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L'histoire de la
littérature
norvégienne ne commence en réalité qu'en 1814, lorsque la Norvège![]() ![]() ![]() ![]() ![]() La littérature danoise, de son côté, ne saurait revendiquer uniquement comme siens des historiens et des poètes qui, bien qu'ayant presque tous passé par Copenhague, et les uns y ayant vécu presque toute leur vie, sont cependant nés en Norvège, ont étudié ou chanté la Norvège avec une prédilection marquée et ont, en maintes occasions, affirmé très énergiquement leurs sentiments ardemment norvégiens. Tels sont l'historien Absalon Pedersen (mort en 1574), auteur enthousiaste d'une Description de la Norvège; le pasteur Petter Dass (1647-1708), poète lyrique d'une profonde inspiration religieuse et peintre éloquent de la nature septentrionale dans le poème intitulé la Trompette du Nordland; Dorothea Engelbrektsdatter (1635-1746), surnommée la dixième Muse par ses contemporains, poétesse dont les poésies de circonstances sont charmantes et les chants religieux d'une piété délicate; Ludvig Holberg (1684-1754), le plus grand nom des lettres danoises, non seulement poète comique et satirique de premier ordre, mais aussi historien consciencieux et fin moraliste; Gerhard Schöning (1722-1780), historien particulièrement érudit de la Norvège, dont l'oeuvre resta malheureusement inachevée; Christian Tullin (1728-1765), auteur descriptif distingué. Après ceux-ci, tout le groupe des jeunes poètes qui, vers 1772, fonda la « Société norvégienne » ou s'y rencontra: Johan Wessel (1742-1785), dont la tragédie burlesque, l'Amour sans bas, obtint un éclatant succès, et qui écrivit des contes en vers d'une mordante ironie; Nordal Brun (1745-1816), poète tragique médiocre, mais auteur de chants patriotiques encore populaires dans son pays; Claus Fasting (1746-1791), satiriste spirituel et journaliste de talent; les frères Claus Friman (1746-1829), et Peter Harbo Friman (1752-1839), l'un, pasteur, qui jusqu'à sa fin cultiva avec grand succès la poésie nationale et populaire; l'autre, homme d'Etat et diplomate, dont la veine poétique sembla tarie après un brillant début dans la poésie descriptive; Jonas Rein (1760-1821), poète élégiaque d'une douloureuse mélancolie; Jens Zetlitz (1761-1821), qui, tout théologien qu'il fût, excellait dans la chanson anacréontique; Kristen Pram (1756-1821), économiste savant et poète fécond dans tous les genres : drame, épopée, poème didactique, etc.; à côté d'eux, mais quoique très Norvégien ne faisant pas partie de la Société norvégienne, Edvard Storm (1746-1794), dont le grand charme réside en la naïveté de ses « lieds », écrits dans le dialecte de sa province. Quatre noms dominent l'histoire de la littérature
norvégienne au XIXe siècle, ce sont ceux
de Wergeland et de Welhaven pendant la première moitié du siècle et
ceux d'Ibsen et de Bjoenstjerne Bjoernson dans la seconde moitié. Autour
d'eux se groupent de nombreux poètes et romanciers dont certains sont
de grand mérite. Ce qui les anime tous, comme leurs prédécesseurs, et
inspire presque uniquement ceux d'avant 1830, c'est un ardent patriotisme
norvégien, qu'excitent encore les événements politiques de 1814 : la
séparation d'avec le Danemark, dont le joug avait fini par peser lourdement,
et l'union avec la Suède sous un
même roi, union plutôt acceptée que désirée. Les uns sont exclusivement
norvégiens; leur particularisme ne cherche pas de modèles à l'étranger
ni même dans les autres pays scandinaves, il trouve une source poétique
abondante et suffisante dans le glorieux passé du pays, dans ses légendes,
dans la vie populaire : moeurs de la campagne ou moeurs des petites villes
maritimes. Leur aboutissant, si l'on peut dire, ou leur maître est Henrik
Wergeland (1808-1845), poète exubérant et plein de fougue, au lyrisme
splendide et touffu, vrai et grand poète par l'enthousiasme et la richesse
