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Les îles Canaries

40.1° N, 9.0° E
L'archipel des Canaries est situé dans l'océan Atlantique, en face du Maroc méridional. Possession de l'Espagne, dont il forme une communauté autonome (région), il s'étend, du Nord au Sud, sur un espace de 198 km; de l'Est à l'Ouest il occupe un espace de 451 km. Son extrémité septentrionale se trouve à 3145 km du Havre; Fortaventure n'est qu'à 101 km du cap Juby, le point le plus rapproché de la côte d'Afrique.

Les Canaries comprennent sept îles habitées qu'on peut diviser en trois groupes : au Nord-Est Lancerote (Lanzarote) et Fortaventure (Fuerteventura); au centre, la Grande Canarie (Gran Canaria), Ténériffe (Tenerife) et la Gomère (Gomera); à l'Ouest, la Palme (Palma) et l'île de Fer (Hierro). C'est par cette dernière que, pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, la plupart des pays de l'Europe faisaient passer le premier méridien. La plus grande île est celle de Ténériffe (1946 km²); la plus petite, l'île de Fer, qui ne mesure que 278 km². La superficie totale de l'archipel s'élève à 7450 km². Population : 2,1 millions d'habitants.

A ces sept îles principales il faut joindre les trois îlots qui se trouvent au Nord de Lancerotte : Alegranza, Montaña Clara et Graciosa, et, au Nord de Fortaventure, celui de Lobos qui tire son nom de la grande quantité de loups marins qu'on y rencontrait autrefois. Jadis existaient deux autres îlots, l'un au Sud-Ouest de Fortaventure (Jandia), l'autre au Nord-Est de la Grande Canarie (la Isleta); ce sont aujourd'hui deux presqu'îles reliées aux terres voisines par des isthmes de lave recouverte de sable marin. Les canaux qui séparent les îles sont libres, profonds et d'une largeur qui varie entre 1,8 et 83 km. Les plages sont rares dans tout l'archipel; presque partout les côtes, fort déchiquetées, sont formées par de hautes falaises taillées à pic. Malgré leurs sinuosités, elles n'offrent qu'un petit nombre de baies et de caps importants. Seule la Grande Canarie possédait, entre la Isleta et le reste de l'île, deux bons ports naturels; des travaux importants ont été faits à la fin du XIXe siècle dans un ces ports.

Géologie des Canaries.
Toutes les îles de l'archipel doivent leur origine à l'activité volcanique; aussi leur sol est-il des plus accidentés. De tous les côtés se dressent des montagnes parfois isolées, parfois réunies en longues chaînes dont les principales courent du Nord-Est au Sud-Ouest. Les plus hauts sommets atteignent 684 m à Lancerotte, 860 m à Fortaventure, 1898 m à la Grande Canarie, 3715 m à Ténériffe, 1340 m à la Gomère, 2356 m à la Palme et, enfin, 1512 m à l'île de Fer. Un grand nombre de ces montagnes sont des volcans somnolents. Le pic de Teide, le point culminant des Canaries, laisse encore fréquemment échapper d'abondantes vapeurs; la montagne du Feu (montaña del Fuego), dans l'île de Lancerotte, offre de nombreuses fissures dans lesquelles un bâton s'enflamme instantanément. En 1765, ce dernier volcan ensevelissait plusieurs villages sous la lave; le 4 juin 1798, le vieux pic de Ténériffe (Chahorra) entrait en éruption et ne s'apaisait qu'au bout de trois mois. D'autres volcans sont entièrement éteints, et il en est même qui n'ont jamais exercé de ravages depuis que les îles ont surgi des eaux. Tel est le fameux cratère de soulèvement de l'île de la Palme (la Caldera), immense gouffre de 12 km de circonférence et de 1500 m de profondeur; tels sont ceux de Tejeda et de Tirajana, à la Grande Canarie. 
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Carte des Canaries.
Carte de l'archipel des Canaries. Cliquez sur l'image pour afficher une carte plus détaillée.

On ne saurait s'étonner, après ce qui vient d'être dit, de voir de tous les côtés de vastes coulées de lave d'âges très différents. Des scories de toutes natures, du sable noir, ferrugineux, des cendres basaltiques, de puissantes masses de trachyte, de phonolite, de basalte, se rencontrent à chaque pas. Cette dernière roche est parfois divisée en magnifiques colonnes désignées dans le pays sous le nom d'Organos (orgues). Mêlées à l'argile qui provient de leur décomposition, au sable volcanique et à quelques détritus végétaux, les cendres forment une terre arable d'une grande fertilité. En dehors des roches volcaniques relativement récentes qui constituent presque tout le sol de l'archipel, on rencontre quelques blocs de carbonate de chaux, quelques fragments de gypse (Fortaventure), de sulfure de plomb, de carbonate de cuivre, de fer magnétique. On ne trouve ces roches qu'à l'état de petits fragments, mélangés à des scories de toutes sortes, qui ont été arrachés aux cheminées des volcans et rejetés avec les autres produits. Quelques bancs de calcaire, primitivement déposés au fond des eaux, ont été soulevés par les forces volcaniques en se fracturant de diverses manières. C'est le même phénomène qui a élevé, à des altitudes variant de 100 à 1000 m; des couches de fossiles marins qui n'ont pu se former que sous la mer. Ces fossiles prouvent même que pendant toute l'époque tertiaire, l'archipel gisait encore sous les flots, conclusion que viennent corroborer les études minéralogiques qui ont démontré que, à cette époque, les éruptions dont cette région a été le siège, ont été sous-marines. C'est à une époque relativement récente que les Canaries, forgées par le volcanisme, ont émergé

