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Athéna

AthĂ©na ou AthĂ©nĂ©, quelquefois AthenaĂŻa ou AthenaiĂ©, est le nom d'une des divinitĂ©s les plus Ă©minentes du panthĂ©on hellĂ©nique, de celle qui, avec Zeus, HĂ©ra et Apollon, exprime le mieux le caractère de la religion grecque. C'est la dĂ©esse de la sagesse, des arts et de la guerre. Selon la conception la plus commune, elle Ă©tait fille de Zeus, de la tĂŞte duquel elle Ă©tait sortie tout armĂ©e. 

Lorsque Cécrops bâtit la capitale de son royaume, une dispute s'éleva entre Athéna et Poséidon. pour la possession de l'Attique. Pour affirmer ses droits. Poseidon, d'un coup de son trident, fit jaillir du rocher de l'Acropole une source salée. Selon d'autres traditions, c'est un cheval, symbole de guerre, qui apparut sous le trident de Poseidon. Athéna, à son tour, fit germer sur l'Acropole un olivier, symbole de paix et d'abondance, qu'on disait être celui qu'on pouvait voir encore, au temps de Périclès, toujours vivace, bien qu'il eût été brûlé par les Perses, lors de l'invasion de Xerxès (Les Guerres médiques). Appelés à trancher le différend, les dieux, sur le témoignage de Cécrops se prononcèrent en faveur d'Athéna, et elle donna à la ville le nom d'Athènes.

On raconte encore qu'AthĂ©na disputa Ă  Aphrodite et Ă  HĂ©ra, sur le mont Ida, la pomme d'or qui devait ĂŞtre le prix de la beautĂ©; qu'elle anima l'homme formĂ© par PromĂ©thĂ©e du limon de la terre, qu'elle donna Ă  Pandore l'adresse et le don de broder et de coudre; qu'elle changea ArachnĂ© en araignĂ©e pour avoir osĂ© lutter avec elle dans l'art de filer, quelle institua l'ArĂ©opage pour juger Oreste, etc. 

Comme déesse de la guerre, elle protège le courage dirigé par l'intelligence et aidé par l'adresse, en opposition avec Arès, qui est le dieu du courage brutal : c'est à ce titre qu'Athéna protégeait les héros valeureux. Quand Héraclès, en butte à l'hostilité d'Héra, entreprit ses pénibles travaux, Athéna se tint à ses côtés pour l'assister et le réconforter. C'est elle qui donna au héros les cymbales d'airain, dont le son effraya les oiseaux du lac Stymphale; c'est elle encore qui l'escorta, lorsqu'il ramena Cerbère des Enfers; c'est elle enfin qui, après sa mort, l'accueillit au seuil de l'Olympe. Aussi lorsque Héraclès eut conquis les pommes d'or des Hespérides, en fit-il hommage à sa déesse tutélaire.

De mĂŞme, AthĂ©na servit de guide Ă  PersĂ©e dans son expĂ©dition contre les Gorgones, et, comme le hĂ©ros n'osait regarder la face terrifiante de la MĂ©duse, elle guida son bras pour frapper le monstre. En reconnaissance, PersĂ©e donna plus tard la tĂŞte de la Gorgone Ă  AthĂ©na, qui la plaça sur son bouclier. L'intervention d'AthĂ©na dans l'aventure de PersĂ©e fut si active, que certaines traditions attribuaient Ă  la dĂ©esse mĂŞme le meurtre de la MĂ©duse, qu'elle aurait frappĂ©e durant son sommeil. De cette croyance dĂ©rivèrent plusieurs mythes : le duel entre AthĂ©na et la Gorgone aurait eu pour occasion un concours de beautĂ©; la dĂ©esse aurait recueilli le sang de sa victime et en aurait fait don soit Ă  AsclĂ©pios, soit Ă  Erichthonios : le sang provenant de la veine gauche entraĂ®nait la mort, le sang provenant de la veine droite rappelait Ă  la vie. 

Athéna se montra également bienveillante pour Bellérophon elle lui apparut en songe et lui remit un frein d'or, grâce auquel il put dompter le cheval Pégase. Enfin, elle prend parti pour les Grecs dans la guerre de Troie et elle leur inspire l'idée du cheval de bois; ensuite, elle protégea efficacement Ulysse contre tous les périls qui l'assaillirent à son retour de Troie, et, sous les traits du sage Mentor, elle guida le jeune Télémaque dans ses démarches pour retrouver les traces de son père chéri.
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Athéna.
AthĂ©na. Statue devant le Palais Bourbon, Ă  Paris. © Photo : Serge Jodra, 2010.

Dans ces diverses interventions, il ne faut voir, chez AthĂ©na, que le dĂ©sir de porter secours Ă  des hĂ©ros dignes de compassion, et nullement l'effet de quelque entraĂ®nement amoureux. AthĂ©na tranche singulièrement sur la sociĂ©tĂ© dĂ©bauchĂ©e de l'Olympe par son absolue chastetĂ©. En dĂ©pit de calomnieuses insinuations sur de prĂ©tendues relations de la dĂ©esse avec HĂ©lios, HĂ©phaistos, ou mĂŞme HĂ©raclès, son coeur fut toujours insensible aux dĂ©sirs de l'amour et elle dĂ©fendait farouchement sa virginitĂ©. AthĂ©na Ă©tait la vierge par excellence (parthĂ©nos); dans les processions, on ne promenait son image que voilĂ©e. Malheur Ă  quiconque blessait sa pudeur! 