d'une pensée et d'une langue trop souvent obscures malheureusement, surtout
dans les oeuvres de jeunesse. Les autres, n'aimant pas moins leur pays,
ne répudient pas la civilisation danoise et européenne, et, pour être
plus raisonnables, pour être le « parti de l'intelligence » par opposition
au « norvégianisme » intransigeant, ne sont pas moins poètes. Ils se
réclament de Johan Sebastian Cammermeyer Welhaven (1807-1873), le rival
de Werge land et son sévère critique, professeur de philosophie à L'Université
de Christiania (Oslo) Les disciples et amis de Wergetand sont
tout d'abord sa soeur Camilla Collett (1813-1893), dont les romans
pessimistes, les Filles de l'Amtman entre autres, jouirent d'une
vogue méritée; Sylvester Siverston (1809-1847) et Christian Monsen (1815-1852),
poètes lyriques, morts sans avoir donné toute leur mesure, mais que plusieurs
oeuvres sauvent de l'oubli; Peter-Christian Asbjörnsen (1712-1885) et
son collaborateur Jürgen Moa (1813-1882) , chercheurs inlassables et pieux
de contes nationaux et de vieilles légendes;
Magnus-Bostrop Landstad (1802-1880), qui s'est plu surtout à recueillir
les chansons populaires; Jvar Aasen (1813-1896),
auteur d'importantes études sur les dialectes norvégiens et leur littérature;
Aasmund Olafson Vinje (1818-1870), Nicolai Östgaard (1812-1873), Bernhard
Herre (1812-47), qui, tous trois, composent de préférence leurs poésies
ou leurs nouvelles en dialecte et racontent presque uniquement l'existence
des paysans ou des pêcheurs. L'école de Welhaven est dignement représentée
par Andreas Munch (1814-1884), fils de
C'est entre 1850 et 1860 que débutèrent deux écrivains tout à fait supérieurs, qui exercèrent sur le développement de la pensée et des lettres scandinaves une influence considérable et donnèrent à la littérature norvégienne une particulière importance dans l'histoire littéraire générale de la seconde moitié du XIXe siècle. Henrik Ibsen (né en 1828) eut une enfance et une jeunesse difficiles. Son talent ou son génie, pour dire plus exactement, ne fut pas d'abord reconnu dans son pays. Il vécut dans un exil volontaire ses années de maturité (1864-1891), mais son retour en Norvège fut un triomphe, et ce n'est pas seulement en Norvège qu'il triomphait : son nom était devenu célèbre dans toute l'Europe; s'il avait encore des adversaires, il avait partout de fervents admirateurs. Son oeuvre considérable et qui, à côté d'un mince volume de poésies lyriques, ne comprend que des drames et compte de plusieurs pièces dont le retentissement a été universel. Sa poésie est toujours puissante parce que, avec l'âge, la pensée n'a pas faibli; elle est restée amère et triste, pessimiste pour les pessimistes, optimiste pour ceux qui, malgré ses amertumes et ses tristesses, y découvrent le rayon d'espérance d'un lointain avenir meilleur . Son émule, son camarade et, pendant bien des années son ami, Bjoernstjerne Bjoernson (né en 1832), ne jouit qu'en Norvège d'une réputation égale à la sienne, réputation à laquelle n'a pas nui sans doute la part active qu'il a prise et prend encore, orateur et journaliste de premier ordre, au mouvement démocratique et séparatiste norvégien, en dehors duquel Ibsen s'est toujours tenu. Dès ses premières nouvelles, dès ses premières poésies, Bjoernson obtint le succès, qui lui est resté fidèle dans ses nouveaux récits : la Ville et le Port sont pavoisés (1884), les Voies de Dieu (1889), les Mains de la Mère (1892), les Cheveux d'Absalon (1994). Ses oeuvres dramatiques se sont moins bien maintenues, les dernières cependant Géographie et Amour (1885); Au delà des forces humaines, 2e partie (1895), ainsi que quelques unes de celles qui précédèrent, ont été jouées hors des pays scandinaves et ont paru d'un réel intérêt. Paul Lange et Tora Parsbery (1898) est d'une belle poésie. A côté de ces deux maîtres, d'autres aussi se sont faits un nom à l'étranger, ou