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Les Urodèles
(du grec oura = queue; et dèlos = visible forment un super-ordre
de Batraciens (ou Vertébrés amphibies),
proposé par Duméril ,
à corps allongé qui conservent toute leur vie une queue
bien développée. Ce groupe comprend notamment les genres Salamandre,
Ménopome, Amphiuma, Amblystome, Ménobranche, Protée, Sirène du Règne
animal de Cuvier .
Après la mort du grand naturaliste, Natterer fit connaître, en 1837,
la première espèce du genre Lépidosiren qu'il plaça comme un type de
transition, entre les derniers Batraciens et les premiers Poissons.
Les métamorphoses des Urodèles révèlent
des faits inattendus. Les Salamandres terrestres ont des larves
aquatiques avec houppes branchiales sur les côtés du cou
et queue comprimée verticalement pour nager. Ces larves éclosent dans
le sein de la mère qui est ovovivipare
et qui va les déposer dans l'eau au moment de la ponte
( Funck, de Salamandrae terr. vita,
evolutione et formatione).
Les Salamandres aquatiques ou Tritons,
vulgairement nommés, bien à tort, lézards d'eau, sont
ovipares
et pondent dans les eaux où elles vivent. Leurs larves sont à leur éclosion
dépourvues de pattes et portent sur les côtés du cou des branchies
en panaches, ainsi qu'une paire d'appendices en crochets pour suppléer
à l'absence des pattes ( Rusconi,
Amours
des salamandres aquatiques). Au bout d'un certain nombre de semaines
apparaissent les pattes antérieures et alors les appendices en crochets
tombent. Peu de temps après se montrent les membres
postérieurs. Ainsi pourvues de membres, ces larves conservent encore un
certain temps leurs branchies extérieures.
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Squelette
de salamandre terrestre.
Une espèce de salamandre aquatique (Triton
alpestris, Cuv.) a présenté à l'observation de Filippi (Archivio
per la zoologia, tome I, p. 206) un fait fort singulier et contraire
à tout ce que l'on avait cru jusque-là . Il a recueilli dans le lac Majeur
48 individus de cette espèce ayant l'aspect des adultes, mais encore pourvus
de branchies en houppes extérieures et offrant nettement deux autres caractères
de larves. Ces individus étaient près de pondre et évidemment aptes
à se reproduire comme des adultes; il semblait, dit Filippi, que les branchies
fussent comme une sorte d'anachronisme. Jusqu'à cette époque, en effet,
on avait admis sans contestation que les salamandres perdent toujours leurs
branchies avant d'arriver à l'âge adulte caractérisé par la faculté
de donner naissance à des petits.
A la suite de ce grand genre, Cuvier
rangeait, comme n'ayant jamais offert aux observateurs des branchies sur
les côtés du cou, les Ménopomes et les Amphiuma. Puis venaient les autres
genres : Axolotl (Amblystome), Menobranche, Protée, Sirène, signalés
comme conservant toujours leurs branchies; c'était la famille des Pérennibranches
de certains auteurs.
Classification
actuelle des Urodèles.
Le super-ordre des Urodèles est divisé
de nos jours en quatre ordres, entre lesquels
se répartissent neuf familles
vivantes et 65 genres
vivants :
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Salamandroïdes |
Salamandridés |
Salamandrinés
: Salamandra, Chioglossa, Lyciasalamandra,
Mertensiella. |
Pleurodelinés
: Pleurodeles, Calotriton, Cynops, Echinotriton,
Euproctus, Lissotriton, Mesotriton, Neurergus, Notophthalmus, Ommatotriton,
Pachytriton, Paramesotriton, Salamandrina, Taricha, Triturus, Tylototriton. |
Protéidés |
Protée
(Proteus), Necturus. |
Amphiumidés |
Amphiuma. |
Famille
éteinte |
Genre
éteint : Piceoerpeton. |
Cryptobranches |
Cryptobranchidés |
Cryptobranchus,
Andrias.
