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Rue de Rivoli, à Paris. - Cette rue du Ier'arrondissement et du IVe' arrondissement  fut décidée en 1803 entre la rue de Rohan et la rue Saint-Florentin, sur l'emplacement des anciennes Écuries du roi, de la salle du Manège, et sur les terrains des Feuillants, des Capucins, et de l'Assomption. De la place de la Concorde à la place du Louvre la rue de Rivoli est composée de maisons uniformes, d'une architecture simple et peu gracieuse, avec galeries et portiques. Les principaux monuments qu'elle borde d'Est en Ouest sont : l'Hôtel-de-Ville et la tour Saint-Jacques-la-Boucherie, puis le Louvre et les Tuileries.

Les travaux commencèrent en 1811 et la première partie ne fut achevée qu'en 1835. Il y avait alors si peu de capitaux en circulation qu'il ne se trouvait pas d'acheteurs pour les parcelles restées vides, si bien que pour terminer la rue dans cette première partie, la ville fut obligée de les donner pour rien sous baux emphithéotiques, c'est-à-dire lui faisant retour avec les bâtisses au bout de 99 ans. Les travaux reprirent en 1849 pour le dégagement des abords du Louvre, et le percement complet se termina en 1856. Ce percement a fait disparaître environ 40 rues et 510 maisons. Rappelons brièvement quelques-unes de ces rues disparues.

La rue Saint-Nicaise qui allait du Carrousel à la rue Saint-Honoré, la rue Marceau, l'extrémité des rues Saint-Thomas-du-Louvre et Fromenteau (dans cette dernière rue était l'hôtel de Souvré qui au XVIIIe siècle fut occupé par les artistes et les entrepreneurs du Louvre), la rue de la Bibliothèque, jadis Champfleuri, le passage Washington, jadis du Tourniquet, la place de l'Oratoire, la rue d'Angivillers. C'est dans cette rue que mourut Sophie Arnould. Cette rue (1780) avait coupé l'ancien hôtel des comtes d'Étampes qui était devenu en 1622 l'hôtel du maréchal de Créqui. La rue Pierre-Lescot (emplacement des anciens magasins du Louvre (Louvre des Antiquaires) qui ont absorbé également la rue du Chantre). La rue de Béthisy, où se trouvait l'hôtel de Ponthieu donné en 1359 par Charles V au maréchal de Boucicaut. La rue des Mauvaises-Paroles, qui fut habitée par François Miron et en 1616 par Richelieu alors aumônier de Marie de Médicis. La rue Tirechape, la rue Davignon, la rue de la Vieille-Harangerie, le passage de l'Empereur, la rue de la Savonnerie et la rue Trognon dans les environs de la tour Saint-Jacques, la rue de la Heaumerie, la rue des Fourreurs, la rue du Petit-Crucifix, la place et la rue Saint-Jacques-la-Boucherie, la rue Jean-Pain-Mollet. C'est dans cette rue qu'habitait Maillard en 1792. La rue de la Tacherie, la rue de la Tixeranderie où est née Louise-Victoire Choquet (Mme Ackermann) en 1813 et qui fut habitée par Scarron avant son mariage. L'impasse Saint-Faron, la rue Jean-de-l'Épine, une partie de la rue du Roi-de-Sicile et une partie de la rue des Ballets, le passage du Petit-Saint-Antoine et une partie de la place Baudoyer, etc.
La première partie, de la place de la Concorde à la rue de l'Échelle, a été décrétée en 1802 et commencée en 1811. Elle a été ouverte sur l'emplacement des anciennes écuries du roi, de la cour du Manège, d'une partie des couvents des Feuillants, des Capucins et de l'Assomption. Elle borde magnifiquement le jardin des Tuileries. Elle longe la terrasse des Feuillants du jardin des Tuileries, qui rappelle le couvent des Cisterciens réformés, dissous en 1791, et le club modéré dirigé par La Fayette (voir rue Saint-Honoré). C'est par l'escalier de 13 marches, en face de la rue de Castiglione, escalier qui va du jardin à la terrasse, et qui est aujourd'hui encadré par les groupes en bronze d'animaux combattants par Caïn, que la famille royale, quittant le palais, vint demander aide et protection à l'Assemblée dans la salle du Manège, le 10 août 1792. Du côté des chiffres pairs, les terrains qui s'étendaient à l'ouest de la rue de Castiglione faisaient partie de l'Assomption et du grand jardin des Capucins; ceux à l'est de la rue de Castiglione, faisaient partie du couvent et du jardin des Feuillants.