Un jour qu'elle se baignait avec la nymphe Chariclo, elle fut par hasard aperçue de Tirésias. Celui-ci n'était coupable que d'une involontaire indiscrétion. Néanmoins, Athéna l'en punit en le privant de la vue. Malgré les instances de sa compagne, elle ne voulut pas révoquer son arrêt et se borna, pour atténuer la rigueur de son châtiment, à conférer au malheureux Tirésias le don de divination.

HĂ©phaistos Ă©tait devenu amoureux d'AthĂ©na. Un jour que la dĂ©esse Ă©tait venue le trouver pour qu'il lui fabriquât une armure, HĂ©phaistos voulut lui faire violence. AthĂ©na s'enfuit, poursuivie par le dieu boiteux. Elle fut rejointe, mais se dĂ©fendit si bien, qu'HĂ©phaistos ne put accomplir sa criminelle entreprise, et fĂ©conda la Terre, GaĂŻa, qui, peu après, donna naissance Ă  un fils, Erichthonios. L'enfant fut recueilli par AthĂ©na, qui l'Ă©leva Ă  l'insu des dieux. Elle l'enferma dans un coffre qu'elle confia aux filles de CĂ©crops, en leur dĂ©fendant de l'ouvrir. L'une des soeurs, Pandrosos, respecta cette dĂ©fense; les deux autres, HersĂ© et Aglauros, ne purent rĂ©sister Ă  leur curiositĂ©. Mais sitĂ´t qu'elles eurent ouvert le coffre, elles s'enfuirent Ă©pouvantĂ©es, car autour de l'enfant Ă©tait enroulĂ© un serpent. FrappĂ©es de folie par AthĂ©na, elles se jetèrent du haut de l'Acropole. Erichthonios cependant grandit et devint roi d'Athènes, oĂą il Ă©tablit le culte solennel d'AthĂ©na. 
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Athéna (tęte casquée).
Tête casquée d'Athéna. Musée du Vatican. Rome.

Protectrice d'une importante citĂ©, AthĂ©na prit les caractères d'une divinitĂ© guerrière : on lui attribua l'art de dompter et de conduire les chevaux, ainsi que l'invention des chars et des trompettes de guerre. AthĂ©na fut encore la patronne des laboureurs; Ă  ce titre, elle fut appelĂ©e boudeia, boarmia (qui attelle les boeufs au joug), et fut alors reprĂ©sentĂ©e avec des couronnes et des fruits sur la tĂŞte. Les anciens cĂ©lĂ©braient beaucoup de fĂŞtes en l'honneur de cette divinitĂ©; les plus remarquables Ă©taient les PanathĂ©nĂ©es chez les AthĂ©niens. 

Dans l'expression la plus entière et la plus parfaite de sa personnalité, se retrouve la notion de sa divinité originaire : elle a représenté d'abord l'éther lumineux qui en Attique brille plus pur que partout ailleurs. Dans toutes ses transformations, elle demeure la vierge immaculée, vaillante, généreuse et douce sans faiblesse. Elle devient enfin l'incarnation vivante et harmonieuse des qualités de pénétration subtile, de la raison élevée, de l'imagination à la fois mesurée et vigoureuse qui ont fait du peuple athénien le maître intellectuel de l'univers, après que la vaillance réfléchie en eut fait l'arbitre des destinées helléniques dans la lutte contre l'Asie. Comme Athènes n'a pas de rivale nulle part dans l'histoire des civilisations, ainsi Athéna est une divinité unique, à qui nulle autre ne ressemble. La Minerve des Latins, même sous les traits que des emprunts factices ont dérobés pour elle à la divinité hellénique, n'en est qu'une image affaiblie et incomplète.

Aspects de la mythologie d'Athéna

Origine et signification première d'Athéna.
Les mythologues ne s'accordent pas sur l'interprĂ©tation Ă©tymologique de ce nom. Les uns, remontant jusqu'aux Hindous, rappellent que les plus anciens textes sanscrits donnent le nom d'akâs, akâsa au cinquième Ă©lĂ©ment, le plus subtil de tous, Ă  l'Ă©ther qui, avec la terre, l'air, le feu et l'eau, a produit l'universalitĂ© des ĂŞtres; ils en font dĂ©river Athena. D'autres, restant dans les limites de la langue grecque, rattachent AthĂ©na au radical anthĂ´, fleurir, ou Ă  celui de aithĂ´, briller qui a formĂ© aither, l'Ă©ther. Cette dernière explication, qui concorde avec les idĂ©es anciennes sur le cinquième Ă©lĂ©ment divinisĂ©, est la plus gĂ©nĂ©ralement admise. AthĂ©na aurait Ă©tĂ© tout d'abord une personnification du ciel lumineux, de l'Ă©ther Ă©tincelant, conçu comme distinct Ă  la fois de l'Ă©ther et du feu, fluide impondĂ©rable rĂ©pandu dans les espaces cĂ©lestes d'oĂą il rayonne sur la terre. L'extrĂŞme limpiditĂ© du ciel de la Grèce, en particulier de l'Attique, expliquerait peut-ĂŞtre ainsi la vĂ©nĂ©ration spĂ©ciale dont fut entourĂ©e, dès les temps les plus reculĂ©s, la divinitĂ© qui en reprĂ©sentait la bienfaisante influence. C'est de cette signification naturaliste que sont dĂ©rivĂ©s logiquement tous les caractères dont l'imagination hellĂ©nique a parĂ© successivement une de ses divinitĂ©s privilĂ©giĂ©es. C'est ce que tentera de montrer  l'Ă©tude du mythe d'AthĂ©na, un des plus riches et en mĂŞme temps des plus cohĂ©rents de la religion grecque.

