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L'histoire de l'Argentine

L'Argentine précolombienne

Premiers habitants.
Les premiers habitants de l'Argentine sont arrivés il y a environ 13 000 ans. Les preuves archéologiques montrent que ces premiers peuples étaient des chasseurs-cueilleurs nomades qui se sont déplacés à travers le continent sud-américain. Des sites comme Piedra Museo et Cueva de las Manos, célèbres pour leurs peintures rupestres, témoignent de la présence humaine ancienne.

Cultures précolombiennes.
Diaguitas.
Habitants du nord-ouest de l'Argentine, les Diaguitas étaient des agriculteurs sédentaires qui cultivaient le maïs, les pommes de terre et d'autres cultures. Ils étaient connus pour leurs compétences en poterie et en tissage, et vivaient dans des villages organisés avec des structures sociales complexes.

Guaranis.
Les Guaranis habitaient principalement les régions nord-est de l'Argentine, près du fleuve Paraná. Ils étaient des agriculteurs sédentaires qui cultivaient le manioc, le maïs et d'autres plantes. Les Guaranis étaient également connus pour leurs compétences en navigation fluviale et en pêche.

Mapuches.
Originaires du sud du Chili, les Mapuches se sont étendus vers l'Argentine, principalement dans les régions de la Patagonie et du centre-sud. Ils étaient des agriculteurs, chasseurs et guerriers. Les Mapuches avaient une organisation sociale basée sur des clans et étaient connus pour leur résistance farouche aux envahisseurs.

Comechingones.
Les Comechingones habitaient les Sierras de Córdoba et San Luis. Ils vivaient dans des maisons semi-souterraines et pratiquaient l'agriculture, la chasse et la cueillette. Ils étaient également habiles en poterie et en tissage.

Tehuelches.
Les Tehuelches étaient des chasseurs-cueilleurs nomades vivant dans la Patagonie. Ils chassaient principalement le guanaco et le nandou, et étaient connus pour leur grande mobilité et leur adaptation aux conditions difficiles de la Patagonie.

Vie sociale et symbolique.
Les structures sociales et politiques variaient d'un groupe à l'autre. Certains groupes, comme les Diaguitas et les Guaranis, avaient des sociétés hiérarchiques avec des chefs (caciques) et des conseils de village. D'autres, comme les Tehuelches, avaient des structures plus égalitaires basées sur des bandes de chasseurs-cueilleurs.

L'agriculture était pratiquée dans les régions fertiles, tandis que la chasse, la pêche et la cueillette étaient prédominantes dans les zones plus arides et les plaines. Le commerce entre les différents groupes indigènes était courant, facilitant l'échange de produits comme les denrées alimentaires, les outils, les poteries et les textiles.

Les croyances religieuses avaient un caractère animiste, avec une vénération des esprits de la nature et des ancêtres. Les rituels et les cérémonies étaient importants pour assurer la prospérité, la santé et la protection de la communauté.

L'artisanat comprenait la poterie, le tissage, la sculpture sur bois et la fabrication de bijoux. Les motifs et les designs utilisés avaient souvent des significations symboliques et étaient utilisés dans des contextes cérémoniels. Les peintures rupestres, comme celles trouvées dans la Cueva de las Manos, sont des exemples remarquables de l'art précolombien en Argentine.

L'Argentine de l'arrivée des Espagnols à 1900

La découverte et l'exploration de la région de la Plata.
C'est en l'année 1515 que le pilote espagnol Juan Diaz de Solis découvrit l'estuaire du rio de la Plata, danslequel il pénétra le premier. Sébastien Cabot, quelques années plus tard, en commença la reconnaissance (1527), et exécuta lui-même ou fit exécuter la première exploration des fleuves Uruguay, Parana, Paraguay et Vermejo. Ainsi fut de bonne heure reconnu sommairemernt le systèrne hydrographique du Rio de la Plata; quant à l'intérieur des terres, son exploration ne commença qu'après la fondation de Buenos Aires d'où partirent, au XVIe et au XVIIe siècle, quelques reconnaissances à main armée.

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, toutefois, on ne possédait guère encore que des notions plus ou moins précises sur le littoral atlantique de la future république Argentine, sur les deux fleuves Parana et Paraguay, et sur les deux grandes routes postales faisant communiquer la colonie espagnole avec le Pérou et le Chili. En 1750, des reconnaissances topographiques, exécutées sur la partie supérieure de l'Uruguay et du Parana, commencèrent à préciser des notions qu'augmentèrent encore les travaux dela commission constituée par suite du traité de Saint-Ildefonse (1777) pour délimiter les possessions de l'Espagne et du Portugal en Amérique. Don Félix de Azaca fit alors beaucoup progresser la connaissance du pays arrosé par le haut Uruguay, l'Iguaçu, le haut Parana et le Paraguay. Mais les parties les plus proches de la mer restèrent encore à peine étudiées.

