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La cosmétique
Un cosmétique est une substance qui sert à entretenir en bon état la peau ainsi que ses annexes, cheveux, cils, barbe, ongle, etc., à les embellir et à leur conserver l'apparence de la fraîcheur. Les substances cosmétiques, liquides, molles ou en poudre s'appliquent sur la peau au moyen d'une douce friction.

Les cosmétiques s'obtiennent soit en diluant les matières premières que fournissent l'extraction et la synthèse, soit en mariant ces matières premières avec d'autres substances et en les colorant, de façon à les transformer de nouveaux produits, d'odeur et d'aspect agréables, qui sont livrés au consommateur. Le nombre en est considérable : extraits d'odeur et eaux de senteur, parfums solidifiés en tablettes, vinaigres et, eaux de toilette, savons et bains savonneux, pommades, huiles et essences parfumées, teintures et autres préparations capillaires, dentifrices, poudres parfumées, sachets, pâtes molles ou dures odoriférantes, crèmes, émulsions, fards, etc. 

A partir du XIXe siècle, les procédés et le matériel de fabrication des cosmétiques, analogues sous beaucoup de rapports, à ceux de la pharmacie, de la grasse savonnerie et de la distillation des liqueurs, sont devenus plus élaborés. Avec les progrès de la chimie, plus rapides que ceux de la médecine, on a vu apparaître une nouvelle génération de fards, qui à défaut d'être inoffensifs, ont offert une grande variété et multiplicité. De nos jours, l'art de la cosmétique a  atteint une plus haute sophistication encore, et ses produits n'ont, le plus souvent, que peu de rapports avec ceux employés dans le passé.

Les compositions diverses destinées soi-disant à embellir le teint étaient connues et employées dès la plus haute Antiquité; il est présumable que nous tenons de tradition ces pratiques. A Athènes, chaque partie du corps avait une essence ou une huile qui lui était propre : la menthe était recommandée pour les bras, l'huile de palmier pour la bouche et la poitrine; on graissait les sourcils et les cheveux avec un onguent extrait de la marjolaine, les genoux avec essence du lierre terrestre, etc.

Les Romains s'enduisaient le corps d'huiles parfumées, se servant du savon des Gaules pour les mains, se teignant les cheveux en noir. Les femmes faisaient usage de divers fards, et l'on cite le masque au mari dont Poppée, femme de Néron, faisait usage pour se tenir le teint frais. Elle s'appliquait sur le visage une pâte de farine de seigle délayée dans de l'huile parfumée, qu'elle conservait toute la journée et dont elle ne se débarrassait que le soir par un lavage au lait.

Les fards.
Ce que l'on rencontre surtout dans le passé des cosmétiques, ce sont les fards. Le plus ancien fard dont il soit fait mention dans l'histoire est le sulfure d'antimoine « alco fol ». Nous voyons que les Assyriens, les Babyloniens, les Arabes, les Hébreux
et autres nations orientales en faisaient un fréquent usage. Job nomme une de ses filles « Vase d'antimoine ». La mode en était si bien établie que Jézabel ayant appris l'arrivée de Jéhu à Samarie « se mit les yeux dans l'antimoine », c.-à-d. les peignit avec du fard avant de se montrer à l'usurpateur dont elle voulait calmer la colère. La découverte faite par Grand d'un fragment de sulfure d'antimoine dans les cavernes de Menton, au milieu d'instruments de silex, d'agate et de quartz hyalin, semblerait indiquer qu'il était déjà utilisé dès la Préhistoire. L'ocre a aussi été utilisé depuis ces époques reculées pour colorer la peau en rouge et le charbon de bois pour la colorer en noir.

D'autre part, Théophraste, Dioscoride et Vitruve font mention de la préparation et de l'emploi de la céruse usitée comme fard par les dames romaines. Pline assure que la plus estimée provenait de Rhodes

A l'époque moderne, la mode du maquillage et toutes les préparations ayant le fallacieux prétexte du rajeunissement sont l'origine d'une fructueuse industrie de la vanité que les progrès de la chimie n'ont fait qu'étendre. Ainsi, aujourd'hui, les fards, comme le reste des produits cosmétiques sont très divers, et leur inocuité est devenue une préoccupation centrale. Autrefois on donnait le nom de fards seulement aux cosmétiques employés pour colorer la peau en blanc, en rouge et en noir. Ils présentaient souvent des dangers.

Les fards se subdivisaient en fards minéraux et en fards végétaux. Les deux fards minéraux servant à colorer la peau en blanc et nommés, pour cette raison, blancs de fard, étaient : le sous-nitrate de bismuth, à peu près inoffensif, et la céruse ou carbonate de plomb, poison dangereux. L'une et l'autre de ces substances avaient l'inconvénient de noircir par l'action de l'acide sulfhydrique. On employait comme fard rouge le cinabre ou sulfure de mercure, le noir vénéneux des composés mercuriels. On s'est servi aussi pour colorer la peau en rose de la couleur appelée rosaniline, ou rouge d'aniline; mais celle-ci contenait des traces d'acide arsénique qui exerçait une influence fâcheuse sur l'épiderme. Le fard rouge védétal dont l'usage a été le plus répandu  est le rose de carthame. 

