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République Tchèque (Tchéquie)
Ceska Republika

49 45 N, 15 30 E
La République Tchèque ou Tchéquie est un Etat de l'Europe centrale, enclavé entre l'Allemagne, la Pologne, la Slovaquie et l'Autriche. D'une superficie de 78,866 km², elle correspond à la réunion de la Bohème  et de la Moravie historiques; entre 1918 et 1993, son territoire constituait la partie occidentale de la Tchécoslovaquie
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Carte de la Rpublique Tchque.
Carte de la République Tchèque.
Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

La Tchéquie est une démocratie parlementaire, divisée administrativement en 13 régions (kraje, singulier : kraj), auxquelles s'ajoute la ville capitale (hlavni mesto), Prague. Outre Prague, les grandes villes sont : Brno (anc. Brünn), Ostrava, Plzen et Olomouc. Population totale : 10,5 millions d'habitants (2025).

Les 13 régions de la République Tchèque

Jihocesky (Bohème méridionale)
Jihomoravsky (Moravie méridionale)
Karlovarsky
Kralovehradecky
Liberecky
Moravskoslezsky (Moravie-Silésie)
Olomoucky 
Pardubicky
Plzensky
Stredocesky (Bohème centrale)
Ustecky
Vysocina
Zlinsky

Géographie physique de la République Tchèque

Le relief du sol.
La République Tchèque est entourée de montagnes, pratiquement sur toutes ses frontières, et accidentée de montagnes et de collines à l'intérieur; au Sud-Ouest; les monts de Bohème (en tchèque Cesky Les et Sumava) la sépare de la Bavière, au Nord-Ouest, l'Erzgerbirge (en tchèque Krusne Hory, monts métalliques), la sépare de la Saxe. Les monts des Géants (Riesengebirge, Krkonose), et les Sudètes qui leur font suite se dressent au Nord-Est, du côté de la Silésie polonaise; au Sud-Est, la partie occidentale des Beskides (qui sont une partie des Carpates) et le Petites Carpates marquent la frontière avec la Slovaquie. La limite entre la Bohème et la Moravie est, quant à elle, marquée par les collines (ou hauteurs) de Moravie, qui forment une suite de terrasses coupées de vallées. Aucune de ces montagnes n'atteint d'ailleurs une altitude considérable; le plus haut sommet, le Snezka culmine à 1602 m. La plupart sont couvertes de forêts et offrent des paysages très pittoresques. Parmi les grandes curiosités naturelles, on cite les grottes de Sloupy et l'abîme de Macocha, auprès de Blansko, en Moravie.
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Géologie.
Le plateau de Bohème peut être considéré comme le plateau central de toute l'Europe. Le sous-sol primitif, granitique, appareil de divers côtés et son étendue d'affleurement est considérable, principalement au Sud et à l'Ouest; le terrain paléozoïque orienté en bandes de l'Est à l'Ouest, est développé au centre, tandis que le terrain crétacé, représenté par trois de ses étages, s'étend largement au Nord et à l'Est; les dépôts tertiaires ont leurs bassins principaux au Sud.

Les roches du Paléozoïque sont le granit et le gneiss, la granulite s'observe auprès de Karlovy Vary (anc. Karlsbad), au-dessus apparaissent des calcschistes, des schistes micacés, phyllites, puis des schistes argileux avec trapp qui forment le début du terrain silurien. Les recherches approfondies de Joachim Barrande poursuivies pendant quarante ans ont fait de la Bohème le type classique du Silurien; ce géologue a distingué par faunes et par étages les diverses subdivision du Silurien. 

La faune' primaire comprend les étages A qui est formé de schistes à Graptolites, B qui est formé de conglomérats, C constitué par des schistes argileux grisâtres, micacés, disposés en deux bandes au Nord et au Sud du bassin, et d'une puissance de 400 m avec une riche faune de fossiles (Trilobites spéciaux). Les étages A et B forment le Cambrien

La faune secondaire comprend seulement l'étage D formé de quartzites et de schistes micacés à nodules, où les fossiles abondent, Orthoceras, Conularia, Brachiopodes, Acéphales. C'est l'équivalent du Silurien inférieur de l'Anjou.

La faune troisième se poursuit dans l'étage E, qui est calcaire et développé à Prague même, c'est la période de la plus grande abondance des mollusques, bien que le développement en surface de cet étage soit relativement faible; étage F formé de marbres gris et de calcaires blancs veinés de rouge avec première apparition des Goniatites, et disparition des Graptolites; étage G constitué par des schistes avec faune assez riche; étage H réduit à une argile peu consistante à fossiles plus rares, Orthoceras, Harpes, Proteus. 