Alcide d'Orbigny commença, dès l'année 1826, à combler cette lacune par ses travaux sur la partie sud-est de la province de Buenos Aires, et, en 1832, parut une bonne description du Gran Chaco. Enfin, l'année 1854 marque le début d'un ensemble de travaux topographiques sur l'intérieur de la république Argentine. Martin de Moussy, Burmeister, Brackebusch, Paz Soldan, étudient successivement le pays et ajoutent chacun aux travaux de ses prédécesseurs des données nouvelles très précieuses, tandis que le Moreno entreprend (à partir de 1873) l'étude de la partie orientale de la Patagonie unie à la république Argentine.

La Confédération de la Plata.
L'histoire politique du pays n'a évidement pas attendu qu'on en achève la connaissance géographique. La région de la Plata, fut d'abord comprise dans la vice-royauté du Pérou, et fit ensuite partie de la vice-royauté du Rio de la Plata, érigée en 1778. Une insurrection éclata à Buenos-Aires en 1810 contre la domination de la métropole, et les troupes espagnoles furent battues en 1811 à Las Piedras par les Gauchos, nom sous lequel on désignait les habitants des campagnes de ces régions. L'indépendance fut définitivement proclamée dans un congrès réuni à Tucuman en 1816. La république prit en 1817 le nom de Provinces unies de l'Amérique du Sud, et plus tard celui de Confédération Argentine. Une constitution analogue à celle des Etats-Unis fut promulguée à Buenos-Aires en 1819. Mais, à peine née, cette république fut déchirée par les tendances opposées des deux partis fédéraliste et unitaire, tomba dans une complète anarchie.

Le général Rosas, homme énergique, plein de ruses et de subtilités, fut élu gouverneur général de la Confédération en 1329, et y fit prévaloir le régime fédéral. Maître absolu du pouvoir, il réprima avec une sanglante violence l'opposition unitaire. Il conclut en 1840 un traité avec la France, dont les nationaux avaient été lésés dans leurs intérêts par le chef de la république argentine, et qui défendait, contre lui l'indépendance de l'Uruguay. Mais ce traité resta infructueux, et Rosas résista aux efforts réunis de la France et de l'Angleterre contre ses vues de domination exclusive sur les rives de la Plata. Il signa un traité particulier avec l'Angleterre en 1849. Le général Urquiza, gouverneur de la province d'Entre Rios. s'allia en 1851 avec le Brésil et l'Uruguay pour renverser Rosas, qui, vaincu à Monte Caseros en 1852, fut réduit, après 22 ans de dictature, à se réfugier à bord d'un vaisseau anglais. 

Un congrès, assemblé à Santa Fé, promulgua en 1853 une constitution qui laissa à chaque province constitution propre, établit un congrès fédéral composé d'un sénat et d'une chambre des députés, et institua un président, élu pour six ans, chef du pouvoir exécutif. Le général Urquiza fut élu président cette même année 1853. Mais la province de Buenos Aires se sépara de la confédération pour former un Etat indépendant, et la confédération Argentine ne resta composée que de treize provinces, avec Bajada del Parana pour capitale. 

Urquiza  a signé, le 10 juillet 1855, avec la France, l'Angleterre et les Etats-Unis un traité garantissant la liberté de la navigation du Rio de la Plata. La guerre éclata de nouveau en 1859 entre la Confédération et l'Etat de Buenos Aires. Urquiza défit l'armée de cet Etat, et un traité de paix, appelé Pacte d'union, consacra la rentrée de la province de Buenos Aires dans la Confédération d'Argentine. Les habitudes d'indépendance et de vie nomade entretinrent les factions dans cette république. Le sénat de la Confédération, assemblé à Buenos Aires,décida, en 1862, de différer de trois ans le choix d'une nouvelle capitale. Pendant ce temps, les autorités nationales ont dû continuer à résider à Buenos Aires, dont le statut de capitale fut définitivement adopté au terme de ce délai.