Naissance d'AthĂ©na. 
Pour Homère déjà, la déesse a été enfantée par Zeus en personne, sans l'intervention d'une mère (Iliade, V,875); Hésiode (Théogonie, 924) dit qu'elle est issue de la tête, sans d'ailleurs s'expliquer davantage; dans un autre passage il nous montre Zeus absorbant Métis, fille de l'Océan et de Téthys, pour l'empêcher de mettre au monde un dieu plus puissant que lui. Il enfante ensuite Athéna Tritogeneia, la fille aux yeux étincelants, douée de la vigueur et de la sagesse même de son père. Cette tradition a reçu une développement plus complet chez un poète vraisemblablement aussi ancien qu'Hésiode lui-même (chez Galien, De Hipp. et Plat. dogm. III); Zeus engloutit Métis, toujours par crainte d'un rival et enfante Pallas Athéna près des bords du Triton, sur une hauteur (par koryphès) d'où est venu à la déesse le surnom de Coryphasia sous lequel elle était honorée en Messénie, tandis que sa naissance au voisinage du fleuve Triton en Béotie lui vaut le surnom de Tritogeneia. C'est dans les Hymnes homériques que le mythe de la naissance d'Athéna se dépouille pour la première fois des formules de la poésie cosmogonique et prend un caractère d'anthropomorphisme artistique. Athéna y sort, tout armée et brandissant sa lance, de la tête de Zeus qui tient l'égide(formée de l'écaille d'un reptile monstrueux dont elle délivra la Libye).

A son aspect, l'Olympe entier tressaille de stupeur; la terre pousse un cri de joie; la mer est émue dans ses profondeurs; Hélios frappé d'étonnement arrête la course de son char, jusqu'à ce que Pallas dépouille ses armes étincelantes; et le coeur de Zeus se remplit d'allégresse. Il est probable que la première forme de ce mythe appartient à Stésichore; Pindare et après lui d'autres poètes font intervenir soit Héphaistos qui, avec une hache, fend la tête de Zeus pour la délivrer de son fardeau, soit Hermès ou Prométhée qui remplissent un office analogue. Phidias avait sculpté ce mythe sur un des frontons du Parthénon; un and nombre de vases peints en attestent la popularité. n'est pas difficile d'y retrouver les traits primitifs de la personnalité d'Athéna. Métis, fille de l'Océan et de Téthys, dont les stoïciens feront plus tard une figure abstraite (la Sagesse qui, absorbée par Zeus, enfante dans la personne d'Athéna la raison souveraine), est une incarnation de l'élément humide; la naissance d'Athéna, c'est la manifestation de la lumière qui jaillit des hauteurs ténébreuses du ciel, du sein des nuages qui y sont montés de l'Océan; la lance aiguë que brandit la main de la déesse, l'armure étincelante qui couvre ses épaules désignent les météores ou phénomènes lumineux du ciel, notamment l'éclair.
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Athéna guerričre.
Athéna parthénos.
AthĂ©na guerrière provenant du temple d'Egine. En son archaĂŻsme cette statue offre 
dĂ©jĂ  le type dont l'art s'inspirera ensuite. 
Musée de Munich.
Athéna Parthénos. Cette statue reproduit avec une légère variante dans l'attitude, le type
de la célèbre Athéna de Phidias.
Musée d'Athènes.

L'Ă©gide, attribut de Zeus, qui lui sera commun avec AthĂ©na, c'est la NuĂ©e orageuse que sillonne la foudre. Ce qu'elle est au moment de sa naissance, la dĂ©esse le demeure dans ses premiers exploits; soit qu'elle assiste Zeus dans la lutte contre les Titans qui veulent escalader l'Olympe, soit qu'elle couvre de sa protection PersĂ©e, hĂ©ros solaire, luttant contre MĂ©duse, elle obtient pour trophĂ©e de l'une ou de l'autre victoire le GorgonĂ©ion ou la tĂŞte de MĂ©duse; elle le fixe ou sur sa poitrine ou au centre de l'Egide qu'elle porte Ă  son bras gauche comme un bouclier. Or la tĂŞte de MĂ©duse ou de la Gorgone n'est autre chose que la personnification de la Lune, entrevue par son aspect effrayant et sinistre. 

