| Les Nestors sont un genre de Perroquets caractérisé par un bec grand à mandibule supérieure deux fois plus longue que l'inférieure, arquée en demi-cercle et pointue a l'extrémité qui est très comprimée, sillonnée sur les côtés. La base du bec est garnie de plumes effilées en forme de poils qui s'étendent jusqu'aux oreilles; la cirre du bec est en partie couverte de plumes semblables. La pointe de la langue est munie d'une frange de poils fins. Ces caractères ont fait classer ce genre dans une famille à part (Nestoridae), qui ne renferme que le seul genre Nestor propre à la Nouvelle-Zélande et à quelques îles voisines de la Polynésie. Ces Perroquets sont d'assez grande taille, revêtus d'un plumage soyeux varié de gris, d'olivâtre et de rouge. Ils sont à demi nocturnes, ont des habitudes sociables et sautent en marchant. On en connaît cinq espèces; le Nestor notabilis habite l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande où il porte le nom indigène de Kea; le N. meridionalis, dont on distingue trois variétés, habite l'île septentrionale du même archipel et porte le nom de Kaka le N. Esslingi est peu connu; le N. productus, remarquable par son très long bec, est de l'île Philipp, et le N. Norfolcensis de l'île Norfolk : ces deux dernières espèces sont éteintes. Le Nestor meridionalis habite les régions montagneuses de la Nouvelle-Zélande. Ils ne se montrent que le soir, par petites bandes qui poussent des cris discordants (kaka-kaka), en se livrant à la recherche des insectes et des larves qu'ils saisissent dans les fissures des troncs d'arbres, au milieu des plantes épiphytes, à l'aide de leur long bec pointu. Dans la saison des fruits, ils mangent aussi des baies et des graines. Ils sucent les fleurs du Rata (Metrosideros), à l'aide de leur langue pénicillée. Bien que leur vol soit lourd, ils émigrent périodiquement d'une région à l'autre. A l'époque de la reproduction, le mâle et la femelle sont toujours ensemble; le nid n'est pas compliqué: c'est un trou d'arbre où la femelle dépose en novembre quatre mois, rarement six. Les jeunes commencent à sortir du nid en janvier. Cet oiseau s'apprivoise aisément : c'est un imitateur parfait qui apprend à parler comme la plupart des Perroquets. Le Kéa (N. notabilis) habite les montagnes rocheuses et les sommets les plus inaccessibles de l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande, à la limite des neiges éternelles. En hiver, il en descend pour chercher sa nourriture dans des régions moins désolées. Ses moeurs se rapprochent de celles du précédent, mais il est devenu célèbre par ses habitudes carnivores qui en font un véritable oiseau de proie. Autrefois il se nourrissait surtout de larves d'insectes; mais l'introduction des moutons en Nouvelle-Zélande a développé ses instincts carnivores au point qu'actuellement il se nourrit presque exclusivement de la chair de ces animaux. Lorsque les habitants tuent et dépouillent un mouton, ils jettera la tête: les Kéas arrivent à tire-d'aile et peu d'heures après les os sont parfaitement nettoyés, Mais ils ne s'en tiennent pas là : lorsque les moutons sont au pâturage, ils se jettent sur eux, se cramponnent à leur laine et déchirent la peau, cherchant à atteindre les reins entourés d'une graisse dont l'oiseau est très friand. Pour s'emparer des Kéas, on place une peau de mouton sur le sommet d'une hutte, et pendant qu'ils cherchent à en arracher des lambeaux on les tue ou on les prend au piège. Ils sont devenus si familiers et si peu craintifs qu'on peut les tuer à coups de pierres. (E. Trouessart). | |