Tous ces étages sont en couches concordantes au-dessus les unes des autres, et comme emboîtées, de telle sorte que les plus récentes et les plus supérieures sont au centre du bassin et occupent une surface, de plus en plus restreinte. Barrande a nommé Colonies des bandes de roches de nature minéralogique distincte et à faune dissemblable, plus récente, qui se rencontrent parfois intercalées dans des étages  plus anciens, ce sont principalement des couches de l'étage E enclavées dans l'étage D. 
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Les lambeaux de terrain carbonifère et permien sont peu importants, leurs couches presque horizontales sont nettement discordantes sur les roches siluriennes relevées parfois jusqu'à la verticale. Une douzaine de petits bassins houillers sont distribués sans ordre; la variété des roches y est grande, grès, schistes, conglomérats. De nombreux débris végétaux ont été décrits par Corda, Sternberg, etc. Le terrain permien est un grès gris qui passe au grès rouge; les poissons fossiles nombreux ont été étudiés par Fritsch, les végétaux sont en grande partie les mêmes que ceux du terrain carbonifère.

Au-desus du Permien la série des terrains (mésozoïques) présente en Bohème une lacune immense; la période jurassique, non plus que le Crétacé inférieur n'y sont pas représentés. Le terrain crétacé débute par l'étage cénomanien, qu'on peut diviser en deux assises : 

Perncer, ou marne schisteuse grise, très fine, à végétaux et à une formation continentale; 

Koricaner schichten, qui est un grès marin avec marnes à fossiles nombreux, Ostrea colomba, Scaphites aequalis.

L'étage turonien est un calcaire jaunâtre et glauconieux, dans lequel on distingue plusieurs niveaux, et qui est pourvu d'une faune nombreuse. L'étage sénonien succède sans interruption, c'est un calcaire argileux, puissant, avec fossiles variés.

La série cénozoïque est incomplète en Bohème; elle est représentée par trois principaux grands bassins de marnes ligniteuses, assez variées et puissantes, qui ont été troublées par de nombreuses éruptions volcaniques, Phonolites, Basaltes; les fossiles sont abondants; Mammifères (Rhinocéros), Reptiles, Mollusques, Végétaux, ont laissé de remarquables débris; ces dépôts ont dû commencer à se former pendant l'Oligocène supérieur et se prolonger pendant le Miocène inférieur. On trouve par places, principalement au Sud-Est, quelques quelques lambeaux de Miocène moyen à fossiles marins, qui ont été étudiés par Reuss. Les alluvions anciennes ne font pas défaut dans la vallée de l'Elbe et la Vltava, et de nombreux dépôts de limons sont répandus principalement dans les régions calcaires.

Climat.
Le climat de la Tchéquie est continental tempéré. Les étés sont frais, les hivers sont froids, nuageux et humides. Ce climat est plus rude en Bohème.  La région de la Krusnra Hora, adossée à la Saxe, est la plus froide de toutes; dans les monts des Géants, les hivers sont particulièrement rigoureux, et les tempêtes, redoutables. Le climat de la Moravie est plus tempéré.
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La Vltava, à Prague. Photo : © Angel Latorre, 2008.

Régime des eaux.
La République Tchèque appartient aux  bassin de la Mer du Nord et de la Mer Noire. Le seul fleuve qui arrose la Bohème est l'Elbe (Labe) qui prend sa source auprès du pic Snèzka et qui passe à Pardubice, Kolin, Usti : ses principaux tributaires sont sur la rive droite, la Jizera et l'Oupa, sur la rive gauche, la Vltava que les Allemands appellent Moldau; - elle vient des monts de Bohème, traverse Pisek et Prague, et se jette dans l'Elbe auprès de MeInik; elle reçoit à son tour la Luinice, la Sazava, l'Otava et la Berounka; - l'Ohre ou Eger, qui prend sa source en Bavière, passe à Cheb et Karlovy vary,  et dont le confluent est auprès de Terezin. La plupart des autres cours d'eau de la Bohème ne sont que des torrents : l'Elbe et la Vltava sont seuls navigables. Le principal cours d'eau de la Moravie est la Morava, affluent du Danube. L'Oder prend sa source à 21 kilomètres à l'Est d'Olomouc

Les lacs situés pour la plupart dans les monts de Bohème sont peu importants et n'ont d'intérêt qu'au point de vue pittoresque. La Moravie n'a pas de lacs; elle possède une cinquantaine de sources minérales moins renommées que celles de la Bohème.

