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Aménophis IV  (Akhenaton)

Aménophis IV  (Akhenaton). - Roi d'Égypte entre 1353 et 1335 av. J.-C  (Nouvel Empire). Fils du précédent et de la reine Tii. En qualité d'aîné, il succéda à son père. Pendant les premières années de son règne, Aménophis IV prépara un vaste projet qu'il ne tarda pas à mettre à exécution. II accomplit, ou plutôt essaya d'accomplir, une réforme radicale dans la religion égyptienne. Au lieu des divinités nombreuses que l'on avait adorées jusque-là, il imagina de créer un culte d'apparence monothéiste, mais surtout tout à sa gloire, et de ne plus reconnaître qu'un seul dieu, Aten ou Aton. Ce nom désigne en égyptien le disque solaire; Aton devint donc une forme nouvelle de Râ.

Pour mieux faire réussir la nouvelle religion, il quitta Thèbes et construisit de toute pièce une nouvelle capitale, située au nord de Thèbes, qu'il nomma  Akhetaton ou Pa-Aton, « la demeure d'Aton ». Les ruines de cette vaste cité, que les Grecs nommèrent Psinaula ou Alabastron, se retrouvent aujourd'hui à Tell-el-Amarna. Le roi quitta Thèbes, sanctuaire vénéré d'Amon depuis les temps les plus reculés, ou les prêtres, fort puissants, et les familles de vieilles lignées attachées à leur ancien culte, faisaient obstacle à ses idées révolutionnaires. Il alla s'établir à Pa-Aton et sa famille l'y suivit, ses frères, sa femme la belle Nofriti (Nefertiti) et ses filles. Bientôt Tii, veuve d'Aménophis III, lasse de la solitude dans laquelle elle se trouvait à Thèbes, alla rejoindre son fils à Tell el-Amarna. 

Non content de s'être bâti une cité toute neuve, de n'y avoir accepté que des fonctionnaires partageant ses idées de n'y avoir construit des temples qu'au nouveau dieu, Aménophis s'efforça de détruire dans l'Égypte entière toute trace du passé. Il s'acharna surtout après la triade thébaine (Amon, Mout et Khonsou); des ouvriers passèrent des années à gratter sur tous les monuments le nom d'Amon et, en effet, tous les documents antérieurs à Aménophis IV nous sont parvenus, à part quelques-uns qui ont échappé à l'outrage, avec le nom d'Amon martelé. Le vautour, symbole de Mout, épouse d'Amon, disparut des hiéroglyphes et les mots dans lesquels on l'employait autrefois prirent une nouvelle orthographe. Les stèles funèbres, au lieu de recevoir des proscynèmes, à Osiris ou à Anubis, ne portèrent plus qu'un hymne à Aton dont la composition est d'ailleurs très poétique. Le roi même, dont le nom Amenhotep comprenait le mot Amon, changea de nom et se fit appeler Khou-n-aten ou Akhenaton ou Akhnaton, « le resplendissement d'Aton ». Enfin, s'il ne put changer sa personne, il choisit du moins, pour se faire représenter sur les monuments, un type tout différent du type égyptien ordinaire et força tous ses subordonnés à imiter son exemple. Les tableaux dans lesquels est figuré Akhenaton nous représentent le roi accompagné du dieu nouveau, sous la forme d'un disque dont les rayons, obliquant de tous côtés, sont terminés par des mains humaines. D'après la physionomie qu'il s'était choisie, le roi est représenté avec le nez busqué, les lèvres épaisses, les pommettes saillantes, le menton avançant presque en pointe. Ses contemporains adoptèrent pour leurs portraits le même type que lui.

Il n'y a guère que deux motifs qui peuvent avoir porté Aménophis IV à briser ainsi le fondement de toute la religion égyptienne : d'abord, une recherche exacerbée et maladive de l'auto-célébration, pathologie que ne pouvait que favoriser le statut du souverain en Égypte, ensuite, le désir d'échapper au pouvoir de plus en plus grandissant des prêtres d'Amon. Dès Thoutmôsis IV, nous trouvons chez les derniers Ahmessides une évolution dans le même sens. Touthmès III peut expliquer Akhenaton. Thoutmôsis V est l'auteur de la Stèle du Songe, dans laquelle le roi se montre recevant la nuit des conseils des dieux. Aménophis III méprisa les anciennes traditions au point d'épouser une simple particulière; il créa la nécropole des Apis, se fit faire des statuettes funéraires avec textes spéciaux, s'érigea en dieu et se consacra un temple, en un mot, ne voulut rien faire comme ses prédécesseurs et laissa partout les traces de sa puissante personnalité. Akhenaton poussa simplement les choses encore plus loin. En résumé, Thoutmôsis IV paraît avoir été un rêveur, Aménophis III un indépendant, Akhenaton, un exalté. 

Si l'on hésite à voir, dans les transformations radicales opérées par Akhenaton, la preuve d'un tempérament exalté, on peut expliquer les faits par une raison d'un autre ordre. A la chute des Ramessides, les prêtres d'Amon thébain seront assez puissants pour s'emparer du trône d'Égypte et régner ouvertement avec leur titre de prêtre. Cette puissance ne leur vint pas subitement. Il est possible qu'Akhenaton ait entrevu le jour où les prêtres d'Amon supplanteraient ses successeurs et que, pour briser leur pouvoir déjà menaçant, il ait tenté de créer une nouvelle religion qui devait les anéantir à jamais. Ce qui appuiera cette manière de voir, c'est qu'il s'acharna surtout à effacer des monuments le seul nom d'Amon. S'il est probable qu'en agissant comme il le fit Aménophis IV eut en vue cette question politique, il est certain d'autre part que son délire égocentrique l'y poussait également. On peut donc, sans chercher à choisir entre ces deux raisons, expliquer l'hérésie du roi en les acceptant toutes deux à la fois. (Victor Loret).

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Dictionnaire biographique
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