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L'histoire de l'Afrique
Les pays du Golfe de Guinée
La Guinée est une grande région de l'Afrique occidentale, qui s'étend sur le littoral de l'Atlantique. Ne correspondant ni à une zone physique distincte, ni à un domaine ethnographique particulier; il est difficile de lui assigner des limites qui ne soient pas quelque peu arbitraires. On s'accorde toutefois à comprendre sous ce nom la région littorale, depuis la baie de Sierra Leone jusqu'à l'estuaire du Gabon, ou depuis le Cap Roxo  (embouchure de la Casamance) jusqu'à la Baie de Corisco, sur une étendue de 10° environ, dans le sens du Nord au Sud, et avec un développement de côtes d'environ 3300 à 3500 kilomètres. 

Bien que le nom de Guinée ait été imposé à cette région par les Européens, on peut néanmoins le considérer comme d'origine africaine, le mot Guinée étant, selon certains auteurs la transformation des mots Ginyia ou Gineua par lequel les marchands maures, avec lesquels les explorateurs portugais furent en rapports, désignaient les royaumes subsahariens dont la ville de Jenné ou Djenné était alors le centre commercial le plus important. Une autre étymologie, qui n'est pas nécessairement incompatible avec la précédente, fait dériver le nom du Guinée, comme celui de l'ancien Ghâna du mot berbère agane , qui signifierait brousse. La nature a longtemps isolé la Guinée du reste du monde en défendant l'accès de ses côtes. Sauf de rares points privilégiés, le littoral n'offre ni un golfe, ni une baie, ni une crique marqués; sa direction est rectiligne. La côte, partout basse et plate, est rendue presque inaccessible par la barre, que signale aux navires une ligne blanche, écumeuse, obstacle aux grandes embarcations. Dans l'intérieur, on limite ordinairement la Guinée non plus à l'imaginaire chaîne des monts de Kong, qui n'existe pas sous la forme d'une crête continue, mais au système des hauteurs qui séparent le versant de l'Atlantique du bassin du Niger supérieur et moyen.

La région qui borde le golfe de Guinée est principalement forestière; l'habitat y est représenté par de petits villages, souvent autonomes. Cependant à partir du Xe siècle, certains villages se regrouper pour constituer des structures politiques  plus larges. Des États, parfois confédérés, sont apparus, des monarchies héréditaires se sont installées chez les Ashanti, les Ibo et les Yoruba. Celui dont l'existence a été la plus longue est le royaume du Bénin. Entre l'actuel Ghana et le Cameroun, l'histoire politique est marquée à partir du XVIe siècle, par la consolidation ou l'émergence de plusieurs royaumes qui subsisteront jusqu'au partage colonial de l'Afrique, à la fin du XIXe siècle. Certains de ces États avaient des bases anciennes, comme le royaume du Bénin, d'autres sont apparus brusquement comme la confédération des États Achanti. Tous ont dû, directement (Bénin et Dahomey)  ou indirectement (Achanti, Yoruba),  leur prospérité ou du moins la forme que prit leur économie à l'amplification du commerce des esclaves, suscitée par l'implantation de comptoirs européens tout le long de la côte. Le commerce de l'huile de palme et de l'arachide était également développé, mais ne parviendra pas à prendre le relais et à maintenir les équilibres économiques après la fin de de la traite des esclaves. 

Les noms que les anciens marins avaient jadis donné à la plupart des stations ou côtes de la Guinée révèle bien dans quelle perspective les Occidentaux abordaient cet espace. Il s'agissait, en allant de l'Ouest à l'Est  de la côte de Sierra Leone, des Graines (Libéria), de l'Ivoire, de l'Or (Ghana actuel), des Esclaves, de Bénin, de Calabar, de Biafra. La côte de l'Or correspondait, en s'étendant vers l'intérieur, à l'ancien royaume des Achantis, et la côte des Esclaves à l'ancien royaume de Dahomey. 

Dates -clés  :
500 av. JC  - Essor de la  culture Nok au Nigéria.

1575 - Début de l'expansion des Yoruba. Civilisation urbaine.

1610 - Fondation de l'Allada, préfiguration du Dahomey.

1680 - Apogée de la puissance Achanti (Côte de l'or).

1804 - Poussée des Peuls au Nord.

ca. 1885 - ca. 1960. - Période coloniale.

1956- 1960 - Indépendances.

1967 - 1970 - Guerre du Biafra.