La République argentine.
La république Argentine qui, depuis le traité de Montevideo de 1890 avait vu sa frontière avec le Brésil fixée dans le territoire des Missions occidentales aux rios San Antonio (sous-affluent du Parana par l'Iguaçu) et Peperi Guassu (affluent de l'Uruguay), s'est trouvée, depuis la décision arbitrale du 20 novembre 1902, pourvue d'une frontière définitive du côté du Chili. A cette date, le roi de Grande-Bretagne et d'Irlande, mettant fin au conflit interminable engendré par le contesté chilo-argentin, a donné aux deux républiques hispano-américaines leur frontière au sud du 40° degré de latitude. Cette frontière, d'une manière générale, ne passe ni par la ligne de partage des eaux, ni par celle des plus hauts sommets, et la plupart des bassins hydrographiques réclamés par l'un ou l'autre des deux Etats sont partagés entre eux; des 92 000 kilomètres carrés en litige, les 37 000 dévolus à l'Argentine, situés surtout dans le Nord, à l'Ouest des sources du Chubut, sont de fertiles pâturages, présentant une plus réelle valeur que les flancs montagneux couverts de forêts attribués au Chili, et couvrent précisément les districts où cette république a déjà commencé les travaux de colonisation.

Après règlements de frontière avec le Brésil à propos du pays des Missions, et avec le Chili à propos de la Patagonie; l'Argentine se trouve occuper 2 806 520 kilomètres carrés, sur lesquels le recensement de 1901 a reconnu la présence de 4 045 000 habitants., dont seulement 30 000 Indiens. Là-dessus les nationaux, les Argentins, c'est-à-dire les gens nés dans le pays, quelle que soit la nationalité de leurs pères, comptaient pour 2 950 000, les personnes nées en Amérique autre part que dans l'Argentine pour près de 20 000, les Italiens pour près de 500 000, les Espagnols pour près de 200 000, les Français pour 94 000, les Anglais pour 22 000, les Allemands pour 17 000, etc.

Le XXe siècle

De l'Âge d'or à la Décennie infâme.
Au début du XXe siècle, l'Argentine connaît une période de prospérité économique, souvent qualifiée d'Âge d'or. Le pays continue d'attirer de nombreux immigrants européens, et Buenos Aires se développe rapidement. La production agricole, en particulier de viande et de céréales, est en plein essor grâce à l'amélioration des infrastructures et à l'investissement étranger.

L'élection de Hipólito Yrigoyen en 1916 marque le début de la domination de l'Union Civique Radicale (UCR). Yrigoyen introduit plusieurs réformes sociales et économiques visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs et à démocratiser la politique argentine. Cependant, son second mandat (1928-1930) est marqué par des troubles économiques et sociaux, exacerbés par la Grande Dépression.

En 1930, un coup d'État militaire renverse Yrigoyen. S'ensuit une période de gouvernements conservateurs et de fraude électorale, souvent appelée la Décennie infâme. Cette période est marquée par la corruption, la répression politique et une stagnation économique due à la dépendance excessive de l'Argentine vis-à-vis des exportations agricoles.

L'Ère Péroniste (1943-1955).
En 1943, un autre coup d'État militaire met fin à la Décennie infâme. Juan Domingo Perón, alors ministre du Travail, émerge rapidement comme une figure clé grâce à ses réformes pro-travailleurs et son charisme.

Élu président en 1946, Perón met en oeuvre des politiques populistes, connues sous le nom de justicialisme, centrées sur la justice sociale, la souveraineté économique et la participation politique. Il nationalise des industries clés, améliore les conditions de travail et renforce les syndicats. Sa deuxième épouse, Eva Perón, joue également un rôle important, notamment par son action en faveur des droits des femmes et des pauvres.

Cependant, le second mandat de Perón est marqué par une économie en déclin, une opposition croissante et une répression politique. En 1955, un coup d'État militaire le renverse.

Instabilité et dictaure militaire.
Après le renversement de Perón, l'Argentine traverse une période d'instabilité avec des gouvernements civils et militaires se succédant. Les tentatives de rétablir la démocratie sont souvent contrecarrées par des coups d'État militaires, notamment en 1962 et 1966. Le coup d'État de 1966 instaure un régime militaire connu sous le nom de Révolution argentine. Ce régime tente de moderniser l'économie par des réformes libérales, mais il rencontre une forte opposition, notamment de la part des syndicats et des mouvements étudiants. La répression croissante entraîne une montée de la violence politique.

En 1973, Perón revient d'exil et est réélu président, mais il meurt en 1974. Sa troisième épouse, Isabel Perón, lui succède. Son gouvernement est marqué par l'incapacité à gérer la crise économique et la violence politique croissante.

