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Amon

Amon (Ammoun) -. Dieu du panthéon égyptien. Les égyptologues ne sont pas d'accord sur le sens primitif de ce nom. Les uns y voient un radical amen signifiant caché, par allusion au mystère dont s'enveloppe toute divinité égyptienne; d'autres y voient un homonyme amen signifiant journalier, par allusion au rôle solaire du dieu qui, en qualité de Soleil, recommence chaque, jour la même course. En fait, il se peut que les deux étymologies soient bonnes et doivent être acceptées toutes deux à la fois, car les Égyptiens, surtout en matière de religion, aimaient à jouer sur les mots. Nous n'essaierons pas d'approfondir le caractère divin d'Amon; il nous suffira de dire, d'une manière générale, que c'était un dieu tantôt solaire, tantôt ithyphallique. 

Amon, nommé le plus souvent Amon-, c.-à-d. Amon-Soleil, était un dieu thébain. Thèbes ayant joué un rôle dans l'histoire d'Égypte qu'à partir de la XIIe dynastie   (Moyen Empire), il se trouve qu'Amon est à peine mentionné dans les textes antérieurs à cette période. A la Xlle dynastie fut fondé à Thèbes un sanctuaire d'Amon, lequel, agrandi successivement par les rois des dynasties suivantes, finit par former l'immense édifice connu sous le nom de Temple de Karnak. A la XVIIIe dynastie (Nouvel Empire), les Ahmessides fondèrent à Napata, capitale de l'Ethiopie, un grand temple d'Amon. D'autre part, leurs victoires les ayant menés jusqu'au centre du désert de la Libye, ils y édifièrent un troisième temple à Amon, dans une oasis qui, depuis, fut désignée sous le nom d'oasis d'Ammon. Thèbes, Napata et Ammon sont donc les trois villes où l'on rendit un culte à Amon. 

Le dieu de l'oasis dégénéra, fut identifié par les Grecs à une forme spéciale de Zeus, puis de Jupiter (Jupiter-Ammon) par les Romains, et fut représenté sur les monnaies des principales villes de la Libye et de la Cyrénaïque, sous une forme moitié grecque et moitié égyptienne. On trouvera, à l'article consacré à l'Oasis d'Ammon, l'histoire du culte rendu à Amon dans cette région. Quant à l'Amon éthiopien, son culte alla grandissant de jour en jour, et atteignit toute son importance au moment où les prêtres d'Amon thébain, devenus rois d'Égypte, puis chassés par des adversaires heureux, allèrent se réfugier en Éthiopie où ils continuèrent de rendre, à Napata, hommage à leur dieu accoutumé. 

Napata devint en quelque sorte une Thèbes éthiopienne; les prêtres d'Amon s'unirent par mariages aux grandes familles d'Éthiopie, et leurs arrière-petits-fils purent profiter des luttes intestines des Egypiens pour reconquérir Thèbes et rentrer dans le royaume de leurs pères. Amon continua d'être adoré à Thèbes jusqu'au jour où les dieux égyptiens disparurent devant le christianisme naissant qui trouva, surtout en Égypte, tant d'ardents prosélytes.

Le culte était rendu à Amon à la fois par des hommes et par des femmes. Les hommes portaient les titres officiels suivants : 

1° le premier prophète d'Amon; 

2° second prophète d'Amon; 

3° troisième prophète d'Amon;

4° prêtre dAmon;

5° hiérodule d'Amon; 

6° danseur d'Amon. 

Les femmes pouvaient être :
1° chanteuses d'Amon; 

2° tympanistes d'Amon; 

3° harpistes d'Amen; 

4° joueuses de sistre d'Amon; 

5° divines épouses d'Amon.

Les premiers prophètes d'Amon, comme nous l'avons vu, jouirent d'une puissance considérable et jouèrent un rôle important dans l'histoire d'Égypte. Vers la fin de la XVIIIe dynastie (Nouvel Empire), quand Thèbes venait à peine d'être choisie comme capitale du royaume et qu'Amon commençait seulement à prendre le premier rang parmi les dieux, nous voyons Aménophis IV (Akhenaton) essayer d'établir un nouveau culte - celui d'Aton -  uniquement pour supplanter Amon et détruire le pouvoir de ses prêtres. Les femmes les plus illustres de l'Égypte étaient admises au sacerdoce d'Amon; les musiciennes divines que nous connaissons sont toutes les femmes ou les filles de hauts dignitaires; les reines et les princesses de la XXIe dynastie étaient toutes chanteuses, tympanistes ou harpistes d'Amon. Quant au titre d'épouse divine d'Amon, nous le voyons porté, dès la XXe dynastie, par les femmes des derniers Ramessides. Les historiens  grecs Hérodote, Diodore et Strabon désignent ces épouses divines sous le nom de pallacides et nous les décrivent comme se livrant à la prostitution rituelle dans le temple d'Amon de Thèbes. 

Nous avons vu qu'Amon avait un caractère solaire et un caractère ithyphallique. Dans chacun de ces rôles il appartient à une triade distincte. Dieu solaire, il a Maut comme épouse et Khonsou comme fils; dieu ithyphallique, son épouse est Amont-t et son fils est Horka. Les monuments représentent Amon solaire sous la forme d'un personnage à figure humaine peinte en bleu, surmontée de deux longues plumes dressées et parallèles. Tantôt la tête humaine est remplacée par une tête de bélier ornée du disque solaire, tantôt, mais plus rarement, par une tête d'épervier ornée également du disque. 

Les Ammoniens et les habitants de la Cyrénaïque réunirent, pour figurer leur dieu mixte Jupiter-Ammon, deux caractères que les monuments égyptiens ne présentent jamais que séparés : ils le représentèrent avec une tête humaine autour des oreilles de laquelle s'enroulaient des cornes de bélier. Amon ithyphallique est représenté, dans les temples égyptiens, sous la forme d'un personnage à tête humaine, debout et momifié. Un bras, replié en arrière, sort des bandelettes et soutient un fléau, la verge est en érection; mais ce détail est souvent martelé sur les monuments, probablement par les premiers chrétiens d'Égypte. Le bélier était consacré à Amon, ainsi que le céraste, s'il faut en croire Hérodote. Les Grecs, jaloux de voir partout leurs propres divinités, identifièrent Amon avec leur Zeus; aussi, moins exacts que les Hébreux, qui appelaient Thèbes No-Amon, « la ville d'Amon », la nommèrent-ils Diospolis,  « la ville de Zeus ». (V. Loret).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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