 1981, en tant que président du parti unique, il reste l'homme
fort du pays,
Dès 1975, apparaît
une force d'opposition, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), qui
s'appuie sur les mouvements insurrectionnels qui ont germé à travers
le pays. L'ancien premier ministre U Nu, un temps exilé, en deviendra
un des coordinateurs en 1980. Mais c'est seulement à partir de 1987, après
une dévaluation de la monnaie qui provoque des émeutes anti-gouvernementales,
que le mouvement prend de la force. De nouvelles émeutes, en 1988 sont
durement réprimées. Des milliers (3000?) de manifestants sont tués par
l'armée. Une nouvelle structure est formée par la junte militaire, dont
le général Saw Maung, prend la tête, le Slorc (State Law and Order Restoration
Council ou Comité d'Etat pour la restauration de la loi et de l'ordre).
Le
régime du Slorc / SPDC.
Le Slorc restaure
la loi martiale l'année suivante, et décide l'arrestation de milliers
de personnes. Cette même année, les autorités militaires décident unilatéralement
de changer le nom de la Birmanie, en lui donnant celui Myanmar;
Rangoun, devenant Yangon. Un changement qui n'est pas reconnu partout.
Le Slorc lui-même se donne désormais le nom de Conseil d'Etat pour la
paix et le développement (SPDC).
La junte accepte
finalement la tenue d'élections pluralistes en 1990. Elles donnent une
large victoire au principal parti d'opposition, la NLD, mais la junte refuse
de céder sa place. La dirigeante la plus connue de la NLD (fille du Aung
San, et prix Nobel de la paix en 1991) Aung San Suu Kyi, qui avait déjÃ
été assignée à résidence de 1989 à 1995 et de 2000 à 2002, est incacérée
en mai 2003 et un peu plus tard replacée en résidence surveillée. En
février 2006, la junte prolonge d'un an sa détention, et encore d'un
an de plus en mai 2007. Malgré la levée de la loi martiale en 1992 (date
à laquelle le général Than Shwe a pris le commandement de la junte),
pendant toute cette période, les partisans de Aung San Suu Kyi et les
défenseurs de la démocratie en Birmanie sont quotidiennement harcelés
et emprisonnés.
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Le trafic
d'esclaves en Birmanie
Déjà deuxième
producteur mondial d'opium (Triangle d'Or naguère, régions éparses du
Nord-Est aujourd'hui), la Birmanie est aussi un pays d'approvisionnement
en hommes, femmes et enfants pour un trafic à destination de l'Asie de
l'Est et du Sud-Est à des fins d'exploitation sexuelle et/ou domestique.
Un nombre significatif des victimes correspond à des migrants économiques.
Dans une moindre mesure, la Birmanie est également un pays de transit
pour des femmes en provenance de Chine, que le trafic destine à l'exploitation
sexuelle en Asie du Sud-Est. Il existe également un trafic de travailleurs
forcés à l'intérieur même de la Birmanie, qui est d'abord à destination
des zones agricoles ou industrielles. Des femmes et de jeunes filles sont
également arrachées à leurs villages et forcées par les trafiquants
à la prostitution dans les villes. |
La
parenthèse démocratique.
En août 2007, une
mouvement de mécontentement populaire s'exprime à la suite de la forte
montée du prix des carburants et des autres produits de consommation courante.
Le mois suivant la protestation reçoit le soutien des moines bouddhistes
qui descendent en nombre dans les rues (autour de 30 000, le 25 septembre),
comme cela avait déjà été le cas vingt ans auparavant dans un contexte
analogue. La répression des manifestations par les militaires a commencé
le 26 septembre. Un nombre indéterminé de participants sont tués, des
milliers sont arrêtés.
A la suite de cet
épisode, connu sous le nom de « révolution de safran », le régime
promet de nouvelles élections, tout en les empêchant jusqu'à ce qu'il
ait rédigé une constitution destinée à préserver son contrôle. La
nouvelle constitution est adoptée par référendum en 2008, quelques jours
après que le cyclone Nargis ait tué au moins 138.000
personnes. La junte organise finalement une élection en 2010, mais la
NLD boycotte le vote. Le Parti de la solidarité et du développement
de l'armée l'emporte ainsi facilement. Les observateurs internationaux
dénonceront le caractère vicié de ce scrutin qui maintient à la tête
de l'Etar de hauts responsables militaires.
La Birmanie entame
un processus hésitant de réformes politiques et économiques; les
tribunaux sont amendés, les libertés élargies. Des cessez-le-feu sont
négociés avec les groupes minoritaires. Aung San Suu Kyi est libérée,
ainsi que les autres prisonniers politiques. Aung San Suu Kyi participe
au gouvernement en 2012 et la NLD accède au pouvoir en 2015. Cependant,
le premier gouvernement civil crédible de Birmanie, avec Aung San Suu
Kyi comme chef d'État
de facto, va devoir faire face à de forts
vents contraires après cinq décennies de dictature militaire.
Le gouvernement de
la NLD a suscité des critiques internationales pour avoir bloqué les
enquêtes sur les opérations de l'armée birmane contre la minorité rohingya,
que l'on a parfois qualifiées de « nettoyage ethnique ». Des des milliers
de personnes ont été tuées et plus de 740 000 Rohingyas ont été
forcés à fuir vers le Bangladesh voisin.
En 2019, l'armée
s'est opposée à la réforme de la constitution de 2008, qui avait été
promise par la NLD. Lorsque les élections de 2020 ont abouti Ã
de nouveaux progrès de la NLD, l'armée les a dénoncées comme frauduleuses,
et le commandant en chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing a organisé
un coup d'État en février 2021, qui rendu à la Birmanie un régime autoritaire.
Aung San Suu Kyi a été emprisonnée. Les manifestations ont été réprimées
avec brutalité. Le pays a sombré dans la violence généralisée et le
déclin économique. (A.
Massebibeau).
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