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Doon de Mayence
est une des trois grandes gestes que l'on range
dans le groupe des romans carolingiens.
De même que, dans la geste de Garin
de Monglane, c'est Guillaume d'Orange
qui nous intéresse le plus par l'ancienneté des traditions
qu'il représente et par la valeur des poèmes qui lui sont
consacrés, de même, dans le cycle dont Doon (ou Doôn)
de Mayence est le chef, c'est sur Ogier le Danois
et sur les fils d'Aymon ,
Renaud de Montauban
et ses trois frères, que l'intérêt se concentre. Dans
le monde poétique du cycle carolingien, l'ordre naturel était
souvent renversé, et Doon de Mayence, en sa qualité de chef
de famille, a dû voir le jour bien après ses enfants et ses
petit-fils, les Aymon, les Ogier, les Renaud. C'est la popularité
de ces héros primitifs qui a poussé les poètes à
chanter leurs ancêtres, dont ils imaginaient à plaisir les
noms et les aventures, et à rattacher à leur famille des
héros moins célèbres : c'est ainsi qu'on a été
amené à donner à Doon de Mayence douze fils et douze
filles.
Le caractère commun des poèmes
compris dans cette geste est de célébrer les luttes des grands
vassaux contre l'empereur ou le roi, luttes que l'histoire nous signale
surtout dans la région orientale de la France.
Il ne faut pas confondre le Doon de Mayence
dont nous venons de parler avec un autre personnage du même nom,
qui joue un rôle de traître dans une chanson étrangère
à notre geste, Beuve d'Hanstone .
Favorisée par la parenté que la légende a établie
entre Ganelon et le grand Doon de Mayence, cette confusion des deux «
Doon » s'est introduite dans les oeuvres italiennes inspirées
par nos poèmes épiques. Sans considération pour la
loyauté légendaire d'Ogier le Danois, des fils Aymon et de
tant d'autres, les Italiens ont fait de la famille de Mayence une famille
de traîtres : «-Mayençais
» est devenue chez eux. synonyme de « félon ».
C'est ainsi que Macaire, de la chanson de La reine Sibile ,
est présenté comme un Mayançais.
Les chansons du
cycle de Doon de Mayence
N.
B. : La chanson de Raoul de Cambrai est parfois
ajoutée à ce cycle.
Chanson de Doon
de Mayence.
La chanson de Doon de Mayence est
la chanson de geste qui donne son nom
au cycle. C'est une oeuvre sans valeur traditionnelle, due à un
poète anonyme. Sous la forme où nous la possédons,
elle n'a pu être écrite avant la seconde moitié du
XIIIe siècle.
Elle se compose de deux parties : l'une,
qui compte 6036 vers, est consacrée à la jeunesse de Doon;
l'autre, qui n'en renferme que 5467, raconte les exploits du héros
parvenu à l'âge mûr.
• La première est
de beaucoup la plus intéressante, et l'allure vive et franche du
récit permet de supposer que c'est une oeuvre originale : on y remarque
surtout le charmant épisode des amours de Doon et de Nicolette.
• Pour la seconde, l'auteur doit avoir
eu sous les yeux une chanson plus ancienne, à laquelle on trouve
une allusion dans le roman de Girart de Viane
: il cite, d'ailleurs, un certain nombre d'épopées carolingiennes,
même les dernières venues du cycle, et fait des allusions
aux légendes bretonnes et aux romans
de la Table Ronde, ce qui atteste l'origine relativement récente
de sa composition.
La chanson de Doon de Mayence, mise
en prose à la fin du XVe
siècle, fut imprimée en 1501 par Antoine Vérard, sous
ce titre : La Fleur des batailles de Doolin de Maïence, etc.;
elle ne diffère pas, au fond, du récit poétique, elle
est seulement moins développée. Sous cette nouvelle
forme, elle a eu un grand succès.
Les éditions publiées sans
date à Paris par Alain Lotrian et par
Nicolas Bonfons, à Rotterdam, en
1604, par Waesbergue, et à Troyes par Nicolas Oudot, ne sont que
la reproduction de celle de Vérard, avec de notables rajeunissements
de la langue.
Le poète allemand Alxinger
en a tiré le sujet d'un poème de Doolin de Mayence,
publié en 1787. (B. /NLI).
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En
bibliothèque - On ne connaît
que trois manuscrits du Doon de Mayence : le 1er écrit à
Douai en 1463, le 2e également du XVe siècle, tous deux conservés
à la Bibliothèque nationale de Paris; le 3e, en dialecte
picard, plus ancien, moins incorrect, appartenant à la bibliothèque
de la Faculté de médecine de Montpellier, a été
publié par Guessard et Michelant dans la collection des Anciens
poètes de la France, Paris, 1859, in-,16. |
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