Les noms que les anciens marins avaient jadis donné à la plupart des stations ou côtes de la Guinée révèle bien dans quelle perspective les Occidentaux abordaient cet espace. Il s'agissait, en allant de l'Ouest à l'Est de la Côte de Sierra Leone, Côte du Vent (divisée en Côte des Graines (Libéria), et en Côte  des Dents ou de l'Ivoire), Côte de l'Or (Ghana actuel), Côte des Esclaves, Côte de Bénin, Côte de Calabar, Côte de Biafra. La côte de l'Or correspondait, en s'étendant vers l'intérieur, à l'ancien royaume des Achantis, et la côte des Esclaves, dans sa partie occidentale, à l'ancien royaume de Dahomey. 

Au Sud de la Sénégambie

Le Sud de la Sénégambie (bassin du Sénégal et de la Gambie) correspond à la partie la plus Occidentale de la Guinée, jadis appelée Nigritie Occidentale. Quand les Européens y ont abordé, ils ont rencontré des populations désarroi, restes probables de populations autrefois plus nombreuses et plus compactes et organisées, désintégrées par la traite des esclaves, et par la pression des populations venues du Soudan, Mandingues et Peuls infiltrés depuis des siècles, tantôt les acculant à la côte de l'Océan ou parfois même aux îles situées dans les estuaires des fleuves, comme c'était le cas pour les Diola de la basse Gambie et de la Casamance, les Balantes, Bagnoun, Bissago, Papel, Biafada, etc. de la Guinée Portugaise, les Nalou, Landouman et Baga de la basse Guinée Française, les Timné et Boulom du Sierra-Leone, tantôt les isolant en îlots plus ou moins étendus à l'intérieur des terres, comme ceux formés par les Tiapi, les Bassari et les Koniagui au Nord du Fouta-Djalon, les Kissi, fabricants de statuettes en pierre, au Nord-Ouest du Libéria, les Gola dans l'Ouest de ce dernier pays. 

De l'histoire de ces diverses populations, nous savons fort peu de chose, en dehors du fait, comme on l'on vient de le dire, que leurs voisins plus puissants ont largement puisé parmi elles les milliers et milliers d'esclaves qui, vendus aux marchands négriers, allèrent, par delà l'Atlantique, défricher et cultiver les terres des anciennes colonies espagnoles, portugaises, françaises et anglaises de l'Amérique.

A partir de la Guinée-Conakry, des peuples apparentés aux Mandingues contribuèrent avec ceux-ci à pousser ces populations vers la mer en l'atteignant eux-mêmes : tels les Soussou ou Sosso, qui habitaient autrefois dans le Fouta-Djallon et qui furent rejetés du côté de l'Atlantique,  tels encore les Mendé du Sierra-Leone, à moitié islamisés comme les Soussou; tels aussi les Vaï ou Veï de la région de Gallinas et de Cape-Mount (Sierra-Leone et Libéria), qui utilisèrent pour écrire leur langue d'un alphabet syllabique inventé de toutes pièces par quelques-uns d'entre eux vers la fin du XVIIIe siècle ou le début du XIXe.

La Guinée-Bissau.
L'actuel État de Guinée-Bissau est l'héritier de l'ancienne Guinée Portugaise, nom des anciennes possessions du Portugal sur la côte de Sénégambie. Bien que situées géographiquement sur la côte sénégambienne, ces possessions comprennaient les vallées inférieures et moyennes, souvent marécageusesdu rio Grande, du Koliba, du rio Géba et du rio Cacheo, entourées de tous les côtés par des territoires français, et l'archipel des Bissagos. Elles produisaent et exportaient, par les ports de Cacheo (Cacheu), Bolor, Bissao (Bissau), la cire, l'huile de palme, le coton, l'encens, etc. Elles formaient une province, dont Boulam était le chef-lieu, partagée entre les concelhos de Cacheo, Bissau, Boulam (Bolama)  et das Gallinhas. Le premier se composait de Casa-Forte, sur la rive gauche du Cacheu, de la population des bords du fleuve et des présides de Bolor, à son embouchure, de Ziguichar sur la Casamance et de Farin, sur le port Cacheu. Cacheu et Bolor recevaient dans leurs ports des navires calant trois mètres d'eau; le port de Ziguichar n'admettait que de petites embarcations. 

