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Anvers
Anvers (Antwerpen en flamand, Antuerpia en latin moderne) est une ville et un port de Belgique ; dans une plaine fertile, sur la rive droite de l'Escaut,  à 8 km à l'Est de la mer et à 44 km au Nord de Bruxelles. La population actuelle (2012) est de  446.000 habitants (près de 800 000 pour l'agglomération). 

La ville a près de 3 km de longueur en suivant le fleuve, et une largeur de 2 km. L'ensemble présente la figure d'un arc tenu dont l'Escaut serait la corde. L'Escaut a devant Anvers une largeur de plus de 600 m et 10 m de profondeur à la marée basse. La marée monte de 4,5 m et s'élève à 5,80 m durant la nouvelle lune et la pleine lune, Les eaux du fleuve, dont les marées se font sentir jusque près de Gand, cessent d'être saumâtres à Doel près d'Anvers. A Anvers même, elles sont douces, mais  chargées de vase. 
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Belgique  : Anvers sur une ancienne photo.
Anvers, vers 1900.

Monuments. 

La cathédrale.
La cathédrale, dédiée à Notre-Dame, est la plus noble et la plus grandiose de la Belgique; mais elle est trop à l'étroit dans le cercle de maisons qui l'entourent, et sa façade avec les sculptures du portail et sa rosace ne donne que sur une petite place où se trouve un puits recouvert d'un dôme en feuillage de fer forgé au marteau, attribué à Q. Metsys

En 1533, un incendie la détruisit, à l'exception du choeur et du clocher : le choeur avait été rebâti depuis 92 ans seulement. Le clocher, commencé en 1422 par Jean Amélius, et achevé en 1518 par Appelmans de Cologne, est placé à la gauche du portail; c'est la partie la plus remarquable de tout l'édifice : divisé en plusieurs étages, dont l'ornementation est de plus en plus riche à mesure qu'ils s'élèvent dans les airs, il contient un carillon de 99 cloches, dont les marteaux sont mis en mouvement au moyen d'un mécanisme ingénieux; il atteint une hauteur de 144 mètres, y compris la croix de 5 m qui le surmonte; l'escalier jusqu'au dernier étage est formé de 622 marches.  Cette tour est une merveille de légèreté et de délicatesse; Napoléon la comparaît à la plus fine dentelle, et Charles-Quint disait qu'il aurait fallu l'enfermer dans un étui et ne la montrer que les jours de fête. Un second clocher, à droite du portail, n'a jamais été achevé.

De style gothique, cette église en forme de croix a une longueur de 117 m sur une largeur de 65 m au transept et de 52 m dans la nef; la hauteur est de 40 m. La nef principale, une des plus vastes et des plus belles qui existent, est acccompagnée de doubles ailes; et même, depuis que les chapelles latérales n'existent plus, il y a réellement 7 nefs parallèles : 230 arcades voûtées sont soutenues par 126 piliers. Au centre du transept s'élève une lanterne ou coupole gothique, qui repose sur des pendentifs à ogives et découpés, et où Corneille Schut a peint une Assomption. Aux murs du transept sont attachés deux des plus célèbres tableaux de Rubens : à droite,  l'Erection de Ia croix; à gauche, La Descente de croix, qui passe pour le chef-d'oeuvre du maître, et dont les volets représentent en outre la Visitation et la Présentation. Une Assomption de la Vierge, par Rubens, décore le maître-autel. On remarque aussi de bons tableaux de Murillo, d'Otto Venius, de Diepenbeck, etc., ainsi que divers tombeaux. Deux statues colossales d'évangélistes sont placées à l'entrée du choeur, et deux autres à côté du maître-autel. 
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Cathιdrale d'Anvers.
la cathédrale Notre-Dame d'Anvers et la place verte
avec au premier plan la statue de Rubens.

Toute l'église était autrefois remplie de meubles et d'ustensiles précieux; on parle de quatre devants d'autel en vermeil, d'un ostensoir en or massif, de 100 chandeliers d'argent, d'autels en marbres rares, etc. Ces richesses ont disparu dans les révolutions. La chaire, oeuvre de Verbruggen, est d'une composition compliquée et d'un goût contestable : on y remarque les statues de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, et des arbrisseaux couverts de nombreux oiseaux. Les stalles du choeur, dessinées au XIXe siècle par Geets, et exécutées par Durlet, pourraient rivaliser, pour l'élégance, la richesse et le fini du travail, avec celles de la cathédrale d'Amiens. L'orgue, très beau et très complet, est supporté par 8 colonnes en marbre.