Biogéographie de la République Tchèque

La République tchèque est située au carrefour de plusieurs grandes unités biogéographiques européennes : la région continentale, la région alpine au sud-est et, marginalement, la région pannonienne à l'extrême sud-est. 

Le pays abrite plus de 40 000 espèces animales, principalement des invertébrés. Les vertébrés comprennent des espèces forestières typiques comme le cerf élaphe, le sanglier, le lynx boréal (réintroduit avec succès dans les zones montagneuses comme la Šumava et les Beskides), ainsi que des espèces d'oiseaux comme la cigogne noire et l'aigle royal. Les zones humides, comme les étangs de Bohême du Sud ou les méandres fluviaux de la Morava, offrent des refuges importants pour les amphibiens et les oiseaux aquatiques.

La flore est dominée par les forêts tempérées. Les forêts mixtes de feuillus et conifères sont courantes en altitude moyenne, tandis que les hêtraies-sapinières occupent les montagnes. À basse altitude, on retrouve des chênaies-charmaies. Toutefois, une grande partie des forêts tchèques ont été artificiellement converties en monocultures d'épicéas, vulnérables aux parasites comme le scolyte typographe, notamment en raison du changement climatique.

Les milieux ouverts, tels que les prairies calcaires, les pelouses sèches et les steppes relictuelles de Moravie méridionale, représentent un intérêt biologique majeur en raison de leur biodiversité floristique, notamment les orchidées et d'autres espèces rares. Les régions karstiques, comme le Karst morave, présentent une flore et une faune souterraines particulières, avec des chauves-souris, des invertébrés troglobies et des phénomènes géomorphologiques comme les gouffres et grottes.

Les pressions humaines, notamment l'urbanisation, l'agriculture intensive et les infrastructures de transport, ont modifié de nombreux habitats naturels. Toutefois, la République tchèque s'est engagée dans des programmes de restauration écologique, de corridors biologiques et de surveillance de la biodiversité, notamment dans le cadre de Natura 2000 et de directives européennes.

La République tchèque a d'ailleurs une tradition ancienne de protection de la nature. Elle compte plusieurs parcs nationaux, dont la Šumava (zone transfrontalière avec l'Allemagne), le parc national de Krkonoše (le plus ancien du pays), le parc national de Podyjí (dans la vallée de la Dyje), et le parc national de la Suisse bohémienne. Ces aires protègent des paysages variés allant des tourbières aux forêts montagnardes, en passant par des canyons et des formations rocheuses spectaculaires.
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Rpublique Tchque : Stramberk, en Moravie.
Le village de Stramberk, en Moravie, à l'Est de la république Tchèque. Images : The World Factbook.

Géographie humaine de la République Tchèque

Population.
La République tchèque compte environ 10,5 millions d'habitants, avec une population relativement stable depuis les années 1990, avec un léger déclin naturel mais compensée par une immigration croissante. Le pays présente une densité de population moyenne, autour de 136 habitants au km², avec une répartition inégale : les zones urbaines, notamment Prague, Brno, Ostrava et Plzeň, concentrent une part importante de la population, tandis que les régions frontalières et montagneuses connaissent un vieillissement et une dépopulation progressive.

La capitale Prague, avec plus de 1,3 million d'habitants, attire une population jeune, diplômée et cosmopolite, ainsi qu'un flux constant de migrants internes et internationaux. La croissance de Prague s'explique aussi par la tertiarisation de son économie, la concentration universitaire et les services spécialisés. À l'inverse, certaines régions industrielles de Bohême du Nord et de Moravie du Nord, impactées par la désindustrialisation post-socialiste, connaissent un exode des jeunes et une précarisation accrue.

Le profil démographique tchèque est caractérisé par un vieillissement important. L'âge médian dépasse 43 ans, et plus de 20 % de la population a plus de 65 ans. Le taux de fécondité reste faible, autour de 1,7 enfant par femme, malgré des politiques sociales de soutien à la famille et une amélioration progressive depuis le creux des années 1990. L'espérance de vie est élevée (environ 76 ans pour les hommes, 82 ans pour les femmes), mais l'écart entre genres demeure notable, notamment à cause de comportements à risque plus fréquents chez les hommes (tabagisme, alcoolisme).