Les factoreries donnaient le riz de Gambie, très estimé, et nourrissent des bestiaux; l'huile de Cola, le coton blanc, l'encens, la cire, l'ivoire, l'huile de palme, y affluaient.  Le concelho de Bissau comprenait le fort San-José, dans l'île de Bissau, à l'embouchure du Géba, les présides de Ja et Géba, en pays mandingue. Six villages, situés autour du port, qui se trouve en face de l'îlot du Roi ou des Féticheurs, étaient gouvernés par des chefs, vassaux du roi de Fantim. Le concelho de Bolama et das Gallinhas était composé des deux îles de ce nom, dans l'estuaire du rio Grande. Bolama, cédée au Portugal en 1607 et où il se maintint, en dépit des tentatives des Anglais, avait un port très bon, dit des Petites-Plages (das Prainhas). 

Le pays, qui menait, sous la conduite du Cap-Verdien Amilcar Cabral, une guerre d'indépendance depuis 1959, s'est libéré du joug colonial en 1974, à la suite de la Révolution des oeillets au Portugal et est devenu la Guinée-Bissau, à laquelle sont alors encore rattachées les Îles du Cap-Vert. Luis Cabral, demi-frère d'Amilcar Cabral (mort en 1973) est le président de cette République, mais il est renversé en 1990 par un coup d'État militaire. Le commandant Bernardo João Vieira, instigateur du putsch, réoriente le pays, jusque là socialisant, vers l'économie de marché, et met en place une dictature militaire, tandis que le Cap-Vert forme un Etat indépendant. Le régime se libéralise progressivement, mais les dissenssions se multiplient et le pays devient de plus en plus instable. Une junte militaire destitue Veira et organise en 1999 des élections, remportées par Coumba Yalla, leader de l'opposition. Yala a été chassé du pouvoir en septembre 2003 lors d'un coup d'Etat sanglant. Henrique Rosa l'a remplacé dans un climat politique et économique délétère.

La Guinée (Guinée-Conakry).
La Guinée s'est constituée à partir de l'ancienne Guinée française. Celle-ci était formée de trois parties réunies en une colonie autonome en 1889 : la région côtière et son arrière-pays, d'une part, les hauteurs du Fouta-Djallon, d'autre part, et, enfin, tout l'Est, principalement peuplé de Malinké, et dont l'histoire a longtemps dépendu de celle des royaumes et empires du Soudan. Outre les Malinké (Mandinguesà, qui constituent la majeure partie de la population, les principales populations sont : les Bagas, les Nalous, les Landoumans, les Sousous et les Peuls du Fouta-Djallon. Les Nalous occupent le littoral jusqu'au rio Nunez; les Landoumans, le cours moyen du rio Nunez; les Bagas, les îles marécageuses du littoral; les Sousous, le rio Pongo et tout le pays jusqu'aux frontières de Sierra Leone.

Les Rivières du Sud.
C'est le lieutenant-colonel Pinet-Laprade, commandant de Gorée et dépendances, qui jeta les bases de la domination française dans les Rivières du Sud. Mollien en 1810, René Caillié en 1827, Hecquard en 1850 avaient commencé l'exploration du pays. Leur entreprise fut continuée par Lambert en 1860, Zweifel et Moustier, Olivier de Sanderval, Gaboriaud, Bayol et Noirot, qui sillonnèrent le pays, de 1879 à 1881. Au lendemain des campagnes françaises au Soudan, les lieutenants Levasseur et Plat, les capitaines Oberdorf et Audéoud, pénétrèrent dans la Guinée en venant du Soudan. Par la suite, la connaissance du pays fut complétée par l'occupation du Fouta-Djallon. Ballay, gouverneur de la colonie, l'a transformée durant les dix années de son gouvernement (1890-1900).

Le Fouta Djallon.
Les premiers possesseurs du sol furent les Djallonkés; les Peuls commencèrent à les refouler à la fin du XVIIIe siècle, et devinrent les maîtres du pays en 1813. Des rivalités de famille engendrèrent des guerres civiles. Pour y mettre fin, il fut décidé que les deux partis : alfaïa et soria, fourniraient alternativement l'almamy du Fouta-Djallon. Le pouvoir de ce dernier était plus nominal que réel, cet Etat étant plutôt une république aristocratique qu'un royaume. Le pays est divisé en dix provinces ou dioualés, subdivisées en missidas ou chefs-lieux de canton comprenant un nombre variable de villages. Les villes les plus importantes étaient : Timbo, la capitale du pays; Fougoumba, la ville sainte; Labé, important centre agricole et commercial; Timbi, Medina, Kolladé, etc.