Les autres églises.
On remarque aussi à Anvers les églises Saint-Jacques où se trouve le tombeau de Rubens, de Saint André, de Saint-Charles Borromée, ancienne église des jésuites dont le maître-autel et le choeur ont été élevés d'après les dessins de Rubens, de Saint-Augustin, etc.

L'hôtel de Ville.
L'hôtel de ville (Stadhuis), bâti de 1560 à 1563 d'après les plans de C. de Vriendt, dit Frans Floris, qui en dirigea les travaux; c'est le premier édifice public construit à Anvers depuis l'abandon du style gothique; c'est un palais florentin, moins l'élégance et le goût. Leys a décoré la salle échevinale de peintures historiques d'un puissant effet; l'hôtel de ville renferme aussi une cheminée admirablement sculptée à l'époque de la Renaissance
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Anvers : l'Hτtel de Ville.
L'Hôtel de Ville d'Anvers.  Cet édifice se trouve sur le côté ouest de la Grote Markt (place du Grand
Marché). Construit entre 1561 et 1565, il révèle des influences architecturales flamandes et italiennes.
Source : The World Factbook.

La maison hanséatique.
La Maison hanséatique, élevée en 1568 par les villes libres d'Allemagne pour servir d'entrepôt à leurs marchandises et de résidence à leur consul (Hanse). 

La Bourse.
La Bourse, reconstruite en 1869 dans le même style néo-gothique somptueux qu'un édifice précédemment détruit par l'incendie. 

Les Statues.
Anvers est une ville de statues. Elle a érigé un monument aux anciens Belges qui luttèrent vaillamment contre César; Rubens, Teniers, Van Dyck, Jordaens, Loos, Leys, Léopold Il, Van Ryswyck, Conscience, ont leurs effigies en bronze ou en marbre sur les places de la cité. 

Les autres monuments.
Anvers possède un musée de peinture où sont conservés la plupart des chefs-d'oeuvre de l'école flamande; c'est sans contredit le plus riche de la Belgique.  Citons encore l'ancienne maison de la famille Plantin, devenue le musée Plantin, ou se trouvent les magnifiques collections de livres et d'objets d'art du célèbre imprimeur anversois, ainsi que tout le matériel typographique remontant en partie au XVIe siècle; le jardin zoologique, un des plus importants qui existent; l'Académie des beaux-arts.
 

Personnalités anversoises

Anvers a été le siège principal de l'école flamande de peinture. La ville a  a donné naissance aux peintres Quentin Metsys (mort en 1529); François de Vriendt, dit Frans Floris Il, † 1570); Martin De Vos, élève du Tintoret, †1604); Otto Venius, †1634). P.-P. Rubens, †1640); Van Dyck, †1642); David Teniers, le vieux, †1649); Zeghers, † 1651); Snyders, †1657; Van Uden, †1660; de Crayer, †1669; Jordaens, †1678; David Teniers, le jeune, † 1694 ; Huysmans, †1726; Lens, †1822; Ommeganck, †1826; Van Brée, †1839; Leys, †1869; Wappers, †1874. 

Ses autres enfants illustres sont Abraham Ortelius, géographe, † 1598; Van Meteren, historien, †1612; Sadelaer, graveur, †1629. Gramaye, chroniqueur, †1635; Jérôme Duquesnoy, sculpteur, + 1654; Butkens, chroniqueur, †1650. Sanderus, id. †1664; Stockmans, jurisconsulte, †1681; Edelinck, graveur, †1707; Solvyns, voyageur, †1824. A. Geefs, statuaire †1841; Conscience, littérateur néerlandais, † 1883; Théodore Van Ryswyck, † 1849 et Jean Van Beers, poètes néerlandais.

Histoire.
L'origine d'Anvers est obscure et fabuleuse comme celle de beaucoup d'anciennes cités. D'après une vieille tradition, il existait, vers le temps où Jules César pénétra en Belgique, un géant, haut de quinze coudées, nommé Druon ou Antigon, qui exigeait de tous les marchands qui remontaient le fleuve une part de la valeur de leurs marchandises, et, lorsqu'on le trompait sur l'évaluation, non seulement il confisquait la totalité des objets, mais il coupait la main du marchand et la jetait dans l'Escaut. Un nommé Salvius Brabon ou Brabant tua le géant après lui avoir fait subir la peine du talion. De là le château fort, demeure du géant, reçut le nom de Antwerpen, des mots flamands hand, main, et werpen, jeter. 