Orographie, climat.
Au milieu des montagnes de l'archipel se rencontrent une multitude de profonds ravins dont les parois presque verticales sont criblées de grottes innombrables. Mais les plus vastes cavernes sont situées sous les coulées de laves : à Lancerotte, il en existe qui mesurent plusieurs kilomètres de longueur. Ce qu'on ne rencontre que dans les ravins, ce sont de maigres filets d'eau qui remplacent toutes les rivières absentes. Et encore ces ruisseaux minuscules ne se trouvent-ils que sur quelques points de la Grande Canarie, de Ténériffe, de la Gomère et de la Palme. L'île de Fortaventure ne possède que quelques sources, presque toutes d'eau saumâtre; Lancerotte et l'île de Fer n'en renferment aucune. Aussi recueille-t-on partout avec grand soin l'eau de pluie qu'on conserve dans des citernes. 

Malheureusement les pluies sont rares; dans les deux îles du Nord-Est, il n'est pas tombé une averse de 1872 à 1879; les plus privilégiées reçoivent environ 16 cm. d'eau par an. Et cependant, avec son climat, le pays aurait bien besoin d'eau. Sauf sur les hauteurs, le thermomètre descend rarement à 12 °C l'hiver, et oscille, l'été, entre 28°C et 33°C à l'ombre. Lorsque le vent souffle du Sud-Est, il atteint des chiffres fantastiques, mais ces vents durent peu et soufflent à d'assez longs intervalles. Ceux qui règnent généralement (284 jours par an) varient du Nord-Est au Nord-Ouest. Les brises du Sud-Est ont traversé le Sahara et, lorsqu'elles sont violentes, elles entraînent du sable du désert et des sauterelles qui viennent s'abattre sur l'archipel.

La flore.
La flore est riche dans tous les endroits où on trouve un peu d'humidité; le reste du pays est triste, brûlé, ce qui fait encore mieux ressortir la richesse des charmantes oasis qu'on rencontre par-ci, par-là. Au milieu des coulées de lave anciennes, dans les fentes des rochers, croissent de nombreuses euphorbes; l'orseille pousse sur les roches les plus dénudées. Dans toutes les îles, la côte occidentale offre une végétation bien plus luxuriante que celle qui regarde à l'Est; c'est que l'occident est mieux abrité des rayons brillants du soleil et surtout de ces vents du désert qui dessèchent tout. Jadis existaient d'immenses forêts dont on voit encore de beaux restes elles se composaient de pins d'une espèce spéciale (Pinus canariensis), de lauriers, parmi lesquels certains exemplaires mesurent plus de 30 m de hauteur et 9 m de circonférence au tronc, de bruyères arborescentes de 25 m de hauteur, d'ilex, de pistachiers, d'arbousiers,etc. Mais le géant des végétaux était le dragonnier (Dracoena draco); dans la vallée de l'Orotave, à Ténériffe, il en existait un, dont on voit encore les débris, qui ne mesurait pas moins de 18 m de circonférence au tronc; Humboldt lui assignait 10 000 ans d'existence. La flore varie d'ailleurs considérablement selon les altitudes. Grâce aux différences de climat qu'on rencontre, on a pu acclimater dans l'archipel les espèces les plus diverses à côté des plantes des pays froids s'élèvent celles des pays tropicaux. Les fruits de toutes les parties du monde se récoltent aux Canaries.

La faune.
La faune est pauvre. Les animaux domestiques sont ceux de l'Europe occidentale, auxquels il faut joindre le dromadaire, qui ont rendu les plus grands services dans ces pays secs, malgré les accidents du terrain. Les mammifères sauvages, ou, pour parler plus exactement, redevenus libres, ne comprennent guère que des chats, des lapins, des rats et des souris. Les seconds pullulent au point de constituer un véritable fléau. Les oiseaux les plus abondants sont la perdrix, la caille, les pigeons sauvages, les merles, les alouettes, les fauvettes, les chardonnerets, les serins, les corbeaux et les oiseaux de proie. Le moineau n'existe qu'à la Grande Canarie; dans les îles du Nord, on rencontre l'outarde. Les reptiles sont représentés par d'innombrables lézards et par des scinques; il n'existe pas un seul serpent. En fait de poissons d'eau douce, on trouve une anguille qui se réfugie dans quelques flaques abritées du soleil. Quant aux arthropodes et aux mollusques, ils sont relativement nombreux. (R. Verneau).

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