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Pompéi

Pompéi est une ancienne ville située en Italie, à 24 kilomètres de Naples, tout près du golfe de Naples, derrière la ville de Torre Annunziata, à la base Sud-Est du Vésuve. Pompéi est aujourd'hui l'un des plus célèbres site de ruines romaines, non pour la grandeur des monuments, mais parce que c'est une ville entière conservée, où l'on saisit sur le fait la vie et la civilisation de Rome. Pompéi avait été fondée par les Osques, occupée par les Samnites vers 425 av. J.-C., puis par les Romains (290). L'influence hellénique y prévalut de bonne heure, et ce devint une villégiature assez fréquentée. La guerre sociale lui coûta le tiers de son territoire, attribué à une colonie militaire. En l'an 63 avant J. -C. elle fut renversée par un tremblement de terre. Bientôt reconstruite, c'était une cité d'environ 30 000 habitants vivant sur 66 hectares, non compris les faubourgs quand, le 24 août 79 de notre ère, le Vésuve l'engloutit sous des laves, scories, pierres ponces, et surtout sous des cendres fines, en même temps qu'Herculanum et Stabies, ses voisines (Stabies là où est aujourd'hui Castellamare, et Herculanum à côté de Portici). On suppose que 500 à 600 personnes périrent pendant la catastrophe, les unes sous l'assaut des matériaux que l'éruption projeta sur la ville, les autres, comme à Herculanum, succombèrent au déferlement d'une nuée ardente.
Après cette catastrophe, Pompéi est tombée dans l'oubli. En 1592, l'architecte Dominique Fontana, chargé d'amener les eaux du Sarno à Torre dell' Annunziata, fit creuser un canal à travers l'emplacement de Pompéi; mais l'incurie de l'administration empêcha toute recherche d'antiquités si précieuses. Un siècle plus tard, Joseph Macrini reconnaissait quelques restes de murs et des maisons entières, sans éveiller davantage la curiosité publique. En 1748, des paysans, creusant un fossé dans le sol garni de vignes, découvrirent des objets d'art; en 1755, le roi Charles III fit entreprendre des fouilles, que l'on poursuivit avec plus d'activité sous le gouvernement de Joseph Bonaparte, puis de Murat (1808-15). Les travaux, continués jusqu'au XXe siècle, avec de fréquentes interruptions, ont mis à découvert l'essentiel de la cité romaine. On a ici la vue de l'antiquité dans sa réalité matérielle, bien que tout le faîte des édifices soit détruit; les objets mobiliers ont pratiquement tous été transportés au musée de Naples. Le musée de Pompéi rassemble des objets non transportés à Naples, bronzes, poteries, comestibles carbonisés, moulages très curieux obtenus à l'aide du plâtre liquide versé dans les cavités formées par les cendres durcies autour des cadavres étouffés et reproduisant ces victimes dans l'horrible vérité de leur agonie. 
Pompéi était défendue par des murailles, percées de huit portes, qui avaient 2 660 mètres d'enceinte; elles se composaient de deux murs de 7 à 10 mètres de hauteur, avec terre-plein entre la double chemise de pierre, le tout assez large (mais pas partout) pour le passage de trois chars de front. 
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Pompéi et le Vésuve.
L'éruption du Vésuve détruit Pompéi,  le 24 août 79.

De distance en distance sont des restes de tours carrées, à plusieurs étages, et qui paraissent être de construction plus récente. L'entrée principale dite Porte d'Herculanum, consiste en trois arcades bâties en briques et en lave; les deux latérales, pour les piétons, sont petites et étroites : il y avait une double porte en bois; celle de l'extérieur se fermait en descendant dans des rainures profondes, encore visibles. 

