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Place de la Concorde, à Paris  (VIIIe arrondissement). - La plus vaste et la plus belle de Paris. Oeuvre de Gabriel, elle fut commencée en 1763 et finie en 1772. Mais on peut faire remonter son origine à 1748, quand Louis XV ordonna d'élever la statue que la ville de Paris venait de lui voter 
« sur l'emplacement situé entre le fossé qui termine le jardin des Tuileries, l'ancienne porte et le faubourg Saint-Honoré, les allées de l'ancien et du nouveau cours et le quai qui borde la Seine. » 
La statue, modelée par Bouchardon, ne fut achevée qu'en 1763. Alors la place dite de Louis XV fut découpée par l'architecte Gabriel en fossés plantés d'arbres avec balustrades et petits pavillons, et, pour la fermer du côté du nord, on commença la construction des deux vastes palais que nous voyons aujourd'hui, et dont l'un fut destiné au garde-meuble. En même temps, on déplanta tous les Champs-Élysées, on nivela le terrain et on le replanta en quinconces, avec de nouvelles allées dites de Marigny, de Gabriel, d'Antin, des Veuves, etc. Tout cela fut exécuté par les ordres du marquis de Marigny, frère de la marquise de Pompadour. La place Louis XV commença alors à prendre de la vie; mais elle n'était pas achevée quand elle fut sinistrement inaugurée, en 1770, par les fêtes du mariage du dauphin. 
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Paris : Place de la Concorde.
Vue générale de la place de la Concorde. Au centre l'Obélisque.
Au fond : le Palais Bourbon et le dôme des Invalides; à droite la tour Eiffel.

La Révolution arriva et lui donna une sanglante célébrité : au 14 juillet, les Gardes françaises en chassèrent les troupes royales; le 10 août, les derniers Suisses échappés des Tuileries s'y firent tuer en combattant; le 11 août, la statue de Louis XV fut abattue, et à sa place fut dressée une grande statue de plâtre peint, œuvre de Lemot, et figurant la Liberté assise et coiffée du bonnet phrygien; le 23 août, le conseil général de la commune ordonna que la guillotine serait dressée sur cette place pour l'exécution des conspirateurs royalistes : le hideux instrument de mort y resta en permanence pendant deux ans et y faucha plus de quinze cents têtes. C'est là qu'ont été exécutés Louis XVI, Marie-Antoinette, les Girondins, Charlotte Corday, madame Roland, Barnave, Danton, Hébert, Robespierre, les membres de la Commune de Paris, les condamnés de prairial, Soubrany, Bourbotte, Duroy, etc. La place avait pris le nom de la Révolution, et, en 1795, elle fut décorée des beaux chevaux de Marly, qui sont à l'entrée de la grande allée.

Sous le Directoire, la gigantesque statue qui, les pieds dans le sang, avait présidé aux sacrifices révolutionnaires, fut détruite; on décréta l'érection d'une colonne triomphale à la gloire de nos armées, colonne dont pas une pierre ne fut posée; enfin l'on donna à la place le beau nom de la Concorde. Sous l'Empire et la Restauration, on ne fit rien pour l'embellissement de cette place, qui, mal pavée et mal nivelée, devint peu à peu impraticable. En 1826, elle fut donnée à la ville de Paris, qui y fit élever deux fontaines monumentales, des statues, des colonnes rostrales, formant une sorte de décoration d'opéra d'un goût équivoque, mais séduisant. On y construisit aussi le piédestal d'un monument qui devait être consacré à Louis XVI; mais la révolution de juillet le fit disparaître, et, sur son emplacement, on dressa, en 1836, l'obélisque de Louqsor, monument jadis élevé à Thèbes à la gloire de Ramsès II et qui est un souvenir de l'expédition d'Égypte
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Place de la Concorde.
L'Obélisque et la place de la Concorde. Au fond : l'Hôtel Crillon (à gauche) et
l'Hôtel de la Marine. (Entre les deux, l'église de la Madeleine, au bout de la rue Royale).
© Photos : Serge Jodra, 2009 - 2011.

Du pied de cet obélisque on jouit d'une très belle perspective : au Nord, c'est la rue Royale, magnifiquement terminée par l'église de la Madeleine; à l'Est, c'est le jardin des Tuileries; au Sud, c'est la Seine avec le pont de la Concorde, que termine le Palais-Bourbon (Assemblée nationale); à l'Ouest, c'est l'avenue des Champs-Élysées qui est couronnée par l'Arc de triomphe de l'Étoile. Après 1852, on a fait disparaître de la place de la Concorde les fossés qui en coupaient inutilement l'étendue, et l'on a construit dans les Champs-Élysées le palais de l'Industrie (détruit en 1897-1900) où s'est fait en 1855 la grande exposition universelle. 

Deux beaux monuments, oeuvres de Gabriel, et imités de la colonnade du Louvre, décorent le côté septentrional de la place de la Concorde : l'un est l'hôtel Crillon, propriété particulière; l'autre est l'hôtel du ministère de la marine : celui-ci renfermait jadis le garde-meuble, c'est-à-dire un trésor rempli de richesses plus curieuses qu'utiles, comme les diamants de la couronne, la chapelle en or du cardinal Richelieu, des vases donnés par les princes orientaux, des armures, des tapisseries, etc. Le 17 septembre 1792, ce garde-meuble fut volé, mais l'on retrouva la plus grande partie des objets dérobés. (Th. Lavallée).-
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Paris : Place de la Concorde
La place de la Concorde, par William Wyld (XIXe siècle).
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Dictionnaire Villes et monuments
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