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Histoire de la Seine-et-Marne
jusqu'en 1900
[Géographie de la Seine-et-Marne]
Un certain nombre de monuments mégalithiques se dressent encore sur le territoire du département de la Seine-et-Marne : ce sont les menhirs de Bautheil, Diant, Dormelles, Ecuelles, Montereau, Nanteau, Paley, Thoury-Férolles, le dolmen de Rumont, les polissoirs de Souppes et Bagneaux. Ces monuments sont tous antérieurs à l'arrivée des Celtes dans la région.

L'Antiquité

Les Meldi, voisins des Parisii et des Senones, habitaient la contrée, quand César entreprit la conquête des Gaules. Dans ses Commentaires, il parle de leur capitale Melodunum (Melun).  Dans sa septième campagne, en 52 av. J.-C., César parti d'Agedineum (Sens) à la tête de 8 légions enleva sur la route de Vellannodunum (Château-Landon ou Tréguères) une ville de Sénons où il ramassa des vivres. Labiénus en voulant atteindre Camulogène par la rive gauche de la Seine fut arrêté devant les marais de l'Essonne et dut rétrograder à Melodunum. Il y saisit toutes les barques qu'il y trouva, enleva cet oppidum et passa sur l'autre rive pour attaquer par le Nord la ville des Parisii. A l'aide des bateaux enlevés à Melun, il put faire franchir la Marne à ses troupes, trompant ainis l'attente du vieux chef gaulois. Après la conquête romaine, la région fit partie de la IVeLyonnaise. On trouve à Chateaubleau des vestiges d'un théâtre romain.

C'est au IIIe siècle que le Christianisme fut prêché dans ce territoire par les saints Saintin et savinien. En 486, après la défaite de Syagrius, l'autorité de Clovis fut reconnue par le pays qui, à la mort de ce prince, fit partie tantôt du royaume de Paris et tantôt de celui de l'Austrasie. En 584, Frédégonde fait assassiner son mari Chilpéric Ier près de Chelles; c'est dans cette même ville que sainte Clotilde avait fondé dès le VIe siècle la première abbaye de femmes de la région, non loin de la villa royale qu'elle habitait. Cette abbaye fut reconstruite au VIIe siècle par la reine Bathilde qui vint y finir ses jours. C'est aussi de cette époque que datent la fondation par Sainte Fare de l'abbaye de Faremoutier et celle de Jouarre.

Les incursions des Vikings se firent sentir jusqu'à Meaux qui fut pillé à deux reprises par les terribles pirates, en 862 et 887. Sous le régime de la féodalité, des fiefs nombreux se formèrent dans la région, notamment à Château-Landon. La Brie eut des comtes fameux : les sires de Crécy furent redoutés de leurs vasseaux. Le XIIe s. vit encore s'élever l'abbaye de la Malnone et celle de Barbeaux où le roi Louis VII se fit enterrer. La Brie fut défrichée par un moine irlandais qui, sous le nom de saint Fiacre, jouit d'une grande renommée populaire. Abélard établit, en 1102 à Melun, sa première école.

Au Moyen âge, Meaux et Provins avaient des foires célèbres : celle de Mai à Provins était très importante. Des marchands étrangers, des Flandres, d'Allemagne et surtout d'Italie, s'y rendaient soit isolément soit en troupes sous la conduites d'officiers. Chaque corporation de marchands y possédait un immeuble avec écurie, magasin et boutique, servant tout à la fois de comptoir et d'hôtellerie. Avec ses caves à plusieurs étages s'étendant sous toute la ville haute et formant pour ainsi dire une autre ville, souterraine, percée de rues et de carrefours, Provins pouvait renfermer une quantité considérable de marchandises. Au XIIIe siècle, la foire y durait 22 jours, sans compter les huit jours francs pendant lesquels les marchandises étaient déballées et installées. Les dix premiers, appelés jours de draps, étaient de beaucoup les plus importants; puis venaient les jours des cuirs et pelleteries au nombre de onze. Pendant tout ce temps avait lieu la vente des cheveaux et du bétail, ainsi que celle de toutes sortes de denrées : épices, drogues, fils de chanvre, de lin, de soie, etc. Les changeurs, banquiers de l'époque, avaient leurs tables dressées sur la place du château, dans la ville haute, et y faisaient toutes les opérations de leur charge.

L'un des plus terribles épisodes de la Jacquerie se place à Meaux : une bande de pillards et d'assassins maîtres de la ville en assiégeait le centre où s'étaient retranchés les nobles. Ces derniers ayant pu rompre le cercle des assiégeants, brûlèrent la ville et massacrèrent 8000 Jacques.

