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Les beaux-arts en Bourgogne
L'architecture bouguignone.
Des nombreux monuments que les Romains avaient dû élever sur le territoire qui est devenu plus tard le duché de Bourgogne, un petit nombre seulement sont encore debout. Il n'y a même guère que la ville d'Autun qui, en Bourgogne, ait conservé des monuments romains de quelque importance. Laporte d'Arroux et la porte Saint-André sont connues de tous. Du théâtre il ne subsiste que des pans de murs; quant à l'amphithéâtre, il est rasé depuis longtemps, mais ses substructions ont permis de retrouver ses dimensions; le grand axe mesurait 157 m et le petit axe 131 m. Citons
encore à Autun les ruines de trois temples, l'un dit temple d'Apollon, l'autre, temple de Minerve, le troisième, temple de Janus. Quant à la pierre de Couhard, c'est une sorte de pyramide qui n'était peut-être qu'un monument funéraire analogue à la pyramide de Cestius à Rome. La sculpture romaine est représentée par les stèles funéraires avec personnages conservées dans les musées de Dijon et d'Autun.
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La porte Saint-André, à Autun.

Les monuments construits pendant la période franque, c.-à-d. sous les Mérovingiens et les Carolingiens, ont disparu pour la plupart. Nous ne pouvons guère citer comme existant encore que les cryptes de l'église Saint-Germain à Auxerre, qui paraissent remonter au IXe siècle.

La période romane a au contraire laissé sur le territoire bourguignon de magnifiques et nombreux monuments. Il y eut aux XIe et XIIe siècles en Bourgogne, une école d'architecture florissante et qui étendit son influence au Nord jusqu'à Joigny, au Nord-Est jusque dans les Vosges, au Sud-Est jusqu'à Genève et Lausanne, au Sud jusqu'à Lyon, à l'Ouest jusqu'à Moulins

Les églises romanes de l'école bourguignonne se composent généralement d'une nef avec bas-côtés, d'un transept, d'un choeur avec bas-côtés et d'une abside. Dans quelques monuments, comme à Notre-Dame de Beaune et dans l'église abbatiale de Cluny, le bas-côté faisait le tour de l'abside. La nef est généralement voûtée en berceau; les bas-côtés sont voûtés d'arête; l'arc brisé est d'un emploi fréquent dès XIIe siècle. L'ornementation a subi l'influence de l'art romain, et l'on voit aux pilastres cannelés, aux dessins des chapiteaux, aux ornements des archivoltes, que les architectes du Moyen âge ont cherché des modèles dans les monuments romains qu'ils avaient sous les yeux. De l'église abbatiale de Cluny, qui était le monument le plus remarquable de la Bourgogne, il ne reste qu'un transept.
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Transept de l'église de Beaune.

Mais l'église de Paray-le-Monial est encore debout, ainsi que l'église de Vézelay (XIIe siècle). On peut indiquer comme appartenant au XIe siècle, l'ancienne crypte de
Saint-Baudèle à Beaune, la crypte de la cathédrale d'Auxerre, les substructions de la rotonde de Saint-Bénigne de Dijon, la collégiale de Saint-Vorles à Châtillon-sur-Seine, quelques fragments dans les églises de Bretenières, Saint-Apollinaire, Bligny, Chevigny, Saint-Sauveur, Hauteville, Longvic, Fauverney. 

Pour le XIIe siècle, nous citerons, outre les églises mentionnées plus haut, l'église Sainte-Croix à la Charité-sur-Loire, dont il ne reste que le choeur et le transept, consacrée en 1107; l'église Saint-Andoche de Saulieu, consacrée par Calixte Il le 21 décembre 1119; l'église Saint-Lazare d'Autun dont les travaux commencèrent vers 1120, qui fut consacrée par le pape Innocent Il en 1432 et qui était presque complètement achevée en 1147, aujourd'hui détruite; l'église de l'abbaye de Molesme consacrée en 1154; la cathédrale de Langres consacrée en 11960. Citons encore le portail de l'église Saint-Lazare d'Avallon, l'église Notre-Dame à Beaune, une porte de l'église Saint-Philibert de Dijon, l'élégant clocher de Saint-Germain d'Auxerre.

Nous avons encore un exemple d'architecture militaire de l'époque romane, peut-être du XIe siècle, dans les ruines de la tour de Rougemont entre Montbard et Aisy-sur-Armançon. Quant à l'architecture civile, romane, elle est représentée par des restes de maisons particulières à Cluny et à Beaune.
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L'église Notre-Dame, à  Dijon.

Le XIIIe siècle ne fut pas moins fécond en édifices religieux que le XIIe siècle. Mais il serait plus difficile de déterminer les caractères distinctifs des édifices gothiques
en Bourgogne. Cependant l'église Notre-Dame de Dijon, un des plus élégants édifices de style gothique, présente une façade d'un caractère tout à fait original : un portail surmonté de trois galeries s'ouvrant par des arcades brisées, d'une disposition analogue aux galeries des églises de Pise. Citons encore parmi les églises gothiques de la Bourgogne l'église Saint-Bénigne de Dijon (XIIIe siècle), l'église Notre-Dame de Semur (XIIIe siècle), la cathédrale d'Auxerre (XIIIe siècle), l'église de Saint-Père sous Vézelay (XIIIe siècle), l'église de Flavigny (XIIIe et XIVe siècles), le portail de l'église Notre-Dame à Beaune (XIVe siècle). Les ruines du château de la Rochepot et les restes des fortifications de la ville de Semur sont des monuments de l'architecture militaire du XIIIe siècle.