Les Peuls, maîtres du Fouta-Djallon, se montrèrent peu hospitaliers à l'égard des Européens, ce qui explique l'insuccès des premières tentatives faites pour pénétrer à Timbo. En 1860, le lieutenant d'infanterie Lambert put traverser le Fouta-Djallon et signer, à Timbo, le premier traité d'amitié avec les almamys. En 1881, le Dr Bayol et Noirot renouvelaient le traité Lambert. En 1888, le lieutenant Plat signait, à son tour, à Timbo, un véritable traité de protectorat. Mais celui-ci ne fut pas respecté, et de Beckman dut aller de nouveau à Timbo, en 1895, exiger son observation par les chefs peuls (almamys). Ceux-ci suscitèrent bientôt de grands ennuis au résident français, et il fallut la campagne aussi courte que vigoureuse du capitaine Aumar, en 1896, pour soumettre les Peuls. Le traité de protectorat de 1899 plaça le Fouta Djallon sous la domination de la France.

La colonie avait à sa tête un gouverneur, qui relevait du gouverneur général de l'Afrique occidentale. Le pays était divisé en cercles ayant à leur tête un administrateur colonial ou un officier Konakry-Dubreka, Mellacorée (Benty), Rio-Pongo (Boffa), Rio-Nunez (Boké), Canea (Friguiagbé), Benna (Ouassan), Farauah, Siguiri, et le protectorat de Fouta-Djallon. II existe un juge de paix et un tribunal à Konakry. Les ingénieurs ont transformé Konakry en une importante ville, avec wharf, docks, railways. Konakry fut reliée au Niger par une route qui passe par Timbo.

L'indépendance.
Contrairement aux autres colonies françaises qui avaient accepté de s'associer d'abord au sein de la  Communauté franco-africaine, la Guinée, sous la conduite d'Ahmed Sekou Touré , choisit la rupture franche avec la France et devint indépendante dès octobre 1958. Jusqu'à sa mort en mars 1984, Sekou Touré instaurera un pouvoir personnel sur la Guinée. Le mois suivant, un coup d'État porte au pouvoir Lansana Conte (président) et Diarra Traore (premier ministre). Le multipartisme est admis par Conte, qui organise des élections (qu'il gagne) en 1993. Au début des années 2000, la Guinée est affectée par les instabilités qui secouent les pays voisins (Libéria, Sierra Leone), ce qui occasionne combats et populations déplacées. En décembre 2003, Conte décroche son troisième mandat. Le chef de l'opposition en exil, Alpha Conde, revient en juillet  2005 en Guinée.

La Côte des Graines

La Côte des Graines, du Poivre ou de Malaguette  est la partie occidentale de la côte de Guinée qui s'étend entre la Sierra-Leone et le cap des Palmes. Elle tire son nom d'une plante appelée par les explorateurs « graine du paradis », « poivre de Guinée-» ou « malaguette ». Cette dernière appellation est d'origine française d'après Villault de Bellefond; d'après Humboldt, au contraire, ce serait une abréviation du mot mellaghoo qui désigne le poivre de l'Inde. Dans tous les cas, c'est en 1455 que nous la voyons appliquée pour la première fois au poivre d'Afrique. Après l'abolition de la traite, deux États ont été formés sur cette côte, le Sierra Leone et le Libéria. Avec le statut de colonie pour l'un et d'État indépendant, dès le départ, pour l'autre, ils ont été initialement voués à l'accueil des esclaves affranchis.

Le Sierra Leone.
Après avoir longtemps servi aux Britanniques de de terre d'approvisionnement en esclaves, le Sierra Leone est devenu à partir de en 1787 une terre d'accueil pour les esclaves libérés. Le statut du pays, resté possession anglaise, fut alors celui d'une colonie le long du littoral et, sur le papier, d'un protectorat pour l'intérieur des terres. Depuis son indépendance en 1961, le Sierra Leone est en proie à une instabilité politique chronique marquée par de multiples coups d'État.

Le Liberia.
Liberia a été créé par les États-Unis pour accueillir en Afrique les esclaves affranchis qui y ont été envoyés à partir de 1815 et qui ont formé depuis 1847 un État indépendant. Ces nouveaux venus se sont comportés en colonisateurs et les tensions avec les "natifs" n'ont jamais cessé. Elles ont été à l'origine d'une longue guerre civile dans les années 1980.