L'interprĂ©tation de l'Ă©pithète Tritogeneia, qui dans l'Iliade et chez HĂ©siode se substitue simplement au nom d'AthĂ©na, mène Ă  des rĂ©sultats analogues. Il ne faut pas en effet y voir avec Hermann une dĂ©signation numĂ©rique attribuant Ă  la dĂ©esse le troisième rang (tritos) après Zeus et HĂ©ra. tout au plus y pourrait-on retrouver un souvenir vĂ©dique, Indra portant dans le VĂ©da le surnom de Tritas, ce qui donnerait Ă  Tritogeneia le sens primitif de : fille de Zeus. Il est plus probable que Triton est une personnification de l'Ă©lĂ©ment humide; nous le trouvons avec ce sens dans Triton, fils de Poseidon, et dans Amphitrite, l'Ă©pouse de ce dieu. Une forme spĂ©ciale de la lĂ©gende faisait naĂ®tre AthĂ©na en Libye, sur les bords du lac Tritonis; une autre en Egypte, oĂą le Nil Ă©tait nommĂ© Triton; HĂ©rodote (IV, 189) fait d'AthĂ©na une fille de Poseidon. 
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Athéna combattant Encelade.
Athéna combattant contre le géant Encelade.
Amphore grecque. Bibliothèque Nationale, Paris.

La déesse est honorée par un culte tout spécial en Arcadie et en Béotie, sur le bord de fleuves qui portaient le nom de Triton. Il est évident que l'origine de ces cultes présuppose tout aussi bien l'existence du vocable Tritogeneia qu'elle peut lui avoir donné naissance; mais il n'est pas douteux que les plus anciennes traditions associaient l'idée d'Athéna à celle de l'élément humide et fécondant, comme elles la faisaient dériver du ciel lumineux. Les deux idées étaient confondues dans une légende dont la ville de Lindos, dans l'île de Rhodes, était le berceau : lors de la naissance de sa fille, Zeus fait descendre sur le pays une pluie d'or, effusion de lumière, de chaleur, d'humidité bienfaisante, rayonnement fécondant qui des hauteurs éthérées descend vers la terre.

Athéna, divinité agricole.
Rien ne dĂ©montre mieux la souplesse de l'imagination hellĂ©nique que l'appropriation, par des mythes variĂ©s, de la personnalitĂ© d'AthĂ©na aux diverses phases et conditions de la vie nationale : tout d'abord Ă  l'existence champĂŞtre, surtout Ă  Athènes et dans le voisinage de cette ville. Le mythe d'AthĂ©na y est intimement mĂŞlĂ© Ă  la lĂ©gende d'ErechthĂ©e, encore appelĂ© Erichthonios (radical ChthĂ´n, terre, Eri, particule renforçant le sens du mot qu'elle accompagne), qui est, avec CĂ©crops, le plus ancien roi du pays, et dont le nom rappelle la vĂ©gĂ©tation vigoureuse. ErechthĂ©e est dans la mythologie un ĂŞtre monstrueux, issu de l'amour impuissant que Hephaistos avait conçu pour AthĂ©na. Ce monstre Ă  sa naissance est confiĂ© aux trois filles de CĂ©crops, Aglaure, HersĂ©, Pandrosos, personnifiant l'une, l'atmosphère pure, l'autre la rosĂ©e rafraĂ®chissante, la troisième les pluies fĂ©condantes, indispensables Ă  la vie vĂ©gĂ©tale. A l'origine ces trois noms paraissent avoir appartenu Ă  AthĂ©na elle-mĂŞme; c'est Ă  cette dĂ©esse que l'on rapportait, en mĂŞme temps que les effusions de clartĂ© cĂ©leste, celles de la rosĂ©e, Ă©cume du ciel, comme l'appelle le poète. 
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Sacrifice ŕ Athéna.
Sacrifice à Athéna. Peinture d'une amphore trouvée à Vulci. Musée de Berlin.

Une fĂŞte spĂ©ciale, cĂ©lĂ©brĂ©e au plus fort de l'Ă©tĂ©, alors que le rayonnement nocturne produit Ă  peu près la seule fraĂ®cheur qui ranime les plantes, Ă©tait destinĂ©e Ă  cĂ©lĂ©brer ce don bienfaisant d'AthĂ©na. De toutes jeunes filles se rendaient pendant la nuit du sanctuaire d'AthĂ©na Skiras Ă  celui d'AphroditĂ© dans les jardins, aux portes mĂŞmes de la ville: c'Ă©taient les ErrhĂ©phories ou ArrhĂ©phories dont la nom (errĂ© = eroĂ©, rosĂ©e) ainsi que le symbolisme plein de poĂ©sie rapporte manifestement Ă  l'influence d'AthĂ©na le phĂ©nomène de la rosĂ©e. 

Athéna Skiras, dont le temple était un des centres privilégiés du culte champêtre rendu à la déesse, est encore une personnification du ciel pur des nuits, donnant quelque fraîcheur à ce sol desséché qui est celui de la plaine entre Athènes et Eleusis. Les Skirophories, célébrées à peu près dans le même temps que les Errhéphories, consistaient surtout en une procession solennelle qui se rendait de l'Erechtheum au temple de Skiron, et dont les acteurs principaux s'abritaient sous des ombrelles ou dais qui partaient eux-mêmes le nom de skiron, dont l'invention était attribuée à la déesse. La principale végétation du sol aride où était situé le temple d'Athéna Skiras étant l'olivier, on voit aussitôt comment le mythe put attribuer à la déesse la culture de cet arbre, une des grandes ressources de la banlieue d'Athènes. Le don de l'olivier formait l'épisode principal de la légende qui met Athéna en rapport avec Poseidon. La rivalité de ces deux divinités exprime celle des deux forces qui constituaient la puissance athénienne, la lutte de l'élément agricole et de l'élément maritime qui, au temps des Guerres médiques, est personnifiée dans Aristide et Thémistocle
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Athéna et Héraclčs.
Protection mystique accordée par Athéna à Héraclès.
Oenochoé. Musée du Louvre, Paris.