Du point de vue sociologique, la société tchèque reste marquée par les héritages de l'ère communiste, notamment dans la perception de l'État, de la propriété, de l'éducation et des inégalités sociales. Le niveau d'éducation est élevé : plus de 90 % des adultes ont terminé le secondaire, et environ 30 % des jeunes adultes ont un diplôme universitaire. Le système éducatif, bien structuré, tend toutefois à reproduire les inégalités sociales, notamment par le biais de filières sélectives et de la scolarisation précoce des enfants roms dans des établissements à faibles performances.

Les inégalités de revenus sont relativement faibles au regard des standards européens, avec un coefficient de Gini autour de 0,24. Cependant, les disparités régionales et intergénérationnelles persistent : les jeunes actifs rencontrent des difficultés croissantes d'accès au logement, en particulier dans les grandes villes. L'emploi est marqué par un taux de chômage historiquement bas (autour de 3 %), mais avec une dualité croissante entre salariés qualifiés dans les services et les secteurs technologiques, et travailleurs précaires dans les services peu rémunérés ou l'industrie.

Le paysage sociopolitique est également structuré par des clivages générationnels et territoriaux. Les jeunes urbains sont plus ouverts à l'Europe, à la diversité culturelle et à l'innovation, tandis que les électeurs plus âgés ou issus des zones rurales tendent à soutenir des partis plus conservateurs, voire populistes. Influencée par des scandales de corruption et des tensions politiques autour de l'État de droit, la confiance dans les institutions a connu des hauts et des bas. Toutefois, la société civile tchèque reste active, avec un tissu associatif en développement, notamment dans les domaines de l'écologie, de l'éducation et des droits humains.

Après avoir été un pays d'émigration jusqu'au début des années 2000, la République tchèque est désormais un pays d'accueil. La population étrangère,  principalement concentrée dans les grandes villes, représente environ 7 % de la population. L'intégration sociale et économique varie selon les groupes, avec des politiques publiques qui oscillent entre pragmatisme économique et réticences identitaires.

Quelques-unes des principales villes de la République Tchèque

Prague, capitale nationale et plus grande ville, regroupe environ 1,3 million d'habitants. C'est le centre politique, économique, universitaire et culturel du pays. Elle possède une vieille ville classée au patrimoine mondial de l'Unesco, un secteur technologique en plein essor (notamment dans l'intelligence artificielle, la cybersécurité et la fintech), ainsi qu'un dynamisme touristique exceptionnel. Le réseau de transport public y est particulièrement efficace et dense. Prague attire également une population étrangère importante, tant pour le travail que pour les études, et reste une porte d'entrée internationale grâce à son aéroport Václav-Havel.

Brno, deuxième ville du pays (environ 380 000 habitants), est le principal centre urbain de la Moravie. Elle joue un rôle scientifique et universitaire majeur, notamment avec l'Université Masaryk et son parc technologique (JIC). C'est aussi un pôle judiciaire, avec la Cour constitutionnelle. Brno développe un secteur high-tech autour des technologies biomédicales et de l'ingénierie. La ville est bien connectée à Vienne, Bratislava et Prague, ce qui renforce son rôle de carrefour centre-européen.

Ostrava, troisième ville tchèque avec environ 280 000 habitants, est située dans la région industrielle de Moravie-Silésie. Longtemps centrée sur l'exploitation minière et la sidérurgie, elle a engagé une profonde reconversion économique vers les services, la culture et les technologies de l'information. L'ancien complexe sidérurgique Vítkovice a été transformé en quartier culturel et d'innovation, qui accueille expositions, festivals et espaces de coworking. Toutefois, la ville est confrontée à des défis sociaux, notamment un taux de chômage plus élevé et des inégalités territoriales persistantes.

Plzeň (Pilsen), avec un peu plus de 170 000 habitants, est réputée pour sa tradition brassicole, siège de la célèbre bière Pilsner Urquell. Elle est aussi un centre industriel important dans le secteur de l'ingénierie et de l'automobile, avec des entreprises comme Škoda Transportation. Ville universitaire, elle a été capitale 
européenne de la culture en 2015, ce qui a contribué à son rayonnement 

international et à une rénovation urbaine significative.

Liberec, située au nord près des monts Jizerské, compte environ 105.000 habitants. Historiquement un centre textile et industriel, elle s'est reconvertie partiellement vers le tourisme (stations de ski, nature) et l'éducation, grâce à son Université technique. La ville conserve une forte identité germanique dans son architecture, conséquence de sa population majoritairement germanophone jusqu'en 1945.

