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Les Omeyyades
ou Omayyades (en arabe Banu Omeyya,
du nom de leur ancêtre Omeyya ou Ommiyah, père de Harb, père
d'Abou Sofyan, père de Moawiyah) sont une dynastie arabe,
qui eut pour fondateur Moawiyah, de la tribu
des Koraïschites. Moawiyah se fit céder
le califat d'Orient par Hassan, fils d'Ali.
Cette dynastie, dont le siége était à Damas,
étendit l'empire des Arabes, jusqu'en Inde
et en Espagne .
Elle posséda le califat de 661 à 750, sous 14 califes.
Le dernier fut renversé du trône par Aboul-Abbas, chef de
la dynastie des Abbassides. Dépossédés
du califat en Asie, les Omeyyades allèrent
régner à Cordoue ( Espagne
musulmane). Ils en occupèrent le trône de 756 à
1031.
Les Omeyyades
d'Orient.
Moawiyah
Ier
Avec Moawiyah
commença la série des califes appelés Omeyyades.
C'est lui qui allait transférer le siège du califat de la
ville du Prophète, Médine, où il avait toujours été
jusque-là, à Damas, dans la province dont il avait été
autrefois gouverneur (673). Peu de temps après son avènement,
il fut obligé de réprimer une insurrection des Kharidjites
par une campagne, et une rébellion à Bassorah
par de sévères châtiments. Il médita alors sérieusement
toute la subversion de l'Empire byzantin. Rhodes fut attaquée et
la célèbre statue du colosse fut brisée en morceaux.
Son fils Yézîd (Yazâd ou Jezid) marcha à
travers l'Asie Mineure (Anatolie), rencontrant
peu de résistance; il traversa ensuite l'Hellespont (= détroit
des Dardanelles) et fit le siège de Constantinople,
mais fut obligé de le lever (669). D'autres généraux
eurent plus de succès contre les Turks
au Khorassan et dans les régions
s'étendant jusqu'aux frontières de l'Inde.
Yézîd
Ier.
Yézîd,
qui devint calife en 680 ne se révéla pas tout à fait
un digne successeur de son père, le politique Moawiyah. Au début,
il ne fut pas reconnu par les deux villes saintes, La
Mecque et Médine, qui, tant que
les califes avaient résidé dans cette dernière ville,
avaient joui d'une voix principale dans leur élection, mais qui
n'avaient pas été consultées lorsque Moawiyah, selon
la coutume des califes, nomma son successeur de son vivant. Les mécontents
épousèrent la cause, soit de Husseïn (al-Husayn), le
célèbre fils d'Alî, soit d'Abdallah, le fils de Zobeïr
(Abdallah ibn Zobeïr, Abd Allah ibn az-Zubayr), qui tous deux avaient
revendiqué le califat. Une rébellion des habitants de l'Irak,
en faveur de Husseïn, menée par son cousin, fut réprimée
par la prudence et la décision d'Obeidallah, gouverneur de Koûfa;
et Husseïn, qui avait accepté l'invitation des conspirateurs,
fut tué à la bataille de Kerbala
(10 octobre 680). Le « martyre d'Husseïn » est toujours
célébré de nos jours par les Chiites (célébrations
de l'achoura). Abdallah fut reconnu calife à Médine,
où Yézîd était détesté pour sa
volupté et son scepticisme. A ce titre Médine fut investie
prise d'assaut et saccagée ; et La Mecque, dans laquelle Abdallah
s'est réfugié, a été assiégée,
mais Yézîd fut tué pendant le siège.
Moawiah
II.
Après la
mort de Yézîd (683), son fils, Moawiah
II, jeune homme faible mais pieux, devint calife. Mais il mourut alors
qu'il méditait l'abdication après un règne de seulement
40 jours. A cette époque, Abdallah ibn Zobeïr s'était
fait proclamer Prince des Vrais Croyants, et il avait une suite puissante.
Pendant un certain temps, l'anarchie a régné. L'Irak, le
Hedjaz, le Yémen et l'Égypte ont reconnu Abdallah comme calife.
Merwan
Ier.
En Syrie, Dehac,
régent d'Abdallah, fut d'abord élu calife; mais le peuple
de Damas nomma calife Merwan Ier,
de la dynastie des Omeyyades, qui se rendit maître de toute la Syrie
et de l'Egypte. Le Khorassan s'est séparé du califat et s'est
soumis à un prince de son choix - le noble Salem. L'année
suivante (684) Soleïman ibn-Sarad excita une grande rébellion
des mécontents en Syrie et en Arabie, et déclara les deux
califes déposés, mais fut vaincu par le soldat expérimenté
Obeidallah.
Abdel-Malek.