Produits cosmétiques du début du XXe siècle.
Au début du XXe siècle encore, le blanc était du sous-nitrate de bismuth uni à de la craie de Briançon. Les rouges, très divers, étaient composés, soit pour le rouge végétal, du principe colorant du carthame, de vermillon d'Espagne ou cinabre (sulfure de mercure) réduit en poudre impalpable par porphyrisation, du carmin de cochenille, etc.; chacune de ces matières colorantes était délayée dans de la craie de Briançon qui leur permettait d'adhérer à la peau, soit de l'orcanète, du bois du Brésil, du carmin et même de la fuschine pour les crayons à rouge. Le vinaigre de rouge est du carmin maintenu en suspension dans du vinaigre à l'aide de matières mucilagineuses. Le crépon est de l'étamine très fine teinte en rouge sans mordant, et assez chargée en matière colorante pour en laisser sur la peau humide lorsqu'on la frotte avec cette étoffe. Enfin les fards et crayons noirs étaient composés de pâtes grasses contenant du noir de fumée, de la terre d'ombre ou toute matière colorante noire.

A ces types de fard, il convient d'ajouter les variétés infinies des produits destinés en principe à embellir le teint, comme les poudres, crèmes, pâtes, laits, etc. Nous nous contenterons de citer les divers ingrédients qui les composaient et dont quelques-uns sont de véritables toxiques. Les poudres étaient surtout composées par des amidons divers : de riz, de froment, de fécule, parfumées et additionnées, souvent dans des proportions excessives, de sous-nitrate de bismuth, d'oxyde de zinc, de céruse, de talc, de sulfate de baryte, etc. Les poudres rosées étaient obtenues par du carmin, soit par la matière colorante du carthame, la carthamine.

Les laits, les eaux, les lotions n'étaient que des solutions ou émulsions, très souvent vendues sous le nom de préparations végétales inoffensives, et contenant, malgré leurs prétentions curatives, des toxiques minéraux violents; ainsi, d'après les analyses chimiques qu'on avait fini par se décider à faire, les eaux de Castille, des Fées, des Roches, du Serpent, du Figaro, de Royal Windsor, le lait antéphélique Candès, etc, se sont avéré renfermer des substances telles que : nitrate d'argent, sulfate de cuivre, acétate de plomb, bichlorure de mercure, etc. L'eau de Ninon contenait du calomel (chlorure mercureux). La veloutine Viard était composée d'amidon et d'oxyde de zinc; enfin les diverses poudres de riz étaient formées avec de la fécule, amidon, poudre de riz associée avec les produits suivants talc, albâtre, carbonate de magnésie, oxyde de zinc, carbonate de zinc, phosphate et sous-nitrate de bismuth, céruse, etc. Les fards, par les substances métalliques et toxiques qu'ils contenaient, irritaient et dessèchaient la peau en occlusant les pores, suppriment la transpiration, et pouvaient occasionner des accidents graves

Ajoutons, qu'autrefois, et aujourd'hui encore, les femmes de l'Orient ont l'habitude de se teindre les cils, les bords des paupières et les sourcils avec des fards noirs qu'elles fixent à l'aide de fines aiguilles. Ces fards sont ou du noir de fumée ou du henné.

Le henné.
Le henné, Lawsonia alba Lamk., (Salicariées) est un arbre. Très répandu dans le Nord de l'Afrique, le henné se rencontre aussi dans la péninsule Arabique et en Inde; il est ordinairement cultivé, toutefois il semble croître spontanément dans la région occidentale de ce dernier pays. On obtient de ses feuilles fraîches réduites en poudre et mises en pâte avec du suc de citron, une très belle couleur orange. Les Indiens emploient cette couleur à se teindre les paupières, la plante des pieds, la paume des mains, les doigts, les orteils et surtout les ongles. Par la distillation, on obtient, des fleurs, une essence très forte, connue dès la plus haute antiquité, puisque nous la retrouvons chez les Hébreux qui appelaient Hacopher la teinture obtenue du Lawsonia chez les Egyptiens. Les ongles des momies égyptiennes paraissent avoir été teints avec la couleur extraite des feuilles du Lawsonia, ce qui attesterait ainsi la haute antiquité d'une coutume encore en vigueur chez les Arabes; de nos jours ceux-ci usent encore de cette couleur pour teindre la crinière et la queue de leurs chevaux. Réduit en poudre, le henné présente une couleur olive; en le faisant bouillir dans l'eau, on obtient un liquide d'un jaune orange très accentué et chargé de nombreuses parties colorantes. On l'emploie à la teinture des laines pour obtenir des nuances fauves; en le traitant par l'alun et l'oxyde de fer, on a diverses nuances de brun. Indiens et Arabes réduisent en poudre les feuilles et en composent avec de l'eau de chaux une pâte qui, appliquée sur la peau ou les cheveux, leur donne une couleur jaunâtre. Les Iraniens en obtiennent encore une coloration noire avec des reflets bleus. Les feuilles de henné, bouillies dans du lait, forment un breuvage dont l'absorption, paraît-il, dispose à la léthargie ou au sommeil.

Les teintures.
Parmi les cosmétiques qui ont été usités de longue date pour teindre les cheveux, on mentionnera l'eau oxygénée, qui les teint en blonc; diverses solutions de sels d'argent, de plomb ou de mercure, pour leur teinture en noir. On obtenait instantanément une coloration noire intense en faisant dissoudre de l'hyposulfite de plomb dans une solution étendue d'hyposulfite de soude. On a fini par reconnaître que ces liquides et autres analogues  comme nuisibles à la santé et comme pouvant même abréger la durée de la vie. (Ch. Girard / L. Knab).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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