Olomouc (environ 100 000 habitants),   dans la région de Moravie centrale, est une ville universitaire ancienne avec une forte tradition religieuse et intellectuelle. Son centre historique baroque est remarquable et classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Elle accueille l'Université Palacký, la deuxième plus ancienne du pays, et joue un rôle régional dans les arts, la culture et l'administration.

Ústí nad Labem, ville industrielle de Bohême du Nord (environ 90 000 habitants), est située sur l'Elbe et a souffert de la désindustrialisation. Elle reste néanmoins un pôle logistique important et bénéficie de sa proximité avec l'Allemagne. Les enjeux sociaux y sont importants, notamment la pauvreté et la ségrégation résidentielle.

Hradec Králové, avec environ 95 000 habitants, combine un patrimoine architectural remarquable et une tradition médicale et universitaire. Elle héberge une faculté de médecine et un secteur technologique en croissance, notamment en pharmacie et ingénierie biomédicale.

Pardubice, ville voisine d'Hradec Králové, est connue pour son industrie chimique, son université et la course hippique Velká pardubická. Elle joue un rôle de plaque tournante ferroviaire et logistique central dans l'est de la Bohême.

Zlín, en Moravie orientale (environ 75.000 habitants) a été le siège de la multinationale Bata. Son urbanisme moderniste est un exemple rare d'urbanisme d'entreprise du XXe siècle. Zlín reste un centre du design industriel, de l'éducation (Université Tomas Bata) et du cinéma d'animation.

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Groupes ethnolinguistiques.
Sur le plan ethnolinguistique, la société tchèque est majoritairement homogène : environ 65 à 70 % des citoyens se déclarent tchèques. Les principales minorités comprennent les Moraves, les Slovaques, les Roms (estimation de 250 000 à 300 000), les Ukrainiens (croissante depuis les années 2010, et fortement accrue depuis 2022), les Vietnamiens (communauté bien intégrée, présente depuis l'époque communiste) et les Russes. Ces groupes vivent souvent dans des contextes différents : les Ukrainiens et les Slovaques sont très présents dans les grandes villes et les secteurs du bâtiment ou de la santé, tandis que les Roms sont surreprésentés dans les régions en difficulté, et confrontés à de fortes discriminations sociales et scolaires.

La loi tchèque reconnaît officiellement 14 minorités nationales, leur garantissant certains droits linguistiques et culturels, comme l'usage de la langue minoritaire dans l'administration locale, l'enseignement bilingue ou la signalisation bilingue dans les communes concernées. La politique linguistique reste centrée sur l'intégration linguistique au tchèque, mais des efforts de préservation des langues minoritaires sont soutenus dans certains cas par l'État ou des associations culturelles.

Tchèques.
Les Tchèques, peuple slave occidental, parlent la langue tchèque qui appartient à la branche tchèque-slovaque des langues slaves. La langue tchèque est standardisée et  utilisée dans l'administration, l'éducation et les médias. Elle est dotée d'un riche patrimoine littéraire, fortement influencé par l'Humanisme, la Réforme et le romantisme national du XIXe siècle. Bien que très unifié linguistiquement, le tchèque connaît des variations dialectales entre la Bohême, la Moravie et la Silésie, avec le morave parfois perçu comme un ensemble de dialectes intermédiaires entre le tchèque et le slovaque.

Moraves.
Les Moraves, bien qu'ethniquement proches des Tchèques, forment un sous-groupe identitaire revendiqué par environ 5 % des citoyens lors des recensements. Le morave n'est pas reconnu comme une langue distincte, mais désigne plutôt des variétés dialectales parlées en Moravie. Les revendications moraves sont principalement culturelles ou régionales, plutôt que séparatistes ou linguistiques au sens strict.

Slovaques.
Les Slovaques constituent la plus grande minorité nationale reconnue (1,5 % de la population). Cette présence s'explique par l'histoire commune avec la Slovaquie dans le cadre de la Tchécoslovaquie (1918–1992). Le slovaque est mutuellement intelligible avec le tchèque, et largement compris, notamment dans les médias. De nombreux Slovaques vivent dans les grandes villes et conservent une forte identité culturelle, sans tension notable avec la majorité tchèque.