Merwan (décédé
en 685) avait été contraint de promettre sous serment de
laisser le califat à Khaled, le fils de Yézîd, mais
il nomma finalement son fils Abdel-Malek comme
son successeur. Sous Abdel-Malek, Mokthar, un nouveau rebelle contre les
deux califes, fut maîtrisé par l'un d'eux, Abdallah (686),
ce qui ne fit que rendre Abdallah plus redoutable à Abdel-Malek,
qui, afin de pouvoir diriger toutes ses forces contre lui, conclut une
paix avec l'empereur byzantin Justinien II,
par laquelle, renversant l'ordre du Coran ,
il concéda aux chrétiens un tribut annuel de 50 000 pièces
d'or. Abdel-Malek marcha alors contre Abdallah, le battit deux fois et
prit La Mecque d'assaut. Abdallah fut alors définitivement défait.
Ainsi Abdel-Malek pouvait-il enfin réunir sous sa domination tous
les Musulmans; mais la résistance des gouverneurs et les guerres
avec les Byzantins le tinrent constamment
occupé. Il mourut en 705.
Walid
Ier.
Sous Walid Ier,
fils d'Abdel-Malek, l'expansion recommença. Les Arabes conquirent
à l'est Kharezm et Turkestan (707),
ainsi que le nord de la Galatie (710). La
Tunisie tomba également et devint
le centre de gouvernement à partir duquel fut organisée,
en 711, la conquête de l'Espagne par une armée dirigée
par des Arabes, mais majoritairement composée de Berbères
d'Afrique du Nord. En 711 encore, le Sind (= la vallée méridionale
de l'Indus dans l'actuel Pakistan) succomba aux envahisseurs irakiens.
Walid mourut en 715. Après lui la domination musulmane allait
rester à peu près stable en taille pendant trois siècles
jusqu'à ce que la conquête reprenne au XIe
siècle. Dans l'intervalle, l'Inde et l'Anatolie ont connu des invasions;
l'Afrique sub-saharienne et d'autres régions ont vu l'Islam s'étendre
pacifiquement par le commerce et la conversion.
Soleïman.
Soleïman, le
frère et successeur en 715 de Walid, assiégea Constantinople,
mais sa flotte fut détruite par le feu grec et son armée
souffrit gravement de la famine. Il mourut alors qu'il se rendait au siège
en 717.
Omar
II.
Le successeur de
Soleïman, par la dernière volonté, fut Omar
II. Celui-ci échoua également dans la conduite de la
guerre. Ayant encouru le mécontentement des Omeyyades par son indulgence
envers les Chiites, il mourut empoisonné
(720).
Yézîd
II.
Yézîd
II, son successeur également de par une disposition de Soleïman,
mourut de chagrin en 724, après la perte d'une épouse favorite.
Hescham.
Son successeur fut
Hescham (Hichâm), calife jusqu'en 743. Sous son règne, la
puissance des Omeyyades fut menacée de toutes parts. Dans l'empire,
les convertis à l'Islam ne représentaient pas plus de 10%
de la population, et les convertis étaient mécontents de
la domination sociale arabe. De plus, les Arabes non syriens contestaient
la domination des califes de Damas, tandis que les Musulmans pieux regardaient
de travers le comportement laïc et même irréligieux de
ces mêmes califes. Enfin, les Chiites et les Kharidjites
n'ont cessé de remettre en cause la légitimité du
pouvoir de la famille omeyyade, lançant un certain nombre de rébellions,
la principale ayant été celle de Zaïd (739-740). Sous
Hescham encore, l'avancée des Sarrasins à l'ouest fut stoppée
par l'énergie de Charles Martel,
qui anéantit leurs armées entre Tours
et Poitiers en 732, et à Narbonne
en 736. Une famille, celle des Abbassides, descendants d'Abbas, fils d'Abdalmotaleb,
oncle du Prophète, commença aussi à être redoutable.
Les
derniers Omeyyades.
La dynastie des
Omeyyades vit encore quatre califes se succéder en sept ans après
Hescham, mais elle était déjà condamnée. Walid
II, devenu calife en 743, fut assassiné après un règne
d'un an. Les règnes de Yézîd III et d'Ibrahim, un chef
abbasside, furent encore plus courts, puisqu'il s'achevèrent avant
la fin de l'année 744. Merwan II, parvint quant à
lui jusqu'en 750, mais finit par tomber sous les coups des Abbassides.
Presque tous les Omeyyades furent furent victimes d'un horrible massacre
lors d'une réunion à laquelle ils avaient été
convoqués. Seul l''un des membres de la famille, Abd-er-Rahman (Abderraman),
qui était le petit-fils d'Hescham, parvint à s'échaper
pour se réfugier en Espagne où il fonda (755) le califat
indépendant de Cordoue.
Les Omeyyades
d'Espagne.