Sur plusieurs routes, aux portes même de la ville, on remarque des tombeaux, entre autres, ceux de l'affranchie Naevoléia Tyché, d'Aulus Scaurus, de Calventius Quietus, enrichis de bas-reliefs moulés en stuc. Les rues sont  assez régulièrement disposées, le plus souvent droites, irrégulièrement pavées en lave, bordées de trottoirs élevés, et fort étroites, ce qui les rendait moins accessibles au Soleil; on y voit des ornières, traces de la roue des chars, des degrés en pierre pour aider à monter à cheval, et des fontaines d'où l'eau était distribuée par des conduits de plomb dans les maisons particulières et dans les édifices publics. 

Les habitations privées, encore debout quelquefois jusqu'au premier étage, en avaient deux pour la plupart; construites toutes sur le même plan, elles ne comprennent que de petites pièces. L'appareil est peu remarquable, parce que Pompéi, était une cité neuve, ruinée, on l'a dit, par le tremblement de terre de l'an 63, elle venait d'être rebâtie quand l'éruption de 79 l'a engloutie. Cette circonstance lui a enlevé son caractère archaïque et a contribué à la monotonie de ses constructions refaites à la hâte. On pourrait dire que Pompéi est une ville de stuc tant le revêtement des édifices y tient de place.
 

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Pompei : ruines.
Les ruines de Pompéi. Source : The World Factbook.

Ces maisons, bâties suivant une architecture dérivée de près de l'architecture grecque se composent essentiellement de chambres et de portiques donnant en carré sur deux patios, deux cours intérieures, l'atrium, et le peristylium, celui-ci centre de la vie domestique, celui-là centre de la vie sociale et ouvert aux étrangers, aux visiteurs, aux clients, aux gens avec lesquels on avait affaire. Les maisons même des riches étaient entourées sur trois côtés de boutiques (tabernae) dans lesquelles les propriétaires faisaient vendre leurs denrées (usage encore subsistant dans certaines parties de l'Italie), ou qu'ils louaient et dont ils tiraient un bon revenu. On y a trouvé du charbon, mais pas de traces de cheminées, excepté devant le four d'une boulangerie. Nulle part on n'a reconnu d'écuries ni d'étables; des squelettes de chevaux gisaient dans les cours. Les maisons portent, au lieu de numéros, les noms des propriétaires; sur quelques-unes, des inscriptions peintes à la grosse brosse remplacent nos écriteaux de location, ou des peintures servent d'enseigne. 
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Pompéi
Panorama de Pompéi, avec vue des rues des Consuls et de Narcisse.

Une des plus vastes habitations est la Villa de Diomède, sur la rue des Tombeaux, exemple rare d'une maison à trois étages, encore ne sont-ils pas superposés, mais à différents niveaux sur la déclivité de la colline. On y a recueilli quelques restes de verre des fenêtres, des amphores avec du vin desséché par le temps, des monnaies, des bijoux, un certain nombre de squelettes, etc. Nous citerons encore : la Villa que l'on suppose avoir été celle de Cicéron, plus belle que la précédente, et qui a été recouverte après qu'on en eut retiré les peintures et les mosaïques; la maison des Vestales, qui contenait des peintures peu conformes à l'idée que cette dénomination éveille; la maison des Danseuses, ainsi nommée des charmantes peintures qui en décoraient l'atrium; la maison de Narcisse, d'où provient la fameuse statue d'Apollon en bronze du musée de Naples; la maison de Sallustius ou d'Actéon, l'une des plus élégantes, entourée de boutiques et de tavernes, avec front sur trois rues; la Boulangerie, si bien conservée quand on la découvrit avec son blé, sa farine, ses amphores et récipients, qu'on aurait pu faire du pain avec cette farine et ce blé vieux de dix-sept à dix-huit cents ans; la maison de Polybe, qu'on croit avoir été une hôtellerie; la vaste et belle maison de Pansa, qui forme une île (insula) à elle seule; la maison du Poète tragique, « type précieux des maisons privées, petite et très élégante », dont les belles peintures et les mosaïques sont au musée de Naples; la maison de Méléagre, une des plus belles de Pompéi, avec atrium richement décoré et dont le jardin conservait encore quelques arbustes au moment de la découverte en 1830; la maison d'Adonis; la maison des Néréides, qui a un péristyle de 24 colonnes, et où l'on a trouvé 14 vases d'argent, dont plusieurs d'un poids considérable.
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basilique de Pompéi
Ruines de la basilique de Pompéi.

