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Alî,
c'est-à-dire Sublime, fils d'Aboû-Tâlib, est
le quatrième calife musulman, né
à la Mecque vers l'an 600 de notre
ère, mort à Koûfa en 661. Son père était
l'oncle paternel de Mohammed et lui avait servi de tuteur après
la mort de ses parents et de son grand père, Abd-aI-Mottalib. En
revanche, Mohammed après la mort d'Aboû-Talib,
adopta son cousin qui fut, malgré son jeune âge, un des premiers
convertis à l'islam et l'un des auxiliaires
les plus actifs et les plus énergiques du Prophète. Il le
suivit à Médine lors de l'hégire
et peu après (623) épousa Fâtima,
la fille chérie de Mohammed. Il combattit auprès de lui à
Bedr, a Ohod, et se distingua par son courage.
Son mariage, la situation exceptionnelle
qu'il avait auprès du Prophète, la sympathie des Musulmans
et surtout certaines paroles par lesquelles Mohammed l'avait un jour reconnu
presque formellement pour son successeur, tout cela paraissait lui assurer
la succession immédiate de Mohammed. Il n'en fut rien : à
la mort du Prophète (632), le pouvoir fut déféré
à Aboû Bekr, puis à Omar
et à Othman; ce fut seulement en 656 qu'Alî
arriva au califat après le meurtre d'Othman.
A cette époque il existait dans
l'empire musulman des tendances séparatistes; les généraux
qui avaient conquis tel ou tel pays étaient désireux de voir
consacrer leurs conquêtes par une indépendance pour ainsi
dire absolue; les querelles théologiques se multipliaient et même
on voyait se former certaines sectes, dont les doctrines avaient de graves
conséquences politiques et sociales. De plus, Aïcha,
qui n'avait jamais pardonné à Alî certaines insinuations
malveillantes, excita contre lui Talha et Zobair et fut défaite
à la Journée du Chameau.
Alî s'efforça alors de triompher
de l'opposition que lui faisait en Syrie Moawyia,
qui y avait levé une nombreuse armée. Une bataille sanglante
se livra entre les deux armées à Siffin sur le bord de l'Euphrate;
les troupes d'Ali étaient victorieuses quand Moawiya imagina un
stratagème; ses soldats s'avancèrent portant des corans
au bout de leurs lances et conjurant, au nom du livre saint, leurs adversaires
de ne pas continuer cette lutte impie et fratricide. Les superstitieux
soldats d'Ali le forcèrent à arrêter le combat ; on
décida de s'en .rapporter d'un commun accord à deux arbitres
choisis chacun par l'un des prétendants.
Par la maladresse du mandataire d'Alî
et la fourberie de celui de Moawiya, Alî fut déclaré
déchu. Il ne voulut pas se soumettre à cette décision
obtenue par traîtrise et quoiqu'il eût perdu la Syrie, l'Égypte,
la Perse et même les deux villes saintes
de la Mecque et de Médine, il leva une armée. Il se disposait
à marcher contre Moawiya, quand il fut assassiné à
Koûfa, par un émissaire des kharédjites.
Ces sectaires avaient résolu de faire périr le même
jour Ali, Moawiya et Amr ibn Al-Asî, le conquérant de l'Égypte,
pour mettre fin à ces luttes intestines qui déchiraient l'Islam.
Alî fut le seul frappé.
Outre Fâtima, il avait épousé
sept femmes, dont il eut, dit-on, plus de trente enfants : les plus connus
sont Hassan, Hossaïn et Mohammed, fils de
la Hanafite. La mort d'Alî assura le pouvoir à Moawiya, qui
fonda alors la dynastie héréditaire des Banoû Ommaiya
(Omeyyades), mais ce ne fut pas sans protestations,
car les Alides trouvèrent dans certaines régions, surtout
en Perse, de nombreux partisans et il se produisit dans le monde musulman
un schisme qui dure encore aujourd'hui (Chiites
et Sunnites).
Alî nous est décrit par lés
écrivains arabes contemporains comme un homme noble, fier et généreux,
le dernier de ces musulmans des premiers temps, que remplissait exclu sivement
l'enthousiasme religieux, qui vivaient de la vie même du Prophète
et: qui suivaient le mieux les exemples de foi, de sincérité
et de simplicité qu'il leur donnait. Il ne manqua à Alî
que d'être bon politique, il ne sut pas assez défendre ses
intérêts temporels, ce fut ce qui causa sa perte. Sa sagesse
et sa prudence sont célèbres, et il est l'auteur de poésies
et de proverbes fort estimés. (J. Preux). |
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