 |
Le chorion
est la plus externe des enveloppes propres
de l'oeuf, celle qui se trouve immédiatement en
contact avec les tissus maternels: muqueuse
tubaire, muqueuse utérine hypertrophiée formant ultérieurement la caduque.
Il résulte de cette définition que la nature et la constitution du chorion
varient suivant l'époque de la grossesse à laquelle on l'envisage. Les
stades les plus jeunes ont été beaucoup étudiés chez le Lapin.
Le premier chorion (expression introduite
par Coste )
n'est autre que la membrane vitelline
qui forme à elle seule la paroi de l'oeuf dans les premiers moments qui
suivent la fécondation. Dans son trajet à travers la trompe,
l'oeuf s'entoure ensuite d'une atmosphère albumineuse
sécrétée par la muqueuse tubaire, en même temps que la membrane vitelline
devient de moins en moins distincte et finit par disparaître (vers la
centième heure chez l'embryon
de lapin). La couche d'albumine qui la
remplace, primitivement très épaisse, se tasse et s'amincit peu à peu,
ses lignes concentriques s'effacent, et elle constitue ainsi une membrane
homogène (le prochorion de Hensen) à la face interne de laquelle s'applique
directement le blastoderme. Cette enveloppe,
étant de provenance maternelle et non ovulaire, ne mérite pas à proprement
parler le nom de chorion. Après la fermeture du sac amniotique, toute
la portion de la partie extra-embryonnaire du feuillet externe, qui ne
concourt pas à former l'amnios, s'isole du reste
des annexes foetales sous forme d'une vésicule
close, appliquée contre la face interne du prochorion. Cette vésicule
ectodermique (épithélium chorial) est doublée
intérieurement, dans la région avoisinant l'ombilic
amniotique, d'une mince couche conjonctive dépourvue de vaisseaux, primitivement
continue, au niveau de cet ombilic, avec la tunique
lamineuse de la lame externe du soulèvement amniotique.
Ainsi constituée, elle répond à la vésicule
séreuse de von Baer, au deuxième chorion de Coste ,
chorion blastodermique. Elle est séparée de l'amnios et de la vésicule
ombilicale par la cavité du coelome, remplie à l'origine par un liquide
qui, chez l'humain, se trouve remplacé peu à peu par un tissu conjonctif
gélatineux (magma réticulé de Velpeau ;
tissu interannexiel de Dastre; membrane intermédiaire, etc.). Ch. Robin
et B. Schultze l'ont considéré comme une dépendance de l'allantoïde.
Celle-ci pousse, en effet, dans la cavité du coelome que traverse son
pédicule émergeant de l'extrémité postérieure de l'embryon.
Bientôt on la voit s'étaler à la face interne du deuxième chorion,
avec les ramifications des vaisseaux ombilicaux qu'elle renferme dans son
épaisseur. Cette couche vasculaire qui vient adhérer à la face interne
du deuxième chorion et le double peu à peu dans toute son étendue, constitue
avec lui le troisième chorion de Coste, chorion vasculaire.
On admet généralement que la couche albumineuse n'existe plus à ce moment,
et que le chorion définitif est en contact immédiat avec la caduque.
Pourtant Hensen croit qu'elle persiste chez le lapin jusqu'à une période
très avancée de la gestation.
Sitôt que l'oeuf
s'est greffé sur la paroi utérine, il se couvre
de fines villosités qui apparaissent d'abord dans la région de l'équateur
pour gagner ensuite progressivement le reste de la surface. Ce sont des
bourgeons pleins, émis par l'épithélium du deuxième chorion et s'enfonçant
dans le tissu de la muqueuse maternelle. Simples au début, ils se divisent
et se ramifient au cours de la troisième semaine. Un peu plus tard (quatrième
semaine), le tissu de l'allantoïde envoie des prolongements qui pénètrent
dans les excroissances choriales et les vascularisent. A la fin du premier
mois, chez l'humain, l'oeuf tout entier se trouve ainsi hérissé de villosités
très ténues, n'adhérant encore que faiblement à la muqueuse adjacente
et constituées chacune par un axe conjonctif pourvu de
vaisseaux-capillaires,
que tapisse extérieurement l'épithélium chorial.
Ultérieurement, les cellules de ce dernier
se fusionnent, leurs limites s'effacent, et le revêtement épithélial
prend l'aspect d'une couche cytoplasmique continue, parsemée de noyaux
qu'elle déborde largement dit côté (le la surface libre. Ce développement
uniforme des saillies villeuses avec leur riche réseau vasculaire, n'a
qu'une existence transitoire. Dès la fin du deuxième mois, on voit que
les villosités sont plus développées et plus adhérentes vers la caduque
sérotine où se rendent également les troncs des vaisseaux ombilicaux,
tandis qu'elles commencent à s'atrophier et à perdre leurs capillaires
vers le pôle opposé de l'oeuf. Au cours du troisième
mois, alors que le placenta foetal commence
à se constituer nettement dans la région ou l'oeuf est fixé contre la
paroi utérine (sérotine), on voit s'accentuer progressivement la distinction
entre une zone choriale à villosités très vasculaires, s'accroissant
rapidement, chorion milieux (chorion frondosum), et une zone sur
laquelle les villosités sont en voie de disparition chorion lisse (chorion
loeve).
Le chorion villeux devant être étudié
avec le placenta, nous n'avons à nous occuper ici que de la portion lisse.
Vers le milieu de la grossesse, celle-ci représente une enveloppe mince,
transparente, recouverte de villosités éparses; courtes et clairsemées
aux environs du pôle libre, plus longues et plus serrées à mesure qu'on
se rapproche de la région placentaire, ces villosités sont également
dépourvues de vaisseaux dans tous ces points, de même que la membrane
qui les supporte. Ce chorion est constitué par une lame de tissu conjonctif
riche en cellules étoilées et fusiformes ainsi qu'en substance amorphe,
dans les premiers temps; plus tard c'est une trame à structure fibrillaire,
d'autant plus serrée qu'on l'examine à une époque plus avancée de la
gestation. Les villosités sont formées par l'épithélium chorial, disposé
généralement, à leur extrémité libre, en plusieurs couches superposées
autour d'un axe conjonctif assez mince. Quelques-unes s'enfoncent à une
petite distance dans les assises des cellules déciduales de la caduque
réfléchie; mais la plupart sont couchées sur la surface du chorion auquel
elles semblent intimement appliquées.
Le chorion n'est que faiblement adhérent
à la caduque réfléchie pendant les premiers mois; dans la deuxième
moitié de la grossesse, la couche épithéliale, dans l'intervalle des
villosités, s'étage sur plusieurs rangs d'épaisseur, et les deux membranes
contiguës sont plus fortement soudées. Cet épithélium, d'après Koelliker ,
se conserverait jusqu'à terme. De même que les autres enveloppes fatales,
le chorion subit un amincissement progressif qui atteint son maximum au
pôle libre de l'oeuf. Il se rompt à ce niveau au moment de l'accouchement
et se trouve expulsé ensuite avec le reste du délivre. (G.
Herrmann). |
|