Ajoutons encore, parmi les demeures remarquables : la maison de Castor et Pollux ou des Dioscures, composée de deux demeures, et dont l'ornementation est aussi riche que variée; la maison du Faune ivre, ainsi nommée d'une statue en bronze accaparée par le musée de Naples, et d'où l'on a tiré la célèbre bataille en mosaïque qui est aussi au musée de Naples (Bataille d'Issus); la maison du Labyrinthe, ainsi appelée d'une mosaïque qui représente Thésée tuant le Minotaure; la maison de Marcus Lucretius ou des Suonatrici (= musiciennes), l'une des plus importantes, avec peintures et sculptures d'un mérite très inégal, et où est un petit théâtre de marionnettes, dont les acteurs sont figurés par de petites statuettes; la maison du squelette (ainsi dite du squelette d'un homme courbé sur le lit où la pluie des cendres volcaniques l'étouffa); la maison d'Holconius qui se recommande par de jolies peintures, ou plutôt ce qui en reste;  la maison de Cornelius Rufus, dont l'atrium à 14 colonnes est  fort beau; la maison de Siricus, avec de fort remarquables peintures; la maison du Balcon, avec étage supérieur s'avançant en avant du rez-de-chaussée; la maison de l'Ours, avec fontaine en coquillages et en mosaïques; la maison du Parnasse, appelée ainsi d'une peinture ou Apollon est entouré des neuf Muses; la maison d'Orpheo, qui doit ce nom à « une peinture colossale » représentant Orphée charmant les animaux; la maison de la Chasse, ainsi désignée d'après une peinture, etc. 

L'architecture des édifices publics est une corruption de l'architecture grecque. Le Temple de la Fortune, d'ordre corinthien, situé près du forum, contenait une statue peinte avec un mélange de pourpre et de violet, et qu'on croit être celle de Cicéron. Le Temple d'Apollon, bordant aussi le forum, avec 48 colonnes de pourtour supportant quatre péristyles. Le forum, pavé de marbre, était décoré de statues, dont plusieurs piédestaux subsistent, et entouré, sur trois côtés, de portiques à colonnes doriques de marbre blanc. Aux alentours sont rangés les édifices suivants : sur un soubassement, au bout septentrional du forum, s'élève le Temple de Jupiter, aux murs peints, surtout de rouge et de noir, avec portique de 12 colonnes corinthiennes, soutenu à l'intérieur par un double rang de colonnes ioniques. Le Temple de Vénus, le plus vaste de tous, était entouré de portiques soutenus par 48 colonnes doriques, changées en corinthiennes au moyen d'un stuc.
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Photo de Pompéi et du Vésuve.
Les ruines de Pompéi; au fond, le Vésuve.

La Basilique ou palais de justice, grand édifice de 67 m sur 25 à 26 m, en bordure sur le Forum, était entourée de péristyles formés de 28 colonnes ioniques : celles-ci offrent cette singularité, qu'elles sont composées d'un noyau de briques rondes, entourées de briques pentagonales dont les angles extérieurs forment les arêtes d'autant de cannelures. L'édifice d'Eumachia, consacré à la Concorde et à la Piété, était en forme de basilique, avec péristyle à 4 portiques formé de 48 colonnes en marbre de Paros, et avec galerie intérieure de trois côtés. Le Temple de Mercure ou de Quirinus, construit sur un plan très irrégulier, sert aujourd'hui de dépôt pour les objets provenant des fouilles. Le Panthéon ou Temple d'Auguste avec boutiques latérales qui furent peut-être occupées par des changeurs offrait au milieu d'une cour ouverte un autel entouré de 12 piédestaux qui supportaient sans doute des statues; un des côtés de cette cour est occupé par 12 chambres qu'on suppose être celles des Augustales ou prêtres d'Auguste. Plusieurs arcs de triomphe sont bâtis en briques et en lave, recouvertes de marbre.