Les Omeyyades d'Espagne
sont issus d'Abd-er-Rahman qui régna à Cordoue ( Le
Califat de Cordoue) et compta seize princes qui furent les suivants
:
Abd-er-Rahman
ler (756-788)
Hicham Ier
(788-796)
El Hakam ler
(796-822)
Ahd-er-Rahman II
(822-852)
Mohammed Ier
(852-886)
Eld-Moundhir (886-888)
Abd allah (888-912)
Abd-er-Rahman III
(912-961)
El Hakam II (961-976)
Hicham II (976-1009;
1010-1013)
Mohammed Mahdy (1009-1010)
Solaïman (1013-1016)
Ad-er-Rahman IV
Mourtada (1018)
Abd-er-Rahman V
(1023-1024)
Mohammed II Moustakfy
(1024-1025)
Hicham III Moutadd
(1027)
Les débuts des
Omeyyades en Espagne furent extrêmement
pénibles. Pour asseoir solidement leur pouvoir, les premiers princes
de cette dynastie durent déployer la plus grande énergie
et triompher de multiples difficultés : agressions des souverains
chrétiens du Nord de la péninsule, discordes des tribus arabes,
Yéménites
et Modarites, établies en Andalousie,
soulèvement des populations chrétiennes indigènes;
un chef de rebelles, Omar ibn Hafsoun, retranché dans la forteresse
de Bobastro, réussit, pendant plus de vingt ans, à tenir
en échec les troupes d'El Moundhir, et d'Abel allah.
Le long règne
d'Abd-er-Rahman III marque l'apogée de cette dynastie. Jusque-là,
les Omeyyades d'Espagne s'étaient contentés du titre d'émir.
Abd-er-Rahman III prend ceux de calife et de
prince des croyants. Il triomphe également des Fatimides
dans le Maghreb et des princes chrétiens du Nord de l'Espagne; il
intervient même dans les querelles de ces derniers, et ramène
sur le trône de Léon le roi Sancho,
chassé la ses sujets. Cordoue devient la rivale de Bagdad; la splendeur
de ses palais est proverbiale dans l'Orient et dans l'Occident.
La cour des Omeyyades
d'Espagne, comme celle des Abbasides, a ses poètes attitrés.
Les écoles de jurisprudence et de théologie de Cordoue,
qui suivent le rite malékite, sont célèbres dans tout
l'islam. Toutefois, Abd-er-Rahman prépare, sans y songer, la ruine
de ses successeurs, en introduisant en Espagne un nombre considérable
d'esclaves étrangers, destinés à sa garde. Rempli
de défiance à l'égard de la noblesse arabe, il s'entoure
de Berbères et de "Slaves" (par ce nom, les historiens arabes d'Espagne
désignent les esclaves originaires de
Provence,
d'Allemagne et de Lombardie).
Il ne confie les postes importants qu'à des affranchis
dont la basse extraction lui semble garantir la soumission et la fidélité.
Les chefs de cette milice étrangère deviendront tout-puissants
sous les derniers Omeyyades et entendront disposer à leur gré
du califat.
Une décadence
rapide survient après la mort de El Hakam
II. Hicham II est tenu à l'écart des affaires et règne
sous la tutelle de son ministre Ibn abi Amir al Mansour. Ce ministre, véritable
homme d'Etat, conserve à la dynastie omeyyade une partie du prestige
dont l'ont entourée Abd-er-Rahman III et Hakam Il. Mais avec son
fils Abd-er-Rahman Sanchol une ère de troubles et de guerres civiles
s'ouvre pour le califat de Cordoue. Sanchol, qui a osé jeter Hicham
II en prison, et se faire proclamer calife, est renversé par un
soulèvement populaire; un petit-fils d'Abd-er-Rahman III, Mohammed
Mahdy, est porté au trône. Mais le chef des Slaves, Wadhih,
fait mettre à mort ce nouveau calife, et rétablit Hicham
II au pouvoir, tandis que les Berbères proclament un autre Omeyyade,
Soleiman. Une lutte terrible s'engage entre Slaves et Berbères.
Cordoue est prise d'assaut et livrée aux horreurs du pillage.
Puis la dynastie
omeyyade subit une interruption, lorsque le Slave Khairan appelle à
Cordoue les Hammoudites d'Afrique (des Chiites Zeydites, détachés
de la dynasitie Edriside). Elle revient avec
Abd-er-Rahman IV, est de nouveau interrompue par le triomphe des Hammoudites
Kasim et Yahya, puis fournit encore trois princes, dont chacun ne règne
que quelques mois et périt assassiné. Enfin, en 1027, le
président du conseil de Cordoue, Ibn Djauhar, fait déclarer
Hicham III déchu, et le califat définitivement aboli en Espagne.
De nombreuses dynasties indépendantes ou taïfas ( =
factions), qui, depuis le règne d'Hicham II, ont arraché
au califat de Cordoue les plus belles villes de l'Andalousie, s'élèvent
sur les ruines de la dynastie omeyyade. (W. Marçais). |
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