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Hésiode

Hésiode est un poète grec, né en Béotie, à Ascra, au pied de l'Hélicon, d'un père originaire de Kymé (Cumes en Eolide), mort probablement près de Naupacte. On croit, sur l'autorité d'Hérodote, qu'il était contemporain d'Homère, et vivait au commencement du IXe siècle av. J.-C.; les Alexandrins le placent plus d'un siècle après Homère; du reste on ne sait rien de bien certain sur sa vie. Il eut des démêlés avec son frère Persès, qui, pour augmenter sa part de l'héritage paternel, plaida contre lui et fut favorisé par les juges qu'il avait gagnés. Persès laissa, d'ailleurs, dépérir sa propriété et fut réduit à la misère. Hésiode, cependant, faisait valoir son domaine, ne cherchant dans la poésie qu'une distraction. Suivant une tradition, il aurait été vainqueur, dans un concours poétique, à Chalcis, en Eubée. On croit qu'il passa ses dernières années chez les Locriens Ozoles, près de Naupacte. Son corps fut ramené à Ascra, puis transporté à Orchomène.

Le poème d'Hésiode, les Travaux et les Jours, se compose d'une exhortation au travail (1-382); d'un traité d'agriculture et de conseils sur la navigation (383-694); de préceptes moraux et religieux (695-764); d'un calendrier des jours heureux et malheureux (765-828). On  admire dans cette oeuvre l'épisode de Pandore : ce poème paraît avoir inspiré les Géorgiques de Virgile. Mais on en a aussi contesté l'unité; on y a distingué un traité d'agriculture et de navigation, les Jours et une chrestomathie. Mais tout y est groupé autour de la conduite de Persès à l'égard d'Hésiode; les idées y naissent les unes des autres, sans être d'ailleurs assujetties à un ordre rigoureux. Il est probable que les diverses parties ont été composées successivement pour la récitation et qu'ensuite l'oeuvre a été remaniée et interpolée.

La poésie hésiodique se rattache à l'épopée; mais elle est plus didactique, moins brillante et plus spirituelle. Elle semble avoir la même origine, car, dans les généalogies, elle procède des hymnes. Les mythes n'y sont que l'expression poétique des rapports de l'humain avec la divinité. Les apologues, les sentences, les préceptes sont le développement de la poésie des oracles et peuvent être comparés aux proverbes de la poésie élégiaque et iambique. Hésiode a marqué ces divers éléments à l'empreinte de son génie. Homme de labeur, il est familier, rude, ironique, amer. Il a de l'invention; car, pour être courts, ses tableaux n'en sont pas moins saisissants. Il a un sentiment très vif de la nature, qu'il représente au vrai, sans l'idéaliser, avec sobriété et clarté. Sa langue, très voisine du dialecte homérique, offre une plus grande proportion de mots éoliens et de formes doriennes. Les termes techniques, les expressions concises, les inversions, les périphrases donnent à son vocabulaire un caractère populaire. Le style a moins d'ampleur, mais plus de finesse que celui de l'épopée homérique.

En même temps que la poésie hésiodique, se développait l'élément généalogique de l'épopée et des hymnes. Dans la Théogonie, qui a été conservée, était retracée la généalogie des dieux, source précieuse pour la connaissance de la mythologie; dans les Catalogues, qui ont été perdus, étaient énumérés les ancêtres des héros. Si voisines qu'elles en puissent être, ces oeuvres sont tout à fait distinctes des Travaux et Jours. Elles ne sont pas, d'ailleurs, dépourvues de charme. Au milieu des généalogies et des énumérations de héros, sont, en effet, insérés des récits populaires, moins dramatiques que les narrations épiques, mais où l'on trouve déjà l'aisance, le naturel et la vérité familière des conteurs en prose. On attribue également à Hésiode le Bouclier d'Héraclès, imité par Virgile dans la description du bouclier d'Enée. Ces poèmes brillent par la simplicité et l'élégance plutôt que par le génie. Ils ont été commentés par Aristarque, par Proclus, Jean Tzetzès, Moschopule.Tous ces poèmes forment donc la transition entre l'oeuvre des derniers aèdes et celle des premiers logographes. (Médéric Dufour).



Tous les ouvrages que nous avons sous son nom ne sont pas d'Hésiode; il serait tout au plus l'auteur des Travaux; la Théogonie Les autres et surtout le Bouclier seraient d'une époque plus récente.

Editions anciennes - Parmi les nombreuses éditions d'Hésiode, un distingue celles de H. Etienne, Paris, 1566, in-fol.; de Heinsius, 1603; de Th. Robinson, Oxford, 1734; de Loesner, Leipzig, 1778; de Th. Gaisford, Oxford, 1814 et Leipzig, 1823; de Boissonade, Paris, 1824; de Goettling, Gotha, 1831 et 1844; de F. S. Lehrs, dans la Bibl. grecq. de Didot 1841; de Van Lennep, Amst., 1848-54. II a été traduit en français par Bergier, 1767; Gin, 1785; Coupé, 1796; J. Chenu; 1844; et mis en vers par Baïf, 1574, et par Fresse-Montval, 1843.

En librairie - Hésiode, Théogonie et autres poèmes (suivi des Hymnes homériques), Gallimard (Folio), 2001; Théogonie, la naissance des dieux (prés. J.P. Vernant), Rivages, 1993, Les Travaux et les Jours, Livre de Poche, 1999, Mille et une Nuits, 1999; Théogonie, Les Travaux et les jours, Le Bouclier (prés. Paul Mazon), Les Belles Lettres, 1986.

Collectif, Le métier du mythe (Lectures d'Hésiode), Presses universitaires du Septentrion, 1998; Annie Bonnafe, Eros et Eris, Mariages divins et mythe de succession chez Hésiode, Presses universitaires de Lyon, 1996; de la même, Poésie, nature et Sacré,  Maison de l'Orient méditerranéen, 1994, 2 vol. : I - Homère, Hésiode et le sentiment grec de la nature, II - L'âge archaïque; Marie-Françoise Baslez, L'invention de l'autobiographie, d'Hésiode à Saint-Augustin, Rue d'Ulm, 1993.

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