Le Grand Théâtre, assis sur le tuf même d'une colline qui dominait la ville, avait à l'intérieur 68 mètres de diamètre on y accédait par 6 escaliers, divisant les gradins en cinq parties (cunei); ces gradins, au nombre de 20, étaient partagés en trois étages par deux précinctions, et pouvaient recevoir 5000 spectateurs. Sur deux des côtés d'un forum triangulaire qui précède ce théâtre, il y avait des portiques fermés, de 90 colonnes doriques, où les spectateurs pouvaient se réfugier pendant la pluie. Tout près de là, le Quartier des soldats est formé d'un carré long, avec portique à colonnes revêtues de stuc peint en rouge et en jaune; il y a un double étage de chambres, où l'on a trouvé beaucoup d'armes. Un Petit Théâtre ou Odéon pouvait contenir 1500 spectateurs. Au milieu d'un atrium entouré de portiques à colonnes, s'élève un petit Temple d'Isis, au-dessus d'un soubassement de 7 degrés, avec les escaliers secrets qui permettaient aux prêtres à ce qu'on suppose, de s'introduire derrière la statue pour lui faire rendre des oracles : on y trouva le squelette d'un prêtre à table, avec des restes de poisson, de poulet et d'oeufs.
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Pompei  : l'amphithéâtre.
L'amphithéâtre de Pompei. Photo : © Thierry Labat, 2009.

Citons encore l'Amphithéâtre, situé assez loin des autres constructions : c'est une ellipse de 135 mètres de grand diamètre, 104 de petit diamètre, avec 35 rangées de gradins partagés en trois étages (on y voit un rang de loges pour les femmes), et capable de contenir de 15000 à 20000 spectateurs; on y donnait des jeux quand éclata l'éruption du volcan, et les assistants se sauvèrent aisément hors de la portée de la pluie de cendres; ainsi s'explique le petit nombre des morts : à peine un sur vingt Pompéiens; les Thermes du Forum, établissement de bains de 50 m sur 53, avec boutiques sur les côtés; les Nouveaux Thermes ou Thermes de Stabies, établissement complet, classique, de bains froids et bains de vapeur pour hommes et pour femmes. Enfin on a reconnu dans les débris de Pompéi un grenier public, des prisons, une école, etc. (O. Reclus / B.).
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plan de Pompéi
Plan de Pompéi. - 1. maison des Vestales 2, maison Méléagre; 3, maison du Centaure; 4, maison de Salluste; 5, maison de Castor et Pollux; 6, maison du Labyrinthe: 7, maison del Torello; 8, maison de Pansa: 9. maison du Faune; 10, bains du Forum; 11, maison du Diadumène; 12, maison de Cornelius Rufus; 13. maison du Cithariste; 14. temple de Jupiter; 15, temple d'Apollon; 16, temple de Mercure; 17, halle (Macellum); 18, halle d'Eumachie; 19, tribunal.



Filippo Coarelli, Pompéi, la ville ensevelie, Larousse, 2005.
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Ce beau livre invite à découvrir la vie quotidienne d'une des villes les plus visitées dans le monde. Des illustrations exceptionnelles et nombreuses (architecture, fresques, peintures, mosaïques...) viennent appuyer les descriptions des auteurs et permettent de mieux pénétrer le quotidien de la cité.

La vie de Pompéi déroulée en trois grands chapitres thématiques :

Sa vie publique (ses infrastructures, son système de défense contre les envahisseurs, la description détaillée de ses institutions, lieux de débats et lieux du sacré, son économie et sa vie culturelle).

Sa vie privée : une partie qui se penche sur le quotidien plus intime des habitants de Pompéi à travers l'exploration de leurs habitats (maison et villa).
 Le culte de la mort et la découverte étonnante de célèbres nécropoles telles que Porta Ercolano et Porta Nuceria. (couv.).

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Peintures de Pompéi.
Art pompéien.
(Peintures murales du Temple d'Auguste). 
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Dictionnaire Villes et monuments
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