Genre
disparu : Chunerpeton. |
Hynobiidés |
Batrachuperus,
Hynobius, Liua, Onychodactylus, Pachyhynobius, Paradactylodon, Protohynobius,
Pseudohynobius, Ranodon, Salamandrella. |
Ambystomoïdes |
Ambystomatidés |
Ambystome
(Axolotl), Dicamptodon. |
Plethodontidés |
Bolitoglossinés
: Bolitoglossa, Batrachoseps, Bradytriton,
Chiropterotriton, Cryptotriton, Dendrotriton, Nototriton, Nyctanolis, Oedipina,
Parvimolge, Pseudoeurycea, Thorius. |
Hemidactyliinés
: Hemidactylium. |
Plethodontinés
: Plethodon, Aneides, Desmognathus, Ensatina,
Hydromantes, Karsenia, Phaeognathus. |
Spelerpinés
: Eurycea, Gyrinophilus, Pseudotriton, Stereochilus. |
Rhyacotritonidés |
Rhyacotriton. |
Sirénoïdés |
Sirénidés |
Siren,
Pseudobranchus. |
Le cas de l'Axolotl.
On sait aujourd'hui
que l'Axolotl n'est pas un genre particulier de Batraciens,
mais un stade d'évolution (larve) des individus du genre Amblystome. Avant
que cela ne soit découvert, le statut à donner à l'Axolotl a été l'objet
de nombreux débats. Cuvier ,
avec Schaw, Rusconi, Mayer, Latreille
et Gray, répugnait à faire des specimen connus des des animaux
adultes; mais Barton, Tschudi, Hoog, Calori, Everard Horne, J. Maller n'hésitaient
pas à affirmer que les axolotls ou sirédons était parvenus à leur état
parfait. La situation changea après que Auguste Duméril
eût reçu en janvier 1864, quand reçut à la ménagerie du Muséum
de Paris ,
6 axolotls du Mexique .
Il les regarda comme de l'espèce nommée par Sp. Baird Siredon lichenoïdes.
Le 10 janvier 1865, une femelle pondit un grand nombre d'oeufs
qui se développèrent presque tous et dont le naturaliste a décrit l'évolution
embryogénique. Le 6 mars 1865, nouvelle ponte; en 1866, 5 autres pontes
(4 janvier, 10 février, 16 avril, 16 juin, 30 décembre); puis encore
le 28 mars et le 16 juin 1867. En 8 mois environ, les nouveau-nés arrivent
à ne plus différer presque en rien de leurs parents dont ils ont les
formes dès leur naissance. Jusque-là rien d'inattendu et tout semblait
démontrer que l'Axolotl est un animal parfait conservant ses branchies.
Mais en septembre 1867, deux de ces axolotls, nés dans l'aquarium de la
ménagerie, éprouvèrent une transformation inattendue : disparition Ã
peu près complète des branchies et des crêtes membraneuses qui surmontent
le dos et entourent la queue; modification dans la forme de la tête, dans
la disposition des dents, de l'os
hyoïde, du corps des vertèbres; apparition
sur tout le corps de petites taches irrégulières d'un blanc jaunâtre
tranchant nettement sur la couleur antérieurement noire de l'animal.
La nouvelle forme ainsi revêtue par ces deux axolotls n'était pas d'ailleurs
inconnue aux zoologistes. Duméril y reconnut immédiatement des animaux
du grand genre salamandre, section des salamandres terrestres appartenant
au nouveau genre formé par Tschudi sous le nom d'Ambystome ou mieux Amblystome
et caractérisé ainsi : tête grande et convexe; parotides nulles; langue
médiocre; dents palatines nombreuses et disposées en série transversale;
doigts libres; queue arrondie, oblongue. Ainsi on ne pouvait plus en douter,
les axolotls sont bien des larves d'amblystomes et ne conservent pas toujours
leurs branchies; mais ce sont des larves fécondes comme celles observées
par Filippi dans le triton alpestre. (Ad. F.). |
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