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Sargon Ier
ou l'Ancien est un roi d'Akkad, qui a régné vers 2371-2316
av. J.-C. Il fut vainqueur de la ville sumérienne d'Uruk et s'empara
de tout le Sud de la Mésopotamie.
Il a aussi conquis l'Elam et, au Nord, une
partie de la Syrie et de l'Anatolie.
On peut regarder Sargon comme le fondateur de la puissance des Sémites
en Assyrie et en Babylonie.
Il est probable qu'on lui a donné
le nom sous lequel nous le désignons dans les époques postérieures
à son règne, et qu'il se nommait véritablement BinganiSav-eres
(non Sargani-sar-ali).
Quant à Sargon, nom employé
dans les siècles suivants, sa naissance était entourée
des mêmes mythes que celles de Moïse,
de Cyrus, de Romulus,
de Persée, et d'autres. Une sorte de récit
ou de chanson populaire fait figurer Sargon racontant sa propre histoire.
Sa mère, une princesse, l'avait enfanté, elle ne savait pas
qui était son père; elle le mit dans une boite exposée
sur l'Euphrate. Un agriculteur le trouva et l'éleva, et puis, sans
autre transition, il devint roi et soumit beaucoup de pays. Bien des portenta
existent au nom de ce Sargon qui est réputé avoir ordonné
de composer des écrits et être le fondateur d'une sorte de
bibliothèque surtout magique et astrologique.
Les auteurs grecs racontent la même
histoire d'un roi qu'ils nomment Belitaras, roi d'Assyrie, élevé
par un jardinier, et devenu roi plus tard. Il n'est pas impossible que,
dans la forme corrompue de Belitaras ou peut-être Belisaras, nous
ayons l'altération de l'ancien nom Binganisaveres.
Sargon ou Bingani-Sav-eres eut pour fils
et successeur Naram Sin dont nous avons des textes. Un autre Bingari-Sav-eres
semble avoir régné après ce dernier.
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Sargon II le Moderne
est le fondateur de la dernière dynastie assyrienne de Ninive.
Son vrai nom est inconnu, et jamais il ne cite le nom de son père.
Il se regarda donc comme le fondateur d'une dynastie nouvelle, mais se
rattachant à l'ancienne, supplantée par les usurpateurs Phul,
Teglathphalasar et Salmanassar V, puisqu'il
parle des rois et ses pères. Son petit-fils Assaradon, se nomme
descendant de Balta-iddin, roi inconnu ailleurs. Quoi qu'il en soit, il
succéda le 12 tebet (décembre 721), après un interrègne
de onze jours, à Salmanassar V; il se souleva, à Harran,
contre celui-ci, en alléguant les prévisions astrologiques
tirées d'une éclipse, s'empara du pouvoir et acheva la ruine
du royaume d'Israël.
Il rétablit sa puissance en Assyrie,
après avoir châtié différents princes de la
Syrie, entreprit la conquête d'une partie de la Médie,
soumit une partie de l'Arménie, en détruisant la puissance
d'Ursana, mais sans jamais oser attaquer le puissant roi de Nan, Argistis.
Une partie de l'Asie Mineure fut soumise à l'empire ninivite. Il
avait momentanément abandonné la Phénicie,
après avoir infligé une défaite à Hannun, roi
de Gaza, à Raphia (Raffah), près
de la frontière d'Egypte.
Mais ce n'est qu'en 710 qu'il revint sur les bords de la Méditerranée,
où il assiégea Asdod et s'empara de cette ville; ce fait
d'armes semblait assez important au prophète Isaïe, qui cite
cette année comme celle d'une prophétie, où le nom
de Sargon paraît seul dans la Bible
(Is., XX).
C'est alors seulement qu'il pouvait penser
à établir sa puissance en Chaldée, où, selon
lui, contre la volonté des descendants, régna Mérodachbaladan,
roi de Babylone. Ce roi, profitant des troubles
des Assyriens animé de sentiments patriotiques, pensa sérieusement
a s'affranchir du joug de Ninive ; il envoya des ambassades même
à Jérusalem (714) et se prépara
à attaquer le roi d'Assyrie. Sargon le prévint, envahit Babylone
et s'empara de la ville chaldéenne, où « il prit les
mains de Bel », c.-à-d. assuma le titre de roi de Babylone
(février 709). Mais Mérodachbaladan continua la guerre, se
retira dans la Basse-Chaldée et obligea le roi ninivite à
conquérir ce pays pas à pas, jusqu'à ce que Sargon
réussit à prendre la ville de Bet-Yakin, où le roi
chaldéen s'était fortifié. Sargon ne put pas s'en
emparer, car il avait pris la fuite, et revint à Babylone.
Maître d'un empire s'étendant
de la Médie à la Méditerranée, ayant établi
sa domination sur Babylone même, enrichi d'un immense butin, Sargon
songea maintenant à fonder sa capitale à lui. Ninive n'existait
plus comme capitale, Calach avait servi de résidence à ses
prédécesseurs, dont il voulait effacer la mémoire;
il mit donc à exécution son projet d'édifier une capitale
portant son nom de Lur-Sarkin, Sargonville (Khorsabad).
Après la consécration de son palais en 708, Sargon entreprit
des campagnes lointaines, perpétua le souvenir de son règne
par des stèles élevées dans l'île de Chypre,
conservées au musée de Berlin,
atteignit même la Crète, se mêla
dans les querelles de succession en Elam, en Médie, fit la guerre
en Cappadoce et se prépara à
d'autres expéditions lointaines, lorsqu'au mois d'août 705,
il fut assassiné, déjà très âgé,
après un règne glorieux de dix-sept années.
Son troisième fils Sennachérib
lui succéda. Mais la grande pensée de sa vie, de transporter
la capitale, de Ninive à la ville fondée par lui, ne fut
pas réalisée. Immédiatement après sa mort,
la ville Lur-Sarkin fut abandonnée. Sennachérib et ses successeurs
rétablirent Ninive, et jamais un seul Sargonide ne résida
plus dans le palais magnifique, que le nom actuel de Khorsabad a rendu
célèbre. Sans doute, des prédictions astrologiques
empêchèrent les derniers rois d'Assyrie de suivre le dessein
de leur aïeul. Xénophon passa trois
siècles plus tard dans cette ville, qu'il nomma Mespila, ville ruinée,
selon la légende du pays, par la colère céleste.
(J. Oppert). |