Roms.
Les Roms (ou Tsiganes) sont estimés à environ 2 à 3 % de la population, bien que les chiffres officiels soient plus faibles en raison de l'auto-identification limitée. Ils parlent diverses variantes du romani, généralement en combinaison avec le tchèque ou le slovaque. Les Roms vivent majoritairement dans des quartiers urbains précaires ou des zones marginalisées, particulièrement dans le nord de la Bohême et l'est de la Moravie. Ils sont confrontés à des discriminations systémiques, une ségrégation scolaire, un chômage élevé et des défis en matière d'inclusion sociale et linguistique.

Allemands.
Les Allemands représentaient autrefois une composante majeure de la population (jusqu'à 30 % avant 1945), notamment dans les Sudètes. Cependant, la quasi-totalité a été expulsée après la Seconde Guerre mondiale à la suite des décrets Beneš. Aujourd'hui, seuls quelques milliers d'Allemands demeurent, souvent âgés ou intégrés. Néanmoins, l'héritage germanophone reste visible dans les noms de lieux, l'architecture, et certains aspects culturels dans les régions frontalières.

Vietnamiens.
Les Vietnamiens constituent l'une des plus importantes populations issues de l'immigration post-communiste. Arrivés en grand nombre comme travailleurs ou étudiants dans les années 1970–1980, ils sont aujourd'hui bien établis, notamment à Prague, Cheb et dans certaines villes industrielles. Le vietnamien est transmis dans les familles, mais le tchèque est largement maîtrisé, surtout chez les jeunes générations. La communauté a été officiellement reconnue comme minorité nationale en 2013.

Ukrainiens.
Les Ukrainiens sont devenus une composante de plus en plus visible de la société tchèque, en particulier depuis 2014, et massivement depuis 2022 en raison de la guerre en Ukraine. Le nombre de résidents ukrainiens dépasse les 400 000, ce qui fait d'eux la plus importante communauté étrangère du pays. Leurs langues principales sont l'ukrainien et le russe, mais l'apprentissage du tchèque est en progression, notamment grâce à des dispositifs d'intégration scolaire et professionnelle.

Autres groupes.
Parmi les autres groupes présents figurent les Polonais, principalement concentrés dans la région de Těšín (Český Těšín), dans la Silésie tchèque, où ils disposent d'écoles, de médias et d'une vie culturelle autonome. Le polonais y est couramment pratiqué et coexiste avec le tchèque. Les Hongrois, Russes, Bulgares, Serbes, Croates et Grecs sont également présents en plus petit nombre, généralement dans un contexte familial ou professionnel urbain.

Rpublique Tchque : Karlovy Vary.
Karlovy Vary, dans la région montagneuse de Bohème.

Culture.
La langue tchèque, langue officielle et maternelle pour environ 96 % de la population, est à la fois un marqueur identitaire et un vecteur culturel essentiel. Elle est promue par des institutions comme l'Institut de la langue tchèque ou l'Académie des sciences. La langue est valorisée dans la poésie, les jeux de mots, la chanson à texte, et bénéficie d'un fort sentiment de fierté nationale, même si une grande partie de la population, notamment jeune, maîtrise aussi l'anglais ou l'allemand. 

La littérature tchèque occupe une place centrale dans l'identité nationale. Dès le Moyen Âge, avec les chroniques en vieux tchèque et en latin, jusqu'à la modernité incarnée par des figures comme Karel Čapek, ou Milan Kundera, dont l'oeuvre en exil a connu un rayonnement international. Franz Kafka, bien que germanophone, est une figure centrale de la culture pragoise. La poésie a également joué un rôle majeur dans les mouvements de résistance et d'émancipation nationale, avec des auteurs comme Jaroslav Seifert, prix Nobel de littérature.

La musique tchèque s'ancre à la fois dans la tradition folklorique — notamment morave et bohémienne — et dans une expression savante très développée. Des compositeurs comme Bedřich Smetana, Antonín Dvořák et Leoš Janáček ont donné à la musique nationale une renommée internationale, en combinant romantisme européen et motifs populaires. L'opéra, les festivals de musique classique (comme le Festival du Printemps de Prague), et l'enseignement musical sont aujourd'hui encore très vivants dans le pays. La musique populaire, le jazz, le rock tchèque des années 1960–1980 (notamment les Plastic People of the Universe) ont également constitué des espaces de contestation sous le régime communiste.