quelques-unes de leurs oeuvres ont été traduites. Magdalena Thoresen (1819-1884), dont Ibsen épousait la fille en 1857, a laissé des poésies et des nouvelles étranges et douloureuses, qui témoignent d'une grande imagination. Jonas Lie (né en 1833), romancier réaliste d'une observation aiguë, bienveillant pourtant, se montre poète gracieux ou tragique dans ses descriptions de la nature norvégienne, de la mer surtout, qu'il peint amoureusement. Comme Thoresen, il a subi fortement l'influence de Bjoernson. Alexandre Kjelland ou Kielland (né en 1849), est l'auteur très spirituel et mordant, à l'art finement railleur, de nouvelles, de romans et de drames, écrits en une langue excellente. Arne Garborg (né en 1851) dans ses romans d'un réalisme cru et sombre s'est servi du dialecte populaire; il est d'une lecture pénible; son talent est très grand. Ce ne ne sont là que les noms des auteurs les plus connus au dehors. Combien d'auteurs dont les oeuvres n'ont pas ou guère passé les frontières scandinaves sont de valeur égale sinon supérieure, et sont dignes tout au moins d'être cités. Parmi les poètes : Lorentz Dietrichson, auteur aussi de bonnes études d'art et de littérature, Theodor Caspari, Christofer Randers, N. Collet Vogt, Th. Madsen, G. Finne, V. Krag; parmi les auteurs dramatiques : Gunnar Heiberg, Hans Aanrud; parmi les romanciers et nouvellistes : John Paulsen, Elise Aubert, Colban (morte en 1881), Marie (Meyn), Johan Vibe, Christian Elster (1841-1881), A. Skram, Christian Flood, Christian Glöersen, Per Sivle, Knut Hamsun, Th, Krag, S. Obstfelder, T. Andersen; parmi les critiques, les historiens et les géographes : Peter Andreas. Munch (1810-1863), l'auteur d'une considérable, Histoire du peuple norvégien; Christian Lange (1810-1861), éditeur du Diplomatarium norvegicum; Rudolf Keyser (1803-1864), Hartvig Lassen (1824-1897), A. Paye (mort en 1869), Paul Botten-Hansen (1824-1869), Gustav Storm (1845-1903), Fridtjof Nansen (1861-1930); Sophus Bugge (1833-1907), dont les études sur l'antiquité scandinave : langue, mythologie, runes, sagas, légendes, etc., ont fait autorité, Henrik Jaeger, et bien d'autres involontairement omis. (Th. Cart). La littérature
norvégienne depuis 1900.
La période qui suit la Seconde Guerre mondiale est marquée par une reconstruction sociale et économique, ainsi qu'une ouverture culturelle accrue. Les écrivains abordent des thèmes existentiels et sociaux, souvent influencés par les courants existentialistes et modernistes. Tarjei Vesaas (1897-1970), auteur de romans, de nouvelles et de poèmes tourne ses oeuvres vers la nature et la psychologie, comme Le Palais de glace (1963). Jens Bjørneboe (1920-1976), écrivain controversé, abordé des thèmes sociaux et politiques avec une grande intensité dans des oeuvres comme Sans un fil (1966) et Le Moment de la liberté (1966). Les dernières décennies sont marquées par la mondialisation, l'essor de la littérature féminine, ainsi que par l'émergence de nouvelles voix issues de l'immigration. Kjell Askildsen (1929-2021), connu pour ses nouvelles minimalistes et souvent sombres, est considéré comme un maître de la forme courte. Herbjørg Wassmo (née en 1942) a reçu un excellent accueil avec des œuvres comme La Trilogie de Tora (1981-1985), qui aborde les thèmes de la violence domestique et de la résilience féminine. Jostein Gaarder (né en 1952) est l'auteur du célèbre roman philosophique pour enfants Le Monde de Sophie (1991), qui a été traduit en de nombreuses langues. Karl Ove Knausgård (né en 1968) a révolutionné la littérature contemporaine avec sa monumentale autobiographie brute et détaillée Mon Combat (2009-2011). Jo Nesbø (né en 1960), auteur de romans policiers à succès, notamment la série des enquêtes de l'inspecteur Harry Hole, a largement contribué à la popularité du polar nordique dans le monde. |
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