Pendant les querelles des Armagnacs et des Bourguignons, Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, fut assassiné en 1419 sur le pont de Montereau par les seigneurs armagnacs. En 1420, Melun fut assiégé par les Bourguignons et les Anglais appelés par ces derniers. Malgré les prodiges de valeur accomplis par le sire de Barbazan, la ville, où régnait la famine la plus affreuse, dut se rendre au roi Henri V. Montereau et Meaux sont également pris et ne reviennent au domaine royal qe sous Charles VII.

Les Temps modernes

Pendant la Renaissance de beaux châteaux s'élevèrent dans la région : le cardinal Duprat se fit construire une résidence somptueuse à Nantouillet en 1523. Mais ce fut surtout à Fontainebleau que le roi François Ier bâtit un palais remarquable. Au XIIe siècle déjà, Louis VII, épris des charmes de Fontainebleau, y avait élevé les premières constructions que Louis IX restaura et augmenta. Charles V y eut une bibliothèque importante. Charles VII fit peindre sur les murs du château les victoires que ses capitaines remportèrent sur les Anglais. 

Mais le véritable créateur de Fontainebleau fut François Ier. Ce roi, à défaut des plus grands artistes italiens qu'il avait mandés pour décorer les salles du palais magnifique élevé par des architectes français, dut se contenter d'artistes de second rang : Rosso, le Primatice, Nicolo del Abbate. Il y reçut, dans des fêtes magnifiques, l'empereur Charles-Quint, traversant la France pour gagner Gand révolté.

Henri II continua les travaux de François Ier. Henri IV doubla la superficie des bâtiments et des jardins et dépensa des sommes considérables. Son fils Louis XIII y naquit et y fut baptisé sous le dôme élevé au-dessus de la porte Dauphine. Louis XIV y vint séjourner quelquesfois avant de construire Versailles. Pendant sa minorité, sa mère, Anne d'Autriche, y reçut Christine de Suède qui venait d'abdiquer. Cette reine y fit tuer par trois officiers de sa suite le marquis de Monaldeschi, le 10 novembre 1637, terminant, dit Voltaire "une galanterie par un crime".

Louis XIV fut également reçu au château de Vaux par le fameux surintendant Nicolas Fouquet qui l'éblouit par son faste. Louis XIV, auquel il portait ombrage, poussé par Colbert, lui fit payer cher ses exactions. Banni d'abord, il fut ensuite condamné à la prison perpétuelle et interné au château de Pignerol où il mourut en 1689.

Le grand Bossuet occupa le siège épiscopal de Meaux de 1661 à 1704. La révocation de l'édit de Nantes amena l'expatriation d'un grand nombre d'industriels de la région. Si ce n'est la création du département qui nous occupe en 1790, aucun événement important ne s'y passe jusqu'à Napoléon Ier. Le pape Pie VII fut reçu à Fontainebleau en 1804, quand il vint pour sacrer empereur le Premier Consul à Notre-Dame de Paris. Il devait y être retenu en 1809 et y revenir une troisième fois signer le concordat en 1813. 

Quand les Alliés envahirent la France en 1814, l'armée de Bohème, commandée par Schwarzenberg, passait la Seine à Montereau, faisant reculer les maréchaux Victor et Oudinot qui cherchaient à l'arrêter dans sa marche sur Paris. Sur l'ordre de Napoléon, le maréchal Macdonald quitte Meaux et va les rejoindre. Tous trois, avec Napoléon à la tête de sa garde se rejoignent à Guignes le 15 février et le lendemain culbutent à Mormant les troupes de De Wrède. Deux jours après, le 18 février, les Wurtembergeois voulant garder le pont de Montereau sont écrasés. mais la fortune trahit Napoléon. Le 20 avril, il fait à Fontainebleau, dans la cour du Cheval-Blanc, ses adieux à la garde.

La guerre de 1870 fut une calamité pour le département qui, placé entre Paris et l'Allemagne, fut sans cesse traversé par les troupes allemandes, surtout pendant le siège de Paris. C'est à Ferrières que Jules Favre, au nom du Gouvernement de la défense nationale, entama les pourparlers avec Bismarck, le 18 septembre 1870, pour arriver à la conclusion d'un armistice. Bismarck demanda l'occupation de Toul et de Strasbourg par les armées allemandes et refusa le ravitaillement de Paris. Ces conditions ne purent être acceptées et la guerre continua encore plusieurs mois.

La Seine-et-Marne connut des événements bien plus dramatiques encore lors de Première Guerre mondiale. On se réfèrera aux pages sur la Grande Guerre pour plus de détails. (Fr. Pit.).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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