Le théâtre et le cinéma sont des formes artistiques majeures. Le théâtre tchèque s'appuie sur une longue tradition satirique et politique, souvent subversive, allant de l'époque baroque jusqu'au théâtre de l'absurde du XXe siècle avec Václav Havel, dramaturge et futur président. Le théâtre noir, typique de Prague, mêle effets lumineux, pantomime et musique. Le cinéma tchèque a connu un âge d'or avec la Nouvelle Vague des années 1960 : réalisateurs comme Miloš Forman, Jiří Menzel ou Věra Chytilová ont marqué l'histoire du cinéma mondial. Aujourd'hui encore, le cinéma documentaire et d'animation tchèque est reconnu.

L'architecture témoigne de la diversité culturelle et temporelle du pays. Les villes tchèques offrent un patrimoine exceptionnel qui va du roman et du gothique (château de Karlštejn, cathédrale Saint-Guy) à la Renaissance et au baroque (tel le quartier de Malá Strana à Prague), jusqu'à l'Art nouveau et le cubisme architectural, style typiquement tchèque. L'urbanisme moderniste et fonctionnaliste s'est développé dans l'entre-deux-guerres, notamment à Zlín sous l'impulsion de la firme Bata. Le régime communiste a laissé un héritage controversé de constructions brutalistes, tandis que la période post-1989 a vu une résurgence de projets architecturaux contemporains.

La gastronomie tchèque repose sur une cuisine centrée sur la viande, les sauces, les soupes et les produits fermentés. Des plats typiques comme le svíčková na smetaně (viande de bœuf en sauce à la crème), le vepřo knedlo zelo (porc, choucroute, quenelles), ou encore les soupes (česnečka à l'ail) sont très populaires. La bière occupe une place culturelle majeure : la République tchèque a la plus forte consommation par habitant au monde, et des marques comme Pilsner Urquell et Budvar sont internationalement reconnues. La culture des brasseries locales, des caves à bière et des festivals brassicoles fait partie intégrante de la vie sociale.

Les traditions populaires, bien que moins visibles dans les grandes villes, subsistent dans les régions rurales, notamment en Moravie. Les costumes folkloriques, les musiques traditionnelles jouées au cymbalum, les danses, les fêtes religieuses ou agricoles rythment encore la vie communautaire dans certaines zones. Les fêtes comme Pâques (avec la coutume des baguettes tressées, pomlázka), Noël (avec la carpe panée et les chants traditionnels), ou la Masopust (carnaval d'hiver) illustrent un riche folklore.

Le sport constitue également un volet important de la culture tchèque. Le hockey sur glace et le football sont les disciplines les plus suivies, avec des clubs historiques comme le Sparta Prague ou le Slavia. Le pays est aussi reconnu dans le tennis (avec des figures comme Martina Navrátilová ou Petra Kvitová) et l'athlétisme. Les randonnées, le ski de fond et les activités en pleine nature sont très populaires.

La laïcité est fortement ancrée dans la culture tchèque. Moins de 15 % de la population se déclare religieuse de manière active, faisant du pays l'un des plus sécularisés d'Europe. L'Église catholique, historiquement dominante, a vu son influence reculer drastiquement depuis la fin du régime communiste. On observe toutefois une présence de confessions minoritaires : protestants, témoins de Jéhovah, orthodoxes, musulmans (principalement issus de l'immigration), et un renouveau de pratiques religieuses non confessionnelles (méditation, néopaganisme, etc.).

Depuis 1989, la culture tchèque s'est fortement internationalisée tout en maintenant des spécificités locales. Les festivals culturels, la scène indépendante, les maisons d'édition, les galeries d'art contemporain, ainsi que les traditions artisanales comme la cristallerie ou les marionnettes (inscrites au patrimoine de l'Unesco) contribuent à une culture vivante, multiple, et en constante réinvention.

Economie.
L'économie de la République tchèque est l'une des plus développées et diversifiées d'Europe centrale. Elle repose sur un modèle industriel exportateur, une main-d'œuvre hautement qualifiée, une forte intégration dans les chaînes de valeur européennes et une stabilité macroéconomique relative. Depuis la transition post-communiste amorcée dans les années 1990, le pays s'est transformé en une économie de marché dynamique, largement ouverte aux investissements étrangers et aux échanges internationaux.

Le secteur industriel représente environ 30 % du PIB, ce qui en fait l'un des niveaux les plus élevés de l'Union européenne. L'industrie automobile joue un rôle central, avec des marques emblématiques comme Škoda Auto, ainsi que des usines d'assemblage ou de composants appartenant à Volkswagen, Toyota, Hyundai et Peugeot-Citroën (PSA/Stellantis). L'industrie mécanique, l'électrotechnique, la chimie, l'aéronautique légère et les équipements de transport ferroviaire (Škoda Transportation) complètent cette base industrielle. Le secteur industriel tchèque est réputé pour sa productivité élevée et sa spécialisation dans les équipements de précision et les machines-outils.