Un nouveau coup d'État militaire intervient en 1976. La junte au pouvoir instaure une dictature connue sous le nom de Processus de réorganisation nationale. Ce régime se caractérise par une répression brutale des opposants politiques, la disparition forcée de milliers de personnes (les desaparecidos) et des violations massives des droits humains. L'économie subit également de profondes transformations néolibérales.

Retour de la démocratie.
La démocratie revient en 1983 après une tentative ratée de s'emparer des îles Falkland (Malouines) par la force. Raúl Alfonsín est élu président. Son gouvernement met en place des réformes démocratiques et économiques, mais il est confronté à une hyperinflation et à des défis économiques majeurs. Alfonsín démissionne avant la fin de son mandat en 1989. Carlos Menem, lui succède en 1989. Il introduit des réformes économiques radicales, notamment la privatisation des entreprises publiques et l'ouverture de l'économie. Sous Menem, l'Argentine connaît une période de croissance économique, mais aussi une augmentation de la pauvreté et des inégalités. Sa politique monétaire, reliant le peso au dollar américain, conduit à une stabilité temporaire mais prépare la crise économique à venir.

Le premier quart du XXIe siècle

À la fin des années 1990, l'Argentine était en proie à une grave récession économique, aggravée par une dette publique croissante et une politique monétaire liant le peso argentin au dollar américain.  A partir de décembre 2001, plusieurs présidents se sont succédé en quelques jours, jusqu'à ce qu'Eduardo Duhalde soit nommé président par le Congrès en janvier 2002. Le gouvernement Duhalde a décidé de mettre fin à la parité peso-dollar, ce qui a conduit à une dévaluation massive de la monnaie. Cette décision a provoqué une inflation galopante, une augmentation de la pauvreté et du chômage, mais a aussi permis une reprise économique progressive grâce à une monnaie plus compétitive à l'exportation.

Élu en 2003, Néstor Kirchner a hérité d'une économie en crise. Son administration a adopté des politiques hétérodoxes, favorisant l'intervention de l'État dans l'économie. Kirchner a restructuré la dette extérieure de l'Argentine, obtenant des réductions importantes de la dette due aux créanciers privés. Son gouvernement a également investi dans les programmes sociaux et les infrastructures.

En 2007, Cristina Fernández de Kirchner, l'épouse de Néstor Kirchner, a succédé à son mari à la présidence. Son mandat a été marqué par la continuité des politiques déjà mises en oeuvre, mais aussi par des controverses et des conflits croissants avec certains secteurs de la société, notamment les agriculteurs et les médias. En 2008, une taxe à l'exportation sur les produits agricoles a provoqué une crise majeure avec le secteur rural. Cristina Fernández de Kirchner a cependant été réélue en 2011 avec une large majorité. Son second mandat a vu une augmentation des tensions politiques et économiques, une inflation persistante et des restrictions sur les changes étrangers. En 2012, le gouvernement a renationalisé YPF, la principale compagnie pétrolière du pays, qui avait été privatisée dans les années 1990.

En 2015, Mauricio Macri, un conservateur, a été élu président, mettant fin à 12 ans de gouvernance kirchnériste. Macri a promis des réformes économiques libérales pour attirer les investissements étrangers et réduire le déficit budgétaire. Son gouvernement a levé les restrictions sur les changes, a réformé les subventions énergétiques et a négocié un accord avec les créanciers de la dette impayée. Mais, malgré des réformes initiales, l'économie argentine a continué à faire face à une inflation élevée et à une récession persistante. En 2018, l'Argentine a sollicité un prêt de 57 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI), le plus important de l'histoire du FMI, pour stabiliser l'économie. Cependant, ces mesures ont entraîné une nouvelle vague d'austérité et de mécontentement social.

En 2019, Alberto Fernández, avec Cristina Fernández de Kirchner comme vice-présidente, a été élu président. Son gouvernement a hérité d'une économie en crise, aggravée par la pandémie de covid-19 en 2020. La pandémie a eu un impact dévastateur sur l'économie déjà chancelante du pays, exacerbant les problèmes de dette et de pauvreté. En 2020, l'Argentine a de nouveau restructuré sa dette avec les créanciers privés, obtenant des délais de paiement. La gestion économique reste un défi majeur, avec une inflation élevée, un chômage significatif et une pauvreté croissante.

Le 10 décembre 2023, les élections ont porté à la présidence un libertarien, Javier Milei.

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