Tandis que Poseidon, d'un coup de son trident, fait jaillir sur les flancs de l'Acropole une source salĂ©e reprĂ©sentant l'empire des mers et produit pour Athènes le cheval guerrier, AthĂ©na dompte ces coursiers et donne Ă  sa citĂ© privilĂ©giĂ©e l'olivier, source de chaleur et de lumière, producteur d'une nourriture saine et facile. L'imagination Ă©tablit un rapport entre la couleur de son feuillage et la lumière adoucie des voĂ»tes Ă©thĂ©rĂ©es; si le cheval reprĂ©sente la guerre, les rameaux de l'arbre sont un symbole pacifique. De mĂŞme, la figue, ce fruit prĂ©coce qui tenait parmi les ressources alimentaires de l'Attique une place considĂ©rable, Ă©tait considĂ©rĂ©e comme un don d'AthĂ©na, associĂ©e Ă  ce titre Ă  Dionysos et Ă  DĂ©mĂ©ter, divinitĂ©s chthoniennes, dans la fĂŞte des PlyntĂ©ries et des CallyntĂ©ries. Cette association se retrouve dans la cĂ©rĂ©monie du labourage sacrĂ© par laquelle on prĂ©ludait aux semailles de printemps; lĂ  figuraient les Boutades ou Eteoboutades, famille sacerdotale qui descendait de Butès (le bouvier), le premier laboureur, frère d'Erysichthon (celui qui dĂ©chire la terre) et favori d'AthĂ©na. 

Elle se retrouve encore dans les Procharistéries célébrées à la fin de l'hiver, sous la double invocation d'Athéna et de Déméter, à qui l'on demandait la fertilité pour le printemps nouveau. Enfin aux Oschophories, Athéna a sa part dans la culture de la vigne et est honorée de concert avec Dionysos; des jeunes gens, portant des cépages garnis de raisins, s'y rendent en courant du temple de Dionysos à celui d'Athéna Skiras. C'est ainsi que la déesse, dans une suite de mythes gracieux et de fêtes appropriées à l'esprit de ces mythes, est mise en rapport avec tous les dieux qui personnifient les forces vives de la contrée, avec Hephaistos, Poseidon et Dionysos, avec Déméter et Aphrodite. Apollon Patroos, le dieu national des Ioniens, est, lui aussi, mêlé à la légende de la divinité autochtone d'Athéna, par son union avec une des filles d'Erechthée, qui met au monde Ion.

AthĂ©na guerrière. 
Si les Ă©lĂ©ments champĂŞtres du mythe d'AthĂ©na semblent ĂŞtre surtout le produit des populations prĂ©hellĂ©niques, les Ă©lĂ©ments guerriers qui y prĂ©dominent proviennent des Ioniens chevaleresques et batailleurs. A ce titre AthĂ©na est avec Zeus, dont elle reprĂ©sente en quelque sorte la doublure fĂ©minine, la divinitĂ© la plus Ă©minente de la poĂ©sie homĂ©rique. Dans l'Iliade, elle apparaĂ®t comme la personnification de la valeur Ă  la fois ardente et rĂ©flĂ©chie, de la bravoure gĂ©nĂ©reuse, Ă©nergique et clairvoyante; dans l'OdyssĂ©e elle est davantage l'inspiratrice des rĂ©solutions sages, le soutien de la patience dans le danger et dans les Ă©preuves, l'esprit fĂ©cond en ressources qui fait triompher de la nature et des humains. Elle est la forte fille du Père puissant. C'est elle qui mène les armĂ©es au combat, qui inspire la terreur Ă  ceux qui vont ĂŞtre vaincus, qui donne la force et l'entrain pour la victoire, qui revient chargĂ©e de dĂ©pouilles après l'action. 

Elle assiste les hĂ©ros dans les dangers les plus vaillants sont ses favoris : Achille, Nestor, TydĂ©e, Diomède, MĂ©nĂ©las lui sont redevables de leur succès; ailleurs HĂ©raclès, PersĂ©e, BellĂ©rophon, hĂ©ros solaires transformĂ©s en dompteurs de monstres et de flĂ©aux, puisent dans ses inspirations le courage, la force et l'adresse; Ulysse lui doit son esprit fertile en ruse et la patience qui le rend supĂ©rieur Ă  toutes les Ă©preuves. Si Arès est la personnification de la valeur brutale et sanguinaire, AthĂ©na, comme dit Bossuet, c'est l'art militaire et la valeur conduite par l'esprit (Histoire universelle, 3e partie, V.). Grâce Ă  elle, Diomède peut frapper non seulement Aphrodite qui reprĂ©sente la faiblesse et la lâchetĂ©, mais Arès lui-mĂŞme, dont la violence est dĂ©pourvue de mesure comme de clairvoyance; dès l'instant ou elle sort de la tĂŞte de Zeus, HĂ©siode la salue du nom de terrible, d'infatigable, de vĂ©nĂ©rable; il la montre excitant le tumulte du combat, entre-choquant les batailIons, prenant plaisir au fracas des guerres, au grondement de la mĂŞlĂ©e. 

