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Tasse (Torquato
Tasso
dit le), célèbre poète, fils de Bernardo Tasso, lui
aussi poète, naquit en 1544 à Sorrente. Il étudia
d'abord le droit à Padoue, mais il
négligea bientôt cette étude aride pour se livrer à
la poésie, et composa dés l'âge de 18 ans un poème
chevaleresque, Renaud inspiré par l'Arioste,
et qui dès lors appela sur lui l'attention (1562). il se vit bientôt
après (1565) appelé à la cour de Ferrare
par le duc régnant
Alphonse II;
il suivit en France le cardinal d'Este (1571), et
fut fort bien accueilli de Charles IX; de retour
à Ferrare, il y fit jouer (1573) un drame pastoral, l'Aminte ,
qui est depuis resté sans égal; il termina en 1575 sa Jérusalem
délivrée ,
vaste épopée tirée de l'histoire des croisades
et qui est son oeuvre capitale. Ce poème ne reçut pas d'abord
l'accueil qu'il méritait, et l'auteur se vit obligé de le
défendre contre d'obscurs critiques; en même temps, il éprouva
de vives contrariétés à la cour de Ferrare, par suite
d'une passion malheureuse qu'il avait conçue pour une des soeurs
du duc, la belle Léonore; sans cesse assailli d'idées noires,
sa raison s'égara, et il quitta brusquement Ferrare sans argent
et sans but (1577).
Il gagna Naples où il retrouva une
soeur qui s'efforça de le calmer, puis, errant de ville en ville,
il alla successivement à Mantoue
à Urbin ,
à Turin ;
ne trouvant nulle part le bonheur il hasarda de revenir à Ferrare
(1579) : le duc irrité, le fit enfermer, dit-on, dans une maison
de fous, l'y retint sept ans et ne lui rendit la liberté qu'en 1586,
sur les vives sollicitations de plusieurs princes de l'Italie et du pape
lui-même. Le Tasse séjourna depuis à Mantoue, à
Naples, à Rome, recherché par les princes et les grands,
mais sans en être plus heureux, luttant sans cesse contre la misère,
et souvent privé de sa raison. Malgré les injustes critiques
de ses envieux, son génie avait enfin été apprécié,
et il venait d'être appelé à Rome par le pape Clément
VIII pour y être solennellement couronné, lorsqu'il mourut
dans cette ville avant la cérémonie, en 1595, emporté
par une fièvre qui le minait depuis longtemps.
Outre la Jérusalem délivrée,
le Tasse a composé un poème épique, la Jérusalem
conquise (Rome, 1593), qu'il prétendait substituer à
son premier poème; mais cet ouvrage, fruit des années où
il ne possédait plus le plein usage de ses facultés, est
bien inférieur au premier. On a encore de lui une tragédie
de Torrismondo (1587), une comédie, les Intrigues d'amour,
des Poésies diverses, composées de sonnets ,
de canzoni ,
de madrigaux ;
les Sept journées de la Création, des Discours
sur la Jérusalem, des Dialogues, des Lettres,
etc. Ses Oeuvres complètes ont été publiées
par Rosini, 30 vol. in-8, Pise, 1821 et années suiv. La Jérusalem
délivrée est le principal titre du Tasse : ce poème,
par le choix d'un sujet populaire dans toute la chrétienté,
par la grandeur des conceptions, par l'habile emploi d'un merveilleux en
harmonie avec les croyances du temps, par le développement des caractères,
la richesse des images, la grâce des idées, l'harmonie du
style, se place auprès des chefs-d'oeuvre d'Homère,
de Virgile et de Milton
( Paradis Perdu ).
(A19).
Portrait du Tasse, d'après
le masque moulé sur sa figure
dans le couvent de Sant-Onofrio,
à Rome. Dessin
de Staal.
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Editions
anciennes - Le Tasse a été
traduit dans toutes les langues de l'Europe: les meilleures traductions
francaises sont celles de Vigenère, 1610. - de Mirabaud, 1724. -
de Panckoucke et Framery, 1783; de Lebrun, 1774; de Mazuy, 1838 (avec Commentaires).
- de V. Philippon de la Madeleine, 1841. Ce poème a en outre été
traduit en vers par Baour-Lormian, 1795,
traduction fort améliorée dans l'édition de 1819 par
H. Taunay, 1845 par F. Desserteaux 1856-60. Le Renaud a été
traduit par Cavellier, 1813; l'Aminte, par Bertre de Bourniseaux,
1802, et mise en vers par Baour-Lormian, 1813, et par V. Delattre, 1863.
Serassi (Rome, 1785) et Milman (Londres, 1849) ont donné la Vie
du Tasse.
En
librairie - Le Tasse (Torquato Tasso),
La
Jérusalem délivrée, Gallimard (Folio), 2002. -
Rimes
et plaintes, Fayard, 2002. - Discours de l'art poétique et
du poème héroïque, Aubier, 2001. - Les flèches
d'Armide ,
Imprimerie nationale, 1994.
Goethe,
Torquato
Tasso, Aubier (bilingue), 2001.
Catherine
Magnien, L'Arioste et Le Tasse en France au
XVIe siècle, Rue d'Ulm, 2003. - Giovanni Careri, La Jérusalem
délivrée du Tasse, poésie, peinture, musique, ballet,
Klincksieck, 1999. - P. Renucci et R. Milani, Torquato Tasso, Aminta,
favola boschereccia in cinque atti, Presses universitaires de Strasbourg,
1995.
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