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La compréhension
(du latin comprehender, saisir) est l' acte de l'esprit
qui saisit une vérité. Souvent aussi
ce mot est pris pour synonyme d'intelligence;
c'est en ce sens qu'on dit d'une personne qu'elle a une facile et vaste
compréhension.
En logique, la
compréhension est l'ensemble des éléments qui sont
renfermés dans une idée générale,
la somme des attributs dont la notion est impliquée
dans celle d'un genre ou d'une espèce,
de telle sorte que le nom de ce genre ou de cette espèce convienne
à tout ce qui possède ces attributs. Joint à celui
d'extension, le mot compréhension determine
exactement le degré de généralité de ces idées.
Ainsi, l'idée de triangle
implique celles de figure, de trois angles, de trois côtés;
voilà quels sont les éléments qui forment la compréhension
du triangle.
Etant donnés ces trois mots : animal,
chien, épagneul, il est clair que le premier de ces termes convient
à un bien plus grand nombre d'objets que les deux autres; mais par
cela même il est moins précis, il indique moins explicitement
leurs qualités. Le seul nom d'animal ne nous permet pas de placer
l'objet qui le désigne dans une classe déterminée
d'animaux; il s'applique indifféremment à tous, sans rien
spécifier ni sur la forme, ni sur la taille, ni sur aucun des autres
caractères qui distinguent les animaux entre eux. Le mot chien nous
met déjà en état de distinguer l'objet qu'il désigne
de toutes les autres espèces animales; il nous donne par conséquent
une idée plus complète, plus précise; il nous fait
mieux connaître l'être qu'il nomme; c'est ce qu'on entend quand
on dit qu'il a plus de compréhension que le terme animal. Enfin
si je choisis, parmi toute l'espèce chien, une variété
déterminée ou un individu particulier,
la notion que j'acquiers est encore plus nette et plus précise;
elle a gagné en clarté et en compréhension tout ce
qu'elle a perdu en généralité on, comme on dit, en
extension.
On peut donc poser cette loi : plus une
idée embrasse d'objets, moins elle désigne d'attributs appartenant
à ces objets; ou en d'autres termes, comme disaient avec concision
les scolastiques, plus une idée implique, moins elle explique.
Le degré de détermination
des universaux est en proportion inverse de leur degré d'étendue.
C'est sur la progression inversement proportionnelle de ces deux caractères
de toute idée générale que repose le principe de toutes
les classifications régulières,
comme celles de la botanique et de la zoologie. Une classification n'est
à la fois méthodique et naturelle que quand elle combine,
comme la nature elle-même, sans variation ni déviation, un
ensemble d'idées générales se succédant d'après
cette double loi, que, d'une part, l'idée la plus générale
soit la première et que les autres suivent par ordre de généralité
décroissante, et que, d'autre part, cette même série
d'idées se trouve par là même classée d'après
le degré de compréhension ou de précision croissante.
Toute classification peut donc être ainsi vérifiée
de deux manières, et chacun des termes qui la composent doit satisfaire
à une double condition.
On peut observer de nombreuses nuances
dans la compréhension d'une idée générale.
Il est évident que la compréhension, tout en n'étant
qu'un degré, peut se subdiviser en une échelle de degrés
de moindre importance, dont chacun a plus de compréhension que les
précédents. La compréhension est, de sa nature, progressive
et relative, comme l'idée d'espèce à laquelle elle
s'applique. Une espèce est un genre par rapport à l'individu,
et un individu par rapport au genre. De même, il n'y a pas deux idées
dont la compréhension soit exactement la même : elles forment
une échelle indéfinie entre ces deux termes extrêmes,
l'idée d'être en général, qui est la moins compréhensive
de toutes, et celle d'individu déterminé, qui offre le plus
haut degré de compréhension.
Dans la terminologie allemande,
on appelle souvent la compréhension d'une idée ou d'un Jugement
sa qualité, par opposition à l'extension, qui en indique
la quantité. Mais ces deux mots qualité et qualité
pouvant s'appliquer à un grand nombre d'autres caractères
des universaux, il convient de les déterminer d'une manière
plus précise. (PL). |
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