L'ancien ministère des Finances s'étendait en façade sur la rue de Rivoli entre les rues Cambon et de Castiglione. Il a été brûlé par la Commune sur l'ordre du citoyen Ferré, délégué à la guerre et auteur de la fameuse dépêche : « Flambez Finances ». Ce ministère avait été commencé en 1811 pour l'Administration des Postes. Terminé en 1822, il fut affecté aux Finances. 

Une inscription rappelle que là, sur le sol même de la rue, se trouvait la salle du Manège où se tinrent l'Assemblée Constituante du 7 novembre 1789 au 30 septembre 1791, l'Assemblée Législative du 1er octobre 1791 au 21 septembre 1792, et la Convention du 21 septembre 1792 au 9 mai 1795. Là fut instituée la République le 21 septembre 1792.

Le roi y vint solennellement à l'ouverture de la Législative, et dans d'autres circonstances. Le 10 août, la famille royale vint y chercher asile et protection auprès de l'Assemblée, et y resta trois jours dans la loge du logographe (le soir, la famille royale couchait aux Feuillants). Le roi y comparut en accusé au mois de décembre. Cette salle du Manège avait été construite sur l'emplacement d'une ancienne grotte de Gaston d'Orléans, pour l'éducation équestre de Louis XV. Elle fut abandonnée en 1743 à M. de la Guérinière, qui fut remplacé par M. de Croissy. Elle était appuyée d'un côté au mur des Feuillants, et de l'autre à celui de la terrasse. La salle s'étendait sur le sol actuel de la rue de Rivoli. A l'endroit où est la plaque se trouvait la tribune du président, à l'endroit où se trouve le pilier portant le n° 230 en face, étaient disposées la barre et la tribune des orateurs. 

L'hôtel Meurice, où descendit le roi d'Espagne en 1907, et qui fut le quartier général  de forces allemandes pendant l'Occupation est sur l'emplacement du jardin des Feuillants et à hauteur de la porte d'entrée officielle du Manège.  La salle du Manège fut occupée quelque temps par le Conseil des Cinq-Cents, avant son installation au Palais-Bourbon. 

A la hauteur du n° 186 se trouvait avant 1896 le passage Delorme, construit en 1808 avec des matériaux provenant du château de Villegenis et reconstruit à neuf par le prince Jérôme. A hauteur de ce numéro se terminait la Grande Écurie du roi qui s'étendait à peu près jusqu'au n° 192.
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Rue de Rivoli, à Paris.
Les arcades de la rue de Rivoli (Ier arrondissement). (© Photo : Serge Jodra, 2008).

La deuxième partie, de la rue de l'Échelle à la rue Saint-Antoine, date de 1851, et a été achevée en moins de cinq ans; elle a absorbé ou détruit les rues Saint-Nicaise, de Chartres, Saint-Thomas-du-Louvre, Froidmanteau, Pierre Lescot, etc. Après avoir bordé le Louvre, elle coupe successivement les rues de l'Arbre-Sec, du Roule, Saint-Denis, le boulevard de Sébastopol, la rue Saint-Martin; elle longe la place de l'Hôtel-de-Ville et, enfin, va se confondre avec la rue Saint-Antoine.

La rue de Rivoli au chevet de l'Oratoire est sur l'emplacement de l'hôtel d'Étampes (1373), qui devint hôtel de Clèves en 1616, et hôtel de Gramont en 1667, puis fut vendu au Roi. On peut y voirMonument de Coligny érigé en 1889 par Crauck et Scellier de Gisors. 

Le n° 144 correspond à l'emplacement de l'hôtel du Bourg (1536) et Montbazon (1617). C'était l'ancien hôtel de Ponthieu et des comtes de Flandre. Vers 1640 A. de Montbazon vendit l'ancien hôtel de Ponthieu à Gabriel de Cottignon, ancien secrétaire de Marie de Médicis, et il devient peu après en partie hôtel meublé dit de Lisieux. Démoli en 1852. Une inscription rappelle que là fut tué en 1572, à la Saint-Barthélemy, l'amiral de Coligny. Dans cet hôtel disparu habita la duchesse de Montbazon, maîtresse de l'abbé de Rancé, qui se retira à la Trappe, après la mort de son amie, et réforma sévèrement l'ordre des Trappistes. C. Van Loo habita cet hôtel, et Sophie Arnould y est née, dans la chambre, dit-on, où l'amiral fut assassiné. (Th. Lavallée).
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Rue de Rivoli, à Paris.
La rue de Rivoli, par Carlo Gilio (1832). 
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Dictionnaire Villes et monuments
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