Malgré le caractère fabuleux de cette origine, le souvenir du géant s'est conservé; un immense mannequin d'osier le représente dans les réjouissances populaires, et, dans les armes de la ville, on remarque deux mains coupées et un château formé de trois tours posées en triangle. Mertens et Torfs (Gesch. van Antwerpen, 1, 33) font dériver Antwerpen de Ganerben, d'où Anerben et Antwerpen; on appelait Ganerben les membres d'une espèce de guilde formée contre les bandits. 

Anvers fut évangélisé au VIIe siècle par saint Amand et saint Eloi. A cette époque, la population était encore peu nombreuse. La ville fut détruite par les Vikings au IXe siècle. Elle se releva et s'étendit sensiblement à partir du XIIe. Plus tard, Philippe le Hardi lui donna, le 8 septembre 1383, une charte précieuse qui y attira bientôt les marchands étrangers. Elle prit un accroissement très rapide, lorsque le golfe du Zwyn, dont Bruges occupait l'extrémité, se fut ensablé.
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Anvers et l'Escaut.
Une ancienne vue d'Anvers et de l'Escaut.

Anvers devint un grand marché de commerce à l'époque où les Portugais, devenus les initiateurs de la navigation directe vers les Indes, y établirent un comptoir. C'était en 1503. Les marchands des autres pays d'Europe suivirent les Portugais et, au milieu du XVIe siècle, Anvers avait atteint le comble de la prospérité : parfois en une seule marée cent navires entraient dans son port; plus de mille maisons étrangères y avaient des comptoirs. 

Cette prospérité fut arrêtée soudain par les guerres, les massacres, la peste; les iconoclastes pillèrent les églises, détruisirent les images; puis les soldats espagnols saccagèrent la cité en 1576, brûlèrent 500 maisons, incendièrent l'hôtel de ville et firent périr près de 10,000 personnes; déjà une foule de négociants s'étaient enfuis pour échapper aux tribunaux de l'Inquisition. Le siège qu'Anvers soutint en 1585 contre le duc de Parme, et qui dura treize mois, est un des plus célèbres dont l'histoire fasse mention. La population d'Anvers qui, en 1568, s'élevait à plus de 100,000 personnes, était réduite à moins de 50,000 au milieu du siècle suivant. Les Hollandais, maîtres de l'embouchure de l'Escaut, en rendirent jalousement la navigation de plus en plus difficile jusqu'à ce que les traités de Westphalie en 1648 l'eussent définitivement fermé.

Anvers se soumit en 1792 aux Français; ceux-ci l'évacuèrent l'année suivante et s'en rendirent de nouveau maîtres en 1794, époque à laquelle Anvers devint le chef-lieu du département des Deux-Nèthes. Napoléon voulait en faire la rivale de Londres. L'ouverture de l'Escaut fut solennellement proclamée en 1795 à la suite du traité de La Haye

Sous l'Empire français la ville d'Anvers devint l'objet de la sollicitude toute particulière de Napoléon Ier. L'empereur voulait en faire une place d'armes contre l'Angleterre; il fit construire des quais superbes et des chantiers de construction pour les navires de guerre. 

En 1809, les Anglais envoyèrent une expédition contre Anvers; mais ils commirent la faute de s'arrêter devant Fiessingue; leurs troupes y furent décimées par les fièvres paludéennes et la campagne demeura sans résultat. Ils recommencèrent leur tentative en 1814 sans plus de succès. Carnot, qui commandait la ville, ne la rendit aux alliés qu'après la conclusion du traité de Paris

Anvers appartint ensuite au royaume des Pays-Bas jusqu'à la révolution de 1830. Pendant cette révolution Anvers fut bombardé par la garnison hollandaise; les dégâts furent évalués à plus de cinquante millions de francs. Lorsque la séparation des deux pays eut été sanctionnée par l'accord des cinq grandes puissances, les Hollandais refusèrent de rendre la citadelle d'Anvers. Alors la France et l'Angleterre se coalisèrent pour contraindre le roi Guillaume à l'exécution du traité. Tandis que la flotte anglaise bloquait l'Escaut, une armée française, commandée par le maréchal Gérard, fit le siège de la citadelle. Le général hollandais Chassé capitula après une résistance de vingt-quatre jours et, lorsque la citadelle, écrasée par 20,000 bombes, ne laissa plus aucun moyen de défense. 

A partir de cette époque Anvers, redevint de plus en plus florissant. (Hubert).

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Dictionnaire Villes et monuments
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