Son surnom guerrier est Pallas, dĂ©rivĂ© vraisemblablement de la lance qu'elle brandit (pallĂ´ = agiter, brandir) et qui est l'emblème de sa valeur. Cette lance n'est autre chose que la transformation anthropomorphique de l'Ă©clair qui dĂ©chire les hauteurs Ă©thĂ©rĂ©es : elle nous ramène Ă  la signification originelle du mythe d'AthĂ©na. Il en est de mĂŞme de l'Ă©pithète glaukopis donnĂ©e Ă  AthĂ©na par Homère et les poètes qui exploitent son vocabulaire. Cette Ă©pithète ne signifie pas que la dĂ©esse a les yeux bleus ou verts ainsi que l'on traduit d'ordinaire, mais bien qu'elle a le regard vif et perçant de la chouette. L'oeil de cet oiseau, qui nichait en grand nombre sur les rochers de l'Acropole, autour du ParthĂ©non, brillait dans la nuit noire comme les mĂ©tĂ©ores lumineux dans les profondeurs du ciel. Après une assimilation physique, oĂą Welcker a eu raison de voir un symbolisme analogue Ă  celui des yeux de flamme que les VĂ©das donnent Ă  Shiva, est venue une assimilation morale; ce regard perçant d'AthĂ©na est l'indice de son courage, de sa dĂ©cision Ă©nergique; et la chouette est placĂ©e parmi les attributs de la dĂ©esse. La valeur guerrière Ă©tant mère de la victoire, la dĂ©esse qui porte les noms d'AreĂŻa (martiale) de SthĂ©nias (la vigoureuse) est appe lĂ©e aussi NikĂ©phora (qui donne la victoire) oĂą tout simplement NikĂ©; elle est reprĂ©sentĂ©e portant une victoire ailĂ©e sur sa main gauche tandis que la droite brandit la lance. 
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Athéna et sa chouette sur une pičce de monnaie athénienne.
Tête archaïque d'Athéna casquée. Au revers, la chouette.
Tétradrachme d'Athènes (Ve s. av. J.-C.).

Les succès qu'elle donne à ses fidèles sur le champ de bataille sont la garantie de la sécurité des villes de là les surnoms d'Alalcoméné (la protectrice), de Polionchos (qui garde la ville), de Promachos (qui en est le rempart) qu'elle porte en temps de paix et qui expriment son action tutélaire. A la possession de l'image d'Athéna est attaché le salut des villes et leur indépendance; Ilion succomba lorsque Ulysse et Diomède ont ravi le Palladium de l'Acropole. C'est le type moitié guerrier, moitié pacifique, que Phidias avait réalisé dans une statue colossale, élevée entre le Parthénon et l'Erechtheion et dont la tête était visible depuis le promontoire de Sunium. Cette statue rappelait à Athènes qu'elle était redevable à la déesse de la défaite des Perses et que sa protection était le meilleur rempart de la cité.

Athéna pacifique.
La divinitĂ© qui assure la victoire par le courage et la clairvoyance dans les batailles est par lĂ  mĂŞme le meilleur soutien de la paix, l'inspiration des occupations utiles qui en sont l'ornement, le reprĂ©sentant des grandes forces sociales qui font la puissance et la gloire des nations, de la sagesse pratique, de l'intelligence politique, du gĂ©nie qui prĂ©side au dĂ©veloppement des arts, des lettres, des sciences, de la lĂ©gislation. On peut dire que c'est Ă  ce point de vue supĂ©rieur et vĂ©ritablement idĂ©al que toutes les autres façons de concevoir la divinitĂ© d'AthĂ©na viennent aboutir, dans lequel ils trouvent leur unitĂ©. Elle prĂ©side aux dĂ©libĂ©rations du peuple sur la place publique (Agoraia); du sĂ©nat dans la salle du conseil (Boulaia); elle intervient dans l'institution de l'ArĂ©opage, tribunal gardien des lois fondamentales de l'Etat; le poète Eschyle dans les EumĂ©nides, nous la montre tempĂ©rant par une clĂ©mence supĂ©rieure la rigueur du talion reprĂ©sentĂ© parles divinitĂ©s d'une Ă©poque barbare. 

C'est peut-ĂŞtre comme divinitĂ© de l'air pur qu'AthĂ©na a aussi Ă©tĂ© une dĂ©esse mĂ©dicale, une divinitĂ© de la santĂ©, confondue avec Hygie : chacun savait comment l'architecte MnĂ©siclès, qui travaillait Ă  la construction des PropylĂ©es, s'Ă©tant trouvĂ© en danger de mort Ă  la suite d'une chute, avait Ă©tĂ© miraculeusement guĂ©ri par AthĂ©na, qu'on appelait pour cela Hygieia. Elle eut, ainsi qu'AsclĂ©pios, le serpent pour emblème. Le serpent Ă©tant la figure sous laquelle les Hellènes reprĂ©sentaient le gĂ©nie local, on s'explique encore par lĂ  qu'il soit devenu l'un de ses attributs. 

