.
-

Table

Une table (du latin tabula) est un meuble de matière et de formes très variées (L'art du meuble). Les anciens Grecs y apportèrent un grand luxe. Leurs tables étaient faites en bois poli avec art, les pieds peints de couleurs diverses; les uns prétendent qu'elles étaient circulaires, les autres qu'elles présentaient un parallélogramme. Les citoyens de condition moyenne n'employaient à la fabrication de ces meubles qu'un bois grossier, et des tréteaux pour le supporter; les riches se servaient de bois précieux, et les supports ou pieds, travaillés en ivoire, représentaient des lions, des léopards ou quelque autre animal. Comme l'usage du linge n'était pas connu, on lavait les tables avec des éponges. 

Les Romains, avant de pénétrer en Asie, n'eurent, comme nous l'apprend Horace, que des tables de frêne, d'érable ou de chêne, quadrangulaires, et à trois ou quatre pieds. Après leurs conquêtes en Orient, ils surpassèrent les Grecs en magnificence : leurs tables, rondes, portées sur un seul pied d'argent, d'ivoire ou d'airain, furent formées des bois les plus rares, enrichis de sculptures. C. Gracchus en eut une supportée par deux dauphins en argent massif. Les tables les plus recherchées étaient prises dans un noeud de la racine du citre, arbre qui croissait en Maurétanie, et leur mérite consistait dans certaines dispositions des veines du bois. Il y avait les tables tigrines, où les veines ondulées s'allongeaient comme les rayures de la peau du tigre; les panthérines, où les veines contournées et revenant sur elles-mêmes s'arrondissaient en forme de taches; les apiates, dont les veines, entassées et serrées, ressemblaient à un semis de graines de persil (apium). D'autres offraient des ondulations crêpées, estimées surtout si elles imitaient les yeux de la queue du paon. La nuance de vin miellé, avec des lignes brillantes, était celle qu'on préférait. La plus grande table en citre que l'on ait vue est celle de Ptolémée, roi de Maurétanie; elle avait 1,50 m de diamètre et 0,8 m d'épaisseur. Cicéron paya une table en bois de citre 1 million de sesterces; Asinius Gallus en avait une de 1,100,000 sesterses; une table provenant du roi Juba fut vendue 1,200,000 sesterces; Pline (XIII, 20-30) en mentionne une autre qui avait été achetée 1,400,000 sesterces.

La grande table du triclinium semble avoir souvent affecté le plan en demi-cercle ou en fer à cheval. Les Romains eurent de petites tables ou petits guéridons appelées abaques, sur lesquelles ils étalaient des vases précieux; elles avaient un rebord destiné à empêcher la chute des objets. On se servit aussi d'abaques pour jouer aux dés. Le musée de Naples, les peintures de Pompéi et celles des catacombes renseignent assez suffisamment sur ces meubles.

Les premières tables à manger dont on ait gardé la tradition en France étaient des plateaux demi-circulaires, avec rebords ou galeries d'où tombaient des draperies qui cachaient les tréteaux : sur ces tables étaient posées seulement les choses solides, et, quand le convive avait soif, il se levait pour aller boire au dressoir ou à la crédence; les plats eux-mêmes n'étaient pas toujours servis, et le buffet en était paré; les vins fins, les liqueurs, les épices, attendaient leur emploi sur de petites tables à demeure en bois, en métal, en marbre, quelquefois en argent ou en or, enrichies de mosaïques, d'incrustations, de peintures et de pierreries.

Plus tard, les tables devinrent ovales, oblongues, à pieds droits, à devanture découpée, grillagée ou pleine, sur laquelle pour amusement se voyaient des sujets, des devises, des sentences d'hygiène ou de cuisine. Eginhard rapporte que Charlemagne fit faire trois tables d'argent, sur lesquelles on avait représenté Rome, Constantinople, et tout le monde connu.

Au Moyen âge, les tables se composaient généralement d'une grande planche mobile et de tréteaux; on les dressait lorsqu'on en avait besoin pour les repas, les jeux, etc., et entre temps on les démontait et on les rangeait pour ne pas encombrer les pièces. Les tables fixes étaient de petites dimensions, en rectangle allongé, reposant aux extrémités sur des pieds formés de deux planches verticales découpées plus ou moins élégamment et que relie entre eux une entretoise fixée par des chevilles ou clavettes. C'est exactement la forme d'un banc agrandi; les figures de ces tables sont fréquentes dans les monuments des XVe et XVIe siècles. La grande table des festins était ce qu'elle est restée, une suite de planches assemblées sur des tréteaux, en fer à cheval presque toujours, les convives assis d'un seul côté, le dos au mur, afin d'être à l'aise pour voir les entremets ou divertissements; les domestiques servaient par devant. On fit sous Louis XI le guéridon, la table carrée à un pied, et la table à jouer. 
-

Table du 16e siècle.
Table du genre Ducerceau, XVIe siècle.

Les tables des changeurs étaient dressées en plein air sur certaines places des grandes villes commerçantes : à Montpellier, près de l'église appelée à cause de ce voisinage Notre-Dame des Tables; à Famagouste, entre le port et la cathédrale. Ces tables pouvaient être fixes et même avoir la formé des comptoirs actuels. Un de ces meubles en bois dans une très élégante architecture de la fin de l'époque gothique et dans style des Pays-Bas fait partie de la collection Gaillard.

Les tables se recouvraient presque toujours d'une étoffe : la nappe ou tongière étaient de rigueur au Moyen âge, même chez les pauvres; les noms de toilette, bureau, ont passé des étoffes qui les garnissaient à la table à atourner et à la table de travail. A la Renaissance, ce type prend de plus grandes proportions; les pieds s'évasent en éventail et se sculptent souvent en forme de chimères; l'entretoise porte une suite de balustres soutiennent la table.

A partir du commencement du XVIIe siècle, les tables ont pris les formes qu'elles ont encore de nos jours. (B. / C. Enlart).

.


Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2009. - Reproduction interdite.