La Côte d'Ivoire

L'actuelle Côte d'Ivoire s'étend sur un espace qui comprend la région côtière et forestière du Golfe de Guinée autrefois appelée Côte des Dents ou Côte de l'Ivoire, et tout l'arrière-pays, qui se transforme progressivement en savane, jusqu'à environ 11° de latitude Nord. La Côte des Dents tirait son nom de l'ivoire que les Européens venaient autrefois y chercher. Mais, comme la Côte de Malaguette, elle avait dès le début du XIXe siècle cessé de mériter son nom, car l'ivoire, comme la malaguette, n'était plus dans ces régions un article d'exportation considérable.

Les Européens - Portugais, Français, Danois, Hollandais, Anglais -, ont parcouru la côte dès le XIVe siècle, mais leurs  comptoirs commerciaux ne datent que du XVIIIe siècle. A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les Français commencent à acquérir des positions de plus en plus solides et, après avoir été un temps presque complètement supplantés par les anglais, finissent par expulser tous leurs concurrents. Au cours des dernières années de ce siècle, ils prennent aussi position dans l'arrière-pays et s'assurent une continuité territoriale avec leurs possessions au Soudan Occidental.

Devenue colonie française en 1893, la Côte d'Ivoire est devenue indépendante en 1960 et a été dirigée pendant plus de trois décennies par Félix Houphouët-Boigny, qui a longtemps bénéficié d'une conjoncture économique très favorable. A sa mort, en 1993, il laisse cependant un pays ruiné à la suite de la chute des cours du cacao et du café, ses deux principales richesses. Le successeurs d'Houphoüet-Boigny, incapables de relever l'économie, et promoteurs d'une idéologie xénophobe, finiront se trouver confrontés à une guerre civile, qui éclate en 2002, . depuis, le pays en deux : le Nord, contrôlé par la rébellion, le Sud, par les troupes loyalistes..

La Côte de l'Or (Ghana)

La Côte de l'Or ou Côte d'Or, dont est issu l'actuel État du Ghana, correspond à la partie de la côte de Guinée, comprise entre la Côte des Dents (Côte d'Ivoire) et la Côte des Esclaves, et dont les limites sont : à l'Ouest, le cap des Trois-Pointes, à l'Est, le cap Saint-Paul. Elle tire son nom de la poudre d'or que les Européens y trouvaient autrefois. Comme la Côte des Dents et la Côte des Graines, mais moins que l'une et l'autre, elle avait cessé au XIXe siècle de mériter son nom; le commerce de la poudre d'or avait beaucoup diminué depuis le XVIe siècle; il subsistait pourtant encore, et l'exploitation de l'or par les Britanniques qui ont fait du pays une colonie en 1901, ajoutée au développement de la culture du cacao, lui ont conféré pendant une grande partie du XXe siècle une certaine prospérité.

La région a été longtemps dominée par la puissance achanti. Le royaume des Achanti est connu depuis le XVIIe siècle. Il a longtemps été opposé à l'autre population importante du pays, les Fanti, et, au début du XIXe siècle, la guerre conduite contre ces derniers a mené à la confrontation directe des Achanti avec les Européens établis sur la côte, et plus spécialement les Britanniques. Au final, après deux expéditions contre Kumasi, la capitale Achanti (1874 et 1896), la colonie Britannique a été agrandie de tout le royaume des Achanti, puis d'une partie de l'ancien Togoland allemand après la Première Guerre mondiale. Le pays accédera finalement à l'indépendance en 1957 et prendra  son nom actuel de Ghana. Nkrumah en devient le président en 1960 .

Achanti.
Achanti.
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La Côte des esclaves 

La région du littoral africain que l'on appelait la  Côte des Esclaves était la partie de la côte de Guinée qui touchait, par son extrémité occidentale, à la Côte de l'Or, et dont les limites étaient à l'Ouest, l'embouchure de la Volta, à l'Est, le delta du Niger, que l'on appelait les Rivières de l'Huile (Oil Rivers). Elle tirait son nom du commerce des esclaves, plus facile sur cette partie de la côte que sur aucune autre; en effet, des brisants défendaient les approches du littoral; l'entrée des estuaires était invisible de la mer, et les baies intérieures, couvertes d'arbres, offraient aux négriers des abris sûrs. 

Les populations qui bordent cette côte se divisent en deux groupes principaux  : à l'Ouest de l'Ogoun, les Évhé ( Eoué ou Ewé); à l'Est de l'Ogoun, les Yorouba  (Yoruba).