Parmi les monuments élevés en Bourgogne sous les ducs de la famille des Valois, il faut citer le palais des ducs à Dijon; il n'en reste que la tour dite de la Terrasse, la tour de Brancion, appelée aussi tour de Bar, la grande salle des gardes, la cuisine et les salles voûtées du rez-de-chaussée. On admire encore à Dijon, dans la rue des Forges, l'hôtel des Ambassadeurs d'Angleterre, du XIVe siècle. Beaune possède un élégant beffroi du XVe siècle. C'est le chancelier de Philippe le Bon, Nicolas Rolin, qui fit construire l'hôpital de Beaune, édifice de style flamand. 

La Renaissance a laissé en Bourgogne d'assez nombreux édifices et surtout des châteaux parmi lesquels nous citerons celui d'Ancy-le-Franc. A Dijon, les maisons de cette période sont nombreuses; citons l'hôtel Vogué. Le Palais de Justice de Dijon et l'église Saint-Michel datent aussi du XVIe siècle. Les églises de Dijon furent ornées, au XVIIe siècle, de statues par un sculpteur né à Dijon en 1626, et mort le 29 novembre 1694, Jean Dubois.

Le dernier grand édifice qui ait été construit en Bourgogne est le palais des Etats, construit sur l'emplacement du palais ducal; il fut commencé en 1686 et terminé seulement en 1784.

Les autres arts.
La protection que Philippe le Hardi accorda aux arts en fut pas moindre que celle qu'il donna aux lettres. Mais il n'employa guère que des artistes flamands. La renaissance artistique qui se manifesta en Bourgogne au XIVe siècle, eut donc son origine en Flandre. Philippe le Hardi employa les meilleurs peintres et sculpteurs à décorer le château ducal d'Argilly et la Chartreuse qu'il avait fondée en 1383 aux portes de Dijon en un lieu dit Champmol. Les peintres flamands qu'il fit venir en Bourgogne furent Jean de Beaumetz, d'Arras, et ses aides Jean Gentilz, Gérard de la Chapelle, Gérard de Nivelles, Turquin de Gand, Guillaume de Francheville; d'autres peintres aussi célèbres que Jean de Beaumetz furent Jean Malouel, Hugues de Boulogne, Melchior Broederlain.

Le duc et la duchesse avaient choisi la Chartreuse de Dijon pour lieu de leur sépulture. Jean de Marville, sculpteur, fut chargé d'exécuter le tombeau. Il s'adjoignit Philippe Van Erein et le célèbre Nicolas Sluter. Ce tombeau est aujourd'hui au musée de Dijon. Les statues en pierre de Philippe le Hardi et de sa femme, autrefois placées à l'entrée de église de la Chartreuse et qui sont aujourd'hui à l'entrée de l'église de l'hôpital des Aliénés, sont l'oeuvre de Nicolas Sluter.
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Le puits de Moïse, à l'ancienne Chartreuse de Dijon.

Mais le chef-d'oeuvre de ce sculpteur est le puits de Moïse, également à la Chartreuse. Jacques de Baers, de Tenremonde, exécuta des retables qu'on conserve au musée de Dijon. Les portes de bois de l'église de la Chartreuse furent sculptées par Hennequin ou Jean de Liège. Philippe le Hardi employa les verriers Gossuin, de Bois-le-Duc, Robert de Cambrai, Henri Glesemakere. Il fit faire de nombreux ouvrages en cuivre à des fondeurs de Dinant qui excellaient dans cet art.

Philippe le Hardi eut un goût très particulier pour l'orfèvrerie et augmenta beaucoup le trésor des ducs de Bourgogne. Il n'employa que des orfèvres flamands, les uns résidant à Paris, les autres en Flandre même. L'inventaire des objets que Philippe fit fondre en 1382 pour aider Louis de Male à équiper une armée, les inventaires dressés à la mort du duc en 1404, et à la mort de sa femme en 1405, nous sont parvenus; ils donnent une idée des richesses en orfèvrerie et joyaux que possédaient Philippe le Hardi et la duchesse Marguerite.

Jean sans Peur, à l'exemple de son père, se fit préparer à Dijon, un tombeau pour lui et sa femme, Marguerite de Bavière. Il rechercha aussi les joyaux, la vaisselle d'or et d'argent.
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Le tombeau de Jean sans Peur (musée de Dijon).

Philippe le Bon n'avait pour l'architecture que du dédain; mais il encouragea la sculpture et la peinture. Il prit à son service les peintres Hue de Boulogne et Jean Van Eyck; il employa même ce dernier dans des missions de confiance et des ambassades secrètes. (M. Prou).

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