Les exportations représentent environ 80 % du PIB, soulignant la forte dépendance aux marchés extérieurs, notamment l'Allemagne, principal partenaire commercial. Les biens exportés sont principalement des véhicules, des composants mécaniques, des produits électroniques, des équipements industriels et des produits chimiques. Le commerce extérieur est largement excédentaire, mais fortement sensible aux variations de la conjoncture européenne et aux tensions dans les chaînes logistiques mondiales.

Le secteur tertiaire connaît une croissance soutenue, notamment dans les domaines de la finance, des technologies de l'information, des services partagés et du tourisme. Prague s'impose comme un centre de services bancaires, d'assurance et de conseil. De nombreuses multinationales y ont implanté des centres régionaux pour la gestion, la comptabilité ou le support informatique. Le développement de l'économie numérique est stimulé par un écosystème de startups dans les domaines de l'intelligence artificielle, de la cybersécurité, des jeux vidéo et du développement logiciel.

Le tourisme est un pilier important du secteur tertiaire. Prague, avec son patrimoine architectural exceptionnel, attire plus de 8 millions de visiteurs par an en temps normal. Les villes historiques (Český Krumlov, Karlovy Vary, Telč), les stations thermales et les parcs naturels participent également à cette attractivité. Le tourisme médical, notamment les soins dentaires et les séjours de bien-être, s'est développé ces dernières années.

L'agriculture et la sylviculture représentent une part modeste du PIB (moins de 3 %), mais restent importantes dans certaines régions rurales. Les productions principales sont les céréales, le colza, les betteraves sucrières, ainsi que l'élevage porcin et bovin. La viticulture est en essor dans le sud de la Moravie, avec une tradition ancienne et un marché intérieur actif. La gestion forestière, en particulier dans les régions de montagne, revêt une importance environnementale, même si elle est confrontée à des défis écologiques liés aux monocultures d'épicéas et aux parasites.

Le marché du travail tchèque est caractérisé par un très faible taux de chômage (autour de 2–3 %), l'un des plus bas de l'Union Européenne. Cependant, cette situation génère des tensions de recrutement dans de nombreux secteurs, en particulier dans l'industrie, la santé, le bâtiment et l'informatique. Le pays recourt à une main-d'oeuvre immigrée croissante, notamment ukrainienne, slovaque, vietnamienne et balkanique. Les salaires tchèques restent inférieurs à la moyenne de l'Europe de l'Ouest, mais en hausse constante. Le salaire minimum est parmi les plus bas de l'UE, ce qui alimente des débats récurrents sur la redistribution et la qualité de vie.

Le système bancaire, bien développé, est dominé par des groupes étrangers (KBC, Erste, Société Générale, UniCredit), mais supervisé par une Banque nationale tchèque indépendante, qui gère une politique monétaire prudente. La couronne tchèque (CZK), toujours en usage malgré l'adhésion du pays à l'UE, est considérée comme stable, même si elle a connu des phases de volatilité. La République tchèque n'a pas fixé de date pour l'adoption de l'euro, préférant conserver sa souveraineté monétaire.

L'investissement public et privé dans la recherche et le développement reste modéré mais en augmentation. Le pays investit dans les technologies propres, les nanotechnologies, la biotechnologie et l'intelligence artificielle, notamment à travers des clusters universitaires et industriels à Brno, Prague et Ostrava. Des parcs technologiques et incubateurs ont vu le jour pour encourager l'innovation locale.

L'économie tchèque fait face à plusieurs défis structurels : le vieillissement de la population, la dépendance aux exportations industrielles, les disparités régionales, et la transition écologique. Le gouvernement tente de répondre à ces enjeux via la stratégie "Czech Republic 2030", qui vise à promouvoir la durabilité, l'éducation, la numérisation et la cohésion territoriale. La politique énergétique repose encore en grande partie sur le charbon et le nucléaire, bien que des efforts de diversification soient en cours, notamment vers les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique.

Enfin, la République tchèque bénéficie d'un cadre économique favorable, avec une dette publique relativement basse (environ 45 % du PIB), des finances publiques stables et un système fiscal compétitif. Elle reste une destination attractive pour les investissements directs étrangers, tout en cherchant à stimuler davantage l'investissement national, l'entrepreneuriat et l'économie de la connaissance.

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