Les Evhé, probablement venus du bassin du Niger, se ressemblent par la langue, qui se divise en cinq dialectes. Ce sont eux qui au Brésil ont le plus vaillamment lutté pour recouvrer leurs droits et qui ont formé les républiques de marrons les plus prospères; ce sont eux qui, revenus de l'Amérique méridionale à leur pays d'origine, ont pris la plus grande place dans les transactions commerciales de cette région; ce sont eux enfin qui, sans le secours d'un État, comme au Sierra-Leone, ou de sociétés philanthropiques, comme à Libéria, ont repeuplé de fils d'affranchis une partie des côtes africaines (La Côte des Graines). Les Evhé se divisent en un grand nombre de groupes différents : citons seulement les républiques des Minas, dans le pays de Togo et ceux du Dahomey, intégrés à l'Etat Achanti.
Les Yorouba ou Nago doivent, comme les Evhéé, être rangés tous dans un même groupe parce qu'ils parlent tous une langue analogue. L'agriculture est la principale occupation des Yorouba; ils récoltent le maïs, l'igname, le mil, le manioc, les patates, les pois, les arachides, les bananes; la terre est en principe la propriété de tous, et elle appartient par conséquent à celui qui la cultive. L'industrie n'est pas moins développée chez les Yorouba que l'agriculture; ils sont potiers, forgerons, selliers, tanneurs, tisserands, teinturiers, fabriquent des cotonnades, font de la verrerie, construisent des maisons ornées de frises. Le territoire des Yorouba était partagé en un certain nombre de petits royaumes; mais le pouvoir du souverain était limité par celui des gouverneurs de villes et par celui d'une puissante société secrète, l'aboni, analogue à cette Sainte-Wehme qui porta au Moyen âge la terreur en Allemagne. En outre, l'État le plus considérable du pays des Yorouba n'était pas un royaume, comme chez les Evhé; c'était une république, la république d'Abéokouta (L'histoire du Nigéria). 
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, aucune nation européenne, à l'exception du Portugal, installé à Ouidah, n'était encore officiellement établie sur la Côte des Esclaves. L'Angleterre, la première, mit en 1851 la main sur Lagos, dont elle fit le centre de ses opérations pour la suppression de la traite; en 1861, elle donnait à cette prise de possession la sanction d'un traité en règle. En 1863, la France achetait le territoire de Porto Novo, pour l'abandonner bientôt et s'y établir de nouveau en 1883. En 1884, les Allemands établissaient leur protectorat sur différents points de la côte, et, à la suite de cette occupation, des conflits éclataient entre l'Allemagne, l'Angleterre, la France et le Portugal. Les Portugais, après avoir pris quelque temps sous leur protectorat le royaume de Dahomey, ont ensuite renoncé à tous leurs prétentions sur la Côte des Esclaves. Les Allemands à l'Ouest, les Français au centre, les Anglais à l'Est en restèrent donc les seuls maîtres jusqu'à la Grande Guerre. Une série de traités fixa peu près les limites de leurs possessions respectives.. En 1919, les colonies allemandes fures démantelées au profit de la France et du Royaume-Uni. A partir de 1960, trois pays indépendants seront constitués à partir de ces colonies : le Togo, le Dahomey (rebaptisé ensuite Bénin) et le Nigéria.

Le Togo.
D'abord occupé par des populations de langues Kwa et Voltaïques, puis habité  depuis au moins le XVe siècle par des populations de langue Evhé, venues de l'Ouest, et Ane venues de l'Est, le Togo est devenu une colonie allemande en 1885 (Togoland). A la suite du Traité de Versailles, en 1919, les colonies allemandes ont été démantelées et la Société des Nations (puis l'ONU après la Seconde guerre mondiale) a confié l'administration du pays aux deux Etats dont les troupes occupaient déjà le Togoland depuis 1914, le Royaume-Uni et la France. La partie Ouest du Togoland a été rattachée en 1956 par les Britanniques à la Côte de l'Or (Ghana), et la partie Est, confiée à l'administration française, est devenue, en 1960, le Togo actuel. L'année suivante Sylvanus Olympio a été élu président. Mais il sera assassiné en 1963 et remplacé par Nicolas Grunitzky. Un coup d'Etat, en 1967, place ensuite Gnassingbe Eyadema à la tête du pays. Le multipartisme est aboli; une dictature s'installe. Lors d'une tentative de coup d'Etat en 1985, l'armée française interviendra pour préter assistance à Eyadema. Mais en 1993, l'aide économique de la France, de l'Allemagne et des Etats-Unis est supspendue afin  d'inciter le pays à la démocratisation. De nouvelles élections présidentielles sont organisées en 1998; Eyadema est réélu. Un rapport d'Amnesty International, confirmé en suite par les enquêteurs de l'ONU et de l'OUA révèle cependant que cette réélection a été entachée de violations graves des droits des humains. Eyadema, confirmé à son poste lors d'un autre scrutin en 2003, restera finalement président  jusqu'à sa mort en février 2005, après quoi l'armée l'a remplacé par son fils Faure Gnassingbe (confirmé dans ses fonctions par une "élection", quelques mois plus tard). Un processus de démocratisation réelle semble cependant engagé, depuis la tenue, en octobre 2007, des premières élections relativement libres.

Depuis, le président Gnassingbe a lancé le pays sur la voie progressive de la réforme démocratique. Le Togo a organisé plusieurs élections présidentielles et législatives et a tenu en 2019 ses premières élections locales en 32 ans. Malgré ces mesures positives, la réconciliation politique a progressé lentement et le pays connaît des explosions périodiques de protestations de citoyens frustrés qui ont conduit à des violences entre les forces de sécurité et les manifestants. Les modifications constitutionnelles de 2019 visant à instituer un système de second tour pour les élections présidentielles et à fixer des limites de mandats n'ont pas fait grand-chose pour réduire le ressentiment de nombreux Togolais après plus de 50 ans de règne d'une seule famille. Gnassingbe est devenu éligible pour son quatrième mandat actuel et un cinquième mandat supplémentaire en vertu des nouvelles règles. 

Le Dahomey. Bénin.
Si l'on en croit les traditions locales, des populations ont quitté au cours du XVIe siècle la région de Ketou, en pays yorouba pour aller s'établir dans un premier temps à Tado, près du fleuve Mono. Deux groupes s'y formeront :  les Evhé, qui s'acheminent vers l'Ouest (actuel Togo), et les Fon, qui migrent vers l'Est. Les Evhé (= Ewe) se regroupent à Nuatja. Les Fon seront à l'origine de trois royaumes. Ils fondent d'abord, vers le début du XVIIe siècle, Allada. Puis des luttes successorales conduisent à une scission. Et, à côté d'Allada apparaissent deux autres États : Abomey et Adjatché ( = Porto-Novo).

Fondé, semble-t-il, en 1625, le  royaume d'Abomey devint rapidement prépondérant. Ses souverains successifs lancèrent plusieurs guerres de conquête contre leurs voisins et notamment les Yorouba, et parviennent à agrandir notablement leur domaine. L'ensemble politique et territorial constitué après l'absorption au début du XVIIIe siècle d'Allada et d'Ouidah a reçu le nom de royaume du Dahomey. Le territoire du Dahomey s'étendait sur la côte de la « Bouche du Roi » (à I'Est de Grand-Popo), au lac Denham et au grau de Kotonou (Cotonou) et dans l'intérieur entre la rivière Abomey (Abomé) à l'Ouest et la rivière Ouémé à l'Est; il était limité, au Nord d'Abomey, par une frontière mal déterminée sur le territoire des Mahi.

Le royaume du Dahomey s'est longtemps enrichi grâce au trafic d'esclaves avec les Européens installés sur la Côte dès le XVIIe siècle. Peu à peu, la France supplanta ses concurrents et instaura sur le Dahomey un protectorat, mais, quand elle voulut l'exercer d'une façon effective, le roi Behanzin s'opposa à l'établissement des Français. L'expédition du commandant Terrillon en 1890 courte mais meurtrière, eut pour épilogue le traité du 3 octobre 1890, par lequel Behanzin reconnaissait le protectorat français sur Porto-Novo. L'annexion totale fut décrétée en 1900. et le pays ne recouvra son indépendance qu'en 1960.

Le Nigéria.
L'actuel Nigéria a abrité, entre le VIIe siècle avant notre ère et le IVe siècle de notre ère, une des plus brillantes cultures d'Afrique, la culture Nok, qui a produit un art magnifique. Des cités-Etats apparaissent en pays Yoruba à la même époque et prospéreront, notamment grâce à la traite des esclaves, jusqu'au XIXe siècle. La civilisation voisine du Bénin fleurit à partir du XVe siècle, mais apparaît déjà en ruine à l'arrivée des Anglais dans la région au XIXe siècle. L'irruption des Européens remonte au XVe siècle, avec l'installation de comptoir commerciaux  par les Portugais le long de la côte. Entre 1500 et 1510, ceux-ci nouent des relations diplomatiques le royaume de Bénin (région de Lagos, dans le Nigéria actuel). Sous couvert d'une christianisation qui demeurera superficielle, c'est le commerce qui est la clé.  Les termes des échanges seront simples : des esclaves - que les Portugais troquent dans un premier temps contre de l'or, au Ghana, et, plus tard, achemineront vers le Brésil - contre des  étoffes, de l'alcool et surtout des armes - que le roi du Bénin utilisera dans ses guerres de voisinage, notamment contre les Igala.

Les Portugais sont presque complètement évincés au XVIIe s. Français, Danois et Hollandais prennent le relais et établissent une série de forts le long de la côte. Puis viennent les  Britanniques qui prennent progressivement le contrôle économique de la région. La Traite alimente désormais l'Amérique du Nord engagée dans une économie de plantations. Malgré l'interdiction de la traite est instaurée en 1815 par le Congrès de Vienne, ce commerce se poursuivra clandestinement jusqu'au milieu du XIXe siècle. Ses victimes auront été souvent les Yoruba et, et une population qui leur est apparentée par la langue, celle des Ibos (cour inférieur du Niger), ou des  Idjo (delta du Niger), des  Ibibio et Ehoi. 

A cette époque, existent, au Nord de la Côte des esclaves, deux grands États, le Bornou, et l'empire de Sokoto, dernier avatar des États Haoussa dont l'histoire remonte au XIIe siècle. Les Britanniques vont peu à peu prendre le contrôle de tout cet espace et créer en 1900 la colonie du Nigéria. Indépendant en 1960, érigé en république fédérale en 1963, le Nigéria moderne va connaître par la suite de fortes instabilités. La plus grave crise sera l'abominable Guerre du Biafra, entre 1967 et 1970, tentative de sécession avortée de l'une des composantes (les Ibo) du pays.

La Baie de Biafra

Le Cameroun.
Les Européens ont abordé les côtes du Cameroun à la fin du XVIe siècle et ont installé des établissements  le long des côtes à partir du début du XVIIIe siècle. L'intérieur des terres est alors ignoré. On sait qu'il y a existé aux XVe et au XVIe siècles, au Nord, un royaume, le Mandara, en relation avec le Bornou, et que les Peuls ont commencé à s'infiltrer pacifiquement dans la région à partir du XVIIe siècle. Mais ne commence à bien  connaîtrel'histoire du Cameroun qu'à partir du début XIXe siècle, quand, en 1804, le Nord du pays subit la guerre sainte lancée par Usman Dan Fodio, puis, à partir de  1809, par son successeur Adama, qui prend possession du platau de Foumbina, renommé Adamoua. Très vite, cependant, les Européens (Angleterre d'abord, puis Allemagne) signent des traités avec les souverains locaux, qui peuvent ainsi conserver formelement  leur pouvoir, en échange une forme de protection contre les poussées islamistes venues du Nord. Après la première Guerre mondiale, la SDN confie l'administration d'une grande partie du pays placée sous protectorat allemand à la France. Une autre partie revenant à la Grande-Bretagne. L'indépendance complète n'interviendra qu'en 1961.

La Guinée équatoriale.
Découvert en 1471 par Fernao do Po (Fernando Po) le territoire qui va devenir la Guinée Équatoriale est composé de l'île de Fernando Po où se trouve la capitale Malabo, de la petite île d'Annobon, de quelques îlots inhabités et d'une  enclave continentale, l'ancien Rio Muni. Il a été cédé à l'Espagne dès 1477. En 1904, ces différentes composantes forment la colonie de la Guinée espagnole. L'indépendance sera acquise en 1968. Président : Francisco Macias Nguema. Celui-ci est renversé en 1979 par un coup d'État militaire dirigé par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, son neveu. Plusieurs élections (toutes truquées) ont eu lieu à partir de 1993, confortant chaque fois Obiang Nguema à son poste. En 2003, des opposants forment un gouvernement en exil à Madrid. La Guinée équatoriale peut compter depuis quelques années sur d'importants revenus pétroliers, mais qui jusqu'ici n'ont pas bénéficié à la population.

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