Elle enseigne aux gens de Cyrène l'art de dompter les chevaux; elle apprend aussi Ă  Erichthonios Ă  atteler les premiers chars de guerre. Elle est prĂ©sente lorsque les compagnons de Jason construisirent le navire Argo. Son adresse se rĂ©vĂ©le dans les mĂ©tiers les plus humbles: n'est-ce pas elle qui avait inventĂ© le tour du potier et fabriquĂ© les premiers vases? Avec les travaux champĂŞtres, elle favorise les arts utiles et enseigne tous les mĂ©tiers intelligents, ceux qui exigent une certaine habiletĂ© de main, le goĂ»t et l'ingĂ©niositĂ© Ă©lĂ©gante. Elle excelle surtout dans les travaux assignĂ©s aux femmes : l'art de tisser les Ă©toffes et de les orner de broderies merveilleuses n'a pour elle pas de secret. Les Immortelles recourent Ă  son habiletĂ© et c'est elle qui avait brodĂ© le voile d'HĂ©ra. Très jalouse de ses talents, elle n'admettait pas qu'on la pĂ»t surpasser.; elle a dans ses attributions spĂ©ciales les travaux fĂ©minins de l'aiguille et du fuseau. 

Aux fêtes des Chalcées, célébrées en son honneur et en celui d'Hephaistos, des femmes et des jeunes filles tissaient pour elle, sous la surveillance des prêtresses, un voile magnifique sur lequel étaient brodés les principaux épisodes de son mythe, la représentation des exploits et des bienfaits d'Athéna; l'offrande du Peplos ou voile faisait partie de la fête des Panathénées. Homère déjà connaît Athéna sous ces traits pacifiques; à Athènes elle est honorée sous le vocable d'Ergané, l'ouvrière; et en maint endroit de la Grèce, des légendes parlent de vêtements magnifiques tissés par elle pour ses héros favoris. Une jeune fille lydienne, ayant osé la défier aux travaux de l'aiguille, fut changée en araignée (Arachné).

Bien que l'activité d'Athéna s'exerçât surtout dans les travaux utilitaires, elle n'était pas réfractaire aux choses de l'art. Certaines traditions, originaires de Béotie, lui attribuaient l'invention de la flûte, C'était, disait-on, pour imiter sifflements plaintifs de la Gorgone égorgée par Persée, que la déesse avait imaginé de souffler dans un os de cerf percé de trous. Mais, prétendait-on à Athènes, elle n'avait pas persévéré dans ses essais musicaux, car les Olympiens s'étaient moqués des efforts qu'elle faisait et qui lui déformaient le visage. Aussi elle jeta dédaigneusement la flûte et prononça une malédiction contre quiconque la ramasserait. Le satyre Marsyas, ayant osé s'emparer de cet instrument, fut cruellement puni de son imprudence.

A mesure que la civilisation hellénique se développe par la culture des arts et des lettres, que les inventions utiles apportent des ressources nouvelles, l'image d'Athéna grandit; elle est identifiée par les philosophes avec l'intelligence, avec la raison souveraine en qui se résument toutes les conquêtes des Civilisés sur les Barbares. Elle se confond en quelque sorte avec l'image idéale de la ville qui, après les guerres médiques, représente le mieux devant l'opinion la vaillance dans la guerre, le génie dans la poésie et les arts, la sagesse dans la politique, c.-à-d. Athènes. Des colons sortis de cette ville pour habiter l'île de Lemnos emportent une statue monumentale de Phidias, qui, réunissant tous ces traits, mérita d'être appelée la Belle par excellence, Callimorphe

Archéologie

Les plus anciennes reprĂ©sentations figurĂ©es d'AthĂ©na se rapportent Ă  deux types distincts qui montraient l'un la dĂ©esse assise, l'autre la dĂ©esse debout. Dans l'Iliade (VI, 92 et 303) il est question d'une statue d'AthĂ©na Ă  Troie, sur les genoux de laquelle en dĂ©posait des offrandes. Un Ă©lève du lĂ©gendaire DĂ©dale, le sculpteur Endoios, Ă©tait l'auteur d'une image d'AthĂ©na assise qui fut dĂ©diĂ©e par Callias sur l'Acropole d'Athènes et dont un marbre retrouvĂ© sur cette mĂŞme Acropole nous a conservĂ©, ce semble, une copie. 
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Athéna archaďque.
Athéna (bronze attique).
Athéna Promachos.
Athéna archaïque en bronze.
Musée du Louvre, paris
AthĂ©na. Bronze attique 
du Ve s. av. J.-C. Athènes.
Athéna Promachos. Bronze
du Ve s. av. J.-C. Athènes.

Plusieurs terres cuites votives, recueillies dans le voisinage des ruines de l'Erechtheion, sont des imitations du mĂŞme type. La dĂ©esse est figurĂ©e sur un trĂ´ne, les mains sur les genoux, sans autre attribut qu'un polos sur la tĂŞte et l'Ă©gide avec le masque de Gorgone sur la poitrine. On s'est demandĂ© si ce type n'Ă©tait pas celui du xoanon d'AthĂ©na Polias, qui jouait un rĂ´le capital dans les cĂ©rĂ©monies du culte officiel chez les AthĂ©niens. Cette opinion est aujourd'hui gĂ©nĂ©ralement abandonnĂ©e. On incline Ă  penser que le xoanon en question se rattachait Ă  un autre type, Ă  celui de l'AthĂ©na debout. Ce second type dĂ©rive de ces idoles primitives en forme de tronc d'arbre plus ou moins Ă©quarri que la plupart des villes grecques conservaient avec un soin jaloux et auxquelles la tradition populaire attribuait une origine surnaturelle. 

