| Le sanscrit (d'un mot composé qui signifie achevé, parfait ) est un antique idiome de l'Inde, qui appartient à la branche indienne des langues indo-européennes. Il est désigné par les premiers Européens qui en eurent connaissance sous les noms de hanscret et de sanscredam, où l'on reconnaît le nom véritable, et sous ceux de nagrou et de grantham, indiquant la langue écrite, la langue des livres. Le sanscrit a été parlé dans des temps très anciens sur les bords du Gange par les adorateurs de Brâhma. Il régna en Inde un peu de la même façon que plus tard le latin dans les pays où l'imposa la conquête romaine. Quant à l'époque où il cessa d'être employé comme langue vulgaire, on ne saurait la préciser : des idiomes issus de lui l'ont remplacé, et il n'est plus aujourd'hui que la langue de la religion, des lois et de la haute littérature. Le sanscrit est une langue très riche et qui offre beaucoup de ressources pour l'expression de la pensée. Sa grammaire complexe en apparence, est en réalité d'une simplicité étonnante et qui laisse loin derrière elle celle du latin, du grec et de l'allemand. Synthétique par excellence, le sanscrit exprime avec une aisance pleine de clarté les idées les plus abstraites et les raisonnements les plus subtils; à tel point que l'on a pu dire - non sans quelque exagération - que c'est la vraie langue philosophique des humains... En tout cas, c'est une des langues les plus poétiques, par la facilité qu'elle a de composer des mots, et par la valeur pittoresque de ses expressions. Le sanscrit permet d'exprimer dans une même phrase et par de changements dans la fin ou le commencement des mots un grand nombre d'idées avec leurs rapports. Les racines de la langue sanscrite sont monosyllabiques, et, contrairement à ce qui s'observe dans les langues sémitiques, les voyelles importent ici au sens des radicaux, qui finissent en effet, en prenant des valeurs primitives différentes, tantôt par une consonne, tantôt par une voyelle. Le nombre des radicaux ne s'élève pas à plus de 1700; mais des mots simples on peut former un nombre indéfini de mots composés. Ce n'est pas seulement dans l'identité des radicaux que consiste l'analogie du sanscrit avec les autres langues indo-européennes; les mêmes rapports existent dans la structure grammaticale. Par exemple, le sanscrit présente l'a privatif, les augments et les redoublements du grec, les créments du latin ; il a, comme le latin et le grec, trois genres grammaticaux; il a trois nombres comme le grec. Sa déclinaison offre huit cas (deux de plus qu'en latin, le locatif et l'instrumental); toutefois, au nombre duel, les cas se réduisent à trois. Les adjectifs ont, aussi bien que les substantifs, les flexions casuelles. Comme en latin et en grec, la terminaison du nominatif singulier est ordinairement la voyelle a pour le féminin, et une nasale pour le neutre; l's est la finale la plus ordinaire du génitif. La conjugaison sanscrite présente 6 temps, 6 modes et 3 voix. L'indicatif a 3 présents et 2 futurs; les modes subjonctif ou optatif, impératif, précatif, conditionnel et infinitif n'ont qu'un seul temps, le présent. A l'actif les verbes réguliers présentent, selon les différents grammairiens, de 7 à 14 conjugaisons. Le passif n'a qu'une seule forme, mais il faut y rattacher les verbes causatifs, désidératifs, fréquentatifs, qui en dérivent. La conjugaison n'admet qu'exceptionnellement l'emploi d'un auxiliaire, qui est le verbe substantif contracté. Nos prépositions sont souvent remplacées en sanscrit par les flexions casuelles des noms; cependant cette langue abonde en particules de toute sorte. - Inscription sanscrite, en écriture granthâ, sur un pilier, à Angkor (Cambodge). Photo : © Angel Latorre, 2008. Le sanscrit est très libre dans la construction grammaticale; il offre dans la prose une grande variété de tours de phrases, et dans la poésie une grande richesse de mètres. On l'écrit avec un alphabet qui lui est propre, et dont la forme actuelle n'est pas très ancienne, le dêvanâgari (écriture des dieux), alphabet qui n'a pris son aspect actuel que du VIIe au Xe siècle, et qui comprend 14 voyelles et diphtongues, 2 caractères exprimant la nasalité et l'aspiration finales, et 35 consonnes : il n'y a ni ponctuation dans les phrases, ni séparation entre les mots, et la connaissance de la langue fait seule distinguer où chaque mot commence et où il finit. L'orthographe est toujours d'accord avec la prononciation. Les linguistes reconnaissent dans le sanscrit deux états différents, qui correspondent aux deux périodes principales de son histoire. Les Védas, les monuments les plus anciens de la littérature indienne, s'éloignent beaucoup des ouvrages postérieurs qui se rapportent à l'âge classique de cette littérature. Le style en est irrégulier, presque informe; les mots manquent souvent de désinence grammaticale, les phrases sont courtes, et la construction très simple; on ne trouve pas cette recherche de l'euphonie, qui a été poussée si loin dans la suite, cette précision de formes qui distingue le sanscrit littéraire; certains mots dans les Védas n'ont pas le même sens que dans la langue classique; enfin les particules séparables y sont plus fréquentes. | |