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La
république du Libéria, à l'Ouest du Golfe de
Guinée, a une histoire singulière. Elle doit son origine
à d'Américains qui voulurent faire un pas de plus par rapport
à ce que les Britanniques avaient entrepris au Sierra Leone, et
qui cherchaient aussi, sous couvert de philanthropie, à débarrasser
les Etats-Unis
d'une population d'esclaves récemment
libérés et que la société blanche refusait
d'accueillir parmi elle. Ils réunirent en 1816 à Washington
un congrès et décidèrent de donner à des Noirs
tirés de l'esclavage et rapatriés en Afrique un territoire
neutre où, selon les conceptions de l'époque " ils prouveraient
leur aptitude à se civiliser sans autres guides que des missionnaires".
Après une première tentative en 1817 qui échoua, l'expérience
fut recommencée en 1821; on acheta à l'Est du cap Mesurado
au chef local un territoire où l'on établit 30 familles.
L'établissement reçut le nom de Monrovia en l'honneur du
président Monroe .
L'immigration de Noirs américains fit prospérer la colonie
qui fut déclarée indépendante en 1826, organisée
comme telle en 1847; son indépendance fut reconnue par la France
et l'Angleterre en 1848. Elle s'accrut par l'acquisition du territoire
de Gallinas au Nord-Ouest (1848), de celui du Cassa (1862), absorba en
1857 la république analogue de Maryland fondée aussi pour
des anciens esclaves au cap Palmas en 1834; enfin, elle annexa en 1882
le royaume de Medina, ce qui doubla sa population.
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Le
Libéria dans ses frontières de 1905.
Les frontières
du pays ont été modifiées plusieurs fois au XXe
siècle, notamment en 1902, après que la France l'ait amputé
d'un tiers de son territoire pour le rattacher à la Côte d'Ivoire.
Les résultats de leur expérience furent regardés avec
perplexité par les Occidentaux. Les nouveaux venus ou freemen
(3% de la population), tout anciens esclaves qu'ils étaient, tout
"civilisés" qu'ils étaient supposés se montrer, puisque
formés par les missionnaires (méthodistes), ne cherchaient
qu'à exploiter les indigènes ou natives et les étrangers.
Au fond, il reproduisait le même régime d'oppression là
où ils étaient maîtres de lieux, que celui que les
Occidentaux infligeaient ailleurs. Seul pays d'Afrique colonisé
par des Africains, le Libéria a d'abord connu le statu quo,
et même une certaine prospérité grâce à
l'hévéa. Mais à partir de 1980, les tensions
plus en plus exacerbées entre freemen et natives ont
fini par déboucher sur deux décennies de troubles.
En 1980, Samuel Doe,
qui était issu de la population native, a conduit un coup
d'État militaire et inauguré un régime autoritaire.
En décembre 1989, Charles Taylor a lancé une rébellion
contre le pouvoir de Doe qui a conduit à une guerre civile prolongée
au cours de laquelle Doe a été tué. Une période
de paix relative en 1997 a permis une élection qui a porté
Taylor au pouvoir. En 2000, les combats ont repris. Un accord de paix d'août
2003 a mis fin à la guerre et provoqué la démission
du président Taylor. (Taylor, à cause de son implication
dans la guerre civile en Sierra Leone, a ensuite été condamné
par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à La Haye, placé
sous l'égide de l'ONU).
Fin 2005, Ellen Johnson
Sirleaf est devenue présidente après deux ans de gouvernements
de transition; elle a été la première femme chef d'État
en Afrique. En 2011, Johnson Sirleaf a été réélue
mais a eu du mal à reconstruire l'économie du Libéria,
en particulier après l'épidémie d'Ebola de 2014-2015,
et à réconcilier une nation qui se remettait encore de 14
années de combats.
En 2017, l'ancienne
star du football George Weah a remporté le second tour de l'élection
présidentielle, marquant le premier transfert de pouvoir réussi
d'un gouvernement démocratiquement élu à un autre
depuis la fin des guerres civiles au Libéria. Comme son prédécesseur,
Weah s'heurté à la difficulté d'améliorer l'économie
du pays. La prochaine élection présidentielle est prévue
pour 2023. (Ch.
Delavaud. / Delafosse / A.-M. B.). |
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