Tantôt le bas du corps était enfermé dans une sorte de gaine, tantôt les pieds étaient dégagés et la figure représentée dans l'attitude de la marche. Telles étaient les images que l'on appelait du nom de Palladium. Ces images montraient toujours la déesse armée de pied en cap et brandissant une lance : c'est l'Athéna combattante (Promachos). Le type primitif de l'Athéna debout et armée a donné naissance à plusieurs statues rappelant avec plus ou moins de fidélité le motif traditionnel. Telle est l'image d'Athéna qui décorait l'un des frontons du temple d'Egine. Tel est encore le torse mutilé du musée de Dresde, torse curieux par la finesse avec laquelle sont traités les plis de l'étoffe et les détails des broderies. Telle était enfin la statue colossale d'Athéna Promachos, oeuvre de Phidias, qui se dressait de toute sa hauteur au sommet de l'Acropole et semblait embrasser sous sa puissante protectien l'horizon de l'Attique
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Temple d'Athéna-Niké, sur l'Acropole d'Athčnes.
Temple d'Athéna-Niké, sur l'Acropole d'Athènes.

Tandis que Phidias, en sculptant son Athéna Promachos, se conformait ainsi plus on moins à un type consacré, il concevait en même temps deux types nouveaux, celui de l'Athéna Lemnia et celui de l'Athéna Parthénos. L'Athéna Lemnia représentait la déesse dépouillée de ses armes, dans tout le charme d'une grâce virginale, avec la physionomie douce et bienveillante d'une divinité présidant aux joies calmes de la paix.

L'AthĂ©na ParthĂ©nos Ă©tait d'un caractère mixte, pacifique par l'attitude et l'expression, guerrière par les attributs. Cette dernière statue, toute en or et en ivoire, passait pour le chef-d'oeuvre de l'artiste. On peut s'en faire une idĂ©e par la description de Pausanias et aussi par la comparaison de deux statuettes trouvĂ©es Ă  Athènes, lesquelles sont Ă©videmment des imitations de l'image chrysĂ©lĂ©phantine. La dĂ©esse Ă©tait debout, vĂ©cue d'une simple tunique ouverte sur le cĂ´tĂ© et serrĂ©e Ă  la ceinture. Elle avait sur la poitrine l'Ă©gide garnie d'Ă©cailles et bordĂ©e de serpents avec le masque de Gorgone au milieu. La tĂŞte Ă©tait coiffĂ©e d'un casque très ornĂ© oĂą se voyait un sphinx entre deux griffons. La main gauche tenant la lance reposait sur le bouclier oĂą Ă©tait figurĂ© le combat des Grecs et des Amazones et derrière lequel se dressait le serpent Erichthonios. Le bras droit tendu en avant soutenait une petite Victoire ailĂ©e, posĂ©e obliquement et semblant voler au-devant de la dĂ©esse. Sur les deux statuettes que nous avons citĂ©es, la main droite est supportĂ©e par une colonnette. Mais il est douteux que cet appendice ait existĂ© dans l'original de Phidias. 

A partir de Phidias le type d'Athéna se modifie peu. Il conserve certains attributs qui rappellent le caractère belliqueux de la déesse, entre autres le casque et l'égide, mais ce qui domine c'est une expression de sérénité, de gravité pensive, de finesse, qui convient à une sagesse sûre d'elle-même. Cette expression est celle de la célèbre statue du Louvre connue sous le nom de la Pallas de Vellétri. (J.-A. Hild / F. Guirand / Jules Martha / B.).



Bernard Sergent, Athéna et la grande déesse indienne, Belles Lettres, 2008 . - Rarement notés, les points communs entre Athéna et la grande déesse indienne, celle connue sous les noms, entre autres, de Durgâ, Kalî, Devî, sont pourtant remarquables. Ils s'appliquent aussi bien aux déesses elles-mêmes, qui présentent, entre Grèce ancienne et Inde, des caractères communs, des mythes apparentés, des affinités identiques avec des objets, des plantes, des animaux, qu'aux rites qui les célèbrent : les Panathénées d'Athènes coïncident jusque dans le détail avec la grande fête de la déesse indienne. A son tour, la comparaison des déesses entraîne celle de personnages qui leur sont liés, comme Erikhthonios et Ganesa, l'un et l'autre fils " indirects " de la déesse, ou entre Skanda, dieu de la guerre, et ce même Erikhthonios. A ces divinités, l'indienne et la grecque, correspond également la grande déesse celtique, qui partage avec elles les mêmes caractères. C'est l'image d'une déesse de premier plan, attestée à la fois en Inde, en Grèce et dans le monde celtique, qui émerge à l'issue de cette enquête.

Nicole Loraux, Les enfants d'Athéna, Seuil, 2007.




Page sur Athéna du site Kulturica.
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Vienne : statue d'Athéna devant le Parlement autrichien.
Statue d'Athéna devant le Parlement, à Vienne